La Marche Brume

Note: 3.71/5
(3.71/5 pour 7 avis)

Un conte moderne entre récit d'anticipation et fable écologique.


Ogres Sorcières

Avant, on n'avait pas peur des forêts sombres et des vieilles croyances, des cris de bêtes qui déchirent la nuit et des ombres incertaines qui rôdaient dans les champs. On se moquait bien des trolls cachés sous les ponts, des déesses vengeresses, des géants de nuages ou des diables des crevasses... Alors on brûlait les arbres millénaires pour se chauffer au printemps et on empoisonnait la terre pour la forcer à vomir ses fruits. Et puis un jour, la Brume a tout emporté. Oh, pas la petite brumouille du matin ou la semi-brume des lendemains de pluie, non ! La brouillasse, la vraie. La purée de boue, la bouillie de charbon, noire et épaisse comme de l'encre en suspension. Celle qui engloutit tout pour recracher des monstres qui vous dévorent à leur tour. Celle dont personne ne revient... sauf la petite Tempérance, une ogresse attachante. Sauvée de justesse par Grisette la Semeuse, une sorcière aussi puissante que bourrue, la petite fille est élevée dans la tranquillité d'une sororité de vieilles femmes qui vivent dans les montagnes. Mais dix-huit ans plus tard, la Brume terrifiante finit par frapper durement la communauté, forçant un petit groupe de sorcières à quitter le village pour tenter de percer les mystères du fléau. Il est temps de sortir les grigris et de se rappeler des vieilles incantations et des leçons de kung-fu pour se lancer dans une grande aventure qui changera le destin de la jeune Tempérance à jamais. Un conte écologique moderne, drôle et sombre à la fois, empreint de métaphores servant de belles réflexions et jouant, non sans humour, avec les stéréotypes du monde foisonnant de la sorcellerie.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 25 Août 2023
Statut histoire Série en cours 2 tomes parus
Dernière parution : Moins d'un an

Couverture de la série La Marche Brume © Dargaud 2023
Les notes
Note: 3.71/5
(3.71/5 pour 7 avis)
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31/08/2023 | Cacal69
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Par gruizzli
Note: 2/5
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Oulah... J'hésite presque à laisser cet avis, tant je me sens à contre-courant de la majorité, mais là je me dois de le faire. Déjà parce que c'est rare qu'une BD m'énerve, mais aussi que ça faisait quelques temps qu'une BD ne m'avait pas lassé au point où j'ai dû me forcer pour finir. Et j'ai des raisons de tout ceci, que je pense nécessaire d'expliquer. Je ne vais même pas m'étendre sur les qualités de la BD, les autres avis l'ont fait bien mieux que moi et je vous y renvoie si vous voulez avoir envie de lire la BD. Personnellement, je ne dirais que ce qu'il en est quant à mon appréciation, et je dois dire que je suis blasé. Je connaissais déjà Stephan Fert dont j'ai apprécié Peau de Mille Bêtes mais dont le Morgane me semblait carrément moins bon. La BD est un mélange de genre, mais tourné principalement vers la fantasy, utilisant l'image des sorcières. Sauf que la BD est avant tout porteuse d'un propos et que c'est ce propos (que j'avais déjà senti dans d'autres BD de l'auteur) qui vient avec des sabots d'une taille monumentale et tellement gavés de clichés que j'étais vite écœuré. Ça a commencé par la jeune femme venue voir les sorcières pour une potion d'avortement, ce qui m'a paru tellement cliché que j'ai soupiré, puis la vieille qui plante des plantes médicinales que beaucoup pensent être des mauvaises herbes. C'est tellement convenu, tellement cliché (et ça semble indiquer que l'auteur n'a jamais essayé de planter des haricots quand ce foutu plantain a décidé de coloniser l'espace !), et surtout ça n'arrête pas ! On a les clichés sur les sorcières (balais, chapeaux pointus, robes) mais sans interroger la figure qu'elle représente, on a la sororité avec une opposition manichéenne entre les hommes (méchants et violents) et les femmes (qui ont été opprimées et luttent pour une indépendance dans une entraide bienveillante). Et je suis désolé de le dire, mais lorsqu'on essentialise des personnes selon leurs genres, même en positif... ben ça s'appelle du sexisme. Et j'ai l'impression de voir une succession de clichés new-age sur les hommes et les femmes avec la figure centrale de la sorcière (que j'ai rarement vu bien utilisée à mon goût, sauf chez Pratchett) avec un discours écologique basique et une morale sur la violence des hommes qui m'agace maintenant prodigieusement. Ça n'interroge pas les fondements du patriarcat - donc les rapports de pouvoir - ni les fondements de la crise climatique, ça baigne dans des clichés... Mais je pense que c'est surtout le moment où ça parle d'un scientifique que j'ai compris l'agacement que je ressentais. Les sorcières parlent de la science comme d'un truc des Omis (les non-sorcières mais dans le discours on dirait que ça parle des hommes), à l'opposé de la magie fait par les sorcières (donc des femmes). Avec un message de "chacun sa croyance, on évite de heurter l'autre en parlant de ça". Et là, je me sens comme lorsque je devais débattre avec mon coloc complotiste. Non, la science n'est pas une croyance. C'est même exactement l'inverse, c'est l'abstraction totale de ses croyances. En disant ça, je comprends que l'auteur ne voit pas ce que c'est la science, ne le comprend pas (et je pense que les femmes scientifiques doivent être ravies d'être exclues de la sororité magique parce qu'elles aiment bosser sur des trucs concrets), tout en mettant la science dans un sac de croyance ce qui la met au rang de n'importe quelle envie de croire en un lutin ou un dieu. Et je suis désolé, mais ça n'est pas ça. Et si je tique si fort dessus, c'est que ce message me semble représentatif de l'ensemble : une soupe new-age, teintée de lutte féministe mais sans le fond, sans la réflexion, sans la méthode, essayant de parler d'écologie en montrant qu'il ne faut pas arracher toutes les herbes de son jardin (je suis d'accord mais ça mériterait plus de fond quand même) et avec un vieux fond de sexisme dans les représentations des genres. Le tout dans une histoire qui m'a paru clichée régulièrement, même s'il y a des trouvailles sympathiques. Je rappelle que je m'abstiens volontairement de faire la liste des aspects positifs pour exposer ce qui m'a sorti de la BD ! En fin de compte, je ne vais pas lire la suite que j'avais pourtant réservée à la bibliothèque. J'ai assez donné avec ce premier tome que je me suis forcé à finir. En fait, j'ai le même ressenti final qu'après Ys ou Les Filles de Salem, à savoir l'instrumentalisation pour un message simpliste d'une figure que le féminisme réinvestit. Sauf que je ne peux pas passer outre tous ces défauts, notant qu'il y a une vraie différence entre ce traitement et celui d'autrices que j'ai pu lire, ce qui me fait poser la question de si c'est moi ou le regard masculin de ces auteurs que je n'aime pas. Un sujet de débat qui est personnel, mais quand j'en suis rendu à ce genre de réflexion en sortant de la BD, c'est que clairement elle ne me convient pas.

15/10/2025 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

De la fantasy dans un décor qui présente un soupçon de post-apocalyptique, voilà qui est original et surtout très bien réalisé. Tempérance est une jeune ogresse qui a été recueillie et élevée par une communauté de vieilles sorcières attachantes. Toutes se protègent de la Brume, un brouillard noir qui parait doté de volonté et a détruit la civilisation humaine il y a longtemps. Quand les sbires de celle-ci parviennent un jour à abattre leurs protections magiques (en fait, des courges), Tempérance est obligée de se rebiffer et de montrer qu'elle est capable de voir dans la Brume et de combattre ses créatures avec son... kung-fu. Oui, il y a de l'humour dans cette BD, mais il s'intègre parfaitement bien et rien ne parait loufoque. On est dans de la bonne fantasy humaniste, avec surtout d'excellents personnages. Le discours est un peu féministe et écologique, avec une communauté de femmes qui voient les hommes comme une menace et prônent le retour à la Nature, mais il est discret et naturellement appuyé, ne présentant aucun pamphlet agaçant. Et surtout on s'en fiche tant chacune de ces femmes est attachante, amusante ou intéressante : ce sont les personnages et l'histoire qui comptent, pas un éventuel message caché derrière. Il y a une vraie intrigue, une vraie menace et deux vrais mystères : l'origine et les intentions de la Brume d'une part, et l'origine et les pouvoirs cachés de Tempérance. En outre, les assez rares éléments postapocalyptiques apportent une touche d'originalité dans ce qui aurait pu être une simple histoire de fantasy. Le tout est mis en scène avec le dessin très sympathique de Stéphane Fert, dont le style, les couleurs et les ambiances brumeuses sont parfaitement adaptées à l'histoire. J'ai passé un excellent moment et j'ai hâte de lire la suite, avec un peu d'appréhension toutefois car la décision que prend Tempérance en fin de premier tome me laisse craindre une suite un peu plus convenue et moins attachante. Je croise les doigts pour me tromper.

15/02/2025 (modifier)
Par Vanupieds
Note: 4/5

Magique ! Comment être ensorcelé par un récit, des images ? Tout simplement en lisant cette aventure. Au début ça parait un peu minimaliste. Décors taillés à la serpe, travail qui parait bâclé mais en fait l'auteur installe une ambiance de conte. Alors oui il faut une âme d'enfant pour lire cette histoire. Mais tout est bien mené, on s'ennuie pas et ce côté féministe ! Des gentilles sorcières je vous dis ! J'attends la suite...

13/12/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Deretaline

Un très bon premier tome ! Non content de nous raconter une histoire aux allures de conte, nous parlant d’écologie, de spiritualité et un peu de féminisme aussi, ce premier album arrive à être plus qu’une simple introduction à son récit et à son univers. Beaucoup de choses sont développées ici et, même si beaucoup restent en suspens, on ne ressort pas en se disant d’avoir assister à la simple lecture d’un incipit. Petit spoil le temps de ce court paragraphe (spoil sans doute peu important in fine car il s’agit d’un aspect qui définira la suite de la série mais ça reste un twist qui surgit à la moitié de cet album). J’ai beaucoup apprécié le fait de traiter le sujet post-apocalyptique sous l’angle d’un retour à la spiritualité et à une vie plus proche de la nature. Ce n’est pas nouveau mais c’est un type de récit qui me parle tout particulièrement. Les dessins de Stéphane Fert sont, comme toujours, magnifiques. De belles couleurs vives jouant sur des contrastes sombres, des formes rondes et un style presque crayonné. Sans doute pas du goût de tout le monde, personnellement je trouve ses dessins pleins de charme. Le cahier de brouillons à la fin est un vrai plus pour moi. Une série que je vais suivre avec assiduité.

13/11/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 Un beau conte de Stéphane Fert quoiqu'il faudra que je lise la suite pour savoir si j'aime complètement le récit parce que dans ce premier tome il pose surtout les bases de son récit. Contrairement à d'autres premiers tomes de plein de séries modernes qui semblent n'être que des longues introductions, il s'en passe des choses dans cet album même si certains éléments ne sont qu'effleurés pour le moment. L'univers féérique imaginé par l'auteur est intéressant et les personnages sont attachants et ont chacun leur caractère bien distinct. Fert utilise bien des thèmes politiques sans que ça ne devienne lourd. L'album se termine sur un cliffhanger qui donne vraiment envie de lire la suite ! Le dessin est dans le pur style auquel Fert nous a habitués dans ses autres albums et je l'aime bien.

17/03/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

J’aime la BD (le scoop !!) et je suis ravi de voir qu’elle a encore de beaux jours devant elle. Je fais référence à cette génération d’auteurs qui en quelques albums sont devenus, à mes yeux, des valeurs sûres (P-H Gomont, T. Le Boucher …). Stéphane Fert en fait également partie, même s’il n’est pas systématiquement seul à la barre, j’aime la sensibilité qui se dégage dans le traitement de ses sujets, je trouve qu’il y a toujours un côté féerique. Le tout est systématiquement sublimé par sa patte graphique, aux couleurs si chatoyantes pour mes rétines. Bref vous l’aurez compris, je pars déjà conquis, mais qu’en est t’il vraiment ? Pour qui connaît l’auteur, La marche brume ne surprendra guère, on connait maintenant sa marque de fabrique. Un graphisme inspiré dans une mise en page impeccable, je ne sais pas trop comment expliquer mais j’adhère totalement à son style, malgré la fureur de certaines scènes, ses planches m’apaisent, j’aime m’y perdre, je ressens comme un effet doux thérapeutique. Niveau histoire, on retrouve son amour pour les contes. Cette fois, il se lance dans une série et développe autour de sorcières une fable moderne, subtilement teintée d’un zeste de féminisme et d’écologie. Rien de bien sorcier dans les ingrédients mais un scénario qui n’ira pas dans les lieux communs, un bon début d’aventure, fluide, dense et plein de magie dans sa réalisation. Ce n’est pas mon album préféré de l’auteur, mais c’est toujours vachement bien. Enjoy :)

18/09/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
L'avatar du posteur Cacal69

Je suis bien embêté pour noter ce premier tome. Comme pour Peau de Mille Bêtes, j'ai eu du mal à entrer pleinement dans l'histoire, j'y suis arrivé avec le début de la quête de nos sorcières. J'y reviendrai. Une série qui risque d'en surprendre plus d'un. Stéphane Fert pose les fondations d'un récit riche et captivant qui sous un ton souvent humoristique parvient à mettre en avant des sujets d'actualité, le vivre ensemble et l'écologie avec les ressources épuisables de dame nature. Un récit dans un univers médiéval qui mélange les genres, le conte et le fantastique prennent beaucoup de place, mais en moins de deux planches Fert redistribue les cartes pour nous faire entr'apercevoir une nouvelle direction, celle du récit d'Anticipation. Un monde moyenâgeux où les hommes sont appelés les Omnis et où la Brume est un fléau qui emporte tout sur son passage. Une jeune ogresse au doux nom de Tempérance est sauvée des Omnis et de la Brume par Grisette la Semeuse, elle va élever cet enfant au milieu de ses "sœurs" sorcières ou aussi appelées les Brouches. Après des années de tranquillité, la Brume revient et attaque le village des sorcières. Il est alors décidé de trouver la cause de cette Brume et c'est ainsi que Asma la Sculteuse, Hélène, Ezilda la Semi-Sorcière, Grisette la Semeuse et Tempérance partent sur les origines de ce mal, une quête qui va les mener sur des chemins difficiles. J'ai eu du mal à entrer dans cette histoire et le ton "enfantin" employé par moments n'y est pas étranger. Une narration fluide et le récit prend du poil de la bête dès que la quête débute et là j'ai pleinement apprécié ma lecture. Un premier album qui met bien en place les différents éléments de l'intrigue, bien que tout reste encore très mystérieux. Les sorcières sont adorables avec des traits de caractère très différents et notre ogresse n'est pas en reste avec son côté rentre dedans. J'ai aimé l'humour bien présent et le vocabulaire employé, je vous laisse les découvrir. Graphiquement, on reconnaît au premier coup d'œil le style caractéristique de Stéphane Fert, je lui trouve beaucoup de charme avec son esthétisme singulier et ses couleurs pastel, mais ce n'est pas le dessin qui me plaît le plus. Je constate néanmoins qu'il fait bien le job. Je donne donc un petit 4 étoiles pour le côté surprenant du scénario et je lirai évidemment la suite des aventures de Tempérance.

31/08/2023 (modifier)