Couleur de peau : miel

Note: 3.86/5
(3.86/5 pour 14 avis)

Nous sommes 200 000 Coréens adoptés par la monde. C'est beaucoup trop.


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Jun Jung-sik errait dans les rues de Séoul quand un policier l’a pris par la main pour l’emmener au Holt, un orphelinat américain. Il avait alors 5 ans. Quelques photos, un rapport d’orphelinat… Ses souvenirs tiennent à un fil. Mais les questions le taraudent. 2007 : Jung décide de remuer les souvenirs ou les fantasmes de sa vie, en tout cas d’en finir avec une certaine période teintée de l’incertitude qui ronge. Il se raconte dans ce récit terriblement intime : sa survie en Corée, sa nouvelle famille belge. Une adoption pas toujours très réussie, contrairement à d’autres gamins. Mais cette histoire est la sienne : il a grandi avec, s’est construit avec, jours après jours, vaille que vaille. Les fous rires, les drames, le quotidien, les bêtises de gosses et les questions sans réponses… Sans aucune réponse ?

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 26 Septembre 2007
Statut histoire Série terminée 4 tomes parus

Couverture de la série Couleur de peau : miel © Soleil 2007
Les notes
Note: 3.86/5
(3.86/5 pour 14 avis)
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05/10/2007 | Spooky
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Par dut
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Je ne connaissait Jung qu'avec le magnifique Kwaïdan et la je le découvre sous une toute autre facette et dans un style complément différent. Dans un style en noir et blanc très expressif, Jung s'attaque à un thème qui ne devait pas être évident à traiter : Lui même ! Dans "Couleur de peau : Miel", Jung va nous raconter son enfance, sa vie d'adopté, depuis qu'un policier l'a trouvé errant dans la rue en Corée, en passant par son passage en orphelinat, son arrivé dans sa nouvelle famille en Belgique, son adolescence, et pour finir sur son retour en Corée. La boucle était bouclée. Une sacrée introspection ce récit ! Jung a traité ça habillement, malgré le thème principal fort (l'adoption, et plus précisément comment lui a vécu son adoption d'enfant Coréen), il n'a pas versé dans le larmoyant facile. Il ya de l'émotion certes, mais je l'ai toujours sentie "juste", c'est émouvant quand ça devait l'être, c'est poignant quand il le fallait, et surtout les passages un peu drôle ne tombaient pas comme un cheveu sur la soupe, c’était toujours bien à propos, et ça rendait le récit un peu plus léger par moment... J'ai vraiment adoré ma lecture, Jung a un vrai talent pour raconter des histoires et son histoire en particulier. J'aurais presque aimé qu'il en raconte plus ! Le début de sa vie de dessinateur de BD, sa première copine, la rencontre avec sa femme, etc etc. Mais le pauvre, il n'a peut être pas envie de se montrer plus... En tout cas, bravo M. Jung, vous avez fait une bien belle BD, et un très beau témoignage !

06/01/2014 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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L’adoption est un sujet difficile. Difficile parce que lorsqu’elle est internationale, l’enfant adopté a souvent une couleur de peau différente, et que dans ce cas l’adoption se « voit » tout de suite. La couleur de Jung est miel. C’est ce qui est écrit dans le dossier d’adoption dont héritent ses parents. Jung est l’un de ces centaines de milliers d’enfants coréens adoptés à l’étranger depuis 50 ans, depuis la fin de la guerre qui a laissé son pays exsangue et rempli d’orphelins. Jung est un auteur de BD, mais c’est aussi un enfant adopté. C’est une condition avec laquelle il a vécu à partir de l’âge de 5 ans, et cela le suivra toute sa vie. Jung a grandi à Séoul, trouvant sa nourriture dans les poubelles, errant dans les rues. Mais cette vie-là ne l’intéresse plus, sa vie est depuis 36 ans en Belgique, dans la famille Hénin. Une famille où il y a déjà 4 enfants biologiques, et où une petite sœur de Corée le rejoindra plus tard. Une famille où les parents ne sont pas parfaits, mais où il n’a manqué de rien. Une famille, tout simplement. Un entourage qui manque à des milliers d’enfants de par le monde, des enfants qui attendent des parents, des parents qui n’arrivent jamais pour certains. Jung a eu de la chance. « Couleur de peau : miel » est une autobiographie avant tout. Jung s’est posé beaucoup de questions sur ses origines. Sur sa mère, en particulier. Une mère dont il ne retrouvera probablement jamais la trace, mais à laquelle il n’en veut pas. Au contraire, il éprouve beaucoup de tendresse. L’avantage de ne rien savoir de ses parents biologiques, c’est qu’on peut les fantasmer à loisir. Là aussi, Jung a eu de la chance. Car parfois les origines d’enfants adoptés ne sont pas reluisantes. Mais l’adoption est un geste merveilleux. Il permet à plusieurs personnes de trouver une famille, à un enfant de s’épanouir, à des parents de combler un manque, de donner tout l’amour qu’ils ont en eux. Cela n’a rien à voir avec de la charité, ni avec une démarche humanitaire. C’est différent. Jung nous propose donc de plonger dans son histoire, avec ses yeux d’enfant adopté, donc une sensibilité très particulière, car en général ce sont les adoptants qui témoignent de leur expérience au travers de livres, films, etc. Il passe très vite sur sa vie « d’avant », sur laquelle il a visiblement tiré un trait, qu’il a enfouie dans un coin de son cerveau pour l’heure presque inaccessible. Cependant cette introspection a fait remonter quelques souvenirs, et Jung a décidé de se livrer sans fard, et probablement sans tricher. On a donc droit à une histoire très plaisante, avec de nombreux traits d’humour. L’auteur a décidé de ne pas se limiter au sujet de son adoption et de ses conséquences, mais aussi de nous parler de son apprentissage, de son histoire personnelle, comme ce passage très drôle sur son apprentissage de la sexualité. Remarquons tout de même que les thèmes relatifs à l’adoption (l’abandon, le déracinement, l’identité, l’Asie) parsèment son oeuvre. Quelque part, il avait besoin d’en parler, et cet album lui permet de le faire, de façon plus précise, plus honnête, quelque part. Pas de misérabilisme, pas de grands discours moralisateurs, pas de sensiblerie à outrance et c’est même un peu « confus ». A l’évidence l’auteur a décidé de coucher sur le papier ses idées presque dans l’ordre où elles surviennent, ce qui lui fait faire parfois des va-et-vient dans le temps. Cela ne gêne aucunement dans la lecture, au contraire ce parfum de spontanéité est tout à son honneur. Cette fraîcheur se ressent aussi au niveau graphique, puisque Jung propose un trait assez différent de ce qu’il fait d’habitude, un trait plus rond, plus « jeté », en un noir et blanc extrêmement lisible. Cela donne un triptyque essentiel, très fort, duquel l’émotion n’est pas exempt (j’ai par exemple été très touché par cette anecdote d’une jeune fille adoptée aux Etats-Unis qui après avoir retrouvé sa mère biologique, très pauvre, lui offre un somptueux dîner… au cours duquel sa mère ne mange qu’un bol de riz, et à l’issue duquel elle lui donne même quelques wons coréens…), mais qui n’hésite pas à ménager des plages de détente, avec des passages… croustillants. Jung n’aborde pas encore trop la politique d’adoption de la Corée, ni ses conséquences, mais il entrouvre la porte. Le deuxième tome faiblit un peu, mais j'avais surtout peur du troisième tome, quelque peu tardif, réalisé en parallèle avec un long métrage qui raconte son histoire, et surtout son voyage en Corée, près de 40 ans après l'avoir quittée. J'avais peur que ce troisième tome soit vide, qu'il ne soit qu'une sorte de coquille vide, un carnet de voyage d'un Européen allant en Asie. Et il n'en fut rien, absolument rien. Jung garde ce malaise, cette impossibilité d'accepter totalement sa condition, il n'arrive pas à chasser de son esprit le petit Jung de 5 ans. Mais le voyage aura tout de même servi, puisqu'au retour il semble plus serein, débarrassé de certaines névroses, et peut-être y aura-t-il un mieux dans la vie de Jung ? C'est tout ce que je lui souhaite. A lire absolument, que vous soyez concerné(e) par le sujet ou non.

05/10/2007 (MAJ le 17/10/2013) (modifier)