Pornhollywood

Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)

Hollywood dans les années 1930 : intrigues mafieuses, complots politiques et crapuleries racistes dans le milieu du cinéma porno… La face sombre de l'usine à rêve.


1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Cinéma Los Angeles

Los Angeles, août 1934. Jim Jewsky, cinéaste prometteur de la Paramount tombé en disgrâce, a décidé de se reconvertir dans un autre cinéma : le porno. Mettant en scène les ébats de sosies des grandes stars de l’époque comme Mae West ou Gary Cooper, il flirte avec un genre autour duquel gravitent les pires individus que peut compter la cité des anges : mafieux, proxénètes, flics véreux ou politiciens corrompus. En réalisant des films pour le plus dangereux d’entre eux, le grand parrain Baldoni, Jim va se retrouver pris dans un terrible engrenage. Il va découvrir qu’Hollywood est un monde où chaque pellicule peut devenir une arme... [Texte de présentation de l'éditeur]

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Janvier 2016
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série Pornhollywood © Glénat 2016
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)
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26/04/2016 | Eric2Vzoul
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L'avatar du posteur Agecanonix

Le titre est racoleur il est vrai, mais il ne faut pas se méprendre, il ne s'agit pas d'une Bd de cul, mais bien d'un polar dont la toile de fond est le tournage de films pornographiques ; il y a bien un peu de fesse, mais ça reste du nu de base qui apporte des éléments au déroulement du récit, ce n'est pas de la pornographie visuelle et active. Le sujet est bon car le cinéma porno est aussi vieux que le cinéma lui-même, il y avait déja au temps du muet des images très salaces qui circulaient sous le manteau ; ici, dans les années 30 à Hollywood, c'est encore pire. Je connais surtout Noël Simsolo comme un historien réputé du 7ème art, je possède quelques ouvrages de lui dont une brillante analyse des films d'Hitchcock, il était donc tout désigné pour conter cette histoire qui tourne autour d'un réalisateur viré du studio Paramount parce qu'il avait trop de génie, et qui se recycle dans le porno en employant des sosies de stars. Cette idée rappelle celle vue dans le film L.A. Confidential d'après un bouquin d'Ellroy. J'aime bien l'ambiance insuflée par les auteurs dans ce panier de crabes qu'est Hollywood à cette époque, c'est un brassage violent et nerveux aux nombreuses références où se téléscopent les sosies de Gary Cooper et de Mae West, un tueur psychopathe, un maffieux sentimental, une riche héritière droguée, une belle jeune femme noire, Jim Jewsky le réalisateur troublé par celle-ci, auxquels s'ajoutent Marlène Dietrich ou Eric Von Stroheim alors qu'il menait une double carrière de réalisateur et d'acteur à l'époque, de même que le Ku Klux Klan vient s'immiscer dans tout ceci avec fracas. La violence est sèche, les décors sont bien choisis, dans la tradition cinématographique des années 30, le tout sans temps mort, la bande permet d'étaler la crasse et le sordide qui sévissaient à tous les étages à Hollywood, monde interlope mêlé à celui des maffieux, des tueurs glauques et des party hollywoodiennes avec alcool, drogue et plans cul... bref tout cet univers n'est guère reluisant et donne de Hollywood une autre image, beaucoup moins glamour que celle qui était véhiculée dans les films. Tout ceci est bien illustré par un dessin Ligne Claire, mais je ne reconnais pas du tout le dessin de Dominique Hé, ça change radicalement de Marc Mathieu et de Mémoires d'un aventurier où son trait était une Ligne Claire mais aux contours plus épais et parfois plus figés ; ici, il adopte un trait plus fin, et malgré quelques légers défauts de proportions anatomiques, c'est pas mal du tout. Il joue sur des aplats pour les ambiances qui ressemblent au Technicolor du cinéma, et opte pour des cadrages et des angles qui rappellent des plans cinématographiques. Au final, c'est pas une lecture transcendante, mais ça se lit sans ennui en plongeant au coeur d'une faune insoupçonnée.

11/09/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

L’histoire a quelques accointances avec l’univers développé par James Ellroy (mais se passe ici dans les années 1930 au lieu de 1950 chez Ellroy) : un Los Angeles poisseux, vicié par le mal et le crime. L’idée de ce politicien victime d’un montage avec une prostituée apparaît même dans « L.A. Confidential ». Mais je trouve qu’Ellroy va plus loin dans le glauque, et que sa plume est plus acerbe, louvoyante. Mais le scénario de Simsolo se laisse quand même lire agréablement. Mêlant personnages réels (von Stroheim par exemple) à ceux de son intrigue, Simsolo réussit à boucler son polar – de manière assez sanglante ! – en deux tomes. Pas trop de fioriture ni de détours donc (contrairement aux romans d’Ellroy), même si le racisme, le KKK, la mafia et les fantasmes orgiaques de la Jet-Set sont ici convoqués pour nous tenir en haleine. Et un dessin très ligne claire je trouve (surtout dans le second tome) : voilà une série que les amateurs de polars peuvent emprunter, voire acheter, pour une lecture sympa mais pas trop exigeante.

07/02/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Eric2Vzoul

Malgré son titre racoleur, Pornhollywood est surtout un polar qui s'inscrit dans le monde glauque du cinéma porno des années 1930. C'est l'histoire d'un réalisateur de cinéma, trop talentueux pour les studios qui préfèrent confier la caméra à ceux qui font dans l'entertainment basique, et qui se retrouve au chômage. Pour subsister, il tourne des films pornos mettant en scène des sosies des vedettes du Septième Art. Lorsqu'un mafieux lui demande de tourner un film destiné à compromettre un politicien véreux, ses ennuis commencent tandis que les cadavres s'amoncellent dans son entourage… Noël Simsolo, acteur et historien du cinéma, scénarise ce récit policier dans lequel personnages fictifs et réels se croisent en un balai sinistre. On est loin des lumières de la Cité des Anges. Dans cet univers sordide, tout suinte la médiocrité, la corruption et la violence. Les pires ordures s'entretuent avec entrain à un rythme tel qu'on a du mal à s'attacher à ceux qui survivent plus de quelques pages et l'amourette du héros avec une actrice noire (crime insupportable pour tous les tarés du ku-klux-klan) semble bien superficielle. Le récit a l'intelligence de ne pas aligner les clichés. Si l'on y rencontre le lot attendu de tueurs psychopathes, flics véreux et producteurs adipeux, les personnages ne sont pas tous ce qu'ils paraissent et parviennent même à surprendre par leurs choix. Dominique Hé, habitué du polar depuis Secrets bancaires et Secrets bancaires USA, met en images cette histoire d'assassins, de maîtres chanteurs et d'affairistes interlopes avec une froideur très chirurgicale. Son style, très ligne claire, précis, un rien figé, convient bien à un récit qui montre le verso de l'univers des stars et des studios officiels. En somme, Pornhollywood propose un récit policier en deux tomes, bien mené, qui plaira aux amateurs de l'univers sombre du Quatuor de Los Angeles de James Ellroy.

26/04/2016 (modifier)