Face de Lune

Note: 3.46/5
(3.46/5 pour 13 avis)

Un simple d'esprit doté de pouvoirs fantastiques apparaît subitement sur une île qui subit le joug d'une féroce dictature. Du grand Jodo !


Boucq Casterman : Un monde Dictatures et répression Jodorowsky Les années (A SUIVRE) Spiritualité et religion

C'est l'Ovocratie ! Une dictature insulaire et sanguinaire aux ordres d'un couple de paysans bouseux et parvenus, anciens vendeurs d'oeufs. Les opprimés, les rebelles, vivent dans les égoûts, véritables souterrains truffés de pièges mortels, où la police ne peut les déloger. Même l'océan gronde, et de mystérieuses vagues dévastatrices s'abattent de plus en plus souvent sur l'île au bord de l'explosion. Au milieu de toute cette violence apparaît un être impossible : Face de Lune, le Dompteur de Vagues !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 1992
Statut histoire Série terminée (Réédité en 2 tomes plus épais) 5 tomes parus

Couverture de la série Face de Lune © Le Lombard 1992
Les notes
Note: 3.46/5
(3.46/5 pour 13 avis)
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22/05/2003 | Davidovitch
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L'avatar du posteur Noirdésir

C’est une réflexion que je me fais souvent à son propos : Jodorowsky a toujours su (ou alors toujours eu la chance de) s’entourer de très bons dessinateurs. Et cette série ne déroge pas à la règle, puisqu’il coopère ici avec Boucq (ce qui se reproduira plusieurs fois). Le dessin de Boucq donc est vraiment bon, parfait pour mettre en image l’univers délirant issu de l’imagination fertile de Jodo. Seule la colorisation, un peu terne et datée, me laisse un peu sur ma faim. Mais pour le reste, c’est du tout bon. L’histoire concoctée par Jodo lui permet de laisser libre court à son imagination donc, en créant une société totalitaire, mêlant archaïsmes et modernité (remarque valable pour les idées comme pour les objets). Évidemment des rebelles, et évidemment, un grain de sable, en la personnalité de Face de Lune, sorte de simple d’esprit béat aux pouvoirs immenses, qui traverse le danger avec la même innocuité que le font les balles dans son corps. Univers de fange, grandiloquent et parfois grotesque (voir les délires verbeux et paranoïaques du dictateur, et les froids calculs de sa mère, voir les orgies dans le grand bordel, etc.). Un univers où la folie se donne parfois des airs poétiques (comme la cathédrale qui renaît de ses ruines par exemple), même au milieu de décors qui ne s’y prêtent pas facilement. Bien sûr, on est chez Jodo, et donc on ne peut échapper à une bonne dose de religieux, de mysticisme (même si c’est le plus souvent pour en prendre le contre-pied, dans une critique jouant sur un grotesque blasphématoire). Ici, si les sortes de cardinaux qui dirigent la police sont bien présents, et si Face de Lune ou d’autres personnages peuvent avoir un côté christique, messianique, cela reste longtemps contenu, et ne dépasse pas certaines limites, qui souvent rendent indigestes les séries du maître. Lorsque cet aspect domine trop, c’est clairement moins intéressant. Mais globalement, c’est une série originale et captivante, qui mérite un coup d’œil. Note réelle 3,5/5.

16/10/2019 (modifier)
Par jul
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Pas la meilleure série de Jodorowsky mais un univers vraiment original, beau et sauvage à la fois (plus sauvage que beau après réflexion), voire trash. Jodorowsky s'est lâché ! Tout le monde est horrible physiquement (le graphisme de Boucq n'aidant pas à refléter la beauté, magnifique mais pas spécialement "agréable" à l'oeil). Tout le monde est mauvais, bête ou cruel en dehors des deux héros. L'innocence de Face de Lune ne l'empêche pas de déclencher des vagues gigantesques qui balaient tout sur leur passage, les bons comme les mauvais. Le moment ou la cathédrale invisible se construit est proprement hallucinant, sublime. Un des rares moments poétiques de cette série, ce qui en amplifie l'intensité. On rêverait de voir cela en film. Des moments hallucinants, cette série n'en manque pas : la mise à mort de l'orc (horrible), la grotte de la monstrueuse reine mère avec cet espèce de gang-bang mystique, la bande de terroristes punks dans les égouts, j'en passe et des meilleurs ... Jodorowsky est fou. Après je peux reconnaitre que ces excès peuvent lasser. On connait son univers, cela finit par se ressembler d'albums en albums. Et puis cette série est extrêmement nihiliste et trash et peut écoeurer. Moi j'adore !

13/02/2013 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

Je me souviens que lorsque j'ai lu cette série pour la première fois, j'avais 13-14 ans et j'étais plutôt dégouté par ce que je lisais car je n'étais vraiment pas habitué à ce genre de série. Aujourd'hui, maintenant que je suis habitué au style particulier du scénariste, j'aime cette série et c'est l'une de mes préférées de ce scénariste car je retrouve un monde aussi délirant que celui de L'Incal. On retrouve les thèmes préférés de l'auteur sans que cela ne retombe dans une énième quête initiatique. Ici, on parle plutôt d'une lutte pour le pouvoir qui est très bien exploitée même si au début j'ai eu un peu de mal à me retrouver car il y a beaucoup de personnages. Le scénario est captivant et rempli d'idées originales. Le dessin de Boucq est excellent et cela m'a donné envie de me replonger dans son œuvre. La seule chose que je n'ai pas aimé se sont les 20-30 dernières pages du dernier tome. Jodo retombe dans le mysticisme chiant alors que jusqu'à présent c'était plutôt soft. En plus, je pensais que c'était la fin de la série et j'étais donc très déçu, mais il semblerait que la série soit toujours en cours même s'il n'y a plus eu de nouveau tome depuis 2004.

30/12/2010 (modifier)
Par Chéreau
Note: 3/5

Ouf, difficile. Je comprends que cette BD fasse partie de la catégorie controversée. J'ai dit ailleurs ce que je pensais de certains scénarios tire-bouchonnés de Jodorowsky. Ici, je dois lui reconnaître une certaine cohérence. Mais l'univers épouvantable qu'il décrit fait froid dans le dos : une île tenue par des clones des Ceaucescu obsédés par les œufs, périodiquement ravagée par d'effroyables tsunamis et aux bas-fonds peuplés d'une faune de mutants désespérés. Le héros christique qui va remettre en question cet 'ordre' de malheur est un demeuré -en apparence- au sourire figé, qui ne prononce pas un mot mais possède d'étranges pouvoirs. Ce héros bizarre met presque aussi mal à l'aise que les méchants croupis qui contrôlent l'île ou les éclopés lamentables qui tentent de leur tenir tête. Au total, on ne trouve presque aucun personnage d'identification dans "Face de Lune". L'humanité apparaît laide, de l'intérieur ou de l'extérieur, souvent les deux, et la vie totalement dénuée de sens. La solution de Face de Lune, c'est l'absurde : rire de la folie du monde et croire quand même qu'on peut être heureux... Assez noir, finalement.

09/03/2007 (MAJ le 06/06/2010) (modifier)

Une BD comme je les aime : déroutante ! C'est superbe. Ça reste du Jodo au scénario : dur et dérangeant quand même, sale parfois. ... Et Bouq au dessin : dur et dérangeant... aussi. Le cocktail fait mal donc, et on peut sans doute être allergique. Mais quel univers ! Une dictature des Œufs, des tsunamis réguliers, des révoltés anars, des religieux dangereux, bref que des tarés... Et en marge de tout ça, un heureux doux dingue qui semble être le héros absurde, au-dessus de ce monde dégueux. Quelle poésie ! " Le poète est semblable au prince des nuées, qui hante la tempête et se rit de l'archer "

10/01/2010 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
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J'arrive nettement à faire la différence entre la Bd qui me plaît et celle que je rejette dès les premières pages de lecture. Nous avons ici un excellent dessinateur associé à un scénariste de génie. Ce Jodorowsky fait passer dans la bd ses plus gros fantasmes et cela donne un résultat assez intéressant, je dois dire (et je ne parle pas de la grosse Lola !). C'est qu'il ose des choses vraiment pas très catholiques et à la limite du blasphématoire. Mais c'est pour notre plus grand plaisir comme pour expurger toutes nos sourdes colères. Une œuvre extrême dans l'esthétisme et la violence qui s'en dégage ! Un scénario palpitant associé à un graphisme d'une grande beauté jusque dans l'architecture de cette cité au bord de mer ! Pour moi, cette œuvre est une critique sociale acide de l'autoritarisme et du pouvoir religieux. Une vision réaliste ? C'est plutôt l'œuvre d'un fou mêlant habillement cataclysme sur fond de sauveur christique. A découvrir car le plaisir est constamment au rendez-vous !

10/11/2007 (MAJ le 02/12/2007) (modifier)
Par Altaïr
Note: 1/5

Arg... je sais que cette œuvre est considérée comme culte, mais je dois bien dire que c'est la seule BD qui m'ait donné envie de vomir à sa lecture. L'imaginaire de Jodo est nauséabond, tout du moins il me donne la nausée. Les histoires d'inceste et de femme à barbe, je trouve ça malsain et grotesque. En plus, accompagné des dessins de Boucq, qui excelle dans la représentation de la laideur, ça donne un objet que je trouve profondément dérangeant, mais pas dans le bon sens du terme. Un de mes pires souvenirs de lecture.

21/12/2005 (modifier)
Par bab
Note: 3/5
L'avatar du posteur bab

Face de lune, personnellement, j’ai trouvé ça très dur. Les thèmes abordés par la bd ne sont pas légers (dictature, manipulation des masses, religion, folie), le tout dans le contexte surréaliste d’un microcosme retranché du monde extérieur (si ce n’est pour leur alimentation). La façon dont c’est abordé peut paraître dérisoire. Une dictature dont l’emblème est l’œuf, une population dont le rythme de vie est dicté par l’arrivée régulière d’une vague énorme recouvrant complètement la ville. Mais voir dans cette bd toutes ces populations qui s’affrontent sous le couvert du pouvoir et de la religion, le tout dans une décadence totale, c’est percutant et dérangeant. Et je trouve que le dessin, même si ce n’est pas le style que je préfère, met parfaitement en avant cette ambiance d’aliénation et politiquement glauque. Quand au scénario, difficile à dire, en fait sans avoir la fin. Pour l’instant c’est bien mené, les motivations et les comportements déviants de chacun des «peuples » est habilement expliqué et rendu. J’ai lu ça avec un certain entrain mais en fait je ne vois pas trop ou ça va. Par exemple, le mystère sur Face de Lune (le personnage) après 4 tomes est encore total et ça me gène un peu, du coup, j’ai un peu l’impression qu’il est la solution de facilité pour tirer le scénario d’une impasse. La fin du tome 4 marquant un net changement sur la plaque tournante des pouvoirs en place sur l’île, j’attends le tome 5 qui, du coup, m’apportera peut être des réponses aux questions que je me pose.

10/11/2004 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
L'avatar du posteur cac

On dirait que les avis sont assez partagés. Pour ma part j'ai bien aimé le monde inventé par Jodo, et pour une fois on n'a pas de délire mystique et saoûlant. Ce monde est en effet une dictature gouvernée de façade par 2 personnages loufoques et fan d'oeufs même s'ils n'en font pas la consommation. Et au milieu de tout ça, le fameux "Face de lune" avec sa tête toute blanche et sans relief. Personnage énigmatique dont on ne sait rien, même pas ses origines, ni la source de ses pouvoirs. Il faut attendre le dernier tome pour avoir (peut-être) une quelconque explication, et une happy end pourquoi pas. Le dessin est pas mal, les couleurs sont vraiment criardes, en tout cas ça ne m'a pas dérangé, ni gâché la lecture.

05/09/2004 (modifier)
Par Kael
Note: 2/5

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Les Eaux de Mortelune même si le contexte post-apocalyptique n'est pas là. Vu que je n'avais pas aimé les eaux, j'ai vite compris pendant la lecture que j'allais ne pas aimer Face de Lune. J'ai un gros problème d'adaptation au dessin de Boucq, et plus particulièrement aux couleurs. C'est vieux croulant ce type de dessin, typiquement dans les trucs (à suivre) que je n'ai jamais beaucoup aimé... Et les couleurs 70's n'arrangent vraiment rien. Pour du Jodo, c'est quand même vachement conventionnel, presque banal au regard des productions actuelles. Du coup, on ne peut pas dire que ça manque de quelque chose de particulier, l'hsitoire est bien menée, Face de Lune est intrigant à souhait, mais bof quoi, ça ne m'a pas intéressé. Il n'y aura pas de T3 pour moi.

07/08/2004 (modifier)