Coquelicots d'Irak

Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)

Avec ce livre à quatre mains, Lewis Trondheim délaisse ses animaux anthropomorphisés et dessine de véritables êtres humains pour raconter l’histoire de celle qui partage sa vie.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide L'Irak La BD au féminin Lewis Trondheim Proche et Moyen-Orient

Née en Irak, d’un père irakien et d’une mère française à l’orée des années 1960, le livre retrace son enfance passée à Mossoul, ville du nord de l’Irak, à une époque où, bien avant l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, se succèdent coups d’État et dictatures militaires. Déroulant le fil de ses souvenirs, on découvre alors une vie de famille affectée par les aberrations de la dictature et leurs répercussions sur la vie quotidienne, jusqu’à l’inéluctable exil vers la France au début des années 1970. Une arrivée en France elle aussi difficile, une expérience migratoire faite de difficultés administratives, sociales et culturelles. Texte:L'éditeur

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Août 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Coquelicots d'Irak © L'Association 2016
Les notes
Note: 3.2/5
(3.2/5 pour 5 avis)
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27/10/2016 | Gaston
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L'avatar du posteur bamiléké

Je n'ai pas été particulièrement convaincu par le récit autobiographique de madame Findakly. Le graphisme de Lewis Trondheim est sans fioriture et sert de simple support au récit de sa femme. La vraie valeur de l'ouvrage tient dans le récit abondant de la narratrice. Cela se lit facilement même s’il y a de nombreux aller-retour chronologiques et spatiaux. Comme le souligne Will Eisner les souvenirs d'enfance sont toujours tronqués : "Fiction et réalité, en se mêlant peu à peu à des souvenirs sélectifs, ont débouché sur une réalité subjective." (Au Coeur de la Tempête, intro) Ils sont souvent embellis quand il s'agit de la vision des parents aimés, ici surtout le père, et presque toujours rapportés de l'expérience d'autres personnes. De plus l'autrice mélange des anecdotes assez insignifiantes avec des passages historiques bien plus importants sans hiérarchiser ces évènements. L'artiste a une position "d'immigrée" très particulière car Française pouvant trouver immédiatement un logement parisien, s'offrir des vacances à Antibes ou des cours privés à Paris. Sa critique appuyée de Saddam Hussein me surprend aussi un peu. Tout d'abord cela vient un peu après la bataille, dans les années 80 peu de voix s'élevaient contre le maître de Bagdad alors bon client et même soutenu lors de la guerre contre l'Iran. Ensuite j'ai bien connu plusieurs familles chrétiennes de Mossoul en 2014 et 2015. Elles avaient beaucoup plus d'aversion pour Daesh (sans être islamophobes pour autant) que pour le régime de Saddam Hussein. D'ailleurs un chrétien pouvait atteindre les plus hauts sommets de l'Etat (Tarek Aziz) fait assez rare dans le monde arabo-musulman. Un récit qui présente une situation particulière pas forcément généralisable.

02/07/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Trondheim collabore ici avec sa femme Brigitte Findakly, d’origine irakienne, dont les souvenirs d’enfance sont à la base de cet album. On est ici proche parfois des albums publiés par Satrapi chez l’Association (que codirige Trondheim), comme Persepolis par exemple. Mais c’est surtout très proche dans l’esprit des souvenirs de Sattouf (L'Arabe du futur). Une suite d’anecdotes plus ou moins signifiantes, un ton un peu décalé, et le dessin toujours simple et efficace du sieur Trondheim (mais dans un style un peu différent de l’habitude, sans personnage animalier) : cela se laisse lire agréablement. Mais sans passion non plus. Je n’avais pas été attiré plus que ça par cet album à sa sortie, et je ne l’ai lu que parce que j’ai pu me le faire prêter. Et je ne pense pas y retourner. Les allers-retours entre les passages en Irak au temps de la jeunesse de Brigitte, et ceux se déroulant en France, lorsqu’elle est adulte, s’enchainent facilement. Mais je trouve qu’il y manque un petit quelque chose, de l’humour, de l’ironie, pour aller au-delà d’un simple livre de souvenirs. C’est un album que l’on peut emprunter, à l’occasion.

01/10/2018 (modifier)
Par Thorn
Note: 3/5

Voici un témoignage très intéressant, d'une part de l'histoire irakienne contemporaine, d'autre part du vécu d'une famille immigrée. Pour le premier aspect, ce n'est pas évident de suivre, le récit n'est pas linéaire, il est très dépouillé, et le vécu est principalement celui d'un enfant qui est resté protégé de la majorité de la violence. Seules quelques anecdotes des cousins donnent du relief à l'ensemble, mais ce n'est pas évident de prendre du recul sur les dates, les noms et les changements de régime qui se suivent à travers cet album. L'ambiance quotidienne est bien peinte, mais de façon étrangement détachée. Le second aspect est bien mieux traité, le vécu des immigrés, et ce sur deux générations : une française immigrée en Irak, puis une irakienne immigrée en France. Les différences culturelles, la difficulté à trouver du travail, à faire des études, le fait de ne plus être vraiment de quelque part quand le pays d'origine évolue de son côté, tout cela peint par petites touches un portrait universel et réaliste du quotidien d'un immigré, très loin de l'image qui peut en être faite dans des discours de tous bords. L'ensemble vaut donc largement la lecture. Pour autant, j'ai trouvé cette lecture décevante. Il n'est pas évident de se laisser prendre par le récit, volontairement décousu, ni de se laisser toucher par le destin des personnages, le ton étant très détaché. Il y a des touches d'humour, mais moins que ce que j'attendais vu le nom de l'auteur. Je suppose que ce ton est voulu, comme une mise à distance de faits et de ressentis très intimes, et le résultat est une œuvre très différente de L'Arabe du futur ou de Persepolis, moins poignante même si également éclairante.

02/05/2017 (modifier)
Par herve
Note: 4/5
L'avatar du posteur herve

Hasard de mes lectures, je viens d'achever le troisième volume de L'Arabe du futur de Riad Sattouf et voilà que je tombe sur cette bande dessinée à la médiathèque. Je l'ai pris sans regarder le nom des auteurs, juste pris par curiosité car je savais que ce livre avait été sélectionné pour le festival d'Angoulême 2017. C'est en commençant la lecture que le trait du dessinateur me rappelle quelque chose....bon sang c'est Lewis Trondeim qui illustre le récit de Brigitte Findakly, sa compagne. D'ailleurs plus qu'un récit, ce beaucoup plus des tranches de vie que nous présente là l'auteur. On retrouve des similitudes entre les souvenirs de Riad Sattouf et ceux de Brigitte Findakly: sur l'école, la religion,la censure, la politique anti-sioniste, la propagande, bien que l'auteur semble évoluer dans une classe supérieure à celle de Riad Sattouf, ou alors l'Irak d'alors était, malgré les nombreux coups d'état que ponctuent ce récit; plus évolué que les autres pays arabe. A la lecture de ce témoignage, nous prenons aussi conscience de l'évolution de l'Irak sur ces quarante dernières années : là où les femmes devaient exposer leurs bijoux pour montrer leur réussite sociale , même en pleine rue, dans les années 70; elles doivent à présent rester cloîtrées, et accepter que leur mari aillent "voir les filles", ce qui choquera Brigitte Findakly, habituée à la vie parisienne depuis l'exil de son père. Malgré des ellipses assez maladroites entre le passé et le présent, j'ai aimé ce témoignage, à l'heure où Bagdad ou encore Mossoul n'ont pas encore pansé les plaies des conséquences de la folie meurtrière de Daesh.

08/01/2017 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Brigitte Findakly, la femme de Trondheim, raconte son enfance en Irak. On voit aussi sa vie lorsqu'elle et sa famille vont quitter l'Irak pour la France, sa vie aujourd'hui et les quelques voyages qu'elle a faits en Irak ensuite, mais le gros de l'album se passe dans l'Irak des années 60-début des années 70. C'est un album plutôt intéressant et j'ai eu du plaisir à apprendre sur la vie en Irak même si c'est déprimant de voir que la situation a empiré au cours des décennies (et déjà avant Saddam Hussein ce n'était pas toujours joyeux avec entre autres la censure et la surveillance gouvernementale). C'est prenant et c'est à lire si on aime ce genre de biographie. Le dessin de Trondheim est simpliste et agréable a l'oeil. C'est intéressant de le voir dessiner autre chose que des animaux pour une fois !

27/10/2016 (modifier)