Le Peintre hors-la-loi

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)

1793. Louis XVI est condamné à mort tandis que la France est frappée par la Terreur, une véritable guerre civile qui met le pays à feu et à sang. Fuyant la capitale pour trouver refuge à la campagne, un écorché vif au regard inquiétant louvoie dans la forêt.


1789 - 1799 : La Révolution Française Peinture et tableaux en bande dessinée

C'est un étrange peintre que voici, dont le nom résonne comme un couperet : Lazare Bruandet a des gestes un peu fous, le verbe haut et le coup d'épée tranchant. Tiraillé par des souvenirs d'enfance douloureux, hébergé par des moines qui lui demandent de l'aide, Lazare tombe sous le charme d'une jeune aubergiste. L'homme a bien du mal à se retirer de ce monde dont la violence et la bêtise l'agressent, et pour tenter de s'y soustraire, il peint la nature qui le fascine, sans souci d'académisme et de postérité vis-à-vis de son oeuvre...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Mars 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Peintre hors-la-loi © Casterman 2021
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 4 avis)
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25/09/2021 | cac
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L'avatar du posteur bamiléké

J'aime beaucoup les séries qui comble (un peu) mon ignorance. C'est le cas du sujet choisi par Frantz Duchazeau. L'auteur nous révèle un peintre quasi inconnu du grand public. Pourtant Lazare Bruandet ne s'est pas contenté d'une "peinture officielle" mais a choisi d'explorer des voies novatrices qui seront reprises au XIXème siècle dans la représentation des paysages. Duchazeau choisit de placer ce tempérament éruptif au milieu de la tourmente de 1793. Cela crée une tension dramatique forte entre le meurtre de sa femme dans un accès de jalousie alcoolique et ses confrontations aux bandes de milices ou de soldats qui profitent d'une impunité criminelle. Ce chaos politique loin de ses idéaux de 89, fait surgir tous les aspects du personnage parfois rebutant et souvent attendrissant dans une faiblesse héritée de son enfance. Le texte est très travaillé en témoigne la liste des ouvrages qui ont inspiré Duchazeau. Il y a beaucoup de remarques prêtées à Bruandet qui aident à comprendre l'approche conceptuelle du peintre sur les masses et les détails. Les éléments fictionnels sont bien intégrés dans la logique du personnage ou de l'époque et le déroulé du récit est vraiment plaisant. Le trait de Duchazeau propose de se mettre dans l'ambiance de la pensée de Bruandet ou souvent "un simple croquis est plus ressemblant qu'un portrait". L'auteur n'alourdit pas son dessin de trop de détails. Il préfère la dynamique de la gestuelle sans toutefois amoindrir les expressions des intervenants. Evidemment Duchazeau introduit moult paysages forestiers inspirateurs du peintre. Une bonne lecture vraiment intéressante et originale dans cette thématique de l'art dans une période aussi instable.

17/10/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Duchazeau nous présente ici la biographie d’un personnage des plus atypiques, Lazare Bruandet, en tout cas dans une période mouvementée, vers l’An II (l’histoire commence au moment de l’exécution de Louis XVI et se déroule sur les mois qui suivent – quelques flash-back de sa jeunesse se mêlant à cet ensemble). Duchazeau nous dépeint une Révolution brouillonne, agitée de convulsions – qui confinent parfois au loufoque, tout en gardant une tension, une tragédie permanentes en arrière-plan (voir les habitants de villages où il s’est réfugié ne sachant plus trop quoi faire à propos des bandes armées, soldats qui violentent régulièrement les alentours, voir les moines se constituant en milice et s’entrainant au maniement des armes). Au milieu de ce décor agité et loufoque, le personnage de Bruandet est lui aussi spécial. Au point que j’ai cru quasiment jusqu’au bout qu’il s’agissait d’un personnage fictif. Mon inculture le concernant a été balayé par une courte recherche sur le net. Il faut dire que sa biographie est parcellaire, et donne assez de latitude à Duchazeau pour combler certains trous, ce qu’il fait ici, en utilisant quand même ce que nous connaissons du personnage. Un homme violent (il tue sa femme en la défenestrant), bretteur, intransigeant quant à son art, mais un peintre relativement novateur, choisissant des sujets champêtres, précurseur de certains travaux du XIXème siècle où les peintres vont « s’aérer », en peignant à l’extérieur. Le dessin moderne est agréable, et la narration est fluide. L’album, assez épais, se laisse lire aisément. Mais le peintre en question s’efface trop au profit de la période, de l’agitation ambiante, de ses crises, ce qui renforce l’idée qu’on a là davantage une création romanesque qu’une biographie classique. Mais j’ai bien aimé ma lecture.

25/01/2023 (modifier)
Par iannick
Note: 3/5
L'avatar du posteur iannick

Je pense que je suis passé un peu à côté de la lecture de cette bande dessinée qui aurait pu me passionner. Me fasciner car j’aime l’histoire de l’art et ce peintre, Lazare Bruandet, m’est inconnu alors qu’il est considéré comme l’un des premiers paysagistes français… La honte pour moi ! « Le peintre hors-la-loi » est donc une biographie de Lazare Bruandet dans sa vie adulte. Cette bande dessinée est réalisée par Frantz Duchazeau qui ne mentionnera jamais les œuvres de ce peintre ! Ce qui a eu pour conséquence que, sans ma curiosité, j’aurais passé à côté d’un artiste qui a réellement vécu ! En effet, tout au long de cette lecture, je croyais avoir affaire à un personnage fictif. Les péripéties s’enchainent comme une aventure de capes et d’épées digne des romans d’Alexandre Dumas ou de Paul Feval sur fond de révolution française. Et pourtant, ce personnage a bel et bien existé, et les nombreux tableaux de Lazare Bruandet sont visibles dans un grand nombre de musées nationaux. Frantz Duchazeau a pris l’initiative de raconter le parcours de ce peintre selon le peu d’informations qui existent sur ce personnage, c’est-à-dire un homme réputé fougueux, jaloux, antipathique dépassé par la violence de la révolution française. Il en résulte un récit assez bizarre, tortueux où je n’ai pas eu d’attachements particuliers pour Lazare Bruandet et où je ressors particulièrement frustré par l’absence d’informations sur ses œuvres (merci internet pour les recherches !). Pour une fois, j’aurais bien voulu un livret en fin d’album qui explique ses tableaux et son talent. Le style de Frantz Duchazeau est particulier, on aime ou pas. Perso, je lui reconnais un certain dynamisme avec ce trait nerveux. Certains décors, en particulier lorsqu’on voit des ruines et la forêt, sont de toute beauté. Néanmoins, le découpage des scènes ne m’est apparu aussi fluide que ça, j’ai parfois été « bloqué » lors de ma lecture par incompréhension d’une séquence…. Rien de grave cependant. Au final, malgré ma frustration ressentie à la fin de cette lecture, je ressors tout de même ravi d’avoir découvert un peintre qui m’était inconnu. Le contexte de la révolution, la période dont a traversé Lazare Bruandet m’est apparu complexe et incompréhensible par sa violence… un peu comme l’a surement vécu ce peintre. Je pense que « Le peintre hors-la-loi » plaira aux fans d’histoire de l’art mais je ne suis pas convaincu que les autres lecteurs ressentiront du plaisir en le feuilletant.

31/12/2022 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
L'avatar du posteur cac

L'album commence par un fait historique marquant, le régicide du peuple français et sa jeune République. Ils sont là les badauds, les curieux et différents peintres et dessinateurs pour figer cet instant dans les mémoires. La guillotine se détache sur une grande planche en contre-plongée. Dans les campagnes règne une certaine anarchie, la mort du roi n'a rien résolu car le peuple a toujours faim malgré la chute de la monarchie et les brigands sont légion. C'est dans ce contexte qu'on découvre Lazare Bruandet, peintre qui m'était inconnu. Un grand type, un boiteux au regard un peu fou qui d'un coup de sang défenestre sa femme. Ce geste le conduit à fuir à Fontainebleau dans ses forêts qu'il connait bien et où les souvenirs d'enfance ressurgissent les bons comme les très mauvais quand une troupe de soldats a débarqué chez sa mère. La nature qui l'entoure l'inspire pour de nouveaux tableaux. Plusieurs planches muettes ou presque permettent de contempler cette belle nature. J'aime beaucoup le style de dessin de Frantz Duchazeau, les couleurs sont également bien adaptées. Un bon moment de lecture sur les pas de ce peintre un brin torturé.

25/09/2021 (modifier)