Terra Australis

Note: 4/5
(4/5 pour 9 avis)

Une des plus incroyables odyssées humaines de l’Histoire a eu lieu il y a un peu plus de 220 ans. Environ 1 500 hommes et femmes ont été déportés, entassés à bord de 11 navires, parcourant plus de 24 000 km sur trois océans. Ils étaient des bagnards, des forçats, des condamnés... le rebut de l’Angleterre !


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Une des plus incroyables odyssées humaines de l’Histoire a eu lieu il y a un peu plus de 220 ans. Environ 1 500 hommes et femmes ont été déportés, entassés à bord de 11 navires, parcourant plus de 24 000 km sur trois océans. Ils étaient des bagnards, des forçats, des condamnés... le rebut de l’Angleterre ! On les a envoyés à l’autre bout du monde, dans un pays qui n’existait pas encore. Aller sans retour vers l’enfer ou chance inespérée d’une nouvelle vie ? Plus rien ne sera comme avant autour de ce nouveau monde, issu d’une terre ancestrale que les habitants d’origine appelaient Bandaiyan.. Laurent-Frédéric Bollée livre ici son From Hell, une œuvre magistrale de plus de 500 pages dessinées avec brio au lavis par Philippe Nicloux. Une création sans précédent dans l’histoire de la bande dessinée française et internationale.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Mars 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Terra Australis © Glénat 2013
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 9 avis)
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13/07/2013 | Tomeke
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L'avatar du posteur Noirdésir

« Terra Australis » est un gros pavé (plus de 500 pages !), dans lequel on se plonge avec plaisir, et qu’on n’abandonne – à regret – qu’une fois la lecture finie, d’une traite. Dès la lecture de la très belle introduction de Laurent Frédéric Bollée (dans laquelle il explique la genèse de l’ouvrage), je savais que j’allais aimer cet album. Et c’est effectivement un coup de cœur. Bollée prend son temps, pour nous présenter le projet de colonisation de ce qui sera l’Australie, mais aussi et surtout ses protagonistes. C’est une aventure difficile à imaginer de nos jours (envoyer des centaines de personnes sur une dizaine de navires à l’autre bout du monde, sur des territoires quasi inconnus), mais les temps de calme ménagés par Bollée ne font pas baisser l’intérêt, ils le renforcent. Ce n’est pas qu’une ode aux découvreurs, aux aventuriers. C’est aussi la description implacable de la misère du petit peuple d’Angleterre, du traitement inique de cette misère (les condamnations à mort, les cachots, et finalement cette déportation, puisque l’Australie a donc d’abord été un bagne permettant de se débarrasser – même après que la peine ait été purgée – des « classes dangereuses »). C’est aussi la description des incompréhensions entre Européens et Aborigènes (même si le chef de l’expédition anglaise est nettement plus modéré que la moyenne de l’époque, et si l’ethnocide, voire le génocide qui va suivre n’en est qu’à ses balbutiements). Bollée a visiblement fait un très gros travail de recherche (il donne une bonne bibliographie en fin de volume), et je ne sais pas ce qu’il a « romancé » pour faire vivre cette histoire. Mais ça passe en tout cas. Quelques étonnements de ma part toutefois : les deux rencontres de Smith avec La Pérouse (la première en France, la suivante à Botany Bay) me semblent improbables, mais pourquoi pas ? Me semblent aussi improbables ces marins plongeant dans l’océan pour se rafraîchir durant la longue traversée, alors même que très peu de personnes – marins y compris – savaient nager à l’époque. Enfin bon, je chipote, l’histoire se laisse lire sans accroc ! Si la lecture est aussi captivante, c’est aussi que le dessin de Philippe Nicloux, dans un beau Noir et Blanc, utilisant toutes les nuances que lui permettent ces deux « non couleurs » (jouant particulièrement sur le gris), est franchement réussi et très en phase avec le projet de Bollée. Même si le prix de l’album est élevé, ne vous y laissez pas arrêter – ou trouvez-le d’occasion. Mais c’est vraiment un chouette album, un projet ambitieux et réussi dont je vous recommande chaudement la lecture.

27/11/2016 (modifier)
Par herve
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur herve

Mais quelle épopée que cette aventure où nous entrainent LF Bollée et Philippe Nicoux. Je ne m'attendais pas à une telle lecture en commençant ce pavé. Littéralement, nous sommes proches d'un récit digne de l'Odyssée avec des personnages emblématiques comme le colosse Caesar ou le freluquet John Hudson, sans oublier le gouverneur Phillip et le romantique lieutenant Ralph Clark. Ce récit qui m'a vraiment surpris est mené de main de maître. Au cours des premières pages nous découvrons les principaux protagonistes de cette fantastique aventure : les déportés constitués de bagnards et forçats dans un Londres du XVIIIème parfaitement reconstitué par le dessin sublime de Philippe Nicoux,-avec de magnifiques planches consacrées aux fameux pontons et à la prison de Londres- et les marins de sa royale Majesté, le Roi Georges. Cette aventure sur plus de 500 pages nous retrace non seulement le voyage maritime vers la future Sydney mais aussi un reportage sur ces futurs colons, condamné(e)s à des peines diverses et qui peupleront le nouveau continent. En composant des pleines planches superbes, Philippe Nicloux nous offre un récit en noir et blanc d'une beauté à couper le souffle, le tout servi sur un scénario en béton de LF Bollée, dont je suis la carrière depuis plusieurs années. Ouvrage imposant s'il le faut, assez cher également, mais qui a su, aux dires de l'éditeur, conquérir un public assez large. Pour le moment, il s'agit pour moi, d'une des meilleures bandes dessinées que j'ai lues depuis ce début d'année. Dépaysant, instructif, intéressant et surtout bien dessiné. Que demandez de mieux ?

14/07/2013 (modifier)
Par Tomeke
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Terra Australis est une BD réussie… à plusieurs égards d’ailleurs. D’abord le récit ; il s’agit ici d’être le spectateur de la création d’une colonie sur le continent australien. Du projet à l’arrivée, en passant par le voyage et l’approche des « naturels », tout est présenté dans ce pavé de quelques 500 planches. C’est manifestement documenté ce qui rend l’album assez dense sans que cela ne devienne pesant. Pour se faire, le lecteur suit les destinées, parallèles puis croisées, de plusieurs protagonistes, ce qui permet à l’histoire de bien respirer et garder le rythme. Cette respiration, cette bouffée d’oxygène, c’est aussi, et surtout, dans l’humanité de l’histoire que l’album va la chercher. Tantôt touchant, tantôt blessant, l’état d’esprit du lecteur est parfois mis à rude épreuve. Non pas qu’il s’agisse ici de choquer pour choquer. Non, la spontanéité de ce voyage humain trouve son origine dans l’authenticité de son approche. C’est là, selon moi, la principale qualité de ce récit. L’autre qualité, également indéniable, vient dans la beauté graphique du trait et du noir et blanc. C’est beau, parfois très beau. À la fois dynamique et précis, j’ai trouvé le travail graphique tout simplement magistral. Seul léger bémol, certains visages se ressemblent un peu trop, ce qui peut par moment compliquer la reconnaissance des personnages. Au final, c’est un travail impressionnant qui a été réalisé par les auteurs. Une fois rentré dans le récit, il est très difficile de lâcher la barre. Suivre étapes après étapes les « motivations » des colons permet de percevoir l’aspect si fatidique, car tellement humain, de cette expédition. Chapeau bas Messieurs ! Du très bon boulot, tout simplement !

13/07/2013 (modifier)