Les Compagnons du Crépuscule

Note: 3.66/5
(3.66/5 pour 61 avis)

Angoulême 1991 : Alph-Art du public pour le tome 3 "Celle-ci dura, dit-on, cent ans". Ainsi commence les Compagnons du Crépuscule. La guerre répand son cortège d'horreur, et pille, brûle, tue... Un étrange trio parcourt les routes de la France médiévale : un chevalier sans visage, un lâche sans dignité et une rouquine sans maison ni amour. Entre rêve et conte, entre légende et quête, Bourgeon nous offre là une fresque complexe et obscure dans les terribles temps du Moyen Age.


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Celle-ci dura, dit-on, cent ans... Rien ne la distingue vraiment de celle qui l'a précédée, pas plus que de celle qui la suivra... Comme la grêle ou la peste, la guerre s'abat sur la campagne quand on s'y attend le moins. De préférence, lorsque les blés sont lourds et les filles jolies... Mariotte, la Roussotte, la sorcière, toujours humiliée, maudit les villageois qui la maltraitent. En un rien de temps, une petite troupe de soldats qui traverse le village accomplit sa malédiction. Un jeune lâche nommé l'Anicet a survécu et devient le valet d'un chevalier errant et déchu, sans visage. Marriote les suivra. Commence alors un long périple sans autre but que la poursuite d'un rêve... "Sont trois siérines soeurs, et qui trois ne font qu'un. Celle-ci est Vie, celle-ci est Mort, et la puinée s'en fut de Vie à Mort, et de Mort à Vie passe. C'en sont trois cavaliers qui les trois vont encontre. Ténèbres est le visage du premier. Absence est celui du second. Double, celui du troisième; Tant il est vrai qu'il est en chaque chose, ainsi que son contraire." Est-ce Mariotte, ou l'Anicet, ou le Chevalier, qui rêve que les deux autres sont dans son rêve? Dans Le Sortilège du Bois des brumes, Anicet se réveille le dernier. Dans Les yeux d'étain de la Ville glauque, c'est Mariotte au contraire. Et dans le dernier épisode, Le Dernier chant des Malaterre, les affaires de chacun et la mort, au passage, séparent les trois destinées, et distinguent leurs rêves. Mais s'agit-il bien de rêves? Est-ce la réalité qui les influence, ou l'inverse? Est-ce la réalité, est-ce le rêve qui nourrit la légende? "Trois parties dans le monde; trois commencements, trois fins, pour l'homme comme pour le chêne. Deux boeufs attelés à une coque; ils tirent, ils vont expirer; voyez la merveille. Pas de série pour le nombre un: la Nécessité unique; le Trépas, père de la douleur. Rien avant, rien de plus."

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Février 1984
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Les Compagnons du Crépuscule © Delcourt 1984
Les notes
Note: 3.66/5
(3.66/5 pour 61 avis)
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25/08/2001 | brunelle
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L'avatar du posteur Noirdésir

Bourgeon a réalisé en solo trois séries superbes, que j’adore, et que j’ai relues de multiples fois. Et ce dans des univers très différents, avec la SF pour Le Cycle de Cyann, l’aventure maritime du XVIIIème siècle avec Les Passagers du vent, et donc du médiéval fantastique avec « Les compagnons du crépuscule ». De ces trois séries, « Les compagnons du crépuscule » est sans conteste celle qui est la moins facile à appréhender, qui nécessite le plus d’efforts pour entrer – et rester ! – dedans. D’abord parce que le texte est très abondant, très riche et dense, mais aussi parce que certaines parties de l’intrigue sont un peu plus obscures : c’est avant tout le cas du deuxième album, clairement le plus complexe, avec certains passages peut-être moins fluides – et jouant davantage sur le fantastique, la poésie, l’imaginaire. Mais, si vous vous accrochez, vous découvrirez une histoire à la fois riche et belle, prenante, que j’aime en tout cas beaucoup. Comme pour toutes ses productions, Bourgeon s’est documenté, et cela se voit. Dans les dialogues d’abord, abondants et riches, comme signalé plus haut, mais aussi remplis de termes moyenâgeux (cette force est aussi une des difficultés déjà signalées). En plus des dialogues, ce sont les décors qui font « que l’on s’y croit ». En effet, que ce soit les habits, les habitations (ville et châteaux), mais aussi les paysages, le dessin de Bourgeon est très bon et très beau, et en plus est très crédible. C’est une belle reconstitution de l’Europe de ces temps troublés. En cela le dernier tome (deux fois plus épais que les précédents avec près de 130 pages !) est vraiment superbe, alliant un scénario aux petits oignons à un dessin franchement très bon. Ajoutons que, fidèle à son habitude, Bourgeon a su créer des personnages féminins très forts - et très beaux (dans tous les sens du terme d'ailleurs), comme Mariotte. C'est une série exigeante, mais que je vous encourage à découvrir si ce n’est pas déjà fait !

12/07/2018 (modifier)
Par jul
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Un autre chef d’œuvre du 9ème art absolument magique et puissant. Une véritable odyssée moyenâgeuse glissant insidieusement (à la fin du 1er tome puis dans le 2ème) dans l'univers des mythes et légendes bretonnes. Mais pas les lutins et les fées de Pierre Dubois (que j'adore soit dit en passant.) Non là c'est plus réaliste et fortement documenté. Bourgeon a dû accomplir un travail de titan pour l'élaboration de cette saga. J'ai été bercé dans mon enfance par ces images plutôt dures mais incroyablement magiques d'un monde oublié (la cité des Douarts, un monde parallèle ?) Je n'ai pas tout compris à la 1ère lecture et ce n'est qu'au bout de 4 voire 5 lectures (sur plusieurs années bien entendu) que cette série a commencé à m'emporter. Dans le 3ème tome, nous replongeons violemment dans la réalité crue de cette époque sans pitié qu'est le Moyen-Age. C'est souvent horrible (le final avec son bûcher qui me fait un peu penser au "Nom de la Rose", les multiples mutilations, viols et autres tortures) mais aussi très sensuel et magique (la jeune femme sur la plage, l’héroïne souvent à moitié dévêtue, la jeune fille brune avec l’espèce de sorcier). Cette alternance entre ces moments de cruauté inouïe, et cette sensualité brute fait toute la puissance de cette série. Tous les personnages sont forts. L’héroïne bien entendu, l'Anicet (le jeune branleur bête et lâche par excellence) et surtout le chevalier errant. Ce personnage est une ordure mais au fur et à mesure du récit on s'attache vraiment à sa personnalité tourmentée. C'est le Moyen-Age, il faut être un loup pour survivre. Le langage moyenâgeux ne m'a pas gêné. Même si ce n'est pas évident à la 1ère lecture cela rend ce récit encore plus authentique (même dans sa partie fantastique) et l'aventure n'en devient que plus enivrante. Donc selon moi une des meilleures bandes dessinées françaises toutes époques confondues (légèrement supérieure aux Passagers du vent car plus sauvage et fantastique). Une aventure qui sent la pluie, la boue, les embruns et le sang.

13/02/2013 (modifier)

Je me suis récemment replongé dans l’une de mes séries cultes, qui mérite incontestablement la note maximale (que j’attribue du reste avec parcimonie, d’un point de vue général). Le meilleur triptyque qu’il m’ait été donné de lire à ce jour ! C’est bien simple : il est parfait !!! Pas un tome en-dessous du niveau des autres ! Le premier opus, même s’il se concentre surtout sur l’installation des personnages (à savoir la jolie Mariotte, Anicet le couard et leur ténébreux maître sans visage) se révèle déjà véritablement prenant. Le deuxième, quant à lui, confirme le côté onirique de la série qui tranche magistralement avec le réalisme des célèbres Passagers du vent du même auteur. Mais si je devais choisir mon tome préféré, ce serait sans doute le troisième : la bd la plus dense que je connaisse ! Le soin porté par Bourgeon à son œuvre est incroyable ! D’un point de vue graphique, tout d’abord, la majesté de son trait, couplée à son sens du détail, sont du plus bel effet. Du point de vue du texte, par ailleurs, son travail sur la langue est magnifique et permet une immersion irréprochable dans le récit. Par contre, ‘Les compagnons du crépuscule’, c’est sans doute le genre de lecture à éviter après une journée crevante, lorsque l’on cherche davantage à se relaxer qu’à se concentrer. En somme, je dirais qu’il s’agit là d’une lecture exigeante pour lecteurs exigeants. ;) Mais si vous êtes bien disposés et que quelques tournures de phrase et expressions de vieux français ne vous rebutent pas outre mesure, laissez-vous tenter : vous ne le regretterez pas !

26/06/2010 (modifier)