Les Chasseurs d'écume

Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)

Prix de la BD Maritime 2014 Une grande saga bretonne à la dimension héroïque, politique et romanesque. Vivez le quotidien des habitants de Douarnenez, entre pêche et conserveries.


Bretagne Prix de la BD Maritime / Nature Vieux gréements

François Debois adapte le roman de Jean-Claude Boulard (maire du Mans) L'Épopée de la sardine, un siècle d'histoires de pêches, et nous raconte comment ces familles de pêcheurs à la vie rude ont acquis, sur plusieurs générations et sur tout le XXe siècle, une dimension héroïque, politique et romanesque. Serge Fino donne crédit et vie à ces Bretons de la mer, inscrivant dès le premier tome Les Chasseurs d'écume dans la lignée des grands feuilletons historiques et familiaux, comme Les Maîtres de l'orge. La série a pour ambition de nous relater un demi siècle du quotidien de ces pécheurs et ouvriers bretons.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Octobre 2011
Statut histoire Série terminée (2 cycles de 4 tomes) 8 tomes parus

Couverture de la série Les Chasseurs d'écume © Glénat 2011
Les notes
Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)
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21/05/2014 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur bamiléké

Cette série est une adaptation de l'ouvrage "L'Epopée de la Sardine" que je n'ai pas lue. J'ai trouvé la lecture du cycle 1 assez contrastée avec des passages très intéressants mais aussi un parti pris du scénariste qui m'a gêné en de nombreux endroits. Tout d’abord j'ai bien apprécié le graphisme de Fino. Son trait assez réaliste est classique mais cela convient bien à ce type de récit à valeur historique. Fino a apporté beaucoup de soins à la reproduction des ruelles de Douarnenez mais les scènes dans la conserverie ou sur le port sont vraiment excellentes. Son graphisme crée une ambiance qui porte très bien le récit. J'ai beaucoup apprécié le travail sur les tenues des pêcheurs ou de leurs épouses. Cette uniformité renforce l'axe central du récit : l'esprit communautaire qui a engendré cette puissance de l'action syndicale à Douarnenez. J'ai aussi aimé l'originalité du thème choisi par Debois ainsi que les différents rappels historiques que le personnage de Jos a pour mission d'incarner. C'est très bien documenté et le récit est construit avec beaucoup de minutie. Malgré ces qualités évidentes j'ai de nombreuses réserves sur le scénario. En premier lieu je trouve que Fino a dramatisé le récit à l'excès pour créer de l'empathie envers Jos. Perso, cela a eu l'effet inverse. Jos symbolise tellement de malheurs (orphelin, chien d'équipage, amoureux malheureux, soldat brimé, multi naufragé, travailleur exploité...) que cela fait de son parcours une hagiographie assez lourde., une sorte de super-héros breton. Ensuite Debois ne fait pas dans la nuance. D'un côté les bons marins et leurs épouses pen-sardines et de l'autre les "salauds" en vrac conserveurs, curés, officiers de la Royale, gendarmes du Préfet, voire ouvriers non-grévistes. J'ai trouvé le scénario d'un manichéisme puéril en de nombreux endroits. J'ai même eu la désagréable impression que Debois légitimait la violence quand elle venait du bon côté (machines brisées, ouvrier éborgné, gendarmes agressés, officiers ridiculisés). Je ne comprends pas les choix du scénariste quand il présente un ouvrier (Le Dantec) qui défend son outil de travail, comme un salaud. C'est encore pire pour l'image et la mémoire du capitaine de vaisseau Joseph Delage et de ses officiers qui ont su faire régner une discipline et un esprit d'équipage qui ont permis de sauver plus de 600 marins en une heure lors du naufrage du Danton en 1917 coulé par un U-boot au large de la Sardaigne. Dans ce contexte, j'ai quand même beaucoup de mal à accepter le " ...affirmer une autorité de pacotille." T3 p12 à l'encontre d'officiers morts pour la France. Je trouve que lorsque l'on fait référence à des scènes historiques vécues, il ne faut pas que la fiction dénature l'image de disparus en trois cases assassines peu ou pas étayées. En fait, le scénario ne revient sur le thème des techniques de pêche qu'au tome 4 un court instant. C'est d'ailleurs dans ce tome que le scénario nous fait percevoir la spécificité de la pêche à la sardine qui fut d'emblée une pêche inscrite dans un processus industriel grâce à une conjonction d'éléments assez uniques. En conclusion, cette série présente beaucoup d'atouts mais je ne puis adhérer à plusieurs points de vue des auteurs qui me choquent trop.

07/04/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

C'est une véritable épopée sardinière en Bretagne à laquelle les auteurs convient le lecteur, et comme l'a présenté le posteur de la série en résumé, c'est une grande saga bretonne à dimension héroïque et romanesque. Le sujet est original et instructif, car il traite d'une activité qui fit la richesse d'une région et surtout d'un port (Douarnenez), dont la tradition s'est perdue, c'est donc louable de savoir tout ça. Je me souviens de plusieurs passages à Douarnenez où à Port-Rhu, au Musée du Bateau, j'ai pu admirer une fantastique collection de boites de sardines, il y en avait des centaines, c'était extraordinaire... et c'est légitime en ce lieu qui fut le royaume de la sardine en Bretagne. L'introduction dans le train, avec le héros vieilli qui narre son récit à son voisin de compartiment, est un bon procédé ; il restitue parfaitement le mode de vie de ces pêcheurs sardiniers qui pratiquaient la pêche dans des conditions très dures et parfois houleuses. Les activités artisanales sont également bien décrites, tel le ramassage du goémon, qui se pratiquait il n'y a pas si longtemps encore. Fino a eu accès à une riche documentation comme il l'indique en dédicace du tome 1, il restitue merveilleusement tout ce cadre et la vie rude de ces hommes et de ces femmes où tout tourne autour de la sardine. Son dessin s'est considérablement amélioré depuis Les Ailes du Phaéton, le trait est agréable, fin et fidèle aux décors que je connais. Le tome 3 sur la marine de guerre en 14-18 est un peu long, d'autant plus que j'étais étonné de voir ces marins continuer la guerre jusqu'en 1919 ; le tome 4 voit l'émergence du Front populaire de Léon Blum et la syndication, ce tome perd un peu de son caractère purement breton, surtout que le héros se retrouve chez les pêcheurs de sardines du Pays Basque, mais il montre en même temps que la Bretagne est bien ancrée au sein de la France républicaine. Au final, le récit est dense, la lecture est un peu longue sur ce premier cycle, il faut un peu s'accrocher et vraiment aimer cet univers de pêche ; pour l'instant, je n'ai lu que ce premier cycle de 4 albums qui m'a laissé une bonne impression, mais je crois que j'attendrai un peu pour attaquer le suivant, j'attendrai même qu'il soit fini pour mieux apprécier la continuité. Une bonne série.

01/10/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Je ne sais pas quelle aurait été mon appréciation si je n’avais été charmé par cette région de Bretagne et si le sort des pécheurs du XXème n’avait pas un écho personnel chez moi (puisque je suis arrière-petit fils de pêcheur). Mais, voilà, me retrouver à Douarnenez en ce début du XXème siècle, en compagnie de ces chasseurs d’écume (et de sardines) ou au cœur de ces conserveries a été très agréable. Par ailleurs, et outre le cadre de cette histoire, il faut bien avouer que le récit est bien mené, construit sur une traditionnelle opposition entre deux familles et sur un amour impossible. De plus, chaque tome est séparé des autres par un nombre d’années non négligeable, ce qui permet d’évoquer l’évolution de la société mais aussi des personnages (en trois tomes, le jeune mousse du premier tome est devenu capitaine de bateau). Le dessin n’a rien d’exceptionnel mais cherche à retranscrire fidèlement les décors de cette histoire (qu’il s’agisse de bateau ou de bâtiments). Ce souci de véracité est louable et contribue au fait que je me suis senti plongé dans une autre époque. Par ailleurs, les personnages sont bien typés, le trait est expressif et dynamique au besoin. Rien de marquant à première vue, donc, mais ce genre de trait convient parfaitement au récit et ne souffre d’aucun gros point faible. Pas mal du tout, en résumé. Une série que je continuerai à suivre avec plaisir.

21/05/2014 (modifier)