La Porte de l'univers

Note: 2/5
(2/5 pour 3 avis)

Le grand retour de Daniel Goossens, 7 ans après Combats.


Absurde Goossens Magazine Fluide Glacial

Robert Cognard, humoriste lessivé, voit sa vie basculer. Son histoire, faite de destins brisés et de silences, le rattrape alors qu’il n’a plus de gag pour se défendre. En effet, le public ne rit plus des mêmes choses aujourd’hui qu’hier. Son boss (oui, parce que dans le monde de Goossens, Robert Cognard est un salarié comme un autre !) tente progressivement de le pousser vers la sortie et ses collègues se détournent de lui. Pourtant, Robert ne veut pas s’avouer vaincu et va se lancer dans une quête, plus absurde que rationnelle, pour tenter de reprendre la main et reconquérir son public. Une quête qui le mènera vers des sphères… haut perchées !

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Mai 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série La Porte de l'univers © Fluide Glacial 2022
Les notes
Note: 2/5
(2/5 pour 3 avis)
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24/07/2022 | Blue boy
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Par grogro
Note: 1/5
L'avatar du posteur grogro

Je suis fan de l'ami Goossens depuis la première heure. Il est un des rares auteurs à provoquer chez moi des crampes d'estomac au point qu'il m'est impossible de lire ses BD au lit parce j'empêche ma compagne de dormir. j'ai par conséquent acheté La porte de l'univers les yeux fermés. Et là, c'est le drame. Serait-ce "la fin des haricots péteurs" ?* Je n'ose y croire... * Cf page 1 du récit (page 6 selon la pagination), case 4, la seule qui soit parvenue à m'arracher un sourire. Ça partait pas si mal...

07/01/2023 (modifier)
Par Nornahi
Note: 3/5

Un Goossens vaut-il mieux que deux tu l'auras ? Après presque 40 ans de lecture de Goossens, j'ai commandé son dernier album, comme la jeunesse de 1914 allait la fleur au fusil, sûre de son destin. C'est d'avoir déjà trop vécu, sans doute. Mauvaise nouvelle à la réception : le bandeau rouge promotionnel d'édition, avec logo Rance inter et recommandations de deux maréchaux d'Empire de la Kulture du rire, Poelvoorde et Edouard Baer. Voilà l'annonce de légion d'honneur et des palmes académiques de trop. Le faire-part d'enterrement de rêveur avant la lettre. Hmmm, conneries de marketing d'éditeur, tout ça... A quoi ressemble le bouquin lui-même ? on ne manque pas la couverture satinée, presque luxueuse, avec un lettrage pour taupes aveugles. La 4ème de couv' renforce le malaise : logo France Inter à nouveau, plus une présentation de l'auteur qui, en plus d'être inutile, tristement se veut drôle. Aïe-aïe-aïe ! Et une critique signée Télérama : on espère encore que c'est un fake. A l'ouverture du livre, ça y est, il fallait le craindre, on est sur le front. Rrrroulements de tambours de remerciements annonçant une préface et une postface. Qu..Quoi ? Une préface ? Et une postface ? Alors là, ce n'est plus le front, mais l'arène, avec sauce à la menthe sur le supplicié destiné aux lions : pauvres bêtes ! A moitié paniqué, les jambes campées sous moi comme pour fuir une lecture que j'affronterai de toutes façons, je tourne la page et je tombe immanquablement sur la préface d'Edouard Baer. Je revis la stupeur du paysan russe du Stalingrad de J-J Annaud ouvrant la porte du wagon plombé sur le flamboyant spectacle de "l'Opération spéciale" allemande sur la ville en 1942. Nom de... Taxi, à la fin de l'Univers, vite ! Et là, comme le défilé impeccable des troupes après l'inévitable victoire du Bien contre le Mal, comme un monument aux morts contre l'oubli du yaourt de l'existence aux vrais morceaux de vie, une postface de cinq pages de ...je me frotte les yeux... Daniel Goossens, qui démonte méthodiquement son œuvre. Je crois voir un informaticien démontant son ordinateur pièce par pièce, en vous expliquant dans le détail la fonction de chacune d'entre elles. Nom d'une... passez-moi le tuto, je plane. La viande de l’œuvre ne déçoit pas, bien sûr. Ferme et goûteuse, sans trop de nerfs, la parade des Looney Tunes caricaturaux de Goossens a bien lieu, dans sa scénographie Hollywoodienne d'avant les "block busters", code de saveurs désormais réservé aux seniors. Contradictions et absurdités s'alignent dans la file, le ticket à la main. Leur tour vient inéluctablement. A l'âge d'être grand-père, comment ne pas sourire devant un album photo imprégné de la nostalgie d'un humour qu'on a si bien appris à déchiffrer ? Pourtant, j'ai eu du mal à démarrer et j'ai rongé mon frein (je freinais en démarrant ?) jusqu'au 4ème chapitre. Et c'est au cinquième, Le Procès, que mes zygomatiques se sont spontanément relâchés. Bref, on peut perdre patience avant de trouver satisfaction à la lecture de cette BD. Juste une chose : à la fin de l'album, il y a quand-même écrit "Fluide glacial 2022". Dans le domaine de l'absurde, il me semble qu'à partir de mars 2020, notre espèce a sublimé les évocations de Goossens de la manière la plus grotesque, édifiante et inattendue. Sidérante, disaient certains. Qu'on aurait même pu rendre sidérale pour la faire passer par La porte de l'univers. Mais alors, pourquoi aucune allusion à cette immanquable démonstration de connerie grégaire humaine dans ce dernier opus de mon auteur préféré ? Daniel Goossens est-il encore confiné, masque sur la bouche ? Comme ces soldats japonais oubliés sur une île du Pacifique, et qui croyaient être encore en guerre, ignore-t-il qu'au dehors la vie a repris ses droits ? Ou plus franco-domestiquement, doit-on penser que sa femme le séquestre ? La porte de l'univers, c'est donc toujours du Goossens, on ne peut pas se plaindre. Mais comme pour une musique militaire qu'on entend et qui était annoncée sur la pochette du CD, ça frôle le temps de quelques essais la situation d'une sorte de sergent Pépère qui se mord la queue. Et par compassion pour Goossens, on lui souhaite à son âge d'être devenu noir pour ne pas risquer le lumbago dans l'exercice. On en vient à souhaiter que la cybernétique et l'Intelligence artificielle dont il s'était fait professeur ont conjugué leurs efforts pour mettre au point cet incroyable clone de Daniel Goossens, auteur de La Porte de l'univers. Ou alors... bon sang, mais oui ! Entre 2020 et 2022, j'ai passé sans m'en rendre compte la Porte de l'Univers cyclique pour me retrouver 40 ans en arrière ! Je mourrais de déshydratation à force d'en pleurer d'émotion, si j'osais passer ma porte d'entrée avec cette canicule.

10/08/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 2/5
L'avatar du posteur Blue boy

Fidèle de longue date de l’école Fluide Glacial, Daniel Goossens, loin d’être mort, comme le fait si bien remarquer Edouard Baer en préface, est de la trempe de Jacques Tati ou Raymond Devos. Goossens est effectivement un « génie », et Baer possède la crédibilité suffisante pour l’affirmer ! En revanche, le protagoniste principal de « La Porte de l’univers », Robert Cognard, est adepte, lui, de la blague à tonton, celle qui a fait – et fait peut-être encore, sait-on jamais - les beaux jours des repas de mariage et autres banquets. Robert Cognard pourrait très bien être le versant gras de Daniel Goossens, le type qui vous fout un peu la honte en public avec ses blagues éculées. Force est de constater que cet album déçoit. Le problème vient en grande partie de ce nouveau personnage qu’est Robert Cognard, qui à la base n’est pas vraiment drôle. Ce n’est tant par ses plaisanteries navrantes sur lesquelles Gossens joue en toute connaissance de cause, mais cela serait plutôt dû au fait que ce dernier ne semble pas réussir à les transcender, comme si son humour à lui ne pouvait s’accommoder d’un humour pompier (pipi caca compris), comme s’il avait tenté de marier la carpe et le lapin, évidemment sans y parvenir, si doué soit-il. Un peu comme si Devos faisait un sketch avec Jean Roucas, comme si « la 7e Compagnie au clair de lune » déboulait dans une scène de « Mon Oncle ». Et même si le dessin de Goossens est toujours réjouissant avec ses personnages aux expressions hilarantes, cela ne suffit pas à compenser l’absence de drôlerie qui caractérise cet album. À ce nouveau personnage agité et stressé qu’est Robert Cognard, on préférait largement le flegme de Robert et les extravagances de Louis (qui fait une apparition discrète ici), ou encore les bébés désopilants de sa fameuse « Encyclopédie »… La partie la plus digne d’intérêt de « La Porte de l’univers » reste encore la postface dans laquelle l’auteur nous expose une mini-thèse sur l’humour et sa fonction, d’une façon assez pénétrante, ce qui ne surprend pas de la part du chercheur en intelligence artificielle qu’est Goossens ! D’ailleurs on ne l’avait jamais vu aussi sérieux ! Il y explique également que « Cognard est un révolté qui veut dénoncer la bêtise et la médiocrité, dans une totale incompréhension du réel ». Ce qui, il faut bien l’avouer, ne saute pas aux yeux à la première lecture. On peut en réalité se demander si cette postface ne sert pas à compenser les doutes de l’auteur quant à la pertinence de son personnage. N’est-ce pas quand on cherche à expliquer son humour que l’on est le moins drôle ? Les questionnements de Cognard dans le chapitre final où il lance cette injonction à la face du Grand Barbu (« Envoyez-moi de l’inspiration, bon sang ! ») ne seraient-ils pas les siens ? Cognard se ne se révélerait-il pas le double angoissé et « maléfique » de son créateur, confronté à l’angoisse de la page blanche ? Pour un peu, on serait tentés de croire que le maître de « l’Umour en bandessinées » traverse lui-même une profonde phase de remise en cause... Celui-ci approchant désormais le cap des 70 ans, ça ne paraît pas si improbable, d’autant qu’il a mis la barre très haut avec ses productions précédentes.. Nous n’avancerons pas davantage d’hypothèses, mais il faut se rendre à l’évidence, « La Porte de l’univers » laisse un sentiment de frustration. Si l’on y retrouve bien l’univers de Goossens et ses situations décalées et absurdes (Cognard se rendant à un salon du rire pour y piocher de nouvelles blagues, Cognard jugé pour avoir tué un homme en plaçant une énorme punaise rouillée sur sa chaise…), il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Les fous rires que j’ai pu avoir dans les premières pages se sont vite émoussés, et c’est seulement dans la conclusion que j’ai réussi à esquisser de nouveau quelques sourires – mais c’est juste parce que je me suis rappelé que c’était du Goossens ! Ce que l’on ne peut qualifier que de faux pas ne remet évidemment pas le talent de cet auteur, qui reste sans conteste le roi de l’humour absurde en bande dessinée. On le lui pardonnera bien volontiers, et après tout, les champions eux aussi ont le droit d’avoir leur coup de mou. Néanmoins, l’indulgence n’empêchera pas qu’il sera attendu au tournant avec son prochain opus. Mais surtout, ne le lui répétez pas, ça pourrait nuire à son inspiration…

24/07/2022 (modifier)