Les Esclaves de la torpeur

Note: 2/5
(2/5 pour 2 avis)

Une histoire d'amour et de folie, de torpeur et de passion autodestructrice.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide

"Cette lettre, Maxime me l'écrivit voici trente ans, le lendemain même du jour où il rencontra Hélène... Trente ans plus tard, je m'accuse toujours d'avoir été aveugle, d'avoir tué par omission, en n'essayant même pas d'empêcher ce mariage... Mais comment aurais-je pu deviner ce qui les attendait... Là-bas... De l'autre côté de la Torpeur..."

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Décembre 1987
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Les Esclaves de la torpeur © Dargaud 1987
Les notes
Note: 2/5
(2/5 pour 2 avis)
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12/03/2022 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur Agecanonix

Dommage, dommage, je sens que si le scénariste avait adopté un autre style, moins ampoulé, ça aurait pu pleinement me plaire. Cette histoire qui oscille entre réalité et fiction, aux personnages fortement typés, avec des femmes sensuelles et provocantes, et où la température monte inexorablement, est un polar psychologique en forme de descente aux enfers ; la chaleur pèse lourd sur la destinée de ces personnages pris dans les filets de la fameuse torpeur, on y sent un goût de mauvais soap aseptisé, si l'on excepte l'érotisme et les scènes dénudées, d'ailleurs cet érotisme est souvent gratuit, aidé par la torpeur qui envahit les protagonistes. Ce qui me dérange un peu dans ce diptyque, c'est la forme narrative et le style très littéraire à la Guy des Cars, faussement sophistiqué, avec des récitatifs agaçants ; c'est pontifiant, affecté, maniéré, sentencieux et très guindé. Sans doute que ça correspond à l'époque de parution, dans les années 80, on lisait encore du Guy des Cars ou du Robert Gaillard qui creuseront le lit de Paul-Loup Sulitzer qui emploiera un style assez proche, mais de nos jours, ce style est obsolète. Oh ça peut encore plaire, et honnêtement, je peux dire que parfois ça m'agaçait, mais pas à un point de le détester vraiment, d'où ma note relativement correcte, sinon j'aurais mis 1/5. Ce type de récit peut rappeler aussi des BD exotiques de Warnauts et Raives comme Fleurs d'ébène, Congo 40 ou Equatoriales, on est dans le jeu des passions autodestructrices, dans la moiteur de l'Afrique. Heureusement que le dessin est élégant, de belle tenue, très propre, j'aime beaucoup le style Ligne Claire de Baudoin De Ville qui sait donner une sensualité aux personnages féminins. Au final, une bande en demi-teinte pour moi, mais qui possède quand même certaines qualités.

16/02/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

"Alors, calmement, sans élever la voix, cet homme, son frère, sans même non plus cesser de s'éponger le front, le regard sourdant de la lisière du feutre qu'il rabaissait constamment entre deux mouvements du mouchoir, cet homme, donc, s'était mis à lui annoncer que sa femme, sa femme à lui, Williams, venait d'être découverte sur le bord d'une route, à quelques mètres d'un cabriolet éventré. Non, elle n'était pas morte, mais ce n'était sans doute qu'une question de minutes, car un nègre avait raconté que son tailleur blanc était devenu à peu près aussi rouge qu'un soleil du soir, même que, peut-être, après tout, était-il possible qu'elle soit déjà morte..." Ca vous a plu ? Vous en voulez encore ? Parce que des phrases de cet acabit, vous en trouverez plus d'une dans ce diptyque ! Alain Streng utilise en effet un style plein d'emphase pour retranscrire les textes d'un écrivain possédé, rongé par la mort de sa soeur et alcoolique. Honnêtement, à plus d'une reprise, j'avais oublié le début de la phrase avant d'arriver à la fin et je ne compte pas les fois où j'ai lu et relu une phrase pour comprendre de quoi ça causait. Quant au "nègre" écrit dans le texte ci-dessus, je n'en suis en rien responsable. Je suppose qu'il a été employé à la fois pour choquer et pour marquer l'époque (années 50) à laquelle ce récit se déroule. L'histoire ? Le premier tome est extrêmement nébuleux, enchainant des scènes dont j'avais du mal à bien saisir le sens avant d'en lire le résumé au début du tome 2. Le deuxième tome conclut ce thriller et m'est apparu plus clair... mais pas spécialement passionnant pour la cause. Les scènes dénudées sont fréquentes et assez gratuites. Heureusement, le dessin de Baudouin Deville, très typé années 80, et le caractère sulfureux d'une héroïne provocante et la plupart du temps peu ou pas vêtue m'ont poussé à ne pas lâcher l'affaire. Il règne sur ce récit une ambiance très proche des premiers Jessica Blandy. Ce sont vraiment des récits d'un autre temps, qui coïncide avec la fin de mon adolescence, d'où un certain parfum de nostalgie à la lecture de ces deux albums un peu trouvés par hasard. Je ne peux pas dire que j'ai aimé... mais je ne peux pas dire que j'ai détesté non plus, alors même que je ne peux fermer les yeux sur de multiples défauts. A noter que si les deux tomes parus forment un diptyque, un troisième tome était annoncé mais n'est jamais sorti. Quelque part, je le regrette car j'aurais quand même bien voulu savoir où les auteurs voulaient aboutir. Là on a juste deux tomes étranges, nébuleux, bourrés de défauts, avec des scènes dénudées plus racoleuses que sulfureuses, un dessin très lisible, une mise en page soignée, des personnages improbables et une fin qui se tient... Une vraie curiosité qui pourrait plaire à certains et répulser d'autres (Yann135, si tu lis cet avis, je pense que c'est le genre de truc qui pourrait bien te plaire). Bon allez, une dernière pour la route : "Il ignorait les blés, le soleil, et sans doute même le reste de la création, incapable d'arrêter de frapper sur ce visage noir, hurlant et priant pour que, sang pour sang, de ce massacre sans nom ne ressuscite cette femme alanguie dans son tailleur de sang, et ni son frère, ni même Dieu -Dieu, non surtout pas Dieu !- n'auraient pu l'empêcher de frapper, d'encore et encore frapper jusqu'à ce que le chapeau de paille ne s'en aille rehausser, de sa clarté poisseuse, la purulence éclatante des blés -et alors, alors seulement, ce coup sur la nuque le fit glisser vers le sol, où il demeura, à genoux et vomissant, entre les jambes de son frère, pour, lentement, embrasser le sol, ses lèvres déchirées allant à la rencontre de la main de sa femme, exactement, oui, exactement comme, des années plus tôt, l'avaient fait les vagues de l'océan -cet océan à jamais décédé en ce jour qui était un samedi... "

12/03/2022 (modifier)