Le Choix

Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)

L’enfance de Désirée Frappier dans les années 70 est contemporaine des débats sur l’avortement, la contraception, l’émancipation des femmes. Avec sa propre histoire comme fil rouge, elle raconte celle avec un grand H dans un roman graphique absolument magnifique, illustré d’un trait précis et poétique par Alain Frappier.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Autobiographie Féminisme La BD au féminin Le droit à l'avortement

Désirée a passé son enfance à chercher sa place, trimbalée de familles d’accueil en internats, avec, comme une parenthèse enchantée, une année chez celle qu’elle appelle « le bonheur », sa grand-mère, à Biarritz. Pourquoi ses parents semblent-il dépenser autant d’énergie à s’éloigner d’elle ? Pourquoi cette carte famille nombreuse dans sa poche et ces voyages pourtant seule ? Et ce prénom, Désirée, comme un pied de nez ? Les réponses à ces questions se trouvent dans un vieux carton, oublié dans un grenier…

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Janvier 2015
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Choix © Steinkis 2015
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 4 avis)
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17/10/2015 | Erik
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Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Ce n'est pas un hasard si je lis et avise cet album ce 8 mars 2020, Journée internationale des droits des femmes. Car celui-ci (dont c'est une réédition) nous parle de l'un des droits les plus contestés des femmes dans le monde : celui du choix d'avorter. Vaste sujet, sur lequel je ne m'étendrai pas, ce n'est ici pas le but, mais sur lequel Désirée Frappier, dont la mère a avorté, et qui a elle-même mis fin volontairement à sa première grossesse, apporte son témoignage. Elle remonte en effet à ses origines, en parlant de son enfance heureuse auprès de sa grand-mère (voilà pour la partie "poétique" qui est évoquée par ailleurs), puis de son parcours d'enfant placée, d'une famille d'accueil à des foyers, en passant par des chambres individuelles lorsqu'elle en avait l'âge. Désirée Frappier consacre une bonne partie de son ouvrage à la lutte militante, aux débats politiques houleux qui ont entouré la loi Veil, en vigueur depuis maintenant 45 ans et pour laquelle de nombreuses féministes restent mobilisées. l'autrice parle également du cas de plusieurs femmes rencontrées dans le cadre de son action militante au MLAC (Mouvement pour la légalisation de l'avortement et de la contraception), ou de ses activités professionnelles (en dernier lieu en tant que scénariste BD, évoquant l'expérience d'un autre auteur). Elle évite les détails "rebutants", parlant de souffrance, non seulement physique mais aussi psychologique, car un avortement n'est jamais anodin. Jamais. Elle nous montre le contenu d'une valise-type de militante du MLAC, permettant de pratiquer une IVG. Elle évite tous les écueils : militante, elle n'est pas rageuse. Ses mots ne sont pas percutants, mais restent efficaces pour évoquer cet évènement qui a lieu 200 000 fois par an dans les années 2000. Face aux arguments des "pro-vie", elle avance ceux de médecins, infirmières, responsables de planning familial, sociologues, psychanalystes et militantes. De quoi aborder le sujet de manière peut-être pas exhaustive, mais tout de même globale, ajoutant même l'avis -positif envers l'IVG- d'un médecin catholique fervent. Au crayon son mari Alain Frappier propose un trait froid, presque clinique, qui se permet simplement quelques effet de noir et blanc, afin d'accompagner le récit raisonné de son épouse. Je ne sais pas si c'était le cas dans la première édition, mais celle de Steinkis comportent une bonne vingtaine de pages de bonus, comportant des extraits de documents d'époque, des "scènes coupées", des témoignages supplémentaires, ainsi que des ressources documentaires et informationnelles (comme le site ivg.gouv.fr). Pour terminer de parler de cet ouvrage nécessaire, voire essentiel, je citerai Marie-Pierre Martinet, ex-secrétaire générale du planning familial (citation présente dans l'album) : Chaque année en France, plus de 200 000 femmes avortent. Elles n'ont pas à se justifier, se sentir coupables ni demander pardon. L'avortement est un droit. C'est l'histoire d'un choix, le leur.

08/03/2020 (modifier)