Portrait de l'artiste

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Dix ans après sa décision de prendre sa vie en main, nous retrouvons Michel Chapon qui refait un bilan de sa vie, qui n'a sensiblement pas changé. "J'ai 28 ans et qu'ai-je fait de ma vie ? Rien." Suite de l'album Souvenirs d'un jeune homme.


Michel Choupon a maintenant 28 ans, l'adolescent révolté est mort et remplacé par un jeune adulte, père de deux enfants et marié depuis dix ans. Il oscille entre la création de décors dans un théâtre de province et un boulot de créateur artistique chez un imprimeur. Il fait le bilan de sa vie et recommence un journal. Car sa vie est chamboulée. Il aime à nouveau (mais pas sa femme), il a des idées et veut devenir un artiste. Un vrai. Entouré par une fine équipe, il raconte ce qui se passe au jour le jour dans sa vie qu'il reprend en main. Ou du moins qu'il tente.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 1992
Statut histoire One shot (suite de Souvenirs d'un jeune homme) 1 tome paru

Couverture de la série Portrait de l'artiste © Dargaud 1992
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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20/01/2014 | gruizzli
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L'avatar du posteur bamiléké

Lauzier clôt sa création BD avec son " Portrait de l'Artiste". Lauzier était devenu homme de théâtre et de cinéma depuis une bonne dizaine d'années et on devine dans l'album cette volonté de peindre ce milieu avec un oeil légèrement caricatural. A travers les yeux et le personnage de Choupon défilent de façons sarcastiques, drôles et parfois touchantes diverses situations que Lauzier a du bien observer. Il nous livre une critique assez corrosive d'un milieu culturel "progressiste" plutôt de gauche qui a fait la pluie et le beau temps intellectuel dans ces années. C'est drôle car il introduit dans son texte des amis avec qui Lauzier a travaillé (Auteuil, Zidi, Depardieu). Lauzier le philosophe de formation qui n'a pas boudé son plaisir d'offrir des comédies pour distraire le public. On peut donc lire une opposition entre la culture élitiste et la culture populaire, mais qui au final se rejoignent pour faire oeuvre de création. De la même façon on y lit cette opposition entre un monde parisien et un monde provincial. Une sorte de duel OM/PSG puisque Lauzier nous renvoie avec Choupon, Chris et Madeleine dans sa Provence natale. Les pages dactylographiées introduites déci delà permettent de souligner certaines thématiques comme le SIDA tellement présent dans la réalité des 80's. Surtout dans un milieu artistique où la liberté et la multiplicité des expériences sexuelles avaient fait des ravages. Le graphisme et les couleurs gardent leurs caractéristiques des productions de Lauzier. Comme ses héros fréquentent plus les salons que les casernes, l'action (autre que sexuelle) est plutôt réduite. Cela peut donc paraître un peu figé. Les bulles sont vraiment très remplies avec des dialogues parfois assez difficiles. J'ai eu un peu de mal au premier tiers, car j'ai trouvé les atermoiements de Choupon vis à vis de son ratage avec Madeleine assez longs et pas forcément très captivants. J'ai préféré la suite et la fin, même si les effets sur son couple et son départ finissent un peu en queue de poisson. Cela reste une oeuvre agréable qui reste un cri d'amour pour tous les créateurs qui affrontent des périodes difficiles à gérer, parfois au détriment de leur vie familiale et de leur équilibre psychique.

28/05/2022 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Plusieurs années après Souvenirs d'un jeune homme, Lauzier redonne vie à son héros en le faisant vieillir de quelques années et en le réutilisant comme épouvantail cristallisant tout ce qu'il reproche à la société. Et une nouvelle fois, le propos fait mouche avec mordant. Le trait de Lauzier s'est vraiment amélioré au fil des albums, et nous avons cette fois-ci droit à quelque chose de beaucoup plus lisible, sans aller à dire que le dessin soit beau (il est clair et net), ou que les couleurs soient belles (elles sont assez criarde d'ailleurs). Lauzier a par contre amélioré ses phylactères et enfin la lecture se fait sans problème. C'est un grand pas en avant. L'histoire contient, comme pour Souvenirs d'un jeune homme, une partie rédigée sous forme de journal, sauf que cette fois-ci il est sous forme de texte tapé à la machine et recorrigé au stylo par-dessus. C'est amusant de lire ça, notamment quand un terme a été rayé pour un autre. Cette fois-ci, nous avons une histoire qui va s'orienter sur les jeunes adultes, mais aussi sur les artistes. Contrairement à La Course du rat où Lauzier faisait un portrait au vitriol du show-biz et des cadres, il fait ici un portrait toujours aussi grinçant et méchant, mais visant tout un autre pan de la population. C'est les pseudos-artistes qui en prennent pour leur grades, mais il attaque aussi la cellule familiale. Le portrait grinçant du personnage évolue encore dans un monde de faux-cul et de menteurs, mais cette fois-ci le propos ne fait que les effleurer. C'est en fait une BD assez différente de La Course du rat ou Souvenirs d'un jeune homme. Dans ces deux là, l'auteur faisait un portrait à charge sans concession, au vitriol, presque méchant. Là, l'auteur fait un portrait plus nuancé. Le personnage principal a aussi des bons côtés, il n'est pas seulement cette petite ordure qu'on aurait envie de frapper. Et le récit contient plusieurs passages plus sensibles, ce n'est plus seulement de l'humour glaçant (et c'est ce qui m'a fait hésiter à ranger la BD dans Roman graphique). Bref, une maturité pour le personnage mais aussi pour le ton de la BD. Si le propos reste critique, Lauzier le tempère pas mal et tout n'est plus aussi noir qu'auparavant. Cependant l'ensemble reste humoristique et grince-dents, mais surtout donne matière à réflexion. Personnellement j'ai à nouveau beaucoup aimé cet ouvrage, qui sait faire des belles critiques, souvent justes, et qui m'a laissé un petit sourire au coin des lèvres et une petite réflexion au coin du cerveau.

20/01/2014 (modifier)