Le Massacre

Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)

Simon met aux enchères un « massacre » (trophée de chasse) trouvé par son amie Louise dans des affaires léguées à son grand-père par un ami cambodgien. La mise en vente de ce massacre déclenche les hostilités entre deux collectionneurs qui s’arrachent l’antiquité à des sommes astronomiques. (*) Pseudo-suite de Hautes Oeuvres, Petit Traité d’humanisme à la française, mais les deux albums sont complètement indépendants et peuvent être lus séparément.


École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg Indochine La Boite à Bulles One-shots, le best-of

Acte 1 : Simon met aux enchères un « massacre » (trophée de chasse) trouvé par son amie Louise dans des affaires léguées à son grand-père par un ami cambodgien. La mise en vente de ce massacre déclenche les hostilités entre deux collectionneurs qui s’arrachent l’antiquité à des sommes astronomiques. Le vainqueur, le collectionneur Limul Goma invite Simon à passer le voir. Il lui explique que le trophée est celui d’un kouprey, animal mythique cambodgien dont la race est aujourd’hui éteinte. Acte 2 (antérieur) : Limul Goma fait la rencontre (suite à un tuyau d’un de ses « informateurs ») d’un très vieil homme ayant vécu au Cambodge et qui s’accuse d’être à l’origine des malheurs de ce pays, d’un massacre au sens le plus habituel et le plus sinistre du terme. Il était venu s’installer en Indochine française, après la grande guerre, dégoûté par les tueries auxquelles il avait survécu. Très solitaire, il se mêle tout de même à quelques activités avec les autres colons, notamment des parties de chasse où il se refuse à tuer le moindre animal. Un jour, pourtant, afin de sauver un enfant qu’il pense chargé par un kouprey, il tue l’animal mythique. De là viendraient tous les malheurs à suivre… Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Janvier 2013
Statut histoire One shot (*) 1 tome paru

Couverture de la série Le Massacre © La Boîte à Bulles 2013
Les notes
Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

17/01/2013 | Alix
Modifier


L'avatar du posteur bamiléké

J'ai dévoré cet album de Simon Hureau avec un grand plaisir. On retrouve deux thématiques chères à l'auteur son amour de la faune et son attirance pour la péninsule indochinoise avec son histoire tragique. A travers les personnages farfelus de Magloire et de Limul, l'auteur construit un scénario très élaboré et captif sur la douloureuse histoire du Cambodge/Kampuchea démocratique. Hureau parvient à traiter d'un façon faussement légère le récit d'une triple disparition. Disparition du Kouprey, disparition de civilisation ancestrale cambodgienne et disparition d'une grande partie de la population du pays. Hureau nous montre très finement que ces disparitions ont pour origines la colonisation et les effets de réactions qu'elle a pu provoquer. L'auteur n'attaque pas directement le système colonial mais laisse au lecteur le soin de comprendre la perversité que le système a pu introduire. J'ai trouvé le scénario brillant dans cette lecture historique en backstage des événements indochinois. C'est très habilement mené avec une narration très fluide et avec de nombreux rebondissements. Hureau réussit même à introduire une dose d'humour. Je fais un aparté sur un passage qui illustre cette subtilité de la présentation de Simon Hureau. L'épisode des enchères peut être lu comme une transcription excitante du duel entre les deux acquéreurs potentiels. Cela commence doucement par des dizaines pour finir dans la folie des chiffres ahurissants de centaines de mille pour finir au nombre clé qui éclaire la signification cachée de la scène. Hureau enfonce alors le clou avec un cynisme qui fait froid dans le dos en nous renvoyant aux francs CFA et donc aux morts de l'esclavage ou de la colonisation africaine. Jamais je n'oublierai ce passage. Je suis un grand fan du graphisme de Simon Hureau. Il est un maître dans l'expression des détails de la faune et de la flore mais aussi des architectures et des objets. Les ambiances du Palais de Limul Goma mais aussi des paillottes cambodgiennes renvoient à deux univers aux antipodes mais qui possèdent chacun leurs richesses. J'ai toujours été marqué par le génocide du Kampuchea. Pol Pot a fait une partie de ses études à Paris. Que le système étudiant français n'ait pas pu empêcher la formation d'un tel monstre m'a toujours traumatisé. Les ouvrages qui rappellent la mémoire des victimes, hommes ou animales, de systèmes iniques et criminels sont toujours précieux. "Le massacre" en fait partie.

15/08/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

Nouvelle BD de Simon Hureau, et nouveau coup de cœur. J’avais énormément apprécié son dernier album Intrus à l'Etrange (d’ailleurs récompensé à Angoulême en 2012). « Le massacre » m’a de nouveau enchanté. L’intrigue est remarquablement construite. Elle débute par une bête vente aux enchères lors de laquelle un trophée de chasse est vendu pour une somme mirobolante… puis la narration nous ramène dans le passé pour nous expliquer l’incroyable histoire de cet objet pourtant assez commun. Pour ce faire on part au Cambodge, et on fait la connaissance de divers personnages dont la vie se mêle à l’Histoire troublée de ce pays. Découvrir tous les aboutissements de cette « intrigue » est absolument jubilatoire, quelle aventure ! L’histoire est assez dense, et les planches parfois un peu chargées en texte, mais cela n’affecte pas du tout la fluidité ou le plaisir de lecture. J’adore le dessin de Simon, il fourmille de détails, et représente superbement les jungles cambodgiennes. Si je devais faire un petit reproche, je dirais juste que je ne vois pas trop l’utilité des deux dernières planches, qui semblent servir de conclusion ou de « bonus ». Je ne les ai pas trouvées extraordinaires. M’enfin, rien de bien grave. Un album indispensable selon moi, et mon premier coup de cœur 2013 !

17/01/2013 (modifier)