Les Gueules rouges

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

Western chez les Chtis.


1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Au fond de la mine... Bienvenue dans le Nord ! Indiens d'amérique du nord Sioux et Cheyennes

Été 1905. En tournée dans toute l’Europe, le cirque de Buffalo Bill s’arrête à Valenciennes. Un événement considérable pour la population locale et l’occasion pour Gervais, un gamin qui travaille au fond de la mine, d’élargir son horizon. De sa rencontre poignante avec des Sioux du cirque va naître une terrible erreur judiciaire quand ses amis indiens sont accusés d’un meurtre sauvage... Riche en péripéties, ce western transposé au pays de Germinal est aussi une chronique truculente de la vie quotidienne des mineurs au début du XXe siècle, sur fond de remous politiques provoqués par les syndicats anarchistes et l’imminence de la loi sur la laïcité. (Site éditeur)

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Mars 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Gueules rouges © Glénat 2017
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

06/05/2017 | Noirdésir
Modifier


L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un album relativement original quant à son sujet, que l’on devine avec cette couverture, réunissant un mineur et un Indien. L’histoire se déroule essentiellement en 1905, dans le Nord de la France, près de la tranchée d’Arenberg (que personnellement je connais surtout à travers Paris-Roubaix…), autour de mineurs, et en particulier d’un gamin, Gervais, qui réussit bien à l’école, qui pourrait faire des études et devenir ingénieur, mais qui doit obéir à son père et descendre comme lui dans les boyaux de la mine. L’univers de ces mineurs, la vie des corons, tout est bien rendu, on est proche de Les Mangeurs de Cailloux ou de Sang noir - La catastrophe de Courrières, deux belles séries de Loyer se déroulant dans le même cadre à la même époque. Mais voilà, la richesse de cet album, c’est que Jean-Michel Dupont introduit dans ce cadre très noir, très « Germinal », et quelque peu rigide depuis un siècle, de multiples agents perturbateurs, qui propagent leurs secousses plus ou moins profondément dans l’intrigue et les personnages. L’arrivée du cirque de Buffalo Bill à Valenciennes va bouleverser Gervais, qui va se lier d’amitié avec deux Indiens, et les aider à se disculper d’une accusation de meurtre. C’est l’aventure, le rêve, la maturité qui bousculent Gervais, gueules noires et gueules rouges ayant tous affaire à la police et aux préjugés de classe et de race de la bonne société. C’est qu’en plus l’histoire est bien ancrée dans son époque : on est en pleine discussion à propos de la loi de séparation des Eglises et de l’Etat qui renforcera la laïcité, et Eglise et bouffeurs de curés se déchirent, alors que certains ouvriers sont sensibles à la propagande anarchiste (certains ouvriers sont eux-aussi des « gueules rouges » !) : le monde de Gervais se fissure, mais au travers de ces fissures il entrevoit la lumière. L’épilogue, dans la boucherie des tranchées, laisse ouverte la conclusion qu’on peut tirer de cette histoire : la fin d’un monde, ou pas ? Les seuls petits bémols concernant cet album n’occultent en rien sa qualité. Le dessin d’Eddy Vaccaro, dans une sorte d’aquarelle, est parfois trop brouillon, même si la colorisation, sombre, rouille, colle elle très bien au sujet, au titre et aux idées développées. La narration est parfois un peu ralentie par certaines explications (de termes ou dates), mais je le répète, ce n’est pas trop gênant. Les personnages s’expriment dans le langage chti populaire, et j’ai eu aussi parfois du mal à m’y faire, mais il faut passer outre, car au final, j’ai plutôt bien aimé ce parti pris. En tout cas, c’est une belle découverte que cet album, pas exempt de menus défauts, mais qui est très riche, et qui mérite à l’évidence qu’on s’y intéresse.

06/05/2017 (modifier)