Revoir Comanche
Spin-off de la série Comanche. Quelque part au fin fond de la Californie, au début du XXe siècle, Cole Hupp vit à l'écart du monde, en attendant la fin. Mais en fait de Faucheuse, c'est Vivienne, une bibliothécaire curieuse de connaître la réalité du Far-West qui frappe à sa porte. Elle connaît son véritable nom : Red Dust, une légende inscrite dans la poussière et le sang du Wyoming
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale BD en réalité augmentée Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Spin-off [USA] - Côte Ouest
Vivienne est porteuse de nouvelles inquiétantes. Le ranch Triple 6, haut lieu des faits d'armes de Red, ne répond plus. Le vieux cow-boy n'a d'autre choix que de reprendre la route vers son passé. Un voyage à rebours parsemé de fantômes et de regrets au bout duquel il espère revoir celle qu'il n'a jamais pu oublier, Comanche.
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Date de parution | 11 Octobre 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
La première chose que l’on remarque, je pense, c’est le style graphique choisi par Romain Renard. Celui-ci reste très fidèle à ses précédents travaux (voir « Melvile ») mais son trait et sa colorisation risquent de désarçonner les lecteurs de Comanche. A titre personnel, je suis un peu partagé. D’une part, j’aime vraiment le trait de l’artiste mais d’autre part je trouve que ses personnages semblent trop souvent collés sur les décors et ne font donc pas pleinement partie de celui-ci. Au niveau du scénario, Romain Renard nous offre un récit solide, bien construit mais peut-être un peu trop prévisible à mon goût. C’est cependant agréable à lire, avec des personnages fidèles à leur image (à commencer par Red Dust, bien évidemment) et des références pertinentes à la série mère. Conforme à sa marque de fabrique, Romain Renard a enregistré quelques morceaux de musique destinés à accompagner cette lecture. Un peu court pour couvrir l'ensemble de la lecture en question, il s'agit tout de même d'un très sympathique bonus qui ajoute à l'ambiance générale du récit. Agréable à lire mais pas spécialement marquant, cet hommage a cependant le mérite de l’originalité graphique, Romain Renard parvenant à amener les personnages dans son univers sans jamais chercher à imiter Hermann. Pas mal, quoi, mais j’en attendais tellement que je sors un peu déçu de cette lecture.
Recherché par la justice pour des meurtres commis il y a des années, Red Dust espérait finir ses jours tranquillement dans sa cabane forestière de Californie. C’était sans compter l’irruption de cette jeune femme prénommée Vivienne Bosch, qui se prétend historienne et dit vouloir collecter des témoignages de personnes toujours vivantes ayant connu l’âge d’or du Wild West. Mais comment cette dernière a-t-elle pu le retrouver ? Est-elle vraiment animée de bonnes intentions ? Le vieil irlandais vivait pourtant sous un faux nom, oubliant que les fantômes du passé finissent toujours par vous rattraper… Visiblement, Vivienne en sait plus qu’elle ne veut bien le dire en évoquant Comanche, une vieille amie de Red Dust que celui-ci avait autrefois aidé dans son ranch « Triple 6 ». La jeune femme n’ayant pas pu contacter le ranch, propose ainsi à Dust de faire la route avec elle vers le Wyoming… Connu pour son ambitieux projet pluridisciplinaire « Melville », une BD déclinée en spectacle-concert, Romain Renard, artiste touche-à-tout, a décidé ici de rendre hommage à la saga « Comanche » d’Hermann et Greg, née quelques années avant « Jérémiah », en lui donnant une suite en forme d’hommage. Il nous gratifie même de trois titres composés pour l’occasion (Renard est aussi musicien), que l’on peut découvrir à partir du QR code figurant sur l’ouvrage. A l’instar de « Melville », c’est d’abord l’œil qui est attiré par « Revoir Comanche ». L’univers de Romain Renard est unique, littéralement ensorcelant. L’auteur belge sait insuffler une part de mystique dans son dessin, qu’il a cette fois voulu en noir et blanc. Cette Amérique qui sert de cadre à ses histoires est ici intemporelle, antérieure à la conquête de l’Homme blanc — même si on est dans les années 1930 —, et permet à Renard d’évoquer en filigrane la situation des Amérindiens dépossédés de leurs terres et les souillures infligées par les conquérants. Créer ce « sequel » à la série culte de ses compatriotes, considérés comme des maîtres du neuvième art, apparaît ainsi presque comme une évidence. Romain Renard nous comble de ses paysages crépusculaires en clair-obscur. L’ouvrage s’apparente à un road-movie dessiné, grouillant de références au cinéma d’avant-guerre et à la littérature US, celle des John Steinbeck ou des Jim Harrison. De la Californie au Wyoming, Red Dust et Vivienne Bosch vont traverser à bord de leur Ford A plusieurs Etats de l’Ouest sauvage, en passant par le Kansas où sévissait le Dust Bowl à cette époque, donnant lieu à des vues spectaculaires travaillées au numérique. Plus classique et réaliste pour les personnages, le dessin est élégant et les regards particulièrement expressifs. Si le concept pourrait faire un peu cliché, on ne peut nier la beauté de l’objet vis-à-vis duquel il serait difficile de faire la fine bouche. Tout au plus pourra-t-on objecter le classicisme du scénario, qui néanmoins tient la route et réserve un dénouement inattendu, précédant une fin tragique mais d’une poésie touchante. « Revoir Comanche », c’est une histoire de vengeance, un western-thriller lent mâtiné de fantastique où les fantômes qui harcèlent Red Dust, héros sur le retour, sont aussi un peu ceux qui n’en finissent pas de hanter les États-Unis, ce pays des extrêmes qu’on admire pour ses grands espaces et ses romanciers, et que parallèlement on déteste pour son arrogance quasi puérile, échafaudée sur un déni frôlant la névrose, celle du Blanc "civilisateur". Indiscutablement une bande dessinée qui se détache dans la production de cette année.
Un album que je n’attendais pas, un auteur qui m’était encore inconnu, j’avoue m’être un peu méfié à mon entame de lecture. Et pourtant je vais suivre l’enthousiasme d’Hervé, j’ai trouvé ça astucieux et sympa à suivre. Même si tout n’est pas parfait, Romain Renard s’en tire avec les honneurs. En tout cas, j’ai apprécié la proposition de l’auteur autour de l’univers. L’histoire peut marcher seul mais mieux vaut connaître un peu le matériel de base pour apprécier ce bel hommage. Niveau réalisation c’est très propre, lisible, fluide, ça dénote avec la série mère mais c’est pas plus mal. On retrouve bien un peu l’ADN de Comanche mais l’ambiance est différente. Il y a juste certaines images trop proches de la photo qui me plaisent moins, et une en particulier qui représente un cimetière de voiture, les modèles me paraissent bien trop modernes pour 1930, ça fait un rien anachronique. Sinon bah un plaisir de retrouver ce Red Dust vieillissant, il nous offre un dernier périple que je n’ai pas boudé. J’ai aimé que l’auteur revienne et approfondisse la relation Red/Comanche, qu’il n’oublie pas un point essentiel (à mes yeux) de la série autour de la modernité/évolution constante de la société. Bref franchement bien foutu. Un album différent mais qui ne trahit en rien la franchise. Mieux même, elle lui redonne un peu d’aura. Dans la veine de Le Royaume de Blanche-Fleur ou Le Réveil du Tigre, une bonne manière de conclure. 3,5
Grand amateur de Comanche (je possède évidement tous les albums de la période Hermann-Greg , ainsi que la version éditée par Niffle en deux volumes) j''attendais cet album avec impatience et , il faut le dire, avec une certaine appréhension. En effet le dessin de Romain Renard est à mille lieux de celui d'Hermann, mais pour ma part il était inutile de copier le dessin original pour rendre hommage au "sanglier des Ardennes". Après tout, Schuiten, avec "le dernier pharaon" n'a -t-il pas été à mes yeux un des meilleurs repreneurs de la série, avec son dessin si particulier ? A la fois au scénario et au dessin, Romain Renard nous propose une histoire qui de déroule en 1930 avec Red Dust comme héros. Sur la route vers le ranch triple 6, nous suivons un véritable road- movie, il faut dire que l'intrigue s'étire sur près de 150 pages. Nous retrouvons notre Red Dust certes vieilli mais toujours aussi bourru ,mystérieux et amer. Par contre, j'avoue ne pas avoir été très surpris par les révélations finales, et c'est peut-être le seul bémol à apporter à ma lecture (mais je n'ai pas lâché ce bouquin jusqu'au bout) . L'auteur distille dans ce récit des éléments sur la crise de 29, sur le sort des derniers indiens, mais aussi sur ces tempêtes de sables, qu’avaient magnifiquement évoqué Aimée de Jongh avec Jours de sable. C’est peut-être au niveau dessin que certains peuvent être déstabilisés. En nous proposant un dessin en noir et blanc très propre, nous sommes très loin de l’ambiance créée par Hermann. Il me semble en outre que l’auteur mélange parfois des photographies (ou images réalisées avec ordinateur) et des dessins, mais peut-être me trompe-je. En tout cas, j’ai passé un très bon moment de lecture et cet album m’a donné envie de me replonger dans les albums inoubliables de Comanche.
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