Goodnight paradise
Un polar palpitant qui explore les recoins les plus sombres de la société moderne.
Auteurs italiens Les meilleurs comics Les prix lecteurs BDTheque 2021 Les SDF Los Angeles One-shots, le best-of TKO Studios [USA] - Côte Ouest
Quand Eddie, un sans-abri de Venice Beach, découvre le cadavre d'une jeune fugeuse, il décide de retrouver les coupables. Il semble être le seul à se soucier de cet assassinat et à vouloir vraiment résoudre l'affaire. Son enquête l'amène à déterrer les secrets les plus noirs de la ville.
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Date de parution | 21 Avril 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Aux côtés d'un sans-abri dans un polar ensoleillé - Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. L'éditeur a pris le parti de publier en même temps la version en épisode, et la version en recueil. Ce tome a été publié initialement en 2018, écrit par Joshua Dysart, dessiné et encré par Alberto Ponticelli, avec une mise en couleurs réalisée par Giulia Brusco. La forêt est en train de brûler. À Venice Beach en Californie, il fait beau : ciel bleu, soleil brillant, la fumée de l'incendie n'est pas encore arrivée. Eddie Quinones, un sans-abri, marche tranquillement, la capuche de sa veste rabattue sur sa tête. Il entre dans la bibliothèque municipale : les toilettes en sont fermées, ce qui lui rappelle qu'il a vraiment très mal au ventre. Il salue Tom, un jeune homme en train de lire, et se rend à un des postes informatiques en libre -service. Il consulte son courriel : il a un message de son fils Jeronimo Duran qui lui indique qu'il passera à Venice dans deux semaines et qu'il aimerait bien le rencontrer. Eddie ressort en disant au revoir à Tom, et se rend chez son meilleur ami Bob qui habite dans un camping-car. Ce dernier lui propose de rentrer, et lui offre une bière. Il se plaint de son pied qui ne guérit pas, ce qui à terme pourrait l'empêcher de conduire. Puis il s'installe aux toilettes, tout en continuant à discuter avec son pote. Il l'informe que son fils va venir et qu'il souhaite le voir. Bob lui propose de lui laisser son camping-car le temps que son fils sera là, lui ira dormir chez sa copine. Eddie sort des toilettes sans avoir rien pu faire. Il esquisse quelques pas de danse en chantant, et explique qu'il pense qu'il n'arrivera plus jamais à aller à la selle. Bob a sorti sa guitare et gratte un peu pour accompagner son pote. Une fois qu'il se sont détendus en fumant une cigarette qui fait rire, ils décident d'aller faire un tour le long de la plage. Une fois à l'extérieur, ils se promènent sur l'allée qui longe la plage. Eddie s'arrête pour saluer une sans abri, allongée par terre avec son chien Snap à ses côtés : Tessa Kerrs. Le chien grogne et montre les dents empêchant Eddie de l'approcher, et elle semble partie dans un mauvais trip. Il continue à se promener tout seul, et est interpellé par Hogan, un individu à l'allure de clochard, mais visiblement aussi un facilitateur entre les sans-abris et les aides publiques ou privées. Hogan lui donne un petit plateau repas pris sur le stand sur la promenade, et lui fait observer la présence de jeunes gens fortunés en provenance de Santa Monica, avec leurs gardes du corps. Il lui indique qu'ils sont le symptôme d'une opération de renouvellement urbain imminente. Enfin, il confie un téléphone portable à Eddie, un don du gouvernement Obama. Enfin Eddie arrive près d'un banc squatté par Friday, un autre sans-abri de ses amis. Il s'assoit à ses côtés, et Friday lui offre une bière. Ils papotent un peu, et Eddie voit passer Tessa accompagnée de son copain Jacq. Il leur adresse la parole, mais Jacq lui intime de les laisser tranquille avec des mots crus. La nuit tombe. Eddie et Friday regardent passer un troupeau de cyclistes. Eddie décide d'aller faire le tour des conteneurs à déchets pour voir ce qu'il peut récupérer : il découvre le cadavre de Tessa et de son chien dans l'un d'eux. TKO est une maison d'édition de comics fondée en 2017 par Tze Chun et Salvatore Simeone, ayant fait appel à des créateurs réputés pour leurs premières parution comme Garth Ennis pour SARA avec Steve Epting, et Jeff Lemire pour Sentient , avec Gabriel Hernández Walta. Joshua Dysart et Alberto Ponticelli ont déjà collaboré sur une série mémorable : Soldat Inconnu (2008-2010, 25 épisodes) sur la guerre en Ouganda. Le lecteur découvre vite le type de récit du présent tome : un polar. Le personnage principal est donc un sans-abri, visiblement depuis de nombreuses années, qui vit dans une région ensoleillée des États-Unis, vivant dehors, sans domicile fixe, dormant souvent dans la rue, se nourrissant mal, ne disposant d'aucune couverture sociale, avec quelques difficultés de concentration, ne buvant que des bières, mais pas beaucoup car il n'a pas le moyen de s'en acheter. Le meurtre concerne une autre personne à la rue, une jeune fille, visiblement pas très bien dans sa tête, au point de parler à haute voix toute seule, dormant elle aussi dans la rue. Les auteurs n'utilisent pas un sans-abri juste pour avoir un point de vue original. Les caractéristiques de la vie à la rue ne disparaissent pas comme enchantement au bout d'une dizaine de pages : elles sont présentes tout du long du récit. Eddie ne devient ni un individu particulièrement costaud, ou particulièrement brillant dans ses déductions, et sa façon d'appréhender la réalité reste tout du long en décalage avec celle d'un individu intégré à la société. Au fur et à mesure que l'enquête progresse, le lecteur découvre avec Eddie, des ramifications dans la prostitution, le mondes des affaires avec l'implication d'un promoteur immobilier, et celui des hommes de main. Au cours du chapitre 4, les auteurs consacrent une page à la création de Venice Beach et de ses canaux par Abbot Kinney (1850-1920). Là aussi, la localisation de l'affaire ne se limite pas à juste disposer d'un joli décor avec la mer et des palmiers, mais participe à l'intrigue qui n'aurait pas été la même si elle s'était déroulée dans un autre lieu. Les errances et les recherches plus ou moins conscientes du sans-abri font apparaître des caractéristiques économiques de la société dans laquelle il évolue ou qui l'entoure, faisant de ce récit un véritable polar, un révélateur et un commentaire social. La vie des différents personnages est façonnée par les forces qui modèlent la société dans ce quartier de Venice Beach. Le scénariste s'inspire des meilleurs auteurs de polar, la Californie faisant penser à un écrivain y ayant situé la plupart de ses polars : Ross McDonald (1915-1983, de son vrai nom Kenneth Millar). D'expérience de lecteur, il n'est pas facile de raconter un polar en bande dessinée, car le mécanisme de l'enquête est beaucoup plus visible et peut vite paraître artificiel. Les auteurs évitent cet écueil d'une part parce que le personnage principal est un sans-abri, d'autre part grâce à la narration visuelle. Eddie n'est pas un enquêteur professionnel, ni même amateur : il poursuit une idée, ou un questionnement, souvent sur la base d'une logique très partiale et très partielle. L'artiste prend bien soin de montrer les personnages comme des individus plausibles et réalistes, sans les idéaliser ou leur donner une allure romantique. Les différents sans-abris arborent des expressions de visage montrant une forme de conscience de vivre en marge, avec des gestes présentant parfois une apparence différente, des postures ou des mouvements que n'auraient pas un individu intégré à la société. Ponticelli n'en rajoute pas sur la crasse, l'hygiène douteuse, ou la vie dans les détritus. Il montre de manière factuelle et dans le fil du récit des facettes de la vie de sans-abri : le bandage sale du pied de Bob, le visage jamais rasé d'Eddie et ses habits crasseux, le bazar dans le camping-car usagé de Bob, le coin de mur contre lequel Tessa se repose, les trottoirs de Skid Row envahis par les tentes des sans-abris, le décalage entre une banlieue propre et pimpante et la présence de sans-abris en train de manifester. Dès la première page, le dessinateur investit du temps pour représenter Venice Beach, sa plage, sa promenade le long de l'océan, le type d'immeubles et de pavillons en fonction des quartiers. Il ne s'agit pas de tourisme, mais juste de représenter l’environnement dans lequel se déroule une séquence dans la rue, ou à l'intérieur d'un immeuble ou d'une maison. Il représente avec le même naturel les accessoires de la vie courante comme les téléphones portables ou les canettes de bière. De temps à autre, le lecteur remarque une suite de cases avec un cadrage de type plan poitrine ou plus rapproché, sans rien en arrière-plan. D'un autre côté, la coloriste sait mettre en place une teinte principale dans chaque scène et la décliner lorsqu'il faut habiller un fond de case. Il n'y a que dans le cinquième épisode que le dispositif narratif montre ses limites. Eddie s'est déplacé d'un endroit à l'autre pour rencontrer des individus au gré de sa fantaisie, de ce qu'il pouvait comprendre. Le lecteur découvre ces scènes du point de vue du personnage qu'il a croisé, replacées dans le contexte du moment de la vie de cet autre personnage. Le scénariste montre alors ses trucs de manière un peu artificielle, les personnages expliquant à Eddie, ou même directement au lecteur ce qu'il a fait. Pendant ces moments-là, Dysart ne parvient pas à échapper à la mécanique du roman policier avec les phases d'explication ou de révélation quant à ce qui s'est vraiment joué pendant telle ou telle scène. Joshua Dysart & Alberto Ponticelli relèvent le défi de raconter un vrai polar : une enquête criminelle inscrite dans un milieu social particulier et qui sert de révélateur. L'histoire tient cette promesse de manière aussi ambitieuse que naturelle, avec un personnage principal inhabituel : un sans-abri montré de manière naturaliste du début jusqu'à la fin, sans exagération romantique, sans qu'il ne se transforme en personnage d'action générique en cours de route. Le lecteur se retrouve emporté à Venice Beach, à côtoyer des sans-abris désocialisés, mais gênant de plusieurs manières.
Gros coup de cœur pour cet album terriblement humain. Venice Beach à LA, où l’Amérique fortunée côtoie la plus grande pauvreté. C’est déjà une terrible entrée en matière. Dans cet univers en marge de la société, un clochard alcoolique découvre par hasard le cadavre d’une jeune fille dans une poubelle. Eddie, le clochard, va mener son enquête à sa manière et à son rythme, interrogeant les SDF, remontant la piste du tueur, tout en continuant à chercher un coin pour dormir et une bière à boire. Le personnage est attachant, la construction du scénario fonctionne parfaitement, on alterne entre l’enquête et les bas-fonds de LA. Les deux s’entremêlent jusqu’au dénouement de l’affaire. Le fait que ce soit un clochard qui mène l’enquête est tout à fait crédible, on suit ses avancées, ses doutes, ses émotions et les autres personnages qui interviennent dans l’histoire sont tout aussi intéressants. En marge de l’enquête, Eddie est aussi confronté à la relation avec son fils. On découvre une autre facette du personnage qui aurait gagné à être développée. Le récit est fluide, le dessin très beau avec les gueules des sans abris plus abimées par la vie les unes que les autres. Un thriller bien mené avec en arrière-plan une vraie claque sur cet univers sans espoir.
3.5 Un bon polar. Je ne sais pas trop quoi ajouter aux avis des autres. L'intrigue est bien construite et le déroulement des actions est logique. L'originalité est que l'enquête est menée par un pauvre clochard alcoolique. Les auteurs en profitent pour montrer l'envers du décor du rêve californien et j'ai bien aimé qu'ils le fassent sans tomber dans un manichéen moralisateur. Ainsi, le ‘héros’ n’est pas juste qu’une pauvre victime de la société capitaliste et il a des défauts. Le dessin est pas mal. Vraiment, le seul défaut que je trouve à ce one-shot est qu'il y a tout de même quelques longueurs qui tempère un peu mon enthousiasme (d'où le 3.5/5 au lieu d'un 4 tout rond). Une bonne lecture si on aime les polars américain du type que Brubaker fait. J'ai d'ailleurs pensé à lui durant ma lecture.
Si l'intrigue, avec ses fausses pistes, n'est pas hyper originale, ce polar est quand même suffisamment intrigant pour capter l'attention des lecteurs. En effet, le personnage principal, Eddie, embarqué malgré lui dans une enquête, est un clodo, qui passe le plus clair de son temps à picoler des bières sur le front de mer de Venice. En arrière plan, les écarts entre les SDF et autres perdants de la mondialisation et les bobos qui investissent ce quartier branché en voie de gentrification. Intrigue qui se laisse lire, personnage principal qui sort du commun. Mais une histoire qui m'a aussi laissé sur ma faim. Quelques longueurs déjà. Et certains pans peu exploités. Je veux bien croire que la lutte des classes soit un décor, mais les relations entre notre clodo et son fils, à peine esquissées, sont rapidement escamotées. Il y avait peut-être là matière à densifier la personnalité d'Eddie, et par là même l'intrigue. Il n'y a pas non plus l'aspect noir et poisseux des romans d'Ellroy, alors que plusieurs paramètres (les soirées de la jet au milieu de magouilles) pouvaient y amener (mais c'est sans doute là une attente personnelle injustifiée). Bref, une lecture pas désagréable, mais pas inoubliable non plus.
Vraiment pas mal ce polar qui se distingue par son héros anticonformiste et un background de fond très interessant. Pourtant je n'arrive pas à lui mettre 4/5, sans pouvoir l'expliquer complètement. Le début est prenant, l'univers est original. On débarque dans les bas fonds de Venice Beach au milieu des clochards. Immédiatement cet album prend une dimension sociale interessante, qui ne va pas se démentir tout au long du récit. On est face à la dure réalité de leur quotidien, qui se résume à trouver un coin de trottoir peinard pour dormir, et passer la journée à chercher leur came ou leurs bières du jour. C'est au milieu de cette population qu'on se lie vite avec Eddy le héros, et qu'on se prend d'affection pour lui. De ce point de vue, tout bon. La découverte d'un cadavre au fond d'une poubelle fait rentrer cette histoire dans le polar. Eddy va mener l'enquête et on va le suivre dans sa recherche de la vérité. Là aussi c'est original que notre enquêteur ne soit pas un flic. L'histoire et ses investigations progressent en lien avec les autres marginaux de son milieu, auprès de qui il va remonter la piste. Cela s'inscrit pleinement dans le background social suscité et ça fonctionne bien. Ce qui a moins fonctionné à mes yeux ? Difficile à dire. Peut être une ou deux longueurs dans la deuxième moitié de l'enquête, une fois que le "réseau" autour du crime est établi. Il nous reste à savoir si c'est les gros bonnets ou les hommes de main qui ont commis le crime, mais finalement c'est pas le plus important. En tout cas ça ne génère pas un suspens de fou, ceux qui font que j'adore lire des polars. Le dessin ne m'a pas intégralement convaincu non plus. C'est inégal, le trait n'est pas toujours hyper précis. Le style allégé utilisé pour les flash-back m'a paru un peu léger (dans le sens trop simpliste). Il n'y a pas de vues à couper le souffle des plages de LA... L'ensemble n'est pas désagréable du tout, au contraire, mais rien d'époustouflant qui fasse sortir cet album du lot visuellement. Au final pas mal du tout, plutôt 3,5 / 5 en réalité.
Moi qui ne suis pas amateur de thriller, j'ai été réellement accroché par celui-ci. Il se démarque par une vraie originalité dans son personnage principal qui n'a strictement rien d'un enquêteur classique : c'est un SDF alcoolique et paumé errant dans les rues et sur la plage de Venice Beach. Quand il découvre par hasard dans une poubelle le cadavre d'une pauvre fille qu'il avait croisée quelques temps plus tôt, il est encore plus perdu mais, avec deux pas en avant et trois pas en arrière, la curiosité et une drôle de motivation qu'il ne s'explique même pas, il va essayer de comprendre ce qu'il s'est passé et voir s'il ne peut pas essayer de faire un peu de bien autour de lui. Différents facteurs m'ont fait aimer ce comics. D'abord il y a la plongée dans les bas-fonds des différents quartiers de Los Angeles, dont certains lieux où je suis allé soit personnellement, soit dans la version virtuelle de GTA V. C'est très bien rendu et on aperçoit là l'envers du décor des plages californiennes ainsi que la vie de la communauté SDF qui s'y est installée. Ensuite il y a ce personnage et sa communauté qui sont intéressants et très crédibles. Que ce soit eux qui soient ainsi impliqués dans cette drôle d'enquête, avec autant de réalisme, ça permet un récit qui sort des sentiers battus et des clichés. J'aime surtout la grande humanité qui s'en dégage, avec des personnages qu'au premier abord on trouverait soit repoussants soit détestables, mais presque tous se révèlent finalement très humains, avec des motivations compréhensibles et surtout pas manichéennes, presque attachants malgré les crimes que certains ont pu commettre. Et c'est l'empathie du héros qui permet de les révéler car n'ayant plus rien à perdre il n'hésite pas à aller à l'encontre de chacun et les amener à parler. Et pourtant ce dernier n'a rien d'un vrai héros, déjà parce que c'est réellement une loque alcoolique et qu'il le sait, et ensuite parce qu'il n'a jamais su et ne sait toujours pas comment se comporter avec son fils. Et enfin, il y a cette enquête qui tient carrément la route et qui dévoile ses mystères au fur et à mesure, se révélant à la fois bêtement matérialiste quand la vérité éclate et en même temps parfaitement crédible et logique. J'ai été happé par cet album, dépaysé par son cadre et la vie qui s'en dégage, surpris par l'anticonformisme de son héros, et captivé par le déroulement de son enquête.
Une plongée dans le monde des sans-abris à Los Angeles. Les auteurs, le scénariste comme le dessinateur ne nous épargnent rien des conditions de vie de cette communauté qui vit au jour le jour dans des conditions sanitaires exécrables. Ils vont nous faire vivre une enquête policière dans cette communauté pleine de rebondissements et de suspens. Notre personnage principal est l'un d'eux, c'est l'antithèse du héros tel que nous le définissons avec son addiction. Il se démarque de ses compagnons grâce à son empathie pour les autres sans-abris. Un scénario qui nous tient en haleine avec ce personnage toujours au bord de la rupture qui rend cette histoire émouvante. Le dessin représente l'univers des SDF sans cliché et doit être proche de la réalité. La représentation des visages abîmés par la vie qu'ils mènent accompagne le scénario avec justesse. Cette bd se démarque par l'originalité du milieu social et du personnage principal, une enquête qui ne laisse pas indifférent.
J’ai acheté ce polar suite aux avis très positifs de lecteurs ayant apprécié la série Criminal et ses spin-off (des gens de bon goût, donc) et je ressors ravi de ma lecture. L’intrigue est bien construite et passionnante - le dernier tiers m’a scotché avec cette narration qui revisite des évènements sous de nouveaux points de vue, pour en montrer plus au lecteur… une technique certes éculée (Berceuse assassine, Quintett etc.) mais diablement efficace. Le protagoniste principal est original et attachant au possible, jusqu’à la toute dernière page, qui m’a beaucoup touché. Le ton est très sombre, la crasse et la misère sont parfaitement retranscrits par le dessin d’Alberto Ponticelli. Je déplore juste quelques fautes horribles dans la VO (« your » plutôt que « you’re », « then » plutôt que « than »), mais j’imagine que ce souci n’existe pas dans la VF. Un polar noir, efficace et rondement mené… une excellente découverte !
C'est suite aux deux avis élogieux ci-dessous que je me suis procuré cet album. Et je ne le regrette vraiment pas. Eddie, un sans abri alcoolique découvre le corps d'une jeune fille dans une benne. Et contre tout attente, il va mener son enquête pour découvrir la vérité. On est loin du Venice Beach "carte postale". Eddie va nous plonger dans les bas-fonds de la ville et y côtoyer la fange. On passe par toutes les émotions. La tristesse. La peur. Le dégoût. La colère. La surprise. La joie. Un voyage au fin fond de l'âme humaine. La force de ce Thriller. Le dessin réaliste contribue à l'immersion dans cet univers de désolation. Il suffit de regarder les "gueules" abîmées par l'alcool, burinées par le vent et le soleil. Les décors sont soignés, que ce soit la plage et ses cocotiers ou les ruelles sordides. Une belle mise en couleur, sans fausses notes. Un thriller violent dans tous les sens du terme. Allez-y les yeux fermés, pour mieux pouvoir les ouvrir après.
Il y a peu je rencontre l'excellent Yann 135, l'homme habituellement pondéré, calme et civilisé me semblait être dans un état de vive excitation. Je m'approche de lui pour les salutations d'usage, mais que nenni le bougre faisant fi de celles-ci, part dans une logorrhée que je ne puis faire cesser. Et oui il vient de finir la lecture d'une BD "Goodnight Paradise" et ses propos sont tout simplement dithyrambiques. Afin de couper court au propos de ce fidèle chroniqueur de notre site bien-aimé je lui assure que je vais me procurer l'ouvrage qui l'a mis dans cet état de presque épectase et posté illico un avis. Lecture faite et oui je me dois d'aller dans le sens de Yann 135. Que c'est bon!. Les amateurs de polars y verront surement une influence manifeste d'auteurs tels que James Ellroy, Kem Nunn et j'en oublie. Imaginez Venice Beach ses longues plages, son remblai et ses cocotiers, l'image du bonheur (?). Derrière la façade rutilante il existe tout un monde interlope ou tous les trafics drainent les paumés, ceux que la ville ne veut pas voir. Parmi eux Eddie dont le principal souci est de trouver de quoi se payer ses bières quotidiennes. Qu'une junkie soit retrouvée morte dans une poubelle avec son chien et voilà notre homme qui décide entre deux comas éthyliques de résoudre le mystère. Entre junkies, promoteurs véreux, c'est tout un monde qui se dévoile sous nos yeux dans un scénario tiré au cordeau. Tout cela est haletant et c'est en titubant comme sonné, comme Eddie que nous déambulons dans les rues de Venice Beach. Au scénario il faut saluer le travail de Joshua Dysart, le dessin d'Alberto Ponticelli est excellent accentuant par son trait les visages ravagés de ses protagonistes. Tel Yann 135 je ne vais pas m'agenouiller devant cette œuvre mais lui donner un franchement bien à mon sens amplement mérité. Faites tourner.
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