Bagdad Inc.

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 9 avis)

En 2004, dans le chaos qui suit la prise de Bagdad par les troupes américaines, un tueur en série sévit. Une jeune juriste est chargée de mettre fin à ses activités.


Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles L'Irak La BD au féminin Proche et Moyen-Orient Serial killers

Bagdad, 2004. Les soldats des armées privées sont presque aussi nombreux que les soldats officiels. Quand un de ces mercenaires sombre dans une folie homicide et assassine des civils irakiens, le gouvernement américain redoute un scandale retentissant. Une jeune juriste militaire et un ancien mercenaire taciturne sont envoyés sur la piste du tueur. Texte de présentation de l'éditeur

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Septembre 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Bagdad Inc. © Le Lombard 2015
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 9 avis)
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30/09/2015 | Eric2Vzoul
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Par gruizzli
Note: 4/5
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Enchainer cette BD après Les Jours sucrés c'est passer d'un monde à l'autre … Mais le décalage n'a pas empêché l'appréciation de cette BD qui fait également dans les outils classiques de narration, sans pour autant tomber dans le cliché. "Bagdad Inc." est avant tout une BD sur la guerre en Irak qui se sert du prétexte de retrouver un tueur en série dans Badgad bombardée pour parler de la guerre à l'américaine et mettre en avant comment le monde évolue désormais. C'est écœurant, jusque dans l'idée de base : alors qu'on massacre et bombarde, on cherche un type ayant tué 3 personnes. Le paradoxe de base est d'ailleurs soulevé par les personnages du récit qui mettent également en avant la réalité de la guerre d'aujourd'hui. Mercenaire, frappe "ciblée", violence en tout sens, démocratie à coup de bombe et invasion économique ... La fin est limpide sur le sujet traité par l'auteur : cette guerre est une invasion économique destinée à imposer les intérêts occidentaux dans le monde arabe. Tout le monde en est conscient, tout le monde accepte cette réalité sordide. Je dois dire que le récit reste sur du très classique dans son déroulé et qu'il ne prend pas de risque, mais essaye d'étoffer et développer ce qui se trame autour. On voit les manigances du pouvoir avec diverses entreprises pour assurer la "sécurité" grâce aux mercenaires, les commandes de nourriture à coup de millions du contribuable américain, le tout pour ruiner un pays économiquement et militairement, afin d'avoir une main d'œuvre pas chère et du pétrole. Vive la démocratie ! Cette BD est déprimante, par bien des aspects, mais aussi froidement claire : la guerre est une saloperie, les combats moderne aussi horrible que les anciens si pas plus, les justifications toujours fausses et les résultats calamiteux. Rien ne justifie ce qui se passe dans ces pays. Rien. L'apparition du racisme à la fin du récit est un bon rappel que ce qui pousse bien des gens dans la voie du mercenariat peut être aussi bête et stupide que la crainte du grand remplacement, ou l'expression violente de sentiments racistes bêtes et méchants. Rien de neuf, donc, toujours les mêmes bêtises en boucle. C'est le genre de BD qui ne remplace aucun reportage sur la guerre mais les complète, en apportant un éclairage de l'intérieur sur le déroulé d'un conflit. Un regard qui se replace au niveau des humains qui font la guerre, ce qui n'est jamais joli, mais aussi de comment tout ceci peut être perçu par l'armée elle-même. Et au final, je crois que le plus glaçant reste qu'après toute cette horreur détaillée, nous restons sur cette phrase ''Tout va bien''.

16/08/2023 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
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Bonjour! -Z'avez pas vu des armes de destruction massive ? - Ben non mon colon. -T'inquiète fiston de toute manière on n'est pas là pour ça mais pour récupérer le pétrole des Irakiens et ainsi faire chier les Saoudiens. -Sir, Yes Sir. Voilà comment de manière certes simpliste l'on pourrait résumer la deuxième guerre d'Irak. N'étant pas ici pour parler géopolitique,( c'est pourtant pas l'envie qui m'en manque), reconcentrons-nous sur la BD. Un dessin bien dans l'air du temps semblable à d'autres. Pour ce qui est du scénario les figures imposées du genre, avec belle enquêtrice affublée du bellâtre de service et une brochette de gars balèzes (les mercenaires). Comme le dit Mac dans son avis le sujet de ces milices est à mon sens un peu édulcoré ce qui est bien dommage. En même temps j'imagine que faire une BD sur ce thème est fort difficile tant ce qui les fait fonctionner est aussi clair que l'intérieur d'une huitre par gros temps. L'ensemble est plaisant, sur le même thème je renvoie les lecteurs vers le film "Green Zone". Je ne lis plus aussi souvent qu'avant le monde diplomatique, il y aurait trop de raisons de se tirer une balle. Ah la famille Bush!

27/02/2021 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5
L'avatar du posteur Yann135

Le 17 mars 2003, le président américain Georges W. Buch avertit Saddam Hussein qu’il lui accorde 48h pour quitter le pays avec ses fils, sinon son armée viendra le chercher. Ensuite il s’adresse solennellement au peuple irakien. Pas pour leur annoncer qu’ils vont être libérés, mais pour les prévenir qu’ils ne doivent en aucun cas toucher à leurs puits de pétrole ! L’opération est nommée « Operation Iraqi Liberation ». En anglais cela donne OIL. Pétrole !!!! Avec une opinion publique très vexée par les attentats du 11 septembre, Bush, Cheney et Rumsfeld ont plus d’argent à dépenser que de vie. Il est donc décidé de faire jouer l’économie de marché et de privatiser le plus possible. Entrent alors en scène ce qu’on n’appelle plus des groupes de mercenaires mais des firmes de sécurité active. En 2005 on estime des contingents privés à plus de 100 000 hommes, pour 140 000 soldats de l’armée américaine. En 2007 le total de ces « agents de sécurité » passera à 160 000. Les acteurs de cette nouvelle guerre moderne portent des noms imagés … Global Risks, Dyn Corps, Blackwater ou encore Erinys. Stephen Desberg s’empare de ce sujet dans ce one-shot avec talent, pour aborder cette sale guerre. Il est aidé par Thomas Legrain, un dessinateur expérimenté connu et reconnu [L'Agence - Mortelle Riviera - Sisco] Le prétexte utilisé est une intrigue classique avec une enquêtrice de l’armée US, avec un caractère bien trempé, dépêchée au cœur de ce conflit, qui souhaite dénoncer les pratiques sans foi ni loi de ces mercenaires. Une BD intéressante et passionnante que je recommande.

18/04/2020 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Bagdad Inc est un thriller bien fichu, qui utilise à plein le décor au sein duquel il se développe, à savoir la guerre et les premiers mois de l’occupation américaine en Irak après 2003. Au milieu de scènes de guerre, une enquêtrice de l’armée américaine et son « garde du corps » cherchent à trouver un tueur en série, qui mutile et insulte des victimes arabes. Cette partie de l’histoire est assez classique, et, pour tout dire est aussi la moins intéressante et la plus « bâclée » dans son dénouement. Par contre, c’est l’exploitation du contexte qui redonne de l’intérêt à cet album. En effet, la mise en lumière du pillage économique du pays par des firmes américaines toutes liés à des proches de G. W. Bush (Rumsfeld, Cheney, etc.), mais aussi de l’utilisation de dizaines de milliers de mercenaires, donnent à l’ensemble un air de chaos organisé, écœurant (mais pas surprenant pour qui lisait régulièrement Le Monde diplomatique. Une vision cynique mais réaliste d’une guerre et de ses profiteurs (les perdants, la population irakienne – voire la liberté ou la démocratie ne sont pas trop montrés, mais ce n’était pas le propos). Une lecture fluide et intéressante.

12/04/2020 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Cette BD donne une vision crue et désespérante de la situation en Irak au moment de l'invasion américaine sous le régime de Bush Junior. C'est une dénonciation et en même temps une découverte pour les lecteurs de l'horrible réalité du capitalisme sauvage d'une part et de la manière dont l'état américain a utilisé à outrance des sociétés de mercenaires, libres de réaliser les pires atrocités. L'héroïne est une avocate enquêtrice, membre de l'armée des Etats-Unis. Elle est envoyée à Bagdad pour investiguer sur des meurtres racistes d'un psychopathe qui mutile ses victimes arabes. C'est surtout parce qu'il inscrit sur leurs cadavres des propos anti-islam que les responsables américains sur place ont peur que cela donne une image trop négative à l'armée d'occupation et risque d'engendrer des émeutes. Avec elle, nous allons donc découvrir la situation détestable sur place et surtout le côté écœurant du mercenariat et d'à quel point les sociétés américaines se déchirent les restes de l'Irak au mépris de sa population. Et en même temps, il s'agit d'une véritable enquête à la poursuite d'un dangereux serial-killer, enquête pour laquelle l'héroïne sera aidée par un mercenaire vétéran et radical mais aussi étrangement philanthrope. Le ton est réaliste et dur, avec un petit côté documentaire parfois, mais bien intégré dans une ambiance de thriller d'action. Le dessin est lui aussi réaliste et de très bonne facture. L'histoire tient la route, malgré ce côté dénonciateur un peu trop appuyé par moment. J'ai même cru qu'il allait offrir une conclusion tellement réaliste que ça allait vraiment mal finir. Mais non, finalement, l'optimisme d'une BD grand public reste relativement sauf. Même s'il y a de quoi désespérer sur la nature humaine et sur les agissements des Américains et surtout des proches de Donald Rumsfeld et Dick Cheney si ce qui est raconté là est véridique. C'est assez édifiant.

06/04/2020 (modifier)
Par Puma
Note: 4/5

J'ai lu beaucoup de Desberg et je dois avouer que si je trouve très personnellement ses scénarios rarement mauvais, je ne les trouve pas non plus excellemment convainquants. Après lecture, j’en retiens du "Bof", très souvent du "mouais". Parfois du "Ha oui,... tout de même !" Ici, j'ai été surpris par ce "Bagdad Inc." que je lui trouvais vraiment très réussi. Il semble s'être très bien documenté, et sur fond de trame historique peu connue du public, il nous délivre un thriller parfait. En grand professionnel qu'il est, le rythme est métronomique et l'histoire avance avec cohérence et complexité le long d'une intrigue vers son dénouement, à savoir, une enquête sur des crimes sordides avec un mode opératoire identique, dans un contexte difficile de guerre irakienne avec des mercenaires peu contrôlables, et un climat de menace permanente tout azimut. Legrain réalise le travail d'un parfait artisan. Aucune fulgurance ni trait de génie mais du travail bien accompli. Son dessin clair et précis, bien proportionné et parfaitement fonctionnel, avec son élégance propre, se fait tout de suite happer par le récit tant il y répond en symbiose. Pour toutes ces qualités, un bon 3,7/5

28/03/2016 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

2.5 Un Desberg récent qui est mieux que ses autres productions récentes, mais cela ne veut pas dire que cela en fait une oeuvre indispensable. L'histoire se passe en Irak en 2004 et c'est le chaos depuis que les Américains sont arrivés et il y a un tueur fou qui tue des civils. Les points forts du scénario c'est que cela se laisse lire et que c'est un one shot. Desberg aurait pu faire un truc plus original avec son sujet, mais il ne fait qu'utiliser des clichés. Les personnages ne sont pas du tout attachants et il y a des parties sans intérêt. Franchement je pense que l'intrigue aurait été beaucoup plusieurs excitante si on avait suivi le tueur à la place. Il dégage plus de charisme que les deux enquêteurs. Le dessin est correct et sans personnalité.

18/02/2016 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Honnêtement, mon ressenti après lecture de l’album a été que Stephan Desberg a fait d’un sujet très intéressant une intrigue banale. Je sors donc de cette lecture avec le sentiment qu’il est passé à côté du sujet. Le sujet en question : l’emploi de milices privées et de mercenaires par les pays occidentaux dans la seconde guerre du Golfe. Un thème très intéressant et dont j’ignorais tout. Et pour exploiter ce terreau, pour explorer les relents nauséeux de cette sale guerre, le scénariste nous sert un… classique récit de tueur en série. Si, encore, ce tueur l’était devenu suite à un choc post-traumatique… Mais non, même pas. Ajoutez à cela que le premier rôle est dédié à une jolie investigatrice à forte poitrine (qui sera secondée comme faire se doit par un baroudeur mystérieux et implacable), que l’enquête multiplie heureux hasards et gentilles incohérences et vous obtiendrez un thriller des plus dispensables dans un cadre des plus passionnants. Côté dessin, rien à redire : c’est du 3ème vague. Un trait réaliste et froid qui convient bien à ce genre de récit. Bon, moi, je passe mon tour mais il est vrai que j’ai un peu le sentiment d’avoir fait le tour de la question avec Stephan Desberg : un grand professionnel qui sait raconter une histoire… mais qui me semble toujours raconter la même. Et c’est d’autant plus désolant qu’ici le sujet d’actualité qui servait de cadre promettait un récit d’une autre envergure. Un petit 3/5 obtenu de justesse car le cadre est des plus intéressants, mais un achat tout à fait dispensable à mes yeux.

20/10/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Eric2Vzoul

Bagdad Inc. inaugure la nouvelle collection « Troisième vague / One-shot » des éditions du Lombard. C'est-à-dire que l'album reste dans la thématique du thriller de politique-fiction, comme dans les autres titres estampillés « Troisième vague », mais que le lecteur n'a plus à attendre la suite, puisque l'histoire est close en un seul tome. Excellente idée ! Car pour ma part, je commence sérieusement à me lasser de ces séries à rallonge, I.R.$., Alpha et autres Niklos Koda, qui ont du mal à se renouveler et sombrent peu à peu dans la monotonie. C'est Stephen Desberg, scénariste habitué du genre, qui s'y colle et met en scène une histoire de tueur en série dans un contexte de guerre civile. En 2004, un an après que les Américains aient “libéré” l'Irak, Bagdad est en proie à un chaos généralisé. C'est dans cette ville secouée par les explosions des roquettes et des attentats suicides qu'un malade se met à massacrer ignoblement des civils, laissant leurs corps mutilés et couverts d'insanités racistes. Craignant que cela n'envenime encore davantage la situation, les autorités d'occupation chargent une jeune juriste, flanquée d'un tueur taciturne de mettre fin au problème. Desberg construit une histoire rythmée et cohérente. Ce n'est pas le scénario le plus inoubliable qui soit, et l'enquête avance de manière peu réaliste, mais l'album tient ses promesses et fait passer un bon moment de détente. Le dessin de Thomas Legrain, très réaliste, est exactement ce que l'on attend dans ce genre de récit. Rien à en dire de particulier. Propre mais sans originalité. Le plus intéressant dans cette œuvre est le regard désabusé que les protagonistes, mercenaires, affairistes, politiciens et profiteurs de guerre, portent sur cette guerre inutile. La jeune héroïne semble à côté de la réalité quand elle essaie d'arrêter un meurtrier alors que l'Irak s'écroule autour d'elle et que l'on détruit des immeubles à coup de missiles, mais son opiniâtreté à rendre justice aux victimes est touchante. Cet entêtement surréaliste à poursuivre un unique criminel alors que des massacres de masse se déroulent n'est pas sans rappeler celui du flic joué par Omar Sharif dans La nuit des généraux d'Anatole Litvak. Toujours est-il qu'elle joue aussi les candides dans un récit qui vise surtout à dénoncer l'absurdité d'une guerre provoquée par des intérêts mercantiles. Desberg est plutôt convaincant sur ce point et sa postface résume lucidement les enjeux de la “seconde” Guerre du Golfe. En somme, Bagdad Inc. est un honnête thriller qui se déroule dans un contexte historique contemporain bien restitué. S'il ne marque pas les mémoires de manière indélébile, il remplit efficacement son rôle de divertissement. Ce n'est déjà pas si mal… je lui donne un bon 3,5/5.

30/09/2015 (modifier)