Congo 40 (Congo Blanc)

Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 6 avis)

Etudes de moeurs quand le Congo était encore une colonie belge.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Afrique Noire Congo belge Eric Warnauts et Guy Raives Le Colonialisme Les années (A SUIVRE)

Province d'Equateur, 1942. L'arrivée de Laurence, la petite-fille du planteur, a définitivement troublé la vie de la communauté belge du territoire de Mungi. La présence de la jeune fille ravive le souvenir d'événements tragiques qui secouèrent autrefois la petite colonie, et qui, inexplicablement, semblent la concerner. Vincent, un jeune agronome de district, empruntera le chemin de la vérité au cours d'une partie de cartes, qui prendra un tour singulier.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 1988
Statut histoire One shot (regroupé en intégrale avec Congo Blanc et Fleurs d'Ebène) 1 tome paru

Couverture de la série Congo 40 (Congo Blanc) © Daniel Maghen 1988
Les notes
Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 6 avis)
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07/07/2002 | okilebo
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L'avatar du posteur bamiléké

Je sors très circonspect après la lecture de cet opus du duo Warnauts-Raives. Graphiquement je ferais les mêmes remarques que pour mon avis de Lou Cale. Les décors sont soignés mais les visages et les expressions sont trop lisses et statiques à mon goût. De plus Raives reste superficiel dans sa peinture de la forêt équatoriale sur les quelques planches proposées. Il en va de même pour le camp de Mungi qui manque vraiment de vie sans aucun Natif Congolais pour donner de l'ambiance. Les bâtiments semblent tout droit sortis d'une vieille photo d'archive sans âme. J'ai toujours la même remarque négative sur une mise en couleur peu harmonieuse et agressive qui produit des ombrages bizarres. Mais cela n'est rien comparé au scénario de Warnauts. L'auteur s'empare de deux thématiques très lourdes : la colonisation du Congo Belge et la pédophilie. On pourrait s'attendre à être un peu bougé compte tenu des millions de drames que cela représente. Et non. L'auteur réussit à proposer un récit lénifiant de style vase clos théâtral rempli de non-dits, où rien ne se passe hormis des scènes de sexe qui servent à remplir le vide du récit. Les horreurs qui servent de fondements à la situation ne sont qu'évoquées du bout des lèvres, en passant et concentrées sur un seul personnage les autres étant des lâches voire des gentils. Le meilleur est pour la fin puisque l'auteur propose un épilogue incongru où la violence est ici explicitée par les images d'une machette sanglante, la suggestion de la castration du Blanc et l'image du viol de sa compagne par un révolutionnaire congolais. J'ai peut-être une vision déformée mais je n'arrive pas à me faire à ce type de présentation fictionnelle d'une réalité aussi lourde. Une pauvre lecture très loin de Kongo de Perrissin et Tarabosco.

01/02/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Je précise que j'ai lu l'album de l'édition 1988 et non celui présenté ici avec la couverture de l'édition 1996. Je l'ai relu en fait, puisque je l'avais déja lu dans A Suivre où la bande était publiée dès 1987 dans le n°115 (annoncé en couverture du magazine). Je n'avais pratiquement aucun souvenir de ce qui s'y passait car depuis plus de 30 ans, il s'en est passé des choses et des Bd, j'en ai lu un paquet. Entretemps, j'ai lu il y a quelques années Equatoriales et Fleurs d'ébène des mêmes auteurs, auxquelles "Congo 40" peut faire penser ; surtout Fleurs d'ébène dont l'action se passait en 1958 dans cette immense colonie du Congo belge, mais on y sentait des frémissements de révolte. Ici, on est dans les années 40, on est encore dans le "oui bwana" mais loin de l'imagerie tintinesque bon enfant et ultra naïve de Tintin au Congo. Ici, ce sont les passions et des souvenirs douloureux qui se déploient lors du retour d'une femme. J'ai préféré cet album à Fleurs d'ébène qui m'avait justement non pas déçu mais laissé plutôt indifférent. L'ambiance des colonies dans cette Afrique de cette époque est bien restituée, les auteurs parviennent à nous faire percevoir une Afrique envoûtante où se dégagent une torpeur et une moiteur qui vont parfaitement avec le décor, c'est un récit fiévreux qui se veut volontairement lent, avec comme souvent chez Warnauts et Raives une sensualité et une lascivité qui fonctionnent bien dans cette atmosphère. On entrevoit aussi une certaine vision du colonialisme qui hélas était courante à cette époque, et il n'est pas étonnant que certains excès que l'on voit ici conduiront les pays africains à réclamer leur indépendance au cours des années 60. Le dessin est très attrayant, il est également sensuel et velouté, les auteurs savent choisir une palette de couleurs adéquates pour magnifier les paysages, les personnages ou les décors, et il est amusant de voir un des personnages avec la physionomie de Pierre Brasseur. Un bon album, qui rend bien compte d'un certain état d'esprit de la part des Blancs dans l'Afrique d'une époque donnée.

29/05/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Des nombreuses collaborations entre ces deux auteurs publiées chez Casterman, c’est peut-être l’album que j’ai globalement préféré (malgré quelques bémols). On y retrouve déjà le beau dessin de Raives. Son trait – dans une ligne claire revisitée – est très bon, et son travail sur les couleurs est lui aussi assez chouette. C’est en tout cas un réel plus, pour une histoire bien menée, mais qui n’est pas non plus des plus originales. Je suis juste plus réservé concernant les visages des personnages – mais je me fais souvent la remarque avec ce dessinateur –, qui sont souvent figés (et, même si c’est moins visible ici qu’ailleurs, qui peine à montrer une émotion autrement que par un rictus). L’action – encore qu’il n’y en a finalement pas énormément, comme souvent avec Warnauts – se déroule au Congo belge. Le retour d’une jeune femme va précipiter les événements, au milieu de la petite communauté de colons, faisant ressortir certains vieux secrets. Sur cette trame déjà vue, Warnauts distille par petites touches une vision assez crue du colonialisme – il est vrai particulièrement odieux (si tant est qu’il y ait des gradations dans cette horreur) dans cette région. Il pimente aussi son récit (c’est là aussi souvent le cas chez lui) par de petites touches sensuelles, voire érotiques. Je ne suis par contre pas convaincu par le dernier chapitre, qui éclaire d’un jour nouveau – et pas forcément crédible ou intéressant je trouve – les événements précédents, en concluant de façon un peu trop brutale et décevante cette histoire. Une intrigue de base pas très originale, mais qui se laisse lire, et qui est bien mise en images. C’est un album à emprunter, ou à acheter selon vos goûts.

13/03/2019 (modifier)
Par McClure
Note: 3/5
L'avatar du posteur McClure

J'ai plutôt apprécié cette histoire. Elle prend pied dans une période assez récente de notre histoire et elle rend à merveille compte des relations troubles de ces temps coloniaux. Le fonds du scénar n'est pas folichon mais on arrive malgré tout à trouver un intérêt à cette lecture. Niveau dessin, c'est plutôt joli, mais je trouve que les visages ne sont pas réussi, surtout lorsqu'une expression est requise. On arrive souvent à un résultat à la Leo, avec un facies figé et plutôt grimaçant. Les décors, natures, architectures sont mieux rendus et permettent de s'immerger dans ce récit. Les personnages sont pas mal campés, malgré quelques stéréotypes trop appuyés. Malgré tout, on ressent bien la position inacceptable et intenable des colons. On a par contre beaucoup de mal à cerner les raisons qui poussent untel ou unetelle dans ses actes. Cela laisse un goût d'inabouti, renforcé par un récit dont la colonne vertébrale est trop floue, s'ensuit une impression de suite de scénettes plutôt bien ficelées mais dont le liant n'est que trop dilué. C'est dommage. La narration est elle le point fort avec l'ambiance toute de moiteur et de sensualité exacerbée. Pas mal, à lire pour se faire une idée.

25/11/2011 (modifier)
Par iannick
Note: 3/5
L'avatar du posteur iannick

Après « Equatoriales » et « L'Innocente » du duo Eric Warnauts (au scénario) et Guy Raives (au dessin), je me suis procuré « Congo 40 » des mêmes auteurs. Cette fois-ci, ils nous proposent un récit se situant dans l’ancienne colonie belge. « Congo 40 » nous raconte en fait l’histoire de Laurence qui revient des années et des années après dans le village africain de son enfance. Mais ce retour semble déplaire aux colonisateurs belges car la présence de cette jeune femme ravive de douloureux souvenirs… Ce qui m’a marqué le plus dans cette bd, c’est son ambiance malsaine/envoutante. Eric Warnauts présente un récit à mi-chemin entre l’enquête personnelle menée par Vincent, un des personnages principaux de cette bd, et le drame sentimental du à la présence de la belle Laurence. Sinon, en ce qui concerne l’histoire en elle-même, je l’ai trouvée assez intéressante car le lecteur découvrira le quotidien –assez réel il me semble- d’une colonie dans les années 1940. Il y découvrira aussi comment les excès commis par les européens vont conduire les habitants de ces pays à se révolter contre la « race blanche »… Dommage que les auteurs aient cru bon d’insérer dans ce scénario une romance –à mon avis- pas très convaincante. Graphiquement, les bédéphiles habitués aux réalisations de Guy Raives y reconnaitront tout de suite son coup de patte et sa mise en couleurs somptueuse (bon choix de la part de l’auteur d’avoir utilisé le mélange de tons chauds et froids) ! Vraiment, je ne me laisse jamais de contempler ses planches ! C’est du bon boulot ! « Congo 40 » est une bd qui m’a offert un bon plaisir de lecture grâce au magnifique dessin de Guy Raives, à son ambiance envoutante et aussi à sa situation au Congo dans les années 40 qui m’a permis de mieux comprendre le quotidien d’une colonie belge (les passionnés de récits historiques devraient –à mon avis- se contenter de cette lecture). Bref, « Congo 40 » m’est apparue comme une bd assez captivante à lire. Si vous la trouvez en occasion ou à un prix sympa, n’hésitez pas à vous la procurer !

31/08/2009 (modifier)
Par okilebo
Note: 3/5

Ce récit intimiste dévoile souvent ces influences cinéphiles. Deux des personnages principaux sont les portraits crachés de Béatrice Dalle et Pierre Brasseur. De plus, le ton de l'histoire fait souvent penser au cinéma d'auteur français. Le scénario nous plonge en plein colonialisme ce qui accentue encore plus l'effet dramatique du récit. En d'autres mots, l'ambiance y est souvent malsaine mais cela se laisse lire. A signaler: les aquarelles en début de chapitre sont très belles ! Pour résumer, je dirais que c'est une bd intéressante sur le plan graphique mais pas indispensable.

07/07/2002 (modifier)