Le Coup de Prague

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 6 avis)

Festival Polar de Cognac 2017 : Prix du meilleur one-shot ou de la meilleure mini-série BD Hiver 1948, dans le blizzard de la capitale autrichienne sous occupation des quatre puissances. Dépêché par le studio London Films, G. travaille à l'écriture de son prochain long métrage, assisté par l'énigmatique Elizabeth Montagu.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Aire Libre Europe centrale et orientale Histoires d'espions Les prix du Festival Polar de Cognac

Cette dernière, dont le passé militaire et les relations l'attachent aux services secrets britanniques, découvrira bien vite que le prétexte artistique dissimule de véritables tensions politiques et que les lendemains de guerre ne sont pas toujours chantants. Cette mission en apparence paisible basculera dès lors dans l'atmosphère sournoise d'une révolution fulgurante que l'Histoire retiendra sous le nom de "coup de Prague". L'illustrateur Miles Hyman, qui collabore avec de nombreux éditeurs et magazines, tel Libération, est aussi reconnu pour ses romans graphiques (Le Dahlia noir, La Loterie...). Pour sa première collaboration avec le scénariste Jean-Luc Fromental, il signe une oeuvre hybride qui s'amuse avec l'Histoire, plongeant dans les recoins inexplorés de l'après-guerre et du romanesque, entrelaçant les possibles en un récit aux multiples tiroirs, tel un jeu de piste admirablement mené. Un titre qui fera date.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 14 Avril 2017
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Coup de Prague © Dupuis 2017
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 6 avis)
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07/04/2017 | Ro
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Par Montane
Note: 4/5
L'avatar du posteur Montane

Myles Hyman est peut être plus un illustrateur qu’un dessinateur de bd pur. Néanmoins ses incursions dans le monde de la bande dessinée ne laisse pas indifférent ( La loterie). Il revient ici avec un album de qualité qui nous relate l’atmosphère qui règne en Europe après la seconde guerre mondiale. Le Bloc Communiste ne s’est pas encore totalement installé même si on devine aisément les intentions de Moscou. Vienne ou se déroule en grande partie l’histoire mais aussi Prague sont truffées d’espion. On se jauge, on s’observe. Certains tentent de faire oublier leur rôle pendant la guerre, d’autres veulent fuir l’avancée communiste. Le scénario de Fromental est remarquable mais complexe. Il faut soigneusement noter les noms de tous les protagonistes pour bien suivre l’histoire. Cette histoire m’a fait penser au film «  la taupe » avec Gary Oldman et Colin Firth qui est exactement dans le même esprit. Le trait de Hyman quoique un peu figé nous offre quelques superbes tableaux de cette Europe d après guerre ou la guerre froide va s’installer progressivement. Une très belle histoire qui devrait ravir les amateurs de récits d’espionnage; je pense par exemple aux fans de Blake et Mortimer

01/12/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui mélange fiction et réalité dans un des épisodes d'espionnage les plus marquants de la rivalité Est/Ouest. L'excellent scénario de Fromental s'appuie sur une lecture de la création du "Troisième homme" de Carol Reed écrit par Graham Greeene et sur la biographie d'Elizabeth Montagu qui accompagne Greene dans sa visite de Vienne en 1948. Dans cette affaire la réalité a dépassé la fiction et le scénario de Fromental construit petit à petit un édifice digne du Mission Impossible de Brian de Palma. Il y a d'ailleurs beaucoup de similitudes entre les deux histoires qui passent par Prague puisqu’une mission en cache une autre bien plus importante, débusquer une taupe. Le dossier en fin d'ouvrage nous aide à mettre en perspective la personnalité des intervenants (réels), le contexte historique et les enjeux diplomatiques de cet épisode. Le rythme est lent avec beaucoup de narration en voix off ce qui donne un récit où la réflexion l'emporte de loin sur l'action. Le lecteur doit se montrer patient comme la belle Elizabeth qui doit construire sa compréhension de la situation au gré des informations qu'elle collecte petit à petit. Pas de gadget ni de cabriole surhumaine mais une ambiance glacée de ville espion à la position stratégique. C'est le deuxième album de Miles Hyman que je lis et son graphisme me déroute toujours autant. Je trouve ses personnages assez figés mais comme dans le "Dahlia noir" son trait est très cohérent avec l'ambiance de l'histoire. Hyman réussit à traduire cet univers feutré rempli de faux semblants où tout se comprend par demi-mots ou par les silences. Un très bon moment de lecture dans une double histoire du cinéma et d'espionnage bien ficelée.

24/04/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Je ne suis pas du tout rentré dans cet album que je trouve ennuyeux. Personnellement, j'aime bien les histoires d'espionnage du moment que ce n'est pas un truc de genre James Bond avec plein de gadgets. Je préfère lorsque c'est plus réaliste comme c'est le cas ici et je pensais donc que le récit allait me plaire. Sauf que je ne suis jamais rentré dans le scénario à cause du rythme que je trouve trop lent (je n'ai pas du tout eu l'impression que l'album se lisait vite) et du dessin qui manque vraiment de dynamisme et même de vie. J'ai eu souvent l'impression en regardant les visages figés des personnages qu'ils n'en avaient rien à foutre de ce qui se passait. Avec un autre dessinateur j'aurais peut-être mieux accroché. Dommage....

02/08/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

L’album est relativement épais (plus de 110 pages), mais se lit assez vite, car il n’y a pas trop de dialogues. L’intrigue se déroule dans les premiers mois de la Guerre froide, à Vienne essentiellement, puis à Prague vers la fin (au moment du « coup de Prague », qui donne son titre à l’album, c’est-à-dire lors de la prise de pouvoir par les communistes en Tchécoslovaquie). L’histoire est centrée autour de Graham Greene et d’une femme, les deux ayant travaillé pour les services secrets occidentaux pendant la guerre, et continuant de le faire, au milieu d’un gros panier de crabes, Vienne étant à l’époque (avant que l’Autriche ne soit sous statut neutre et bascule dans le camp occidental) un marigot, lieu de rencontre entre les barbouzes français, anglais, américains et russes, mais aussi de tous ceux qui avaient fricotté avec les Nazis et qui essayent de s’acheter une nouvelle virginité ou de fuir vers des cieux plus cléments (dictatures d’Amérique latine par exemple). On trouve ici aussi des connexions avec les réseaux anglais qui trahiront au profit de l’URSS. Bref, il y a de la matière, que Fromental utilise avec parcimonie, il ne donne pas dans la surenchère. Le rythme est assez lent, mais on ne s’ennuie pas. C’est clairement un album de genre, pour les amateurs d’histoires d’espionnage, d’ambiance sulfureuse, où l’on ne sait plus qui trahit qui. C’est aussi une mise en abime à plusieurs degrés, puisque parlant de Greene qui parle de lui-même dans ses romans, en prenant quelques distances avec la réalité. Le dessin de Hyman est bon, gras, même s’il n’est pas de ceux que je préfère. Je trouve les visages un peu trop figés. En fin d’album, un dossier présente les protagonistes, l’œuvre de Greene et certaines adaptations cinématographiques (« Le troisième homme ») en liaison avec cette histoire, qui mêle réalité, romanesque et désinformation. Divertissant. Je ne connaissais que de loin Greene, et, même si cet album est plutôt réussi, il ne m’a pas vraiment donné envie de mieux connaître ce personnage, dont la personnalité versatile et à la morale fluctuante n’en fait pas quelqu’un d’appréciable.

07/06/2017 (modifier)
Par herve
Note: 4/5
L'avatar du posteur herve

Hasard de mes lectures, je m’étais intéressé à ce qui restera dans l’histoire de la Guerre Froide comme étant "Le coup de Prague" en lisant le roman d’Antoine Choplin, "Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar ", qui se déroule en Tchécoslovaquie. Paradoxe de cette bande dessinée intitulée "Le coup de Prague", l’histoire se déroule presque exclusivement à Vienne, dans l’immédiate après guerre, en hiver 1948. Nous sommes plongés dans un nid d’espions, dans une ambiance -la chaleur en moins- digne du film "Casablanca " mais pendant la guerre froide. C’est sans nul doute sur le seul nom de Miles Hyman que j’ai acheté ce one shot. Depuis son adaptation du Dahlia noir, je ne manque plus un de ses livres, jusqu’à son art-book "Drawings" sorti en 2015. Voilà un auteur qui me fascine, dont le dessin au fusain est reconnaissable entre tous. Chaque case est un véritable tableau, et les vignettes sous la neige de Vienne sont de toute beauté. On a d’ailleurs souvent rapproché son style à celui d’Edward Hooper. Cet album, sur un scénario de Jean-Luc Fromental, nous offre une histoire complexe mais passionnante mêlant l’Histoire, la littérature, le cinéma, la création et l’espionnage, le tout sur 96 pages riches et denses. En suivant, Graham Greene à Vienne, puis à Prague dans cet hiver 1948, Fromental explore une zone d’ombre dans la vie de l’auteur, qui se mue ici en espion ou en écrivain en mal d’inspiration pour rédiger ce qui sera son roman le plus connu grâce à l’adaptation cinématographique qui en sera tiré, " le Troisième homme ". C’est intelligent, parfois difficile à suivre (il ne faut pas s’emmêler les pinceaux entre les services de l’IS, du KGB ou de la CIA) dans un contexte politique assez complexe entre les grandes puissances. Et l’histoire prend toute sa saveur lorsque l’on découvre les dernières pages du livre. Une gageure ! Très habile ! Ce n’est certes pas une bande dessinée qui se lit en 10 minutes, ce qui en fait évidement tout le charme. En tout cas, comme son précédent livre, La Loterie (un de mes coups de cœur de l’année 2016), je relirai avec plaisir cet ouvrage qui, sur un scénario adroit de Fromental, nous offre de magnifiques planches signées Miles Hyman. Les éditions Dupuis ont, en outre, eu l’intelligence de présenter à la fin de la bande dessinée, un dossier, signé Jean-Luc Fromental, consacré aux principaux protagonistes de l’histoire, ce qui m’a donné envie de revoir le film de Carol Reed, "le Troisième homme ".

24/04/2017 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Un récit d'espionnage à l'ancienne dans tout ce qu'il a de plus classique. Se déroulant en Europe centrale, entre Vienne et Prague, en 1948, il mélange ambiance d'après seconde guerre mondiale et début de la guerre froide, anciens nazis et futur KGB. Sa particularité est de mettre en scène des personnages historiques réels et de les intégrer dans une intrigue fictionnelle mais crédible, qui pourrait bien être véritable sous couvert du secret. L'héroïne y est une femme. Pas une vamp, ni une baroudeuse, c'est une simple ancienne actrice s'étant engagée pour les services de renseignement anglais durant la guerre. Maintenant que celle-ci est finie, elle travaille désormais pour une société cinématographique et lui fait profiter de ses nombreuses relations à Vienne en permettant à un de ses scénaristes, romancier célèbre, de rencontrer de troubles personnages de la ville autrichienne pour préparer son futur film. Sauf que quand on a trempé une fois dans l'espionnage, il semble qu'on ne puisse plus s'en éloigner. Et il y a beaucoup trop de gens qui tournent autour de ce fameux scénariste, lequel cache visiblement ses vraies motivations à sa guide. Le style graphique de Miles Hyman participe de l'ambiance de vieux classique de cette bande dessinée. Proche de l'illustration, il est soigné, sobre et il s'en dégage une atmosphère sérieuse et grave. En élégantes couleurs directes, il est agréable à lire et à regarder. L'intrigue, pour sa part, tient la route. Elle contient quelques péripéties un peu stéréotypées, comme les deux espions qui se tuent mutuellement comme par hasard, mais ce n'est pas déplaisant. Comme dans la plupart des récits d'espionnage, il faut parfois s'accrocher pour s'y retrouver entre les personnages masquant tous leurs intentions et les nombreux non-dits. Ne serait-ce que l'explication finale qui dévoile les clés de l'intrigue et le message que fait passer le film du fameux scénariste sont en eux-mêmes un peu ardus à saisir. D'autant que s'y ajoutent, si le lecteur était curieux d'en savoir plus, plusieurs pages de texte dense et complexe en fin d'album qui détaillent les faits historiques concernant les deux protagonistes principaux du récit et le film en question. J'avoue m'y être un peu perdu car ils abondent d'informations sur des sujets, des personnages et des œuvres dont je ne connaissais absolument rien. Si vous êtes amateurs de bons vieux récits d'espionnage à l'ancienne, ce bel album est pour vous. Gare cependant à ceux qui sont plus réticents à aborder un intrigue complexe et demandant une petite part de réflexion et d'érudition pour être bien assimilée.

07/04/2017 (modifier)