L'Empoisonneuse (Gift)

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 10 avis)

Ce drame historique est basé sur une histoire vraie, celle de Gesche Margarethe Gottfried (1785-1831), surnommée " l'Ange de Brême ".


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Allemagne Auteurs allemands La BD au féminin Les coups de coeur des internautes Les grandes affaires criminelles Procès Serial killers

Une jeune femme, qui fait profession d’écrire, arrive à Brême, dans le Nord de l’Allemagne, par bateau. Nous sommes au début du XIXe siècle. Elle ignore que toute la ville est en proie à une étrange fièvre, parce que l’on se prépare à exécuter en place publique une femme accusée d’une quinzaine de meurtres. Elle va, malgré elle, être mêlée à l’histoire de cette meurtrière, et assister à sa décapitation. Le récit en dit long sur la société de l’époque, au début de l’industrialisation, qui, toute à son idéologie du progrès, se refuse à imaginer que le mal puisse exister en son sein. Ce fascinant roman graphique, dessiné dans un style à la fois vif, noir et sensuel, contient de nombreuses références aux plus grands auteurs de langue allemande (entre autres Kafka, Nietzsche, Thomas Bernhard). Il est fondé sur une histoire vraie, celle de Gesche Margarethe Gottfried (1785-1831), surnommée « L’Ange de Brême », aussi connue en Allemagne que Landru en France. Il avait fallu vingt ans pour que fût démasquée cette tueuse en série, qui avait empoisonné à l’arsenic quelque quinze personnes : ses parents, ses deux maris, son fiancé, ses enfants, sa propriétaire et quelques amis ! Elle fut la dernière personne à être exécutée publiquement dans la ville de Brême. L’album est complété par un dossier documentaire retraçant les faits historiques.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Avril 2010
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Empoisonneuse © Actes Sud/l'An 2 2010
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 10 avis)
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27/04/2010 | Lucie
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
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La société ne porte-t-elle au moins une part de responsabilité ? - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, s’appuyant sur une série de crimes réels. Son édition originale date de 2010. Il a été réalisé par Peer Meter pour le scénario, Barbara Yelin pour les dessins, et Paul Derouet pour la traduction à partir de l’allemand. Il comprend cent-quatre-vingt-dix pages de bande dessinée, en noir & blanc avec des nuances de gris. Il se termine avec une postface de quatre pages présentant les faits historiques, puis les rôles de Friedrich Leopold Voget (avocat de la meurtrière), le docteur Franz Friedrich Droste (sénateur et président du tribunal criminel), et le pasteur Heinrich Wilhelm Rotermund (pasteur et confesseur de la criminelle emprisonnée), puis le devenir des actes du procès, et une présentation de la pierre du crachat à Brême. Un train à vapeur progresse à bonne allure sur ses rails. Dans un des compartiments, une mère explique à sa fille : Sa dernière œuvre devait en fait s’intituler Le soc, pour bien montrer qu’il s’agit dans ce livre d’un retournement de la morale dominante. Et il continue d’y travailler, bien qu’il soit presque aveugle et ne dispose de personne pour le soigner. Lou répond qu’elle est très impatiente de lui être présentée à Rome. La mère continue : elles découvriront bien assez tôt son fameux professeur Nietzsche. En outre, Rome attendra car elles doivent d’abord régler d’importantes questions éditoriales à Hambourg. Sa famille s’extasie sur le fait que Hoffman & Campe publie les mémoires de sa mère. Lorsqu’elle pense à Heinrich Heine que sa mère a côtoyé presque chaque jour durant ses dernières années parisiennes et à… Lou est interrompue par le contrôleur qui vient de pénétrer dans leur wagon pour annoncer qu’ils n’atteindront pas Hambourg à l’heure dite. Il faudra plutôt compter avec un gros retard, car leur train doit être détourné par Brême : un accident a coupé la voie vers Hambourg. Un transport militaire a explosé ce matin. Quinze personnes y auraient laissé la vie, et dix-neuf souffriraient d’atroces blessures à l’hôpital de Hambourg. Lou remarque que sa mère est soudain très pâle et elle le lui fait observer. Une femme s’emporte contre le contrôleur car l’annonce lui a causé du désagrément ; il lui présente ses excuses. Lou suggère à sa mère qu’elle aille consulter un médecin lorsqu’elles seront à Hambourg. Sa mère explique que de même que l’arôme d’une madeleine trempée dans le thé peut soudain faire renaître toute une enfance, l’idée du contact imminent avec Brême a ranimé un monde profondément enfoui en elle. Il lui faut d’abord faire le tri. À son propre étonnement, ressurgissent devant elle des événements anciens, aussi frais que s’ils s’étaient produits voici deux mois, et non un demi-siècle. Elle explique qu’elle était à peine plus âgée que sa fille aujourd’hui, lorsque deux journées à Brême menacèrent l’espace d’un instant de bouleverser le cours de son existence. À la demande de sa fille, elle raconte toute l’histoire : c’était en avril de l’année 1831. Il n’y avait pas encore de trains permettant un voyage confortable, tout était pénible. Une couverture très austère. Un texte de quatrième de couverture qui indique que ce drame historique est basé sur une histoire vraie, celle de Gesche Margarethe Gottfried (1785-1831), surnommée L’ange de Brême. Le lecteur relève trois références littéraires et philosophiques dans le chapitre d’introduction à bord du train : Friedrich Nietzsche (1844-1900), Heinrich Heine (1797-1856) et la madeleine de Marcel Proust (1871-1922), évoquée dans Du côté de chez Swann (1913). Il constate au cours de sa lecture que le personnage principal, la journaliste chargée de réaliser un reportage sur la ville de Brême, n’est jamais nommée. Toutefois, la référence à Nietzsche, associée au prénom Lou qui se rend à Rome pour le rencontrer évoque Lou Andreas-Salomé (1861-1937) qui fut emmenée en Italie par sa mère Louise Wilm (1823-1913) pour des raisons de santé. Toutefois la narratrice est supposée avoir une vingtaine d’années au moment de l’exécution de la meurtrière en 1831, ce qui ne correspond pas avec sa date de naissance, ni avec le fait qu’elle aurait passé plusieurs années avec Heine. Cette dame est également l’amie de Bettina von Arnim (1785-1859) une femme de lettres et une nouvelliste romantique allemande. Au cours de la lecture, peu importe qu’il s’agisse bien de Louise Wilm ou pas, car cela n’a pas d’incidence sur le déroulement du récit. En revanche, les autres références historiques permettent de comprendre l’état d’esprit de l’autrice au cours de ses découvertes, ainsi que son jugement de valeur. L’illustration de couverture envoûte littéralement le lecteur : ce regard si intense et indéchiffrable, la masse noire et compacte du buste, la coiffe qui cache les cheveux. Il est prêt à juger cette femme sur son apparence. Il entame sa lecture : une illustration en pleine page, la locomotive qui avance dans une sorte de brouillard ou dans le froid, un véritable tableau impressionniste. La séquence introductive dans le train présente des dessins avec des traits de contour parfois un peu lâche, un usage appuyé des zones de gris pour apporter de la consistance à chaque forme détourée, un niveau de détails fluctuant, pour un registre oscillant entre réalisme descriptif et ressenti. Il se retrouve avec une impression partagée : d’un côté des dessins à l’ambiance prenante, de l’autre des représentations parfois un peu naïves car trop simplifiées en particulier pour les représentations de voirie. Oui, mais quand même… Quand même, la vue du port de Brême en page seize présente clairement la disposition des maisons le long du quai, la forme du quai, les bateaux, une petite activité sur les quais, les escaliers d’accès, c’est-à-dire une description consistante et cohérente de ce lieu. Ainsi à plusieurs reprises, le lecteur prend le temps de lire un dessin correspondant à une prise de vue complexe et détaillée : le déploiement de la passerelle pour permettre aux passagers de débarquer, l’ombre agréable sous les arcades, les façades des bâtiments autour de la grand-place, un tonneau roulé sur les pavés, une perspective de la chambre louée par Louise évoquant celle du tableau La Chambre de Van Gogh à Arles (1888), une toiture en tuiles, les poutres apparentes dans la salle d’une auberge, la magnifique promenade pour sortir de la ville, les colonnades du bâtiment abritant la prison, les caves attenantes à l’auberge, la scène de foule à l’occasion de l’exécution publique. D’ailleurs cette séquence d’exécution capitale met en lumière la qualité particulière de la narration visuelle. Très vite le choix des nuances de gris fait sens : l’écrivaine s’enfonce dans un monde assez sombre qu’elle ne soupçonnait pas, prenant tout d’abord conscience de la monstruosité du comportement meurtrier de la Gottfried, puis s’interrogeant sur ce qui a pu la conduire à empoisonner autant de personnes, dont beaucoup de sa famille la plus proche (jusqu’à ses propres enfants), s’inquiétant que ces affres trouvent un écho dans ses propres sensations de mal-être. De ce fait, l’attention du lecteur se détourne d’un mode représentatif réaliste, pour mieux apprécier le mode émotionnel. Il voit comment les cases font ressentir des sentiments et émotions complexes : le désarroi profond de Louise en apprenant que le train va stationner à Brême, la réserve prudente à chaque fois qu’elle s’adresse à un homme attestant d’une forme de bienséance sociale voulant que chaque femme se montre accommodante avec les hommes qui s’adressent à elle, le comportement très inapproprié du pasteur qui semble compenser une forme de manque de confiance vis-à-vis des femmes en se montrant agressif, l’étonnement sans borne de Louise quand on lui reproche son comportement qui était pour elle une réaction normale, l’attitude très officielle jusqu’à en être théâtrale du président du tribunal quand il prononce sa sentence sur l’échafaud. Et puis, l’attention du lecteur est parfois attirée par la longueur d’une séquence (par exemple l’exécution) ou par ce qui semblent être un décalage dans ce que montrent les images (par exemple ce charretier qui fouette son cheval avec libéralité) et le texte. Le titre de l’ouvrage promet de découvrir l’histoire de ces crimes d’une tueuse en série, ainsi que peut-être le procès afférent. Le lecteur se rend compte que le récit est entièrement raconté du point de vue de l’écrivaine qui vient réaliser un reportage sur la ville, et qui se trouve confrontée à plusieurs personnes qui souhaitent lui parler de l’exécution imminente et des crimes. Il découvre donc ces meurtres et l’empoisonneuse par personnes interposées, à l’exception d’extraits de compte-rendu d’interrogatoire qui rapportent la parole de Gesch Gottfried. Par ce mode indirect, les crimes sont bien racontés, ainsi que les interrogations des différents interlocuteurs sur la personnalité de l’empoisonneuse, sur ses motivations réelles, avec des points de vue contradictoires sur ces dernières, en fonction de la personne qui raconte. L’écrivaine sert donc de candide découvrant progressivement l’affaire, et de personnage dans lequel le lecteur peut se projeter, lui aussi étant un étranger dans cette ville inconnue. Au fil des pages, Louise en apprend plus sur les crimes, sur les victimes, sur le mode opératoire, sur ce qui les rend inacceptables dans cette société, cet endroit du monde, à cette époque. Dès le début, le lecteur constate la stature sociale très relative de l’écrivain : elle voyage seule, les aléas de voyage lui ayant conféré une véritable autonomie, tout étant soumise à l’autorité plus ou moins explicite des hommes, parfois simplement d’un point de vue économique d’autre fois social, un vrai patriarcat sous-jacent. Elle finit par se faire la remarque : Il est triste qu’ici aussi, une femme ne soit considérée que comme l’animal de compagnie d’un homme ! Elle constate que certains de ses interlocuteurs ont une idée bien arrêtée sur les motivations de l’empoisonneuse, pour répondre à la question : Quel motif peut-il bien conduire une femme à tuer ou à tourmenter autant de gens avec du poison ? Ainsi celui qui estime que : Une femme devrait rembourser la dette de la vie non par l’action mais par la souffrance, par les douleurs de l’enfantement et la soumission à l’homme, pour qui elle doit être une compagne patiente et agréable. L’avocat estime que : Le juge ne peut être remplacé par le médecin, et il regrette d’avoir dû plaider l’irresponsabilité, contre ses convictions morales. Or l’écrivaine sent que : Il était de retour ce vague à l’âme qui la prenait parfois. Elle ne se connaissait pas elle-même et elle voulait écrire sur les autres. Mais comment l’être humain peut-il se connaître ? Il n’est qu’une chose sombre et cachée. Tout naturellement elle ressent une forme d’empathie pour la femme Gesche Gottfried, sans pour autant cautionner ses meurtres, ce qui l’amène à s’interroger : La société ne porte-t-elle au moins une part de responsabilité ? Elle constate que plus les habitants l’entraînent dans leur affaire criminelle, plus l’échec d’une société devient évident. Ils ne pouvaient, en aucun cas, ne fusse qu’évoquer l’idée qu’ils avaient devant eux une femme dont l’âme et l’esprit étaient malades. C’eut été avouer que durant des années ils étaient restés indifférents aux pulsions meurtrières d’une femme malade. Ils n’avaient plus d’autre choix que voir en Gesche Gottfried une femme tuant froidement et par pur égoïsme, qui avait su, toutes ces années, tromper froidement son entourage. Et tout ce qui risquait d’abimer cette image était aussitôt étouffé dans l’œuf. Elle se souvient également d’une réflexion de Novalis (1772-1801) : il était convaincu d’un lien profond et mystérieux entre luxure, religion et cruauté. Elle conclut : Il semble à la lumière de tout ceci, qu’une autre présentation des faits soit possible. Que cette Gesche Gottfried n’est rien d’autre qu’un exemple, poussé jusqu’à la plus complète absurdité, d’une société agressive, sans scrupules, et atteinte dans son âme et son esprit. Le lecteur rapproche cette réflexion de la maltraitance du cheval par le commerçant, comme une métaphore. Et elle se demande si elle avait des points communs avec une femme qui s’était comportée de manière aussi extrême à l’égard de ses contemporains ? Se sentait-elle, elle aussi, dans ce monde dominé par les hommes, comme broyée par de gigantesques meules ? Et tandis que l’écrivaine essayait de supporter cette impuissance par l’écriture, Gottfried avait-elle sombré dans la folie ? Quel regard intense sur cette couverture ! Le récit d’une empoisonneuse à Brême ayant ainsi tué plus d’une quinzaine de personnes, au travers d’une enquête menée par une journaliste au début du dix-neuvième siècle. Une narration visuelle très grise jouant sur les sensations de malaise de la narratrice. Au fur et à mesure, un vrai polar qui sonde les mécanismes sous-jacents d’une société oppressive. Accablant.

15/07/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà bien un personnage hallucinant, complètement dérangé, qui a tué une quinzaine de personnes (tous ses proches, enfants, maris, etc) et fait souffrir encore plus de gens, en les empoisonnant méthodiquement, sans aucun réel mobile. Le principal mérite de cet album est de m’avoir fait découvrir cette femme. Il faut dire que l’auteur s’est particulièrement documenté (un petit dossier final complète la partie BD). Du coup, en plus de l’affaire elle-même, c’est aussi un moyen de représenter certaines incohérences et hypocrisies de l’époque, en utilisant comme narratrice et prétexte à rencontres/témoignages une femme, envoyée à Brême (ou l’empoisonneuse sévissait) pour écrire un récit de voyage, mais qui va se trouver happée par l’affaire – elle arrive au moment de l’exécution de la meurtrière. Le sujet est intéressant, mais traité ici sur un rythme lent, sans réelle rebondissements. Il y a clairement certaines longueurs. Quant au dessin, il est simple, mais possède un certain charme, une sorte de crayonné assez sombre (qui aurait sans doute mérité parfois d’être un peu plus travaillé, mais je l’ai trouvé fluide et globalement agréable). Une lecture intéressante en tout cas.

23/11/2022 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Deuxième album de ce scénariste que je lis et comme le premier il porte sur un tueur en série, mais le traitement est différent. Alors que l'album sur Haarmann était une biographie normale qui montrait les méfaits du tueur et ce qui lui arrivait après avoir été finalement capturé, ici ça se passe après que la tueuse a été capturée. J'ai eu l'impression que l'empoisonneuse en question n'était qu'un prétexte pour le scénariste de dénoncer l'hypocrisie de la société de cette époque. C'est bien de dénoncer les travers de la société, mais ce n'est pas fait de manière passionnante. Le personnage principal n'a aucun charisme et j'ai l'impression que j'aurais plus appris sur la tueuse en lisant une biographie sur internet parce que là elle est un personnage secondaire dans une série dont elle est le sujet. J'aurais préféré lire une biographie de sa vie et puis j'ai parfois eu l'impression que les auteurs excusaient Gottfried parce qu'elle est une victime de la société apparemment. Je me fais peut-être des idées, mais je trouve que le traitement des crimes de Gottfried et Haarmann étaient différents. Alors que dans la biographie Haarmann, Peer Meter montrait les travers du système judiciaire tout en montrant que Haarmann était un monstre alors que j'ai eu la sensation que Gottfried n'était qu'une victime. J'imagine que c'est parce que quand une femme commet un meurtre c'est toujours la faute de la société..

14/07/2018 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5
L'avatar du posteur sloane

Tout d'abord le dessin de Barbara Yelin que je découvre à cette occasion et dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est rudement efficace. Alors oui il ne plaira pas à tout le monde avec ce petit air sale cette sensation d'inachevé en le regardant, mais j'avoue que s'il n'est pas dans ce que j'apprécie habituellement il m'a fait son petit effet. Sur l'histoire en elle même je n'ai pas grand chose à dire c'est le récit d'un fait divers. Par contre c'est le contexte dans lequel il se déroule qui est à mon sens nettement plus intéressant. A l'instar d'un Chabrol au cinéma, j'aime quand les tenants de la morale, les gens bien pensants s'en prennent plein la tronche. Ici mais par les dieux quelle horreur, dire qu'une poignée de personnes se targuent de dicter, de régir la vie des autres selon des préceptes dont ils pensent qu'ils sont à la pointe de la modernité. Franchement ça fait froid dans le dos, et ne croyons pas que ces comportements moralistes soient d'un autre temps... Mais je m'égare et pour revenir à ce récit je dirais que je le trouve fort habilement construit, qu'une fois la lecture entamée il ne se lâche plus. Fortement recommandable si l'achat vous rebute, une lecture en emprunt est très envisageable.

12/03/2017 (modifier)
Par jurin
Note: 3/5

L’histoire n’est pas des plus passionnantes, un fait divers bien raconté mais sans beaucoup de rythme et un manque évident de charisme des personnages. Mais cela n’empêche pas l’histoire d’être intéressante, on découvre une ville de Brême au XIXe siècle assez déprimante, les autorités de la ville en charge de l’affaire sont proches de l’incompétence et de la malhonnêteté et que dire du corps médical incapable d’établir une corrélation entre les divers cas. Pour le dessin je suis assez mitigé, je ne le trouve ni beau ni laid mais il y a quelque chose d’indéfinissable qui me le fait apprécier, bizarre n’est ce pas !

29/07/2012 (modifier)
Par Pasukare
Note: 2/5
L'avatar du posteur Pasukare

Emprunté par curiosité à la bibliothèque, je ressors de ma lecture pas du tout convaincue. Le support BD n'apporte pas grand chose à l'histoire de cette empoisonneuse par rapport à la lecture d'un article wiki sur le sujet... rien, à part la désagréable impression qu'on va se noircir les doigts en tournant la page tellement le dessin parait "sale". Je ne mets pas 1/5 parce que j'ai terminé ma lecture et que j'ai tout de même appris 2-3 trucs (un peu d'histoire, la mauvaise volonté de la justice, la piètre condition et considération de la femme de l'époque) mais franchement, ça reste ennuyeux à lire et désagréable à regarder.

29/08/2010 (modifier)
Par Ems
Note: 3/5

Je n'aurais pas lu cette BD sur les seuls avis trop complaisants postés sur BDThèque. J'ai donc fait un tour sur le net où les critiques étaient globalement positives. J'ai donc profité d'une opportunité d'achat à mi-prix pour me lancer. Rapidement j'ai pensé à L'Espion de Staline de l'auteure allemande Isabel Kreitz. Dans la présente BD, on a un dessin fait de crayonnés gris peu dégrossis. On est proche du croquis, le trait est souvent gras, on sent le 2b voir plus. La narration est assez lente, il faut une phase d'adaptation et de la patience pour bien rentrer dans le récit. Il y a de bonnes choses, la base historique est simple mais bien documentée et exploitée. J'aurais aimé un plus grand développement des rôles sur la procédure judiciaire soumise à caution et l'intervention chrétienne bien hors de son périmètre. C'est rapidement expliqué en fin de BD dans un petit dossier mais même si cela est abordé dans le récit, on passe à côté de cet aspect de l'histoire. L'empoisonneuse a tué 15 personnes, principalement des proches, sans que personne ne réagisse. Cette complaisance globale pose des questions et l'orientation du procès ne fait qu'accentuer cette justice aveugle. Le ton, le dessin et le sujet sont originaux. Cette BD sort des modèles classiques sans faire dans l'excès. "L'Empoisonneuse" est vraiment pas mal sans être exceptionnel. J'aurai surtout aimé un peu plus de soin sur le dessin.

17/08/2010 (modifier)
Par Joyce
Note: 4/5

Je viens de lire ce roman graphique. Quelle brique ... 200 pages! Mais on reste scotché du début à la fin. Je ne connaissais pas du tout ce fait divers, apparemment très connu en Allemagne et j'ai été très surpris par cette mentalité coincée de l'époque. On ne devait pas rire tous les jours en Outre-Rhin. On suit les aventures de cette petite bonne femme avec délectation. Une bonne surprise ! Les dessins noir et blanc sont vraiment magnifiques. Savoir que le dessinateur est une dessinatrice est très plaisant !!! Surtout quand il y a une maitrise des décors et des lieux autant que des personnages et de leurs expressions, la simplicité du dessin contribue au réalisme de l'ambiance .

03/06/2010 (modifier)

Je suis tombé, grâce à mon libraire toujours à l'affût des perles rares, sur cette superbe BD. Quel récit bien mené ! On est captivé du début à la fin et on tremble pour l'héroïne. Nous suivons les aventures de cette jeune écrivain, qui doit effectuer un récit de voyage dans la ville de Brème, découvrant une ville fiévreuse qui se prépare à exécuter une grande criminelle. Avec elle on se pose bien des questions, car son propre destin va se trouver mêlé à l'histoire de cette meurtrière. L'auteur, Peer Meter, n'hésite pas à dénoncer la bonne société bourgeoise de l'époque. Que dire de l'admirable dessin de Barbara Yelin ? Il nous fait parfois penser à certains fusains de Tardi, et des décors intérieurs à la Van Gogh. Magnifique ! Dommage que ce petit bijou soit édité chez un éditeur aussi confidentiel, mais cela renforce l'importance d'avoir un bon libraire spécialisé ! C'est vraiment mon coup de coeur du moment !

02/06/2010 (modifier)
Par Lucie
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Une jeune femme écrivain, en reportage à Brême, pour y effectuer un guide touristique, va se retrouver bien malgré elle, mêlée à une terrible affaire criminelle. On s'apprête à exécuter en place publique une femme ayant commis pas moins d'une quinzaine d'assassinats : ses maris, ses enfants, son frère, ses voisins... Notre héroïne " Miss Marple de l'époque ", ne peut s'empêcher de poser des questions pour essayer de comprendre ce qui a motivé de telles horreurs. Très mal accueillie par le pasteur, l'avocat et le juge qui ne veulent pas démordre de leur théorie concernant la criminelle : une tueuse froide, calculatrice, cupide, elle ne renonce pas pour autant à pousser plus loin ses investigations car la vérité ne lui semble pas aussi simple. Ce faisant, elle se met elle-même en danger... J'ai adoré ce livre. Peter Meter arrive à nous tenir en haleine jusqu'à la dernière page. Il fait au passage le procès de cette société bourgeoise du début du 19eme siècle dominée par les hommes. La femme y est considérée comme un être immature, intermédiaire entre l'adulte et l'enfant, irresponsable, incapable de vivre seule, de voyager seule, d'avoir une activité intellectuelle quelconque. Toute vie sexuelle libérée lui est proscrite. Le dessin admirable de Barbara Yelin reflet de l'impressionnisme allemand sert à merveille le scénario. Son coup de crayon vif et incisif va à l'essentiel pour camper les attitudes, faire ressortir les émotions, les états d'âmes et les ambiances lourdes et angoissantes. A ne pas rater, un vrai petit chef d'oeuvre !

27/04/2010 (modifier)