Facteur pour femmes

Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 11 avis)

Diagonale 2016 : prix du meilleur album. La Première Guerre mondiale vide une petite île bretonne de ses hommes. Il ne reste plus que les enfants, les vieux et les femmes... et Maël


1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Bretagne La poste Le Meilleur de Bamboo Prix Diagonale/Victor-Rossel

Malgré ses envies de défendre la patrie, il n'est pas mobilisé, car il a un pied-bot. Il devient le seul homme, jeune et vigoureux, de l'île... A sa façon, il participe à l'effort de guerre en distribuant le courrier aux habitants, des femmes essentiellement... Celui que toutes ignoraient découvre ainsi tous leurs secrets...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Septembre 2015
Statut histoire Série en cours 2 tomes parus
Dernière parution : Plus de 3 ans

Couverture de la série Facteur pour femmes © Bamboo 2015
Les notes
Note: 3.36/5
(3.36/5 pour 11 avis)
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15/11/2015 | herve
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Avis pour le tome 1 - Des vahinés en Bretagne - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, qui n'appelle pas de suite. Il est paru initialement en 2015, écrit par Didier Quelle-Guyot, dessiné et mis en couleurs par Sébastien Morice, déjà auteurs de Le café des colonies et de Papeete 1914. Le récit commence le 28 juin 1914, avec l'annonce de l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand et de son épouse à Sarajevo, par un jeune terroriste serbe. L'histoire se déroule sur une île fictive au large de Quiberon. Le 2 août 1914, le maire de cette île appelle la population à prendre connaissance de l'ordre de mobilisation générale qui enjoint tous les hommes valides de 20 à 50 ans à rejoindre l'armée pour faire la guerre. Il ne reste plus alors sur l'île que des femmes, et des enfants, des adolescents et des vieillards. Le maire choisit Maël Gréhat pour remplir les fonctions de facteur. Il a une vingtaine d'années et n'est pas parti, du fait de son pied-bot. Il possède également une bicyclette ce qui le rend tout désigné pour effectuer la distribution du courrier sur ce territoire étendu. Par la force des choses, des liens se créent entre lui et les femmes à qui il apporte des lettres de leurs époux ou de leurs fils. Il prend son rôle très à cœur, essaye de leur éviter les plus fortes peines, et apprécie beaucoup l'intérêt qu'elles lui portent, lui qu'aucune femme ne regardait avant la mobilisation. Dès la prise en main de ce tome, le lecteur en apprécie sa bonne facture, la qualité de la couverture, l'épaisseur du papier, la résistance de la reliure, le dos toilé s'il a choisi cette édition. Il est séduit par les belles images, il constate le côté classique de la narration avec quelques cellules de texte venant apporter des informations sous une forme littéraire. La couverture transmet toute la joie et l'entrain de Maël chevauchant sa bicyclette, la proximité de l'océan avec les mouettes, et le l'élégance de la composition, avec le visage très discret de 2 femmes, fondus dans le bleu du ciel. Voilà une bande dessinée qu'il va faire bon savourer, pour en apprécier tout ce que les auteurs y ont mis. Didier Quelle-Guyot crée une situation propice à la bagatelle, où un laissé pour compte peut enfin briller auprès de ces dames, faute de concurrence. Il justifie la possibilité des infidélités de ces dames, en faisant référence au prix Goncourt de 1912 : Filles de la pluie d'André Savignon. Il ne s'agit pas pour lui d'étaler sa culture car cette référence est intégrée de manière naturelle pages 49 et 50, sans être assénée au lecteur avec moult explications superfétatoires. Tout au long de la lecture, il est possible de relever les éléments culturels qui participent discrètement à la reconstitution historique : le tocsin, l'ordre de mobilisation, l'exactitude de dates, les quelques phrases en breton du pays vannetais, l'emploi opportun du terme Finis Terrae, la forme d'autarcie des habitants de l'île visible dans leur mode de vie (l'agriculture, tuer le cochon, etc.), les références précises à la guerre lointaine, des termes techniques telles qu'Anastasie pour évoquer la censure des lettres des soldats, un personnage s'exclamant qu'il a les mains sales (un peu en avance sur Jean-Paul Sartre). Le lecteur se laisse doucement prendre par cette reconstitution historique précise et discrète, et découvre la douce revanche sur la vie de Maël Gréhat qui profite de la situation pour accéder à des délices qui lui semblaient jusqu'alors impossible. Le scénariste joue sur le temps pour montrer que ces femmes ne succombent pas toutes, ni du jour au lendemain, et que Maël doit faire preuve d'ingéniosité pour gagner leur confiance, et même pour les soutenir dans leur épreuve. Ce récit n'a rien de pornographique, les séquences érotiques sont très brèves et peu explicites (une paire de seins, une paire de fesse), très évocatrices, et pleines de charme. De ce fait le lecteur éprouve une impression semblable à celle produite par un conte, à destination d'adultes, où un jeune homme avec une difformité met à profit son intelligence pour prendre une sorte de revanche sur la vie, chacun y gagnant quelque chose. Finalement tout le monde sur l'île s'adapte à cette situation extraordinaire et dramatique qui ne peut pas durer. Cette immersion dans ce coin isolé du monde est rendue d'autant plus douce que les individus sont à l'abri des vicissitudes des champs de bataille et que les images sont magnifiques. La première page comporte une case occupant les deux tiers de la page, montrant une zone herbue sur laquelle repose une bicyclette, des rochers, et en second plan l'océan avec des mouettes virevoltant dans le ciel. La scène baigne dans une chaude couleur orangée, reflétant un moment de calme bénéficiant d'un soleil qui réchauffe sans être écrasant. L'océan se pare de reflets mordorés enchanteurs, sans être fluorescents ou omniprésents. L'océan n'est pas présent à toutes les pages. Il apparaît régulièrement, avec une attention particulière portée à sa représentation. Il peut être calme en toile de fond (page 5 avec le port en premier plan), il peut être légèrement mouvant sous une lumière nocturne (pages 16 & 17). Il peut encore s'agir de vagues venant se fracasser sur les rochers de la côte, avec des oiseaux guettant les poissons. Il peut aussi venir doucement lécher une plage, prête à accueillir des touristes. Ce n'est donc pas un ouvrage dédié à l'amour de la mer, mais sa présence se fait sentir, rappelant qu'il s'agit d'une île, d'une terre isolée des autres, d'un monde limité. Sébastien Morice représente les paysages de l'île avec le même amour pour la terre bretonne. Il n'a pas opté pour un rendu photoréaliste, mais pour une approche qui rend compte de l'impression que donnent les zones battues par les vents. De manière naturelle, en fonction des déplacements du facteur pour dames, ou des vues plus générales d'un endroit de l'île, le lecteur peut en admirer la géographie (les plages de sable blanc ténues), et la flore (l'herbe bien verte du fait des précipitations régulières, ou encore les tâches violettes de la bruyère). L'artiste ne représente pas les brins d'herbe dans une approche botaniste, mais les tâches de couleurs. Le lecteur connaissant la Bretagne pourra identifier le mauve d'un bouquet d'hortensias ou les variations de teinte de l'herbe en fonction des saisons. L'artiste se montre tout aussi soigneux dans sa reconstitution des habitations de l'île. Le village principal présente un urbanisme crédible. Les maisons isolées sont accolées autant que faire se peut aux dépressions du terrain pour protéger au moins une façade contre le vent et les intempéries. L'intérieur des habitations est aménagé en fonction de leur destination (par exemple les outils dans la maison des Gréhat, les lampes à pétrole, les lits enchâssés caractéristiques). Le lecteur peut aussi regarder les différents outils utilisés pour les travaux des champs, ou ceux pour l'élevage d'animaux (avec la scène inoubliable de la saignée du cochon, mise en parallèle d'un soldat embroché sur une baïonnette). Les personnages sont représentés avec des morphologies crédibles et variées, aussi bien les hommes que les femmes. Les visages expriment des sentiments nuancés, d'adultes. Bien sûr, au vu du titre, le lecteur attend avec une certaine gourmandise les scènes de séduction entre le facteur et ces différentes femmes. Les auteurs expliquent qu'ils ont sciemment limité le niveau d'érotisme pour ne pas tomber dans une collection de scènes de gaudriole, et parce que leur histoire n'est pas de cette nature. Sébastien Morice croque plusieurs portraits de femmes, différentes, chacune avec leur personnalité, leur physique, leur façon de porter attention au facteur qui est leur lien avec leurs époux ou enfants partis au loin, mais aussi leur contact régulier avec l'extérieur de leur maison, de leur ferme. Lors des quelques scènes plus physiques, le lecteur pourra apprécier que la narration visuelle est aux antipodes de la prouesse physique, exhalant des sentiments qui font qu'il s'agit de personnes, et pas d'acteurs choisis pour leur capacité de performance. Effectivement, il apparaît peu à peu que le récit des auteurs ne se limite pas à un simple conte mettant en scène la revanche d'un jeune homme peu gâté par la nature. Le comportement de Maël évolue petit à petit pour passer d'amoral à quelque chose de plus immoral, de plus manipulateur, en voulant faire le bonheur de ces dames (pas sur le plan physique) à leur insu, dans une relation gagnant-gagnant. Didier Quelle-Guyot ne se contente pas de montrer les stratagèmes de de son personnage, il montre aussi qu'en lisant les lettres destinées à ces dames, il se retrouve confronté à l'indicible. Comment croire à ce que décrivent certains soldats ? À la boucherie, au charnier, aux corps des soldats qui se mêlent à ceux d'un cimetière éventré ? Il y a donc une évocation en retenue et très crédible de ce que pouvaient contenir les lettres des poilus, avec des images évitant également de sa vautrer dans le voyeurisme. Au fil du récit, le lecteur prend connaissance du devenir d'un ou deux hommes du village sous les drapeaux, mais aussi à leur retour. En contrepoint du comportement du facteur et des épouses ou mères, le récit se teinte d'une gravité générée par les horreurs de la guerre. Le lecteur prend conscience petit à petit que ce conte n'a rien d'inoffensif ou de gratuit, que comme l'indique un personnage, la guerre prendra bien fin un jour et qu'il y aura un prix à payer. La grande guerre n'est pas un simple prétexte et l'horreur de la réalité des champs de bataille étend son influence jusque dans les zones les plus éloignées du conflit. Il ne s'agit pas d'une passade, mais bien d'un roman noir. Didier Quelle-Guyot et Sébastien Morice racontent une histoire qui parle de la condition humaine, mise à rude épreuve en temps de guerre, sur une île bretonne éloignée du conflit. Cette grande guerre n'est pas un simple prétexte à une histoire d'amour légère. Elle est intégrée à la narration dans ses conséquences. Le lecteur a donc le plaisir de lire un récit très beau à contempler, bénéficiant d'une reconstitution des paysages de Bretagne qui exhale leurs particularités, et qui est également un roman grave sous des dehors enjoués.

02/05/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
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"Qui va à la guerre perd sa place", tel pourrait être résumé avec simplicité cet album. Je viens de relire cette bd et c'est en voulant poster mon avis que je viens de découvrir qu'il y avait un second tome. Donc, mon post ne tiendra compte que du premier opus. Une île bretonne en 1914, les hommes sont mobilisés pour la "grande guerre", tous sauf un : Maël et son pied bot. Il va prendre le poste de facteur, rôle oh combien important, celui de transmettre les nouvelles du front aux proches restés sur l'île et vice-versa. Maël jeune simplet, puceau mais sachant lire et écrire va donc endosser l'habit de facteur et au fil du temps et de ses tournées il va s'affranchir bien aidé en cela par certaines femmes. Elles sont jeunes ou dans la fleur de l'âge, belles ou aux physiques ingrats, fines ou bien en chair, qu'importe il les veut toutes. Elles vont toutes passer à la casserole quitte à employer des moyens fallacieux. Il va profiter de leurs manques, elles n'en restent pas moins femmes et souffrent de cette solitude îlienne, de se manque d'affection, de caresses et d'étreintes. Maël le retors pourra-t-il garder son harem au retour des maris ? Une narration plaisante mais assez expéditive, il manque de la profondeur au récit, cela reste superficiel. Toutes ces femmes ne cèdent pas pour les mêmes raisons et le sujet n'est qu'effleuré. Tout comme le passage de nigaud du village en Casanova machiavélique est expéditif. Le sujet reste maîtrisé jusqu'à cette fin qui m'a rappelé un film de Clint Eastwood que je ne nommerai pas. Le dessin est clair, détaillé et lisible. Pas celui que je préfère mais il apporte ce côté rafraîchissant de l'océan Atlantique. Une relecture agréable. Cet album peut se lire comme un one shot.

15/12/2021 (modifier)
L'avatar du posteur carottebio

On assiste à la transformation du jeune niais délaissé du village en un séducteur acharné de ces dames abandonnées de leur maris partis en guerre, loin là-bas, dans le grand est. Évidemment, ce sujet maintes fois traité en littérature et au cinéma, n'est pas neuf. Il faut de solides intentions pour reprendre ce thème. Ici les auteurs se sont attachés à suivre notre héros de facteur. Le ressort de l'intrigue étant la transformation d'un gentil garçon de ferme puceau en un méchant Casanova facteur. Et pour ne rien gâcher, les auteurs rajoutent une intrigue supplémentaire avec une pincée de scandale et de crime. Cette intention fictionnelle louable est malheureusement desservie par la réalisation. A savoir la colorisation atroce, incapable de transmettre la moindre émotion (on dirait une colorisation par ordinateur des années 80) qui gâche la lecture de bout en bout. Les textes explicatifs lourdingues qui ne s'arrêtent jamais. Soit on sait écrire et l'on peut en balancer sans crainte d'ennuyer le lecteur, soit on ne sait pas écrire et là on fait confiance au dessin pour prendre la main... Malheureusement, on a eu droit au mauvais texte ici. Enfin, au regard de l'évolution du caractère de ce facteur et de ses relations qu'il noue avec plusieurs iliennes, je pense que ce récit aurait bénéficié d'un traitement en deux temps (tomes) qui approfondirait l'analyse psychologique des personnages. On aurait gagné en lisibilité et compréhension. Là l'ensemble paraît bâclé, mal écrit.

25/05/2021 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Avis sur le tome 1 : J'ai bien aimé l'idée de base de ce récit assez original. Il met en scène un jeune homme qui, à cause ou grâce à son pied-bot, reste le seul homme entre 20 et 50 ans sur une île bretonne quand tous les autres sont partis batailler dans les tranchées. Choisi pour remplacer le facteur, il va découvrir le privilège que lui offre sa situation lui permettant de côtoyer toutes ces femmes esseulées. Alors qu'il était un peu nigaud, il va profiter de sa situation durant les 4 ans de guerre. Le graphisme est très agréable. J'aime la lumière et les couleurs de ses décors d'île bretonne souvent ensoleillée. Les personnages aussi sont réussis et les femmes sont charmantes. Il est facile de se laisser emmener dans l'ambiance de cette histoire. Le scénario est original mais aussi assez intéressant. Il est traité sans manichéisme, sans faire du héros un saint et en lui montrant plusieurs défauts rédhibitoires. Sa situation se révèle donc en demi-teinte : d'un côté, il a répandu le bonheur et le plaisir autour de lui, mais en même temps il a menti et trahi de nombreuses personnes. Pourtant, après avoir été charmé au départ, j'ai trouvé que l'histoire finissait par tirer un peu en longueur. A force d'être réaliste, le héros n'est pas très attachant et je m'en suis détaché au fur et à mesure de ma lecture. Et là où je m'attendais à tomber sous le coup de l'émotion en fin d'album, mon ressenti s'est révélé finalement un peu plus indifférent, même si j'ai quand même bien aimé. Avis sur le tome 2 : Tiens ? Un second tome ? Et un troisième en prévision ? C'est surprenant car le premier fonctionnait très bien comme un one-shot se suffisant parfaitement à lui-même, et une suite parait presque incongru. Le scénariste a voulu raconter ce qu'il se passait après, les conséquences de ce qui s'est passé dans le tome initial. Le dessinateur Sébastien Morice n'étant plus disponible, c'est Emmanuel Cassier qui le remplace pour ce nouvel album. Même si le style général et la colorisation fait illusion au premier coup d'oeil pour qu'ils se ressemblent suffisamment, le dessin de ce nouveau tome est cependant moins fin et moins charmant, et les couleurs paraissent plus ternes. Je n'ai pas ressenti la chaleur douce du graphisme du premier tome. Quant à l'histoire, même si elle tient la route, elle n'a pas non plus le charme du premier et donne l'impression de délayer une bonne idée de départ. Une péripétie fatale à un moment donné m'a en outre paru assez téléphonée, de même que d'autres morts un peu trop pratiques pour être crédibles par la suite. J'ai moins accroché à cet album qu'au premier et j'y vois une suite dispensable.

14/11/2016 (MAJ le 23/03/2021) (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

La guerre de 14-18 vue sous un autre angle, j'aime bien cette idée, quoiqu'il me semble l'avoir déjà vue ailleurs ; je crois que c'était dans un film érotique italien, le coup du gars qui reste seul au sein d'un essaim de femmes pendant que leurs hommes sont à la guerre ne me semble pas un sujet entièrement neuf. Ici, c'est traité sous un angle romantico-policier, avec le rôle des femmes dans un village breton qui doivent accomplir des tâches pénibles dévolues habituellement à leurs hommes partis pour l'abattoir humain des tranchées de Verdun. Le scénario est centré sur ce jeune garçon, Maël, petit facteur improvisé, mais aussi autour des femmes esseulées, on suit la mutation des regards et des comportements de ces femmes envers Maël hier moqué, aujourd'hui désiré, mais on suit surtout la mutation de Maël qui au début n'a pas beaucoup d'épaisseur, semble attachant voire touchant, et qui au fur et à mesure du récit, devient antipathique et détestable. Cette évolution est intéressante, c'est une revanche sur la vie mais dont la fin peut surprendre, car ça ne vire pas au conte de fée avec un final auquel on peut s'attendre, il y a même des rebondissements inattendus. Le dessin n'est pas dans mes préférences, mais je le trouve esthétique, aéré, éthéré et lumineux, il donne une poésie à ces paysages bretons avec de grands cadrages ; l'île bretonne n'est pas nommée, mais elle pourrait être dans le Morbihan puisqu'on parle de Quiberon, peut-être Groix ou Belle-Ile... Un bon album, au sujet intéressant, sans être transcendant.

09/02/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

J’ai emprunté cet album par hasard à ma médiathèque, presque à reculons. Lorsque je l’avais croisé précédemment, j’en avais repoussé la lecture : le dessin était bon, mais la colorisation pas ma tasse de thé. Et surtout je soupçonnais une histoire de terroir rasante. En fait, l’histoire se révèle plus intéressante que ce que je pensais. Durant la première guerre mondiale, un jeune facteur, Maël, réformé parce que boiteux, considéré comme un peu niais par tout le monde, se trouve être quasiment le seul homme « valide » et vigoureux sur l’île bretonne où il réside, au milieu de quelques dizaines de femmes, dont les amis, maris sont au front. Le rôle de facteur lui est dévolu, il parcourt donc tous les jours l’île, de ferme en ferme. Il va en profiter pour s’immiscer dans la vie – amoureuse – de ces femmes, usant de son pouvoir de « lire » le courrier, en modifiant parfois la distribution et le contenu à son avantage. Bref, il va se révéler moins niais qu’il n’en avait l’air, et de rejeté, il va devenir le Don Juan du coin. L’intrigue est fluide, avec ce qu’il faut de rebondissements sur la fin pour surprendre un peu le lecteur. Surtout, la métamorphose de Maël est progressive – même si encore un peu trop brutale je pense, et de gentil bonhomme prenant sa revanche sur la vie, il en devient presque un être machiavélique : personnage et situation ambivalents, donc intéressants. Une petite lecture détente pas désagréable, qui traite par la bande les conséquences de la première guerre mondiale sur un pan de la société française. Je lui reproche juste quelques longueurs, qui plombent un peu le rythme, presque primesautier par moment.

02/10/2020 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
L'avatar du posteur pol

J'avoue hésiter entre 2 et 3 étoiles. Plutôt 3 car j'aime bien l'idée de départ, ce jeune garçon qui se retrouve le seul homme sur une ile bretonne pendant la 1ere guerre mondiale et qui va avoir pour lui tout seul toutes les femmes de l'ile. C'est original et amusant. Pour les points positifs, le dessin est également sympa. Mais ça aurait pu être 2 car l'histoire qui m'a amusé au début a vraiment du mal à se renouveler et ça ne décolle finalement pas. Une fois que notre jeune héros à conquis une femme désespérée, il recommence avec la dame d'à coté, puis la suivante et ainsi de suite. C'est répétitif à force, et j'ai eu un peu de mal à finir. D'ailleurs la fin ne m'a pas surpris et je m'attendais à ce genre de dénouement. Bref c'est mitigé pour moi.

19/03/2016 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Une autre bande dessinée sur la première guerre mondiale sauf que cette fois-ci on voit peu de combats. En effet, l'action se passe sur une île où la plupart des hommes sont partis à la guerre. L'île est donc remplie de femmes. Le sexe masculin est composé d'enfants et de vieux à l'exception de Mael qui n'a pas pu aller à la guerre à cause de son pied-bot. Il va faire le facteur et connaitre davantage les femmes de l'île. Il va bien sûr coucher avec plusieurs d'entre elles vu que c'est le seul homme disponible pour ça (j'imagine que les vieux ne peuvent plus bander). L'histoire est sympathique quoique je n'aie pas été aussi touché que les autres posteurs. Je trouve que le scénario est cousu de fil blanc (bon il y a tout de même des surprises, mais au niveau des sentiments des personnages rien ne m'a surpris) et qu'il manque quelque chose pour rendre le tout captivant. Le dessin est pas mal.

18/02/2016 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

La Première Guerre Mondiale est abordée dans cette bd mais sous un tout autre angle : celui des femmes qui restent toutes seules pendant que les hommes sont au combat à s'entre-tuer. Quand on vit sur une île isolée du contient, c'est encore plus difficile. Voilà que vient un facteur qui distribue le courrier mais pas que. Trahison conjugale et passion seront au programme. J'ai aimé cette douceur du trait. L'île bretonne est fort bien dessinée avec ces couleurs pastels. La narration est parfaite avec deux temps. Il y a un peu de poésie pour décrire l'amour de toutes ces femmes. On s'enivre avec ce facteur qui prend une revanche sur la vie. Il y a toute une subtilité qui fait la grandeur de ce récit. Une oeuvre que j'ai grandement appréciée car touchante. On se souviendra du jeune Mael qui souffre d'une difformité et de solitude dans un monde qui ne lui a pas fait de cadeau mise à part la guerre. En effet, celle-ci va procurer une opportunité sur la découverte de l'amour et des femmes. Une lecture à recommander à tous les bretons mais pas que.

31/12/2015 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
L'avatar du posteur Spooky

Le duo de Papeete 1914 s'est reformé pour nous livrer un nouveau récit pour nous parler de la grande Guerre par le petit bout de la lorgnette, à savoir au travers du prisme de ceux, ou plutôt celle (en majorité) qui sont restés, et qui doivent remplacer ceux qui sont partis. Mais parmi ces femmes, qui bientôt se sentent un peu seules et en manque d'affection, il y a un personnage marquant, le facteur remplaçant, rôle pris par un pauvre gars au pied bot. lequel va se révéler diablement malin et surtout opportuniste sur le plan sexuel. Je vous laisse donc imaginer ce que va devenir la vie de Maêl, qui jongle entre sa fonction de facteur et ses talents d'amant de ces dames. Il joue un jeu de plus en plus dangereux, et le scénariste nous montre son sens de la narration avec éclat. pas de complaisance pour Maël, pas forcément de pitié ou de voyeurisme pour ces dames et demoiselles, l'ensemble est raconté sur un ton ma foi relativement sobre, avec un goût pour la comédie, mais cela réussit à rester digne. Il faut dire qu'avec un dessinateur de la trempe de Sébastien Morice, difficile de faire dans le vulgaire, tant son trait, avec la délicatesse et la grâce qui le caractérisent, se montre encore une fois parfait, accompagné d'ambiances colorées vraiment exceptionnelle, à l'instar de la lumière bretonne. Nous sommes dans une histoire fictive, dans un lieu qui est un assemblage d'endroits existants, mais tout cela a la facture du vrai. Encore une belle lecture.

18/12/2015 (modifier)