Molly West

Les héroïnes féminines ont la côte ces derniers temps dans le western, longtemps repère de vieux machistes ne réservant aux donzelles que des rôles de seconde zone et souvent typés (danseuses de cabaret/prostituées souvent, ou simples victimes à secourir). Le personnage de Molly a quelque chose de surprenant. En effet, la gentille fille de l’ouest paumée dans le sud revanchard de l’après-guerre de sécession se révèle en fait plus ambivalente que pressenti. Elle n’hésite ainsi pas très longtemps à achever un homme à terre, et la violence ne lui fait pas peur ! Elle n’a d’ailleurs pas livré tous ses secrets à la fin du deuxième tome (qu’en est-il de ce fils tué à la fin de la guerre ? – et d’ailleurs elle a l’air de l’avoir eu rudement jeune !). Toujours est-il qu’entourée d’un Mexicain métis dont elle repousse les avances et d’un gamin débrouillard qui la prendrait bien pour mère de substitution, notre Molly se dresse contre le magnat local, sur fond de KKK, de lutte féministe et d’accès à la lecture (car elle veut diffuser des livres dans la région arriérée où elle s’installe !). La lecture est plaisante, fluide (le dessin de Fourquemin fait le boulot, même si je suis d’accord avec les remarques d’Agecanonix concernant les visages, trop anguleux pour les hommes). Une lecture sympathique.

23/09/2023 (modifier)

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Voila un nouveau western avec encore un personnage féminin en vedette, ça rappelle vaguement La Venin, surtout le début avec l'arrivée de l'héroïne et son passé chargé, mais ça s'en éloigne ensuite par l'intrigue. Les auteurs abordent un univers de western plutôt classique, violent et brutal, mais en détournant volontairement certains codes dans un jeu subtil où on a l'impression d'un décor de Far West maintes fois vu mais revisité voire chamboulé et malmené tout en utilisant ces codes de façon classique. Les auteurs tentent ainsi un mix entre aventure, découverte, humour et noirceur, avec une galerie de personnages pittoresques qu'on a l'habitude de voir dans un western, bien campés mais avec toujours ce sentiment de drôlerie. Le duo de personnages principaux est attachant, l'héroïne est une femme qui quitte un certain confort pour aller se frotter à un environnement brutal et crasseux, c'est une fille délurée qui n'a pas froid aux yeux et sait se servir d'un Colt, elle sort du moule réservé aux femmes de l'Ouest, son caractère est donc bien cerné, tout comme le jeune Artie. J'ai trouvé par endroits que certaines trainées de violence étaient un peu gratuites, ça m'a semblé peu réaliste et un peu exagéré, mais après tout qu'importe, je crois que ce n'est pas forcément ce que l'on cherche dans cette lecture qui est visiblement destinée à la détente pour un lectorat jeunesse. Je trouve ça assez étonnant car c'est un western relativement sombre, qui joue entre une dose de bons sentiments, bassesse et noirceur, on sent que ça va rudement déraper dans le tome suivant, donc ça convient aussi à un lectorat adulte. Bref, le rythme est tonique et l'ensemble est bien mené. Au niveau graphique, avec Fourquemin, j'avais été plutôt secoué par son dessin hideux sur Outlaw, un western déja mais qui m'avait horrifié. Or des Bd comme Miss Endicott et Le Cimetière des Innocents (déjà avec Charlot) m'ont heureusement réconcilié avec son trait. Son style est toujours caricatural, mais amélioré je dirais, avec toujours cet aspect humoristique et des tronches de mecs aux contours un peu anguleux, ceux-ci sont d'ailleurs laids et peu avantagés, seules les femmes sont joliment dessinées, surtout l'héroïne évidemment, de même que les décors sont très soignés. Dans l'ensemble, le dessin de Fourquemin s'est bien arrangé, ça change radicalement de Outlaw, et je trouve que ce trait humoristique convient à un western qui hésite justement entre humour et noirceur.

07/02/2022 (modifier)

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