Odile et les crocodiles

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

La vengeance faite femme...


Bichromie La BD au féminin Le Canard Sauvage Les années Métal Hurlant

Odile est comédienne. Un soir, à la fin d’une représentation, elle se fait agresser dans un parking. L’affaire passe en justice. Mais voilà que, à son grand étonnement, à son indignation, la jeune femme est plutôt considérée coupable que victime. Dans sa rage, Odile décide de se venger ; de rendre la justice elle-même… SA justice… violente. Odile va alors faire des rencontres. Et ces rencontres vont déboucher sur des meurtres ; meurtres qu’Odile narre à sa façon : à la première personne…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 1984
Statut histoire One shot (réédité) 1 tome paru

Couverture de la série Odile et les crocodiles © Editions de l'An 2 1984
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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17/06/2008 | L'Ymagier
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L'avatar du posteur Agecanonix

Vraiment un album curieux et surprenant, surtout de la part de Chantal Montellier que je connaissais assez peu en fait, n'ayant lu d'elle que Andy Gang jusqu'ici. Il s'agit d'une réédition d'un album de 1984 qui fut d'abord prépublié dans Métal Hurlant en 1983. C'est une fable urbaine sans morale sur le thème du viol dont l'héroïne se transforme en justicière impitoyable après avoir été traitée par la justice comme une quasi coupable. Faut dire qu'en 1984, la justice était beaucoup moins indulgente avec les victimes de viol, il a fallu des années et des années pour que les mentalités changent dans les postes de police afin de déposer plainte, pour que l'écoute soit plus attentive, et que le regard soit moins méprisant. Les gens plus jeunes qui liront cet album aujourd'hui auront sans doute du mal à comprendre cet état d'esprit, mais à l'époque, c'était comme ça, il faut recontextualiser. A travers cette Bd, Montellier pousse un cri d'alarme contre l'asservissement de la femme, c'est une Bd en forme de révolte avec cette femme traumatisée qui tue au gré de ses rencontres qui sont figurées par des crocodiles, prédateurs sexuels d'une jungle urbaine effrayante et qui sont les images mentales d'Odile parsemant l'action. Ces crocodiles feront en 2014 l'objet d'une bande Les Crocodiles qui soulèvera ce problème de façon encore plus virulente. On peut dire que c'est un prototype de Bd engagée qui relaie le féminisme des années 80, bref une Bd encore inclassable que j'aurais placée beaucoup plus dans ce genre plutôt qu'en policier, parce que c'est loin d'être un polar banal. Au niveau graphique, Montellier livre un dessin moins schématique que sur Andy Gang, tout en restant fidèle à son style semi-réaliste en bichromie, mais c'est le réalisme des situations qui est cru.

15/06/2022 (modifier)
Par L'Ymagier
Note: 4/5

Curieuse et « méchante » histoire que celle-ci, parue en 1984 – maintenant rééditée- et qui n’a rien perdu de sa force. Odile ?… une sorte d’ange exterminateur -référence au titre du film de Bunuel- qui hurle sa rage –à sa façon- dans une zone urbaine. Problème quand même : peut-on se faire justice en commettant des actes plus que délictueux ?… Grande question à laquelle il est –je pense- impossible de répondre. On n’est quand même pas ici dans la série des films «un justicier dans la ville » avec Charles Bronson où les gens se sont pris d’une réelle sympathie pour ce « tueur urbain ». Ici, Odile a souffert dans sa chair et veut –par son comportement- crier aux gens, au Pouvoir, qu’elle DOIT en passer par cette sorte de transformation psychologique pour se « nettoyer ». Amoral et assez fascinant dans son conteste, cet album est vraiment à part. L’histoire en elle-même est assez simple, mais ses développements en font que cet opus pourrait faire l’objet d’études sur fond de psychanalyse. Je ne connais pas l’œuvre de Montellier mais je dois dire qu’ici j’ai été percuté par cet album. Ai-je pris partie ou non pour Odile ?… ça, c’est mon problème. A vous de voir et de vous forger une idée après lecture de cette BD que je recommande.

17/06/2008 (modifier)