Alouette

Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)

- Je crois que cette bête te suit. Tu as déjà eu affaire à elle avant ? - Non. Enfin, peut-être que je l’ai déjà vue une fois… Mais je délirais, c’était sûrement rien qu’un mauvais rêve…


En eaux troubles Avant de s’échouer sur une île étrange, Alouette a fait un long voyage en mer enfermée dans un cercueil en bois. Seule, désorientée, elle ne se souvient de rien à part de Pilou, son petit frère qui n’est pas à ses côtés. Bien décidée à le retrouver, elle va d’abord devoir survivre ! Car cette terre est hostile et peuplées d’animaux inquiétants. Livrée à elle-même, sans repères, Alouette est miraculeusement recueillie par les deux seuls habitants de l'ile: un ancien capitaine de la navale un peu farfelu et une femme austère qui cache un lourd secret. Cela fait bien longtemps qu’ils ont renoncé à l’idée de quitter cette île, trop dangereux. Pourtant Alouette garde espoir, elle sait que son frère a besoin d’elle… À mesure qu’elle s’acclimate, des bribes de souvenirs vont refaire surface, ces flashs lui révèlent un passé trouble où la misère et le froid vous transpercent les os. Mais qui est vraiment Alouette et d’où vient-elle ? Bientôt la jeune fille va redoubler d’efforts pour construire un radeau. Elle n’a qu’un but, quitter cette maudite île où hallucinations, rêves et créatures hybrides se confondent. Mais rattrapée par ses souvenirs, elle devra faire face à ses démons et accepter son passé si elle veut avancer… « Récit aux allures survivalistes aux confins de la folie et du difficile chemin vers l’acceptation, Alouette nous surprend par sa fluidité narrative et la richesse de ses différents niveaux de lecture. Une œuvre sensible et subtile pour un jeune dessinateur prometteur qui signe là son premier album solo. »

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 29 Janvier 2025
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Alouette © Glénat 2025
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 2 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

15/02/2025 | nisaY_keciC
Modifier


Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue boy

Voilà une BD vraiment surprenante à bien des égards. Tout d’abord, si la couverture, malgré son côté un peu inquiétant, pourrait suggérer qu’on a affaire à un ouvrage jeunesse, il ne faut absolument pas s’y fier. Dès les premières pages, ce sont deux enfants qui sont mis en scène, une fille et un garçon, celui-ci se noyant tragiquement sous les yeux de sa compagne après une violente tempête en mer… D’ailleurs, on n’est pas sûr que cette dernière soit vraiment une fille avec ses cheveux courts en bataille et sa tenue masculine (l’action se situe tout de même dans un passé lointain, au XVIIIe siècle environ, même si cela n’est pas précisé). Bref… L’île où elle échoue est loin d’être un paradis perdu à la Robinson Crusoé… En effet, très vite on bascule dans une sorte de cauchemar où, au cœur d’une nature peu avenante, un monstre effrayant ne va pas tarder à surgir, avec d’autres créatures qui semblent appartenir à une autre planète… Et tout cela n’est que le début. Car la suite viendra confirmer que ce n’est pas vraiment un album adapté aux gosses. Alouette, la jeune « garçonne » présente un caractère énergique et souvent agressif, on la découvre rongée par la culpabilité et en proie à ses démons, se sentant responsable de la mort supposée de Pilou. Constamment sur la défensive, on perçoit la tempête sous son crâne, mais elle semble malgré tout avoir trouvé une forme d’apaisement en compagnie d’Orville et de Wiks. Mais comment tout cela est-il arrivé ? Dans une narration alternant présent et flashbacks, on découvre qu’Alouette et Pilou, contraints de mendier ou de se prostituer pour survivre, étaient pourchassés par la soldatesque royale, après que le gamin ait tué accidentellement un garde. Dans cette société médiévale où règne la misère et l’injustice, les enfants vagabonds peuvent très bien finir dans les geôles royales. Sans trop spolier le récit, on dira que les deux enfants se retrouvèrent passagers clandestins d’un navire, juste avant le naufrage ayant entrainé la mort de Pilou, du moins c’est ce que semble s’imaginer Alouette… La thématique centrale du récit, la culpabilité et la rédemption, l’éloigne encore davantage du registre jeunesse, pour un dénouement terrible qui laisse le lecteur littéralement pétrifié. Andréa Delcorte donne par ailleurs quelques coups de canifs discrets aux stéréotypes de genre ; d’abord avec Alouette et ses allures de « garçonne » qui ne veut pas s’en laisser conter, puis avec Wiks, la jeune femme autochtone, d’une rare bienveillance, à la fois douce, maternelle, et forte comme un roc… Et c’est aussi ce qui ajoute à la force du récit : des personnages bien construits et attachants. C’est très bien raconté, et le dessin, qui pourrait paraître simpliste au premier abord, sert parfaitement bien cette histoire comme un fil tendu qui respire l’urgence. Le trait est extrêmement nerveux mais parfaitement lisible, la mise en page dynamique, accompagnant très bien la tension narrative qui enserre le livre sans relâche. Certaines planches sont même très belles, notamment celles où Orville et Andrea quittent l’île à bord de leur coquille de noix pour se retrouver plus tard au cœur d’une tempête en pleine mer… De même, les huit scènes médiévales qui clôturent le livre évoquent certaines peintures de Bruegel. « Alouette », c’est la très bonne surprise qu’on n’attendait pas, et qui place d'emblée Andréa Delcorte sur la liste des auteurs à suivre. Un récit extrêmement âpre sur l’enfance, se déroulant dans un monde impitoyable, qui ne s’adresse donc pas aux enfants mais reste transcendé par son onirisme vénéneux et véritablement fascinant.

17/05/2025 (modifier)
L'avatar du posteur nisaY_keciC

Dans Alouette, Andréa Delcorte nous entraîne aux côtés d’une héroïne livrée à elle-même sur une île inconnue et inhospitalière. En quête de Pilou, elle doit affronter un environnement oppressant : une nature qui semble toxique, des créatures menaçantes, et surtout des visions troublantes. Peu à peu, des fragments de son passé resurgissent, entremêlant souvenirs douloureux et hallucinations. À travers ce récit, l’auteur explore avec finesse la mémoire traumatique. Alouette, marquée par une enfance difficile et des épreuves brutales, se retrouve confrontée à ses propres démons dans un monde où la frontière entre illusion et réalité se fait de plus en plus floue. Comme elle, le lecteur avance en terrain incertain, pris dans un labyrinthe sensoriel jusqu’au dénouement. Le dessin, sombre et immersif, accentue cette atmosphère suffocante, renforçant le sentiment de perte de repères. Alouette est une œuvre marquante, à la fois crue et poétique, qui nous happe jusqu’à la dernière page.

15/02/2025 (modifier)