Charlotte Impératrice

Note: 3.78/5
(3.78/5 pour 9 avis)

Le destin romancé de Charlotte de Belgique, épouse de Maximilien d'Autriche et future impératrice du Mexique.


1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Biographies Futurs immanquables Italie Les prix lecteurs BDTheque 2018 Mexique et mexicains

Élevée par son père Léopold 1erer, Charlotte de Belgique est destinée à faire un glorieux mariage. Pour la jeune femme, le choix s'arrête sur l'archiduc Maximilien d'Autriche, frère cadet de l'empereur François Joseph. Un mariage somptueux vient sceller leur union, qui, disons-le tout de suite, ne sera pas heureuse. Le jeune couple est dépassé par les rivalités dont ils sont le jeu, entre les terribles Habsbourg et le calculateur empereur Napoléon III. Et Maximilien se révèle un homme décevant, à tous points de vue. C'est en faisant face à l'adversité que Charlotte aura finalement l'occasion de quitter les voies d'un chemin tout tracé...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 24 Août 2018
Statut histoire Série en cours (Prévue en 4 tomes) 3 tomes parus
Dernière parution : Moins d'un an

Couverture de la série Charlotte Impératrice © Dargaud 2018
Les notes
Note: 3.78/5
(3.78/5 pour 9 avis)
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27/07/2018 | Mac Arthur
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Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Encore un Nury, encore une brillante réussite ! On ne se lasse pas de tresser des lauriers à cet auteur, qui a signé de nombreux récits historiques, certains sous l'angle de la fantaisie (Comment faire fortune en juin 40), d'autres sur un mode beaucoup plus sérieux (La Mort de Staline). Charlotte impératrice relève de la deuxième tendance. Fabien Nury s'ingénie ici à nous retracer le destin tragique de l'impératrice Charlotte de Belgique, épouse de l'archiduc Maximilien de Habsbourg, présenté ici un peu comme le mouton noir de la célèbre dynastie autrichienne. On n'en est actuellement qu'à la moitié de la saga, mais indéniablement, on est face à du grand Nury ! Les personnages sont travaillés, attachants ou repoussants, mais aucun ne laisse indifférent. Si tout est vu à travers les yeux de la princesse Charlotte, donc, la nuance est là. Ainsi, on est tour-à-tour pris de sympathie, puis de pitié, d'horreur ou de dégoût face à la personnalité fantasque de Maximilien de Habsbourg. Sorte de monstre composite créé par un pouvoir visiblement sclérosé, il est à la fois une victime d'un système dont il aimerait s'extraire, et bourreau par vengeance, voulant faire ressentir aux autres le poids des sacrifices auxquels son destin l'a forcé. Cette nuance se retrouve partout dans le récit, et il est appréciable que Nury n'ait pas fait passer une quelconque vision politique anachronique avant sa reconstitution historique. Ainsi, on craint que Charlotte ne soit présentée comme une sainte de vitrail victime des abus d'un pouvoir corrompu de toutes parts, mais c'est plus subtil. Bien sûr, on plaint Charlotte bien plus qu'on ne la déteste, et c'est normal. Mais la personnalité de la princesse se révèle également très complexe, n'hésitant pas à faire preuve de cruauté envers son mari en le laissant foncer droit dans un mur qu'elle voit depuis longtemps, ou dans le deuxième tome, en faisant chanter une pauvre fille innocente pour l'utiliser comme espionne. Ainsi, on évite la dialectique de la pauvre héroïne sans peur et sans reproches face aux affres d'un pouvoir castrateur et intégralement mauvais. Les actions apparemment mauvaises des personnages sont, sinon justifiées, au moins expliquées (brillante scène où Charlotte accuse un officier de tuer des innocents juste avant que celui-ci ne la sauve de l'attentat qu'un de ces "innocents" allait faire sur elle), et même les personnages qui auraient pu sembler être totalement bons révèlent avoir une part obscure au contact du pouvoir. Le deuxième tome est sans doute le plus intéressant des deux parus à ce jour, car il nous montre l'évolution de Charlotte, à la fois sur le plan intime, mais aussi et surtout politique. On assiste alors avec horreur au parcours d'une femme forte qui veut changer son destin, mais ne peut y parvenir. La manière qu'elle a de vouloir imposer des mesures qui nous semblent bonnes vues du XXIe siècle (fin de l'esclavage, liberté de culte, etc.) dans un pays en guerre où lesdites mesures sont en réalité inapplicables est brillamment décrite par les auteurs. Ce n'est pas sans évoquer le destin d'une reine complètement de fiction, Daenerys, dans cet excellent arc narratif de Game of Thrones où elle essaye d'imposer la démocratie dans une sorte de Moyen-Orient qui en est au strict opposé. Comme elle, Charlotte se casse les dents au Mexique, car sa seule alternative se résume à : imposer la liberté par la force, mais alors ce n'est plus vraiment la liberté, ou imposer la liberté par la douceur, mais c'est strictement impossible dans un pays où les habitants sont écrasés par les rebelles et par le pouvoir. Assister au triste spectacle de cette princesse artificiellement devenue impératrice se cassant les dents face à de complexes logiques de pouvoir est sans doute la plus belle réussite de cette grande œuvre que signe Nury et Bonhomme. La dure réalité de la guerre est parfaitement illustrée dans ce récit où chaque personnage doit naviguer entre l'idéalisme, l'action, et le défaitisme sans jamais se briser sur un de ces écueils. Arrivé à ce point de la saga, Charlotte est évidemment le personnage qui semble y arriver le mieux (avec le prêtre devenu son confesseur, et qui la guide sagement), mais la fin du deuxième tome et sa terrible scène de sexe a l'air porteur de mauvais augures pour l'héroïne, nous laissant en tête plusieurs questions atroces : le viol est-il réel ou simplement imaginé par Charlotte ? Etait-ce un viol ou un acte finalement consenti par l'impératrice ? Difficile de faire la part des choses dans cette conclusion qui semble annoncer la chute de l'héroïne dans la folie, fin inévitable pour ce personnage historique, qui sera sans aucun doute traité dans le dernier tome de la saga, et préparé dans l'avant-dernier. Je n'ai parlé ici que de Fabien Nury, mais plus que dans n'importe laquelle autre de ses bandes dessinées, la réussite de celle-ci est évidemment due au fabuleux dessin de Matthieu Bonhomme. Ce dernier a un trait d'une beauté qui confine au sublime. On le savait déjà, mais pour moi, Charlotte impératrice est sa plus belle réussite graphique à ce jour. Qu'il s'agisse d'illustrer la légèreté des premiers émois amoureux, les premières hésitations de la vie conjugale, le soleil chaleureux de l'Italie ou le soleil de plomb du Mexique, l'horreur de la guerre... Matthieu Bonhomme est parfait dans tout ! La souplesse de son trait est d'une aisance assez incroyable, qui sert mieux que jamais le récit qu'il illustre. Il faut également mentionner la coloriste Isabelle Merlet. C'est aussi grâce à elle et aux couleurs chatoyantes qu'elle apporte au récit que Charlotte impératrice doit sa réussite. Les yeux se régalent à chaque case, à chaque planche, il y a là une alchimie entre le dessin, les couleurs et l'histoire qui est le signe qu'on est bel et bien face à une grande œuvre. Quant à savoir s'il s'agira d'un chef-d'œuvre, attendons encore les deux prochains tomes pour le savoir...

29/06/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Une série qui commence bien… J’avais un a priori très positif parce que j’aime beaucoup ces deux auteurs dont j’achète les albums en confiance. Dans le premier tome, on se plonge dans l’Europe du XIX siècle partagée entre deux grands empires : celui de Napoléon III et celui des Habsbourg. Ces deux familles ne font pas de détail quand il s’agit de leur honneur, de leur puissance et de leurs territoires. On fait la connaissance de la jeune princesse Charlotte de Belgique, peu expérimentée dans la vie et qui va se jeter en toute confiance dans les bras de son futur mari : Maximilien de Habsbourg, un homme de peu de vertu et au charisme insignifiant. Alors que son époux va aller de désillusions en désillusions, Charlotte va, à l’inverse, montrer une personnalité forte et une maturité douloureusement acquise. Deux tomes, au dessin superbe, aux couleurs plus que réussies… qui nous mènent de la Belgique, à Trieste avant de traverser l’Atlantique pour poursuivre l’aventure au Mexique. Le scénario est fluide, cohérent et bien écrit, suffisamment affranchi de la réalité historique pour ne pas être pesant. Les deux personnages principaux sont très intéressants – surtout Charlotte - évoluant chacun à l’opposé de l’autre et la bonne surprise vient des personnages secondaires dont quelques spécimens ajoutent de l’intérêt au récit. Enjeux dynastiques, familiaux, coloniaux… tous les ingrédients sont réunis pour une suite prometteuse…

02/04/2022 (modifier)
Par Erik
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Une fois n’est pas coutume, je commencerai mon introduction en indiquant les conditions d’acquisition de cette bd. Il m’arrive de lire les avis des autres chroniqueurs de ce site. La couverture a d’ailleurs été affichée depuis sa sortie l’été dernier. C’est la bd de la rentrée 2018. Nul ne peut y échapper. Au vu des bonnes critiques, j’ai directement acheté. Bon, en même temps, il faut avouer qu’avec de tels auteurs aux commandes, on peut presque acheter les yeux fermés. La prise de risque est moindre. Voilà comment un site comme bdthèque peut encore influencer des lecteurs. Tome 1: La princesse et l'archiduc Après, il était intéressant de voir le portrait du personnage historique de Charlotte de Belgique qui a épousé un futur empereur du Mexique en proie à la Révolution. Historiquement, on sait ce qu’il est advenu de ce pion placé par Napoléon III sur le trône de ce pays d’Amérique Centrale. On connait moins la vie de Charlotte qui était la belle-sœur de la fameuse Sissi qui a marqué plusieurs générations au vu de l’image laissé par Romy Schneider. Beaucoup serait étonné de la personnalité dévoilée d'Elisabeth dans cette œuvre singulière. Je n’ai toujours pas digéré l’épisode du pauvre chien sans vouloir en dire plus. Sur le fond, comme sur la forme, nous sommes au top de ce que l’on peut attendre d’une bonne bande dessinée ce qui est plutôt rare de trouver en ce moment avec toute cette superproduction. J’ai apprécié grandement le graphisme ainsi que le scénario. J’achèterai bien évidemment la suite que j’attends avec une certaine impatience. Mais là, pas de souci, on sait qu’on peut véritablement compter sur les auteurs au top de leur forme. Tome 2 : L'Empire Ce second tome confirme pour moi l'excellente impression laissée par le premier opus. Du coup, je passe la note à 5 étoiles, non pas dans un élan de générosité, mais surtout pour consacrer une bd désormais culte. Il s'agit de récompenser le travail des auteurs par la reconnaissance. L'action se situe durant les années mexicaines. Charlotte va devenir l'impératrice pendant que son pitoyable mari s'adonne à ses plaisirs vils et stupides en mauvaise compagnie. L'intrigue va évoluer tout le long de ce tome entre l'arrivée et les années de règne dans un état en proie à la guérilla sur fond de révolution en marche. Il y a comme un véritable souffle épique qui fait du bien. On découvre que la charmante Charlotte n'avait rien à envier à sa belle-soeur Sissi. Les décisions politiques qu'elle prend sont généreuses tout en étant avant-gardiste. On sait qu'elles couteront très chers. Elle n'a ni le soutien de l'armée, ni du clergé. Cela va être très difficile pour la suite. Le graphisme est toujours aussi agréable avec des couleurs chaudes qui retranscrivent la chaleur du Mexique. Bref, c'est la série que je recommande à tous les lecteurs de la nouvelle génération. Fabien Nury et Mathieu Bonhomme ne décoivent pas, bien au contraire ! Note Dessin: 4,5/5 - Note Scénario: 4,5/5 - Note Globale: 4,5/5

05/10/2018 (MAJ le 21/06/2020) (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Cet album se propose de revisiter le destin de Charlotte de Belgique, fille de Léopold 1er (le premier roi des Belges) et épouse de Maximilien d’Autriche (le frère cadet de François-Joseph). Revisiter car, les auteurs l’annoncent d’emblée, certains faits ont été remaniés et d’autres inventés. Je ne sais que penser de ce type de procédé, le problème étant de pouvoir distinguer le vrai du faux. La fiction ne me dérange pas, la réalité historique non plus mais mélanger les deux, c’est prendre le risque de propager des mensonges à propos de personnages réels (même si morts depuis longtemps) et donc de désinformer. A titre personnel, même si je connais un peu l’histoire de la famille royale belge, je suis loin d’être calé en la matière. Du coup, je fais partie de ces lecteurs qui seront incapables de faire le tri dans les multiples informations livrées par cet album. Et, pour être tout à fait franc, de ce que je connais et au vu du caractère extrêmement crédible de cet excellent récit… et bien, je le trouve tout à fait réaliste. Et donc je ne peux m’empêcher de me demander à partir de quand je me fais manipuler. Ceci dit ! Ceci dit, j’ai adoré cet album. La Charlotte de Belgique version Fabien Nury est un personnage extrêmement attachant. Adolescente romantique et pragmatique en même temps, épouse trahie et fragilisée, femme de caractère : elle est tout ça à la fois, et bien plus encore ! C’est un personnage historique incroyablement moderne que nous proposent de découvrir les auteurs. Et à ses côtés Maximilien, le faible, s’en prend plein la tronche. Lui qui voudrait être mais qui n’est pas offre un personnage tout aussi fascinant que Charlotte. Le récit débute, après une rapide évocation de la mort de sa mère, lorsqu’à 16 ans Charlotte doit penser à se marier. Mariage plus ou moins arrangé, orienté en fonction des intérêts politiques du moment (son père n’avait-il pas lui-même consenti à prendre pour épouse Louise d’Orléans afin de ne pas se mettre à dos des Français pas spécialement ravis de la naissance de la Belgique ?) Et nous sommes directement plongés au cœur de cet univers où les intérêts personnels doivent s’effacer devant les devoirs et ambitions politiques des uns et des autres. Le tour de force des auteurs est de rendre cela extrêmement prenant et profondément humain. Loin d’être un récit historique bourré de dates, de faits et de personnages, cette histoire est avant tout celle d’êtres humains, avec leurs forces et leurs faiblesses. Avec un sens de la famille ou du devoir plus ou moins fort selon les personnages, leur éducation et l’amour qu’on leur porte. Et puis comment ne pas se régaler devant une Sissi odieuse et à mille lieux de l’image policée que Romy Schneider lui a offerte le temps de quelques films ? Mais ce récit n’aurait jamais eu pareil effet sur moi sans le dessin de Matthieu Bonhomme ! Ces grandes cases épurées, cette simplicité dans le trait, à l’opposé du dessin historique lambda, apportent une dimension supplémentaire à l’album. Peut-être justement parce que l’attention est portée sur l’émotion, sur le ressenti plutôt que sur la reproduction fidèle d’images figées. Et pourtant les décors ne sont pas oubliés, les cadrages sont soignés, mais ces éléments indispensables sont là pour mettre l’humain en avant plutôt que le contexte historique. De ce point de vue la mise en garde des auteurs en début d’album prend tout son sens : nous sommes devant une re-création plutôt que devant une reproduction. Au final, ce premier tome m’a conquis, malgré les réserves émises au début de cet avis, et je me réjouis de lire la suite ! Un must-have, selon moi, qui devrait plaire tant aux amateurs de récits historiques qu’aux lecteurs de romans graphiques ou de récits d’aventure.

27/07/2018 (modifier)