Inès

Note: 3.58/5
(3.58/5 pour 19 avis)

Au coeur de la violence conjugale...


Dans mon immeuble... Douleurs intimes Violence conjugale Violences faites aux femmes

Pour tout le monde, c’est un couple ordinaire. Lui est perçu comme le mari idéal, elle comme la femme réservée. Pourtant, une fois la porte de leur appartement fermée, les visages changent. Des bruits sourds, des bleus masqués, les regards du voisinage ou des amis niant la réalité par facilité… Les humiliations et les coups constituent le quotidien de cette jeune mère de famille. Jusqu’à quand ? À travers ce récit bouleversant sur une question de société trop peu abordé, Loïc Dauvillier nous confronte au drame de la domination physique et morale d’un homme sur une femme, que le dessin sobre et sensible de Jérome D’Aviau rend particulièrement poignant.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 11 Mars 2009
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Inès © Glénat 2009
Les notes
Note: 3.58/5
(3.58/5 pour 19 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

16/03/2009 | iannick
Modifier


Par Erik
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Erik

On ne ressort pas indemne d'une telle lecture (malgré déjà 1500 avis déposés). Moi, j'ai éprouvé beaucoup de colère contre une société qui laisse faire ce genre de choses totalement inadmissible. Oui, de la colère contre ces hommes qui se croient de véritables mâles en dominant leur femme tout en s'abreuvant de canettes de bière. Il n'existe pas plus vil ... Je suis totalement bouleversé par la dernière image. :(( Si je pouvais éradiquer d'un cou de baguette magique ce fléau qui gangrène la société, je n'hésiterais pas une seule seconde à le faire. Pourquoi ne pas créer des comités de vigilance dans chaque quartier pour éviter que de tel drame ne survienne ? S'il faut passer par la dénonciation pour lutter contre ces êtres ignobles, alors oui. En n'oubliant pas de durcir la loi au maximum ... Bien entendu, ceci est mon parti pris personnel que m'a inspiré une telle lecture. Les monstres modernes doivent être combattus et pas seulement par des super-héros issus du passé ... Cette bd a le mérite de parler d'un sujet difficile en ne tournant pas autour du pot de manière hypocrite. Il n'y a point de sensiblerie inutile. C'est vrai que beaucoup de lecteurs éprouveront certainement un malaise devant notre impuissance. Mais il ne faut pas ... Il faut voir la réalité en face et agir en conséquence même s'il est difficile de rentrer dans l'intimité d'un couple. Cette lecture est d'utilité publique.

19/09/2009 (modifier)
Par Hesperide
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Je suis un peu comme Miranda : je n'ai pas grande sympathie pour l'héroïne de cette bd, et d'une manière plus générale pour les victimes-nées qui se laissent détruire sans se battre, ayant abandonné toute fierté et tout instinct de survie. Oui, mais. Il ne me semble pas que le but des auteurs ait été de nous faire pleurer sur le sort de cette femme mais plutôt de nous alerter sur la réalité de ces situations et leurs dommages collatéraux. Car, si on ne sympathise pas, on peut tout de même compatir et ressentir la détresse de cette mère qui s'est laissée enfermer dans une relation destructrice. D'ailleurs, les auteurs ne semblent pas vouloir lui trouver d'excuses. Ils la montrent telle qu'elle est : envisageant la fuite mais incapable de franchir le pas, très inquiète pour sa fille mais n'ayant pas le courage de remettre sa vie en question pour la sauver, comptant sur les autres tout en ayant peur qu'ils se penchent sur son cas, faible jusqu'à remercier son tortionnaire quand il la laisse en paix... Le personnage de la voisine, une jeune femme forte à qui on ne vient pas chercher des ennuis, est un excellent contre-pied, très crédible et très bien employé. Contrairement à Pasukare le choix de ne pas montrer la manière dont ce couple est tombé dans l'horreur m'a semblé pertinent : se concentrer sur le résultat permet de porter sur ce dernier un regard exempt de sympathie mal placée et de le présenter tel qu'il est : aberrant et inexcusable. Une très belle bd, donc. Très complète, dénuée de sentimentalisme comme de moralisme, et brillamment mise en image.

17/06/2009 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Spooky

Je suis assez partagé après cette lecture... D'un côté je trouve qu'elle est bonne, et à côté de ça je suis déçu. Les autres avis ont très bien su exprimer toute l'horreur que peut inspirer l'histoire de la maman d'Inès. Lorsque le couple devient violent, il est temps de changer, si on en a la possibilité. Enfin, je ne m'étendrai pas sur le sujet, si délicat. Disons tout de même que Loïc Dauvillier a su éviter beaucoup d'écueils, comme la mièvrerie, la surenchère, les effets de manche inutiles. Il a choisi de rester dans la sobriété, le factuel, sans en rajouter, et c'est une bonne chose. Maintenant, je trouve qu'il manque quelque chose. De l'âme ? peut-être. Je ne saurais vraiment dire. Car les auteurs ont fait de l'excellent boulot, les planches de Jérôme d'Aviau sont magnifiques, son noir et blanc est très travaillé, et son trait s'affirme d'album en album. [SPOILER] Par contre, une interrogation m'a perturbé (un peu) pendant la lecture : qui est Inès ? La logique voudrait que ce soit la mère, battue par son conjoint. Eh bien non, c'est sa petite fille. Sa fille, la seule qui lui permette de ne pas craquer. Celle dont l'amour est le remède, même temporaire, au calvaire de sa mère. Inès qui se retrouve aux mains des services sociaux à la fin de l'album. Inès qui reproduira peut-être plus tard le schéma de ses parents. C'est là que réside la véritable peur. Dans l'avenir. [FIN SPOILER]

28/04/2009 (modifier)
Par Ems
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Que dire sur cette BD ? Son thème traditionnellement tabou s'affiche de plus en plus dans les médias. Mais il reste souvent abstrait. La force de cette BD est de démontrer les mécanismes de la violence conjugale tant physiques que psychologiques. La narration est fluide et la lecture est relativement rapide. Mais l'objectif est atteint : passer un message fort. Apporter des images sur ces mots sans tomber dans le voyeurisme ou le sensationnel. Je suis surpris par la force du contenu alors que le dessin reste léger. Je ne trouve pas de défaut à ce one shot. La note maximum me parait justifiée. Un coup de coeur pour la sensibilité et le travail merveilleux des auteurs.

01/04/2009 (modifier)

Inès, ou l’un des derniers sujets tabou de notre société : la violence conjugale. Il faut du cran pour s’atteler à ce genre de sujets tant la tâche va être difficile, tant il est possible de passer du cliché lourd au grotesque lourd. Le dessin marque d’emblée le malaise, tout comme la première planche. Noir et dégradés de gris, le dessin est simpliste à l’extrême. Les ombres omniprésentes rendent admirablement l’atmosphère lourde du huis clos que nous allons vivre. Car toute la BD se situe dans l’appartement d’un couple avec une fille. Les cadrages ne sont pas vraiment innovants et plutôt monotones, mais les dessins transcrivent bien dans leur noirceur et leur âpreté l’état intérieur de la femme. J’ai déjà débordé sur le scénario, donc nous avons une enfant qui pleure, un couple « normal » aux yeux des autres. Pourtant de l’intérieur c’est dramatique : violences physique et morale de cet homme sur cette femme avec la présence de cette petite fille qui démultiplie l’émotion et la force violente. Ce couple de voisin est intéressant, ils sont plus jeunes. La femme s’étonne du bruit, des pleurs et va oser se mêler à l’intimité des voisins en allant demander si tout va bien. Son ami la moque plus ou moins gentiment lui qui ne veut pas entendre. L’homme va ouvrir et renvoyer chez elle cette voisine au bon sentiment en disant que tout va bien et que sa fille est juste un peu capricieuse. La réalité est autre la mère est bloquée dans les toilettes que frappe l’homme tandis que la petite fille appelle sa mère… Les pensées de la femme sont écrites, lui joue sur ses faiblesse, elle donne du crédit à ses paroles et actions. La journée sera un moment sans lui parti travailler, elle voudra s’accorder un temps de répits en jouant avec sa fille sans pour autant oublier. Elle profite d’une pause tout en pensant au prochain orage. La suite sera une soirée bière avec un collègue ramené par là. Elle se demandera s’il régira devant les traces de coup, lui sera gêné. Il a vu forcément, mais peut il intervenir, doit il intervenir, il le fera finalement par une timide réprimande lorsque les paroles seront trop dures mais celle-ci sera immédiatement annihilée par le persécuteur par une pirouette en disant que c’est de l’humour… On est mal à l’aise on se demande si ce n’est pas nous qui sommes là, gênés et impuissants, n’osant pas intervenir, devinant mais n’étant pas surs, ne voulant pas voir pour ne pas se gêner nous même en nous entrainant dans les problèmes d’autrui. La fin est tragique. Quand on pense que ne sont ici présentés que deux journées du calvaire de cette femme on remercie l’auteur de ne pas en avoir écrit plus. Dans cette courte BD au dessin adapté dans son trait violent se dressent pêle-mêle, indifférence, violence intellectuelle et physique, devoir, oubli, relation à autrui, éducation, individualisme, autorité, vie/mort, fuite, aliénation, non intervention, égoïsme… C’est bouleversant, très bien écrit, une vraie claque à la lecture. Acheter ce livre me parait très tendu, je ne me vois pas avec cette bombe noire à la maison, je ne me vois pas un soir vouloir lire cette BD pour passer un bon moment. Au contraire cette BD dérange, fait du bien à notre individualisme, bouscule. La lire me parait salutaire tant elle nous fait prendre conscience de notre propre individualisme face à la détresse d’autrui. Alors cette BD n’apporte pas de solution au problème, ne dit pas comment éviter le drame, elle le présente dans son horreur et sa tension si bien transcrite. Il me semble d’ailleurs que l’œuvre est construite en miroir, et j’ai l’effroi de penser que le jeune couple voisin sera lui-même dans cette situation tant les réactions de l’homme de ce couple ma paraissent faire naître celles du meurtrier… A nous maintenant de réfléchir et de savoir ce que nous ferions et de ne pas tomber dans ce drame…

31/03/2009 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Il est des sujets très sensibles pour lesquels un auteur se doit de faire extrêmement attention au ton employé. Trop mièvre, son récit deviendra anodin. Trop larmoyant, on lui reprochera son apitoiement sur lui-même. Trop véhément, il rebutera le lecteur, qui se sentira agressé. Avec « Inès », Loïc Dauvilliers et Jérôme D’Aviau parviennent à nous livrer une œuvre poignante, digne du délicat sujet traité : la violence conjugale. Ce portrait interpelle autant qu’il émeut. Les auteurs ont en effet l’intelligence de ne pas tomber dans la sensiblerie mais bien de laisser l’implacable poids des actes faire son œuvre. Sentiment de culpabilité de la femme battue, jalousie aveugle et machisme primaire du mari violent, aveu d’impuissance de voisins si proches mais respectueux de la vie privée d’autrui, honte et compassion du collègue de travail qui, lui non plus, ne désire pas se mêler de ce qui ne le regarde pas. Mais Inès le regarde, et au travers de son regard, c’est nous que les auteurs touchent. Nous voulons crier ! Hurler et jurer qu’au grand jamais nous ne laisserions une telle situation se développer dans notre univers, … mais nous craignons finalement d’adopter le même comportement que ces si passifs voisins. Œuvre poignante. Pour ce tragique destin d’une mère et de sa fille. Œuvre miroir. Pour ces témoins dont nous craignons d’être le reflet. Œuvre mature. Par sa maîtrise du huis clos et son art graphique, simple et dépouillé. Œuvre majeure. Je n’aurais pas su abandonner Inès en cours de route. Et bien après le terme de cette lecture, je reste sous le choc. … et me reviennent en mémoire ces paroles d’un morceau de Fish : « It’s nobody’s business, this family business », tel un écho musical pour cette œuvre graphique d’importance (Fish – Vigil in a Wilderness of Mirrors – Family Business – 1990).

30/03/2009 (modifier)

Inès est à mes yeux un modèle de sensibilité. Les attitudes de Inès et de sa mère sont décrites de façons remarquables. J'ai été particulièrement touché par les scènes mère/fille et les nombreux non-dits. Beaucoup d'émotions, qui toucheront particulièrement ceux qui ont été confrontés à la brutalité maritale ou parentale, de près ou de loin. Si en plus, ces mêmes personnes ont (ou ont eu) une petite fille, l'histoire risque de carrément prendre aux tripes. Et puis, putains de voisins, putains d'inconnus... Inès, c'est une histoire sans doute relativement banale, à laquelle on n'accorderait que peu d'importance dans la rubrique des faits divers du journal. Il n'empêche que c'est réellement poignant quand on ne se retrouve au cœur (et que c'est bien raconté).

20/03/2009 (modifier)
Par iannick
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur iannick

Loïc Dauvillier a réalisé de nombreux récits mettant en scène les problèmes de société et le quotidien de personnes, c’est donc sans surprise que j’ai découvert un nouveau roman graphique de sa part « Inès » sauf que, là, il s’attaque à un sujet extrêmement difficile : la violence conjugale. L’histoire en elle-même n’est pas très difficile à résumer. Le récit débute dans un immeuble où un jeune couple s’inquiète des cris répétés de la fille du voisin « Ouuuiin maman ! », la femme décide alors d’aller voir ce voisin qui lui répond que son enfant est capricieux et que ça passera à la longue, ce qui rassure un peu le jeune couple… mais la réalité est tout autre puisque à l’intérieur de cet appartement, l’homme et la femme sont en train de se déchirer… Ce récit se déroule uniquement en huis clos, le lecteur est invité à suivre les pensées et les moments difficiles de la femme maltraitée. C’est une histoire difficile et terriblement émouvante que nous propose Loïc Dauvillier. Quand je dis « émouvante », cela ne veut pas dire que cette bd est larmoyante mais tout simplement qu’à coup sûr elle ne vous laissera pas indifférent sur le sort de cette femme et de son enfant ! Moi-même, plusieurs heures après avoir lu cette bd, je suis encore sous le choc ! Ce qui est très fort de la part des auteurs, c’est que leur récit est doté d’une narration très efficace qui m’a scotché tout le long de sa lecture malgré le sujet difficile ! Impossible d’en décrocher ! D’autant plus que le trait de Jérôme D’Aviau m’est apparu parfaitement approprié à ce scénario, je l’ai trouvé plein de sensibilité et très expressif. Le noir et blanc suffit amplement à mettre en images cette histoire et l’auteur évite de surcharger automatiquement ses planches. Bref, j’ai vraiment aimé ce traitement graphique. C’est toujours la même chose quand je feuillette une bd de ce genre, je me demande à chaque fois si j’ai aimé cet album uniquement parce qu’il traite un sujet sensible. Dans le cas de « Inès », ce problème est rapidement réglé car non seulement cette bd m’a touché et ému, elle possède aussi une narration exemplaire et un dessin parfaitement adapté à ce scénario qui m’ont vite séduit ! Une réussite !

16/03/2009 (modifier)