Les Mauvaises Gens

Note: 3.29/5
(3.29/5 pour 28 avis)

Angoulême 2006 : Prix du meilleur scénario. Angoulême 2006 : Prix du public. 2006 : Prix ACBD. 2006 : Prix France Info de la Bande dessinée d’actualité et de reportage. Davodeau s'est intéressé à la vie d'un couple de militants du maine-et-Loire des années 1956 à 1981.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide 1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Angoulême : récapitulatif des séries primées Davodeau Documentaires Encrages Grands prix de la Critique ACBD Luttes des classes & conflits sociaux Pays de la Loire Politique Prix France Info Rencontres et entretiens Témoignages

Étienne Davodeau vient d'une région catholique et ouvrière, les Mauges. Ses propres parents sont un parfait exemple de gens, dont l'éducation s'est forgée entre l'église et l'usine, mûs très vite par la volonté d'agir. Leur parcours et leurs aspirations sont ceux d'une France à la recherche de justice et de progrès social, de l'après-guerre à l'élection de Mitterrand. Sous forme de reportage, l'auteur de Rural ! s'attache à retranscrire cette vie partagée entre éducation catholique et envie de se battre pour ses droits.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Août 2005
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Mauvaises Gens © Delcourt 2005
Les notes
Note: 3.29/5
(3.29/5 pour 28 avis)
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30/08/2005 | Spooky
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L'avatar du posteur Noirdésir

Etienne Davodeau a réussi là un bien bel album ! C’est d’abord un hommage à ses parents, à leur engagement, de leur jeunesse dans l’après-guerre à l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand. C’est aussi, au travers d’eux et des protagonistes qui les ont « aiguillés » vers ce qu’ils sont devenus, un hommage à une région souvent à l’écart. L’extrait des « Carnets du grand chemin » de Julien Gracq en début d’album ouvre d’ailleurs superbement et l’album et cette région. C’est aussi une très belle illustration des évolutions, mutations de la société française des Trente glorieuses puis des années « de crise », avec les luttes sociales qui l’ont traversée. Et un regard sur l’influence plus ou moins en déclin de l’Eglise et des syndicats. Un regard à la fois plein d’empathie et d’ironie aussi pour certains dirigeants de la gauche. En cela, la clôture de l’album le 10 mai 1981, au sommet d’une certaine vague, d’un enthousiasme parfois messianique, permet d’évacuer les désillusions que Mitterrand fera connaître à une certaine gauche (surtout après 1983). C’est un album plein d’humanité, qui, sans être jamais mièvre et naïf, délivre un message positif, plein de vie. Vraiment une réussite, que le dessin à la fois simple et efficace accompagne très bien. Une œuvre intelligente, à découvrir !

15/02/2015 (modifier)

Bon, Davodeau, à priori je suis plutôt fan. J'ai adoré Quelques jours avec un menteur et Chute de Vélo, et presque autant Le réflexe de survie. Mais cette fois, j'ai eu une petite appréhension, et j'ai commencé ma lecture un peu à reculons. Comme j'avais tort ! En fait, c'est passionnant dès le début. On découvre l'histoire sociale récente, le développement des mouvements syndicaux, le quotidien des ouvriers issus du milieu rural, de la Libération à l'élection de Mitterrand aux présidentielles de 1981, à travers le parcours de deux militants qui nous sont très vite sympathiques. En contre-point du récit, des repères historiques, permettent de le situer dans son contexte national et international. Le moins que l'on puisse dire c'est que le parents de l'auteur ont eu un parcours pas ordinaire, qui méritait bien que leur fils y consacre un album. A ce sujet, les conversations entre Davodeau junior et ses parents sont vraiment savoureuses. C'est l'une des forces de cet album : l'intense chaleur humaine qui se dégage des personnages, le naturel des dialogues, renforcé par le dessin. Et ça, c'est la grande force de Davodeau : des personnages rendus très vite attachants par la simplicité du texte et un trait qui restitue toutes les nuances des sentiments humains. C'est magique. Bon, il faut dire que ses personnages, réels, ont aussi parfois bien du talent, ce qui donne lieu à des passages vraiment excellents, comme lorsque cet ex-prêtre conclut sa réflexion en disant "Dieu est une hypothèse". De plus, comme on peut s'y attendre, à partir d'un certain moment du récit, Davodeau lui-même fait son apparition, ce qui nous vaut d'autres scènes assez sympas et nous permet ainsi de mieux le connaître. Vous l'aurez compris, Davodeau étant un conteur et un dessinateur extrêmement talentueux, c'est à la fois instructif, sans jamais être rébarbatif, et souvent plein d'humour. J'ai donc pris un immense plaisir à lire cet album, j'ai découvert une page de l'histoire sociale récente de la France, mieux saisi le sens qu'à pu revêtir, pour tous ces gens, l'accession de François Mitterrand au pouvoir, et c'est avec enthousiasme que je lui donne 4 étoiles, et qu'à la question "achat conseillé ?" je réponds : oui ! :)

13/08/2006 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

J’aime beaucoup le posteur un peu plus bas qui écrit « les syndicats chez les bouseux, ça m'a un peu gonflée ». Ca a au moins le mérite d’être clair : ici pas d’aventure, pas d’action, pas de rêves ou de mondes imaginaires. Non, juste un reportage un peu austère sur l’histoire des syndicats en France. Et pourtant j’ai adoré, tout comme Rural ! du même auteur. C’est facile à suivre, instructif, bien documenté, bref, un vrai petit livre d’histoire sur la naissance des principaux syndicats français, sur leur lien avec l’église, et sur la monté du socialisme en France. Tout simplement passionnant !

12/07/2006 (modifier)
Par pigou
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Avouons-le : la couverture et le sujet (le récit des luttes ouvrières dans les Mauges) peuvent en rebuter plus d'un... Mais voilà, comme pour Rural !, Davodeau fait encore mouche avec ce nouvel album documentaire. Car l'originalité de Davodeau est là : un style peu commun (faire du documentaire en BD), un récit précis (l'auteur fait un vrai travail de recherche historique) avec une vraie proximité et tendresse pour les destins qu'il évoque. Alors voici donc Davodeau enquêtant sur la culture militante des habitants de la région des Mauges (sud du Maine et Loire) de 1945 à 1981 à travers deux personnes communes mais aussi un peu spéciales : ses parents. On va y découvrir les conditions particulières de travail dans des usines de production où le taylorisme fait encore des siennes ainsi que les mouvements militants qui vont petit à petit s'intensifier pour lutter efficacement pour les droits des travailleurs. Alors bien sûr, le récit ne fait pas beaucoup d'éloges pour le patronat, ce qui pourra déplaire à certains. Cependant, il faut bien situer le récit dans son contexte historique et puis l'auteur donne la parole à ses parents sans pour autant donner son avis personnel (à chacun de se faire son opinion en toute connaissance de causes). Ne soyez donc pas rebuté par le sujet, l'histoire des Mauges peut paraître trop locale, mais elle est à l'image de ce qui s'est passé dans bon nombre de régions françaises avec une particularité : le rôle important de la religion dans cette région ultra-catholique dans la défense des ouvriers (une nouveauté à l'époque alors que l'église était plus proche de la noblesse qu'autre chose). Là encore, Davodeau ne tombe pas dans le piège de la propagande gratuite pour l'église catholique : il décrit purement et simplement les faits. Un dernier mot sur les dessins noir et blanc de l'auteur : il sont sublimes. Ce n'est pas que Davodeau va révolutionner le monde de la BD par son coup de crayon, mais le dessinateur maîtrise parfaitement l'exercice difficile du documentaire-BD, avec des allers-retours dans passé. Là encore, les "Les mauvaises Gens" est une réussite. Bref, tout comme Rural !, c'est un album incontournable par sa qualité et son originalité.

27/02/2006 (modifier)