Le Linge sale

Note: 3.44/5
(3.44/5 pour 9 avis)

Pascal Rabaté et Sébastien Gnaedig signent une comédie délicieusement cynique, doublée d’un thriller social, digne d’un film des frères Coen et des frères Dardenne ! Comme à son habitude, Rabaté prend un malin plaisir à dresser une galerie de personnages truculents, caustiques et dramatiquement « vrais ».


Bichromie Pays de la Loire

Dans la campagne angevine, près de Cholet, Pierre Martino découvre qu’il est cocu. Armé d’un fusil, il se rend au motel où sa femme et son amant ont l’habitude de se retrouver, bien décidé à les répudier sauvagement. Mais, dans sa précipitation, il se trompe de chambre et tue le mauvais couple ! Après vingt années passées derrière les barreaux, Martino a purgé sa peine mais il a toujours la rage au ventre. Il a eu le temps de la ruminer, sa vengeance... Son ex-femme, aujourd’hui remariée avec son amant, vit dans sa famille, les Verron, des marginaux, dans une espèce de décharge à la sortie du village. Des parasites notoires, voleurs de poules et habitués aux petites combines. Martino pourrait la laisser à cette vie misérable mais ce serait trop charitable. Lucette et son mari doivent payer. Et toute leur famille doit y passer…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Septembre 2014
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Linge sale © Vents d'Ouest 2014
Les notes
Note: 3.44/5
(3.44/5 pour 9 avis)
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01/09/2014 | pol
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L'avatar du posteur bamiléké

J'ai apprécié ce petit thriller qui fait la part belle à la psychologie des personnages. Martino psychopathe, patient et dissimulateur trouve son plaisir à la réalisation de sa vengeance. En face une famille de Ksoc combinards et sans envergure mais satisfaits de leur médiocrité insouciante. C'est le passage que j'ai préféré dans le récit avec ces dialogues et ces postures bas du plafond plus vraies que natures. Malheureusement je trouve que Rabaté ne va pas au bout du personnage de Martino. Il lui fait faire deux bêtises qui décrédibilisent sa personnalité pour proposer une fin rapide et plutôt facile de l'arroseur arrosé. J'ai bien aimé la bichromie proposée qui fait bien ressortir les ambiances de médiocrité qui collent au récit. Malheureusement j'ai trouvé le dessin de Gnaedig pas assez recherché pour me séduire. Les extérieurs sont très rudimentaires et seul l'intérieur bordélique de la famille Verron est intéressant. Une lecture sympa mais un peu juste dans l'exploitation du schéma initial.

08/07/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

La vengeance est un plat qui se mange froid. Voilà bien ce qu’illustre cette histoire, qui voit un type, Martino, condamné pour avoir assassiné un couple par erreur, qui cherche en sortant 20 ans plus tard de prison à « finir le travail », c’est-à-dire tuer son ex et son nouveau mec qui l’avaient fait cocu. Il souhaite aussi éliminer toute leur famille par la même occasion. Cette famille justement se révèle un bon gros tas d’imbéciles heureux, avec un cocktail de beauferie, de goujaterie, incarnant la connerie humaine à un degré assez élevé. On retrouve là les petites gens, qui sont souvent mis en avant (et pas toujours en valeur !) par Rabaté. Le côté pathétique de cette famille, qui ne vit que de magouilles foireuses, donne une touche comique à l’intrigue. Le pathétique gagne aussi la vengeance et les actions de Martino, avec une chute bien évidemment noire. Pas de morale définitive. Il n’y a pas vraiment de « bons », et les « méchants » peuvent voir la chance leur sourire. Une histoire cynique et un peu corrosive, mise en image de façon un peu légère par Gnaedig (dont le dessin, malgré ses imperfections, se révèle fluide).

19/03/2022 (modifier)
Par Yann135
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Yann135

Cela fait 20 ans que Martino est en taule. Il a pris perpétuité pour avoir voulu tuer sa femme et son amant. Il les a vu rentrer dans un hôtel pour une partie de jambes en l’air. Manque de pot, il s’est trompé de chambre et à trucider le couple qui l’occupait. Et cela fait 20 ans qui rumine sa vengeance le bougre. Il a les raté la dernière fois, mais il s’est juré que la prochaine fois cela sera la bonne ! La vengeance est un plat qui se mange froid ! Et il a du mal à digérer ! Pour bonne conduite derrière les barreaux, il est libéré ! J’arrive chérie … Cet album est un petit bonbon sucré. C’est délicieux. On suit avec plaisir Martino dans sa quête de représailles sanglantes. Quel châtiment va-t-il prodiguer pour éponger sa soif de vengeance ? La riposte doit être à la mesure de son attente et de l’affront subi. C’est drôle, cynique et dramatique à la fois sur fond de misère sociale. Les dialogues sont truculents et ciselés au cordeau. Ca claque. Les situations sont improbables mais que c’est bon. Cet anti-héros décidé et aigri me plaît bien. J’ai même souhaité qu’il puisse réussir dans sa mission. C’est du Rabaté flamboyant et bien noir avec un zest d’ironie. Le dessin de Sébastien Gnaedic parachève un scénario aux petits oignons. A découvrir au plus vite.

12/12/2021 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Rabaté aime à mettre en scène des gens de tous les jours, voire véritablement issues des couches les plus populaires. C'est le cas ici avec cette famille qu'il nous a imaginée, une famille campagnarde digne des Groseille de "La vie est un long fleuve tranquille". Parasites de la société, voleurs, incultes et malpropres, ils choquent le bourgeois moyen mais ils ont pourtant trouvé leur équilibre et forment une famille soudée et finalement plutôt heureuse. Mais il ne suffit pas de mettre en scène des personnages originaux et forts pour faire une bonne BD ; il faut avant tout une bonne histoire. Et l'auteur la trouve en confrontant cette famille à un ex-mari cocu psychologiquement instable et maladivement jaloux au point qu'il organise soigneusement sa vengeance et planifie la mort de tous les membres de la famille. Le contraste entre l'esprit aiguisé et froid de ce psychopathe et le bordel immonde des membres de la famille qu'il cible fait toute la saveur du récit. L'histoire est donc sympa, mais par contre le dessin est très moyen. Son trait est trop simple et peu engageant. Heureusement, la narration graphique est correcte donc la faiblesse du graphisme n'impacte pas vraiment la lecture. Et puis j'ai été un petit peu déçu par le côté un peu trop rapide de la fin. Finalement, je me rends compte que j'avais, inconsciemment ou non, choisi mon camp dans ce conflit et j'espérais que l'intrigue se développe un peu plus dans son sens. Là, nous avons une fin douce-amère, avec un soupçon d'humour, qui me convient seulement à moitié et me laisse un peu sur ma faim.

05/10/2018 (modifier)
Par karibou79
Note: 4/5
L'avatar du posteur karibou79

Quand un psychopathe à la "Harry, un ami qui vous veut du bien" s'en prend à une famille façon Groseille, de "la vie est un long fleuve tranquille". Le dessin est simplet et finalement ça colle bien aux personnages. On assiste à un bal d'affreux et s'amuse à compter les points. Une lecture vraiment agréable mais l'apport support Bd n'apporte pas grand chose, un livre poche court façon Manchette m'aurait procuré autant de plaisir. 3,5

18/04/2016 (modifier)
Par Pierig
Note: 3/5
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Rabaté tient à croquer des gens simples, loin des strass et paillettes. Ici, il s’amuse à mettre en scène un cocu qui, après avoir purgé sa peine, tient toujours à accomplir sa vengeance. C’est argoté, amusant et truffé de situations jubilatoires malgré le thème plutôt sombre. Lorsqu’il retrouve Lucette, son ex, Pierre Martino décide d’en découdre une dernière fois. Mais le milieu dans lequel elle vit n’est pas des plus enviables. Chez nous, dans la partie vallonnée du plat pays, on appellerait ça une famille de barakis. Cette vie dépravée aurait bien suffit comme punition à Lucette pour son adultère mais ce n’est pas l’avis de Pierre. S’en suit des situations cocasses sur une narration légère en apparence. Seule la toute fin vient, comme un cheveu sur la soupe, conclure de manière abrupte le récit. Dommage, je m’amusais bien. Côté dessin, c’est quelconque. Le trait n’a pas vraiment de personnalité mais il s’accommode finalement bien à ce genre de récit. En résumé, voici un bon roman graphique qui est vraiment agréable à lire mais qui se termine en eau de boudin. Dommage …

24/02/2016 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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Faut-il laver son longe sale qu’en famille ? C’est Napoléon qui l’a suggéré en parlant des conflits qui l’opposaient à ses frères et sœurs. Pour autant, Pascal Rabaté et Sébastien Gnaedig titrent leur œuvre le linge sale alors que nous avons en face une famille assez unie. Ayant lu ce récit, je m’interroge sur la pertinence de ce titre pour arriver à la conclusion qu’il est inapproprié. Je sais que généralement le lecteur ne se pose pas ce genre de question préférant intégrer directement la donnée. Ce récit est en fait un polar qui part du principe qu’un condamné pour double meurtre sort de prison pour bonne conduite et s’apprête à récidiver pour tuer toute une famille du gamin à la grand-mère en n’oubliant pas le couple adultérin de l’époque. Certes, c’est une famille de neu-neu respirant la France profonde mais tout de même. Là encore, je m’interroge sur le postulat que cela implique et je peux dire que cela fait peur. Mais bien entendu, on peut encore faire abstraction. Maintenant, le récit est plutôt bien construit et nous mettra en haleine jusqu’à la fin bien qu’on ne s’attachera à aucun des protagonistes à moins d’avoir l’état d’esprit bidochon ou sérial-killer. Mais bon, passons encore. Une bd très intéressante pour découvrir les coins perdus des environs de Cholet. C’est passionnant à souhait: non, je rigole à l’image de cette comédie très cynique voire pathétique par moment. Les auteurs ont bien entendu fait exprès de grossir le trait. Le final réservera là encore des surprises par une petite pirouette scénaristique. Bref, les histoires de tromperie finissent mal en générale.

30/07/2015 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Sur une idée simple (un type sort de prison et veut se venger de sa femme et son amant), Rabaté construit une bonne histoire. Ce que j'ai aimé dès le début c'est la psychologie du mari cocu. Il est un personnage fascinant et j'aime bien comment il pense et comment il veut se venger. La famille de sa femme et son amant sont eux aussi bien pensés. J'étais vraiment surpris de voir que c'était une bande de voleurs qui semblent commettre tous les petits délits imaginables. Du coup comme les deux parties sont un peu antipathiques (après tout le mari cocu veut aussi tuer des gens qui ne lui ont rien fait), je n'avais pas de parti pris et j'ai eu du plaisir à voir qui allait 'gagner' entre le cocu et la famille. En plus, le scénario est prenant et contient plusieurs scènes d'anthologie.

19/06/2015 (modifier)
Par pol
Note: 4/5
L'avatar du posteur pol

Rabaté signe le scénario de cet album et une nouvelle fois il nous raconte une histoire qui devrait ravir plus d’un lecteur. S’il avait touché la corde sensible de belle manière avec Les Petits Ruisseaux, on est sur un genre radicalement différent ici. On a un album bien plus léger mais le ton décalé apporte une touche d’humour remarquable. Il est question d’un mari cocu qui sort de prison, 20 ans après avoir essayé d’assassiner sa femme et son amant. Son intention première une fois à l’air libre ? Terminer ce qu’il n’a pas accompli et enfin se venger. Il va donc espionner la nouvelle famille de sa femme pour peaufiner son plan… et ce qu’il va voir est autant inattendu que comique. Il découvre une famille digne d’un des meilleurs épisodes de « confessions intimes ». Des bouseux, alcooliques, sales, voleurs, caricaturaux … toutes les tares possibles cumulées en une seule et même famille. Plus l’histoire avance et plus notre héros en découvre. Et le lecteur avec. Tout ça est raconté avec finesse dans les dialogues et dans la mise en scène. C’est décalé, c’est surprenant, c’est amusant. La construction du récit est excellente et on se régale pages après pages à découvrir cette invraisemblable famille. Mais ce n’est pas tout, car notre ex-mari échafaude son plan tout au long de l’histoire et là aussi c’est assez tordu et il y a matière à amuser le lecteur jusqu’à la fin. Et bien qu’assez simple le dessin est en adéquation avec le scénario, on obtient au final un album très réussi.

01/09/2014 (modifier)