Hotel Particulier

Note: 3.38/5
(3.38/5 pour 16 avis)

Un récit fantastique très personnel de Guillaume Sorel.


Dans mon immeuble... Fantômes

De nos jours, une jeune femme se suicide dans son appartement… mais ce n’est que le début de son histoire. Sous le regard d’un chat complice, manifestement capable de continuer à la voir, elle se met à hanter l’immeuble où elle a vécu, témoin involontaire mais intéressé du quotidien intime de ses anciens voisins. Ici un couple illégitime vit une passion charnelle, avec la complicité un peu perverse du mari trompé, là ce sont des parents dévorés d’angoisse face à la disparition inexplicable de leur petite fille, ou encore ce solitaire apparemment capable de faire surgir d’incroyables bacchanales des trésors de sa bibliothèque – sans oublier un jeune peintre sans le sou pour lequel la défunte ressent manifestement une attirance certaine…

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 29 Mai 2013
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Hotel Particulier © Casterman 2013
Les notes
Note: 3.38/5
(3.38/5 pour 16 avis)
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29/05/2013 | pol
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Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

J'ai lu cette BD par envie, au vu des critiques un peu divisées mais tout de même positives. Et effectivement, j'ai été bien surpris par le récit, mais dans le bon sens du terme. L'histoire m'a paru écrite par Rodolphe pendant un temps, puisque j'ai trouvé dedans une certaine mélancolie et un onirisme qui ne sont pas sans me rappeler les BD de l'auteur, notamment Le Temps perdu. Cependant c'est ma première lecture de Sorel, et vu ce qu'il en est ressorti, je pense qu'il ne s'agira pas de la dernière. Parce que j'ai beaucoup aimé cette BD. A la fois par son histoire, qui commence par un suicide et se poursuit dans une découverte de la vie intérieure de cet immeuble. Mâtiné de fantastique, le récit parle de différentes choses sans réellement s'attarder sur l'une d'entre elles. Nous découvrons un amateur de récit littéraire les faisant revivre, une vieille à chat particulière, un artiste maudit, etc ... L'originalité de l'introduction nous permet d'explorer tout cela par le regard de sa protagoniste, qui découvre la vie des voisins tout en racontant par petites touches ce qu'elle a vécu et ce qui l'a menée jusqu'à son geste. C'est un récit qui fait la part belle à la sensibilité : sensibilité artistique, sensibilité littéraire, mais aussi personnelle. Ce sont des drames vécues par des personnes réelles, bien ressenties, et le deuil est omniprésent dans l'histoire. C'est une histoire globalement plus sombre et mélancolique que joyeuse, mais avec des touches d'onirisme et de fantastique, elle apporte aussi quelques pointes de sensualité et de poésie. C'est très référencé en termes littéraires, bien sur, mais pas forcément rebutant. Je trouve qu'il y a beaucoup plus une invitation à venir explorer ces œuvres qu'une véritable citation nécessitant de les connaitre. Par ailleurs, c'est aussi, à mon gout, une façon de rappeler que nous nous approprions les œuvres à notre manière et qu'il est parfaitement possible de fantasmer sur les personnages de celle-ci ... Ce qui me semble être d'ailleurs un message de la BD : l'appropriation d'une œuvre ou d'une personne dans notre imaginaire (à travers le peintre bien sur, mais aussi par d'autres personnes). Le dessin explore des nuances de brun dans un mélange de genre, explorant à la fois l'érotisme léger, l'onirisme latent et la réalité d'un immeuble comme n'importe où. C'est une exploration des pages, parfois un poil trop chargées à mon gout (il aurait peut-être mieux valu parfois privilégier la pleine page, comme dans Karmen pour prendre un autre exemple de fantôme qui se balade), mais tout cela reste parfaitement lisible et prenant. D'autant que le dessin rajoute une dimension tragique aux personnages, et transmet à merveille les émotions ressenties. L'application est parfaite. En somme, la BD a de nombreux atouts pour elle, et j'ai trouvé à sa lecture (et également à sa relecture pour faire cet avis) qu'il y a quelque chose dedans qui mérite qu'on s'y attarde. Une sorte de message sur le fait de fantasmer sa vie, ou de vivre intensément malgré l'amertume de celle-ci. Très baudelairien, finalement, mais aussi très bien retranscrit. C'est le genre de BD que je trouve assez innovante car elle ne correspond pas à une catégorie précise mais semble se conformer à son propre monde, qu'elle crée pour ses besoins. Ni totalement fantastique, ni réellement érotique, naviguant dans la poésie et la mélancolie, pour mon plus grand plaisir.

22/02/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Guillaume Sorel nous montre encore une fois avec cet album tout son talent de dessinateur. Ses planches sont vraiment très belles. Et son travail à l’aquarelle, avec certains passages qui s’estompent, colle parfaitement à l’ambiance dans laquelle baigne cette histoire – puisque ici l’ambiance est presque aussi importante que le récit lui-même. La palette chromatique utilisée est restreinte, des dégradés de gris, des tons sépia, qui donnent quelque chose d’évanescent, de brumeux, propice à la rêverie et accompagnant très bien les ballades de l’héroïne dans l’immeuble. L’histoire quant à elle peut rebuter certains lecteurs. En effet, elle mêle fantastique, une certaine forme d’érotisme, et des citations littéraires (textes et personnages), prises dans l’œuvre d’auteurs du XIXème siècles, poètes maudits, petits romantiques, ou décadents – toutes références qui me touchent. Nous suivons donc une femme récemment suicidée, qui, tel un fantôme, erre dans son ancien immeuble, en compagnie d’un chat parlant, et observe les habitants. De la gamine enfermée et oubliée au peintre abandonné (sauf par les huissiers), en passant par un bonhomme capable de faire apparaitre des personnages de ses bouquins pour participer à des orgies, ou la folle qui bouffe des chats, le casting permet de multiplier les allusions littéraires (Alice par exemple) et les situations plus ou moins loufoques, noires ou érotiques, le fantastique jouant dans chacune de ces situations un rôle plus ou moins marqué – la « suicidée » maintenant ce fil rouge fantastique en traversant les murs, les miroirs, en se déplaçant sans toucher le sol, etc. J’ai vraiment bien aimé ma lecture. Que ce soit l’histoire – pleine de mélancolie, d’une rêverie noire, ou le dessin, vraiment beau et adapté au récit, on a là un album plein de qualités, dont je vous recommande la lecture.

22/08/2020 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Si j'apprécie le graphisme de Sorel, je suis en général assez réservé sur ses scénarios. C'est le cas pour cet album que je trouve sympathique sans plus. C'est l'histoire d'une femme qui se suicide dans la baignoire de son appartement et se retrouve fantôme à hanter son immeuble, découvrant les secrets des appartements des voisins et ayant pour confident un chat qui peut la voir et lui parler. Au fantastique de la thématique du fantôme s'ajoute celui de différents phénomènes surnaturels qui composent le mystère de certains des appartements en question. La jolie fantôme se contente généralement d'être témoin des événements mais va aussi tenter de s'impliquer autant qu'elle puisse, puisque théoriquement personne ne la voit ni ne la sent. A l'instar du graphisme, le ton est un peu gris et sombre. Ayant vu ce que Sorel peut produire avec des couleurs, comme dans Algernon Woodcock, je suis toujours frustré de le voir peindre en noir et blanc, ou en couleurs un peu sépia comme ici. Je trouve ce style triste et morne. Pourtant son trait est assez excellent et il y a un vrai soin apporté au graphisme, mais je ne suis pas sous le charme. Le ton du récit au départ est assez distant, assez contemplatif. On a droit à des extraits de poème en guise de narration, une héroïne à laquelle on ne s'attache pas vraiment et des situations qui ressemblent un peu à une suite de saynètes, appartement après appartement. Ce n'est que peu à peu que l'atmosphère s'humanise un peu, que l'ensemble s'imbrique un peu mieux et qu'on finit par s'attacher aux personnages qui participent enfin pour de bon à l'action. Néanmoins, l'atmosphère reste romantique-artistique, sombre et mélancolique, et je dois dire que ce n'est pas trop ma tasse de thé dans le cas présent.

23/12/2016 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Le point fort de Sorel, c'est son dessin qui parvient toujours à envoûter le lecteur ; ici, son dessin en forme de sépia au ton grisé est magnifique et donne indéniablement une ambiance fascinante à ce récit, c'est un beau travail graphique, mais tout ceci ne m'a pas transporté comme je l'aurais souhaité. L'idée de départ, à mi-chemin entre Lovecraft et Lewis Carroll, est intéressante, mais très vite, l'ennui s'est installé ; cet univers interpelle quelque part mais je n'ai pas réussi à me passionner ou à entrer dans cette atmosphère, c'est un récit étrange de fantôme mêlé d'érotisme, trop déroutant pour moi, je m'attendais à quelque chose de plus onirique ou de beaucoup plus fantastique chez un auteur comme Sorel, dans le genre de Algernon Woodcock... ce n'est pas ce fantastique là qui m'intéresse. C'est dommage que la plupart des sujets qu'il traite n'aient pas le même brio que son dessin.

18/09/2016 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur sloane

Cet album possède plusieurs qualités, celles-ci ne pouvaient que m'inciter a lui mettre cette note. Tout d'abord le dessin de Sorel dont je suis assez fan depuis de nombreuses années et qui à mon sens excelle dans le genre fantastique ou onirique. Ses teintes pastel, sépia qui jouent sur de subtils effets d'ombre et de lumière sont ici autre chose qu'un simple noir et blanc. Comment dire? Il y a comme un effet de transparence dans les planches qui s'offrent à nos yeux. Un autre point qui m'a fait apprécier cette histoire c'est que l'auteur qui n'abuse pas des dialogues, que par ailleurs je trouve très justes, cite quelques strophes de poèmes d'auteurs que j'aime beaucoup. Pensez donc, nous avons droit à Baudelaire, Rimbaud et Lewis Caroll. En aucun cas cela ne plombe le récit, tout au contraire cela ajoute à sa charge onirique. Il y a énormément de poésie, de magie dans cette œuvre, elle possède également un charme suranné qui nous propose autant de voyages qu'il y a d’appartements et de propriétaires. Laissez vous embarquer dans celui de ce collectionneur de livres, grand épicurien qui "anime" les personnages des romans qu'il possède. Affligez vous face au sort réservé à cet enfant coincé dans son placard et dont les parents ne savent plus rien. Méditez sur la bêtise banale de cette concierge qui n'aurait pas du .... et souffrez les affres de la création avec ce peintre aux abois qui recherche une image entraperçue dans un miroir. Enfin dernier hommage à Baudelaire, il y a le sphinx, le destin, en fait le chat!!!!

14/03/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Welcome to the Hotel California… euh, Hotel Particulier, pardon. Soyez prêt à être déroutés, déboussolés, désorientés… transportés dans un univers parallèle, illogique, étrange et fascinant. Pour guide, Sorel vous propose une bien séduisante trépassée et pour compagnons de voyages… et bien ceux-là, je vous laisse les découvrir par vous-mêmes puisque c’est là que réside tout l’intérêt du récit. Ici, le fantastique se cache derrière chaque porte, l’aventure se croise au détour d’une page et les miroirs ont des réflexions qui n’appartiennent qu’à eux. Ce récit risque de dérouter. Moi, il m’a charmé. Il est original, léger, étrange, triste voire sordide, amusant. A-t-il une logique ? Une finalité ? Honnêtement, je n’en sais trop rien. J’ai apprécié le voyage et ne me suis finalement jamais inquiété de la destination. Et puis, il y a le dessin de Sorel. Un grand artiste ! Je lui reproche parfois d’avoir un style pas toujours bien adapté à la bande dessinée mais, ici, c’est parfait et très bien mis en valeur par une colorisation sépia raffinée. Prêts à embarquer pour ailleurs ?

23/04/2014 (modifier)
Par fab11
Note: 3/5

Comme deux posteurs précédents (je ne citerai pas leur nom pour ne pas les vexer) c'est la première fois que je lis une œuvre de Guillaume Sorel et celle-ci ne me laissera pas un souvenir impérissable. C'est surtout l'histoire qui ne m'a pas emballé car le dessin lui est irréprochable. J'avoue que cette histoire fantastique m'a laissé plutôt froid , pourtant en règle générale j'affectionne beaucoup les histoires de fantômes. C'est dommage car l'idée de départ était intéressante , mais tout au long du récit j'ai senti l'ennui m'envahir. Pourtant l'idée de faire naviguer une jolie revenante dans un immeuble habité par des personnages aussi variés que bizarres aurait pu réussir à me fasciner, mais finalement ce ne fut pas le cas. Par contre j'ai bien aimé que ce charmant fantôme discute avec un chat et qu'un voisin réussisse à faire apparaître les personnages de romans classiques , mais les autres idées abordées dans ce one shot n'ont pas réussi à me passionner. Par contre comme je l'ai signalé plus haut le dessin est superbe . Ce dessinateur a vraiment beaucoup de talent et je ne vais pas tarder à me lancer dans ses autres séries, en espérant que son dessin soit aussi réussi que dans cet album. Alors je conseille tout de même aux fans de l'auteur la lecture de ce one shot, ne serait-ce que pour le dessin car celui-ci vaut vraiment le coup d'œil.

24/01/2014 (modifier)
Par dut
Note: 3/5

Je n'avait rien lu de Guillaume Sorel, je le découvre donc avec Hotel Particulier. C'est le dessin qui m'a d'abord attiré ! J'aime beaucoup ce trait, ces teintes de couleurs, à mi chemin entre le sépia et le noir et blanc, c'est parfait pour l'ambiance que veut donner l'auteur. Dans Hotel Particulier, on suit cette jeune femme fantôme, qui hante son immeuble et on va donc à travers elle suivre des tranches de vie, on est en quelques sorte un peu voyeur. Les histoires de ces voisins sont parfois dans l'imaginaire, le fantastique, voir un peu onirique avec par exemple un voisin qui prends du bon temps avec des personnages de ses romans préférés, ou alors plus terre à terre avec les difficultés du quotidien d'un artiste, une petite vieille qui déteste "vraiment" les chats. Le récit le plus important restant sans doute la "relation" qu'elle a avec ce voisin a travers le miroir. Même si j'ai apprécié ma lecture, je n'ai pas été transporté par ces petites tranches de vie, ces histoires. L’interaction avec le chat est très bonne, mais j'aurais aimé en savoir un peu plus sur cette femme, pourquoi le suicide ? Un peu épaisseur à ce personnage principal m'aurait intéressé.

30/12/2013 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue Boy

Sorel nous propose ici un voyage au sein d’un immeuble dont il brise les murs pour le transformer en un vaste continent des rêves et de l’imaginaire. C’est totalement sous le charme que l’on suit cette Ophélie rimbaldienne flottant dans les airs et traversant comme bon lui semble les parois et les plafonds, prenant un plaisir croissant à hanter les lieux et pénétrer à leur insu l’intimité des vivants. C’est ainsi que l’on survole les joies et les souffrances des protagonistes. Ici un couple désemparé dont l’enfant a mystérieusement disparu, là un amant au cœur brisé pourchassé par les huissiers, ou encore un étage plus haut, une sorcière pour qui les chats sont juste bons à faire des civets… Cette « promenade » donne également lieu à des rencontres aussi incongrues que surprenantes entre personnages de contes et de fiction, grâce à l’un des habitants, hédoniste solitaire amateur de bonne chère et de littérature, capable d’insuffler la vie aux personnages de son imposante bibliothèque. Il est plutôt amusant en effet de voir Miss Marple en compagnie notamment de Lolita et du baron de Münchhausen. L’ouvrage abonde également de références littéraires, à commencer par « Alice au pays des merveilles » qui lui permet de jouer de façon très poétique avec les miroirs… L’histoire est sublimée par le magnifique trait au lavis de Sorel, qui d’après moi fait partie des dessinateurs les plus talentueux dans le monde du neuvième art, aussi doué dans l’utilisation de cette technique que dans l’aquarelle (« Les Derniers Jours de Stefan Zweig »). Impossible de rester de glace en contemplant ces vues splendides des toits de Paris. Je me suis laissé très vite charmer par ce fantastique du quotidien, intemporel, bien plus troublant que tout ce qu’a à proposer l’ensemble des blockbusters hollywoodiens réunis… On pourra peut-être juste reprocher une certaine froideur, compensée largement par la poésie des images et un humour tout en retenue pour une histoire dont le point de départ (le suicide) était plutôt glauque. Sinon j’ai bien aimé le matou, sorte de sphinx mystérieux régnant sur la vie de cet immeuble et à qui rien n’échappe, habitué aux frasques des humains mais prêt à sortir les griffes dès lors que l’on s’attaque à ses congénères. Pour ma part, je ne regarde plus les chats tout à fait de la même manière depuis cette lecture…

29/12/2013 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Hôtel particulier est surtout une bd d'atmosphère qui possède de magnifiques planches à admirer. On va suivre au fil des pages les déambulations d'une belle fantômette qui se balade à travers un immeuble et qui explore la vie de ses voisins. Il y a de la magie et de la poésie. Il faut être sensible à cela pour pénétrer dans cet univers particulier tout en délicatesse. Les textes sont lyriques à souhait et on peut vite succomber entre l'ennui et la mélancolie. A ne pas lire dans la période de Noël par exemple... On retrouve également le fameux chat si cher à l'auteur et qui nous avait terrorisé dans Algernon Woodcock comme une sorte de clin d'oeil. En conclusion, c'est très beau graphiquement mais il faudra repasser par la case scénario car son absence pèse.

22/12/2013 (modifier)