La Colère de Fantômas

Note: 3.92/5
(3.92/5 pour 12 avis)

Alors que le tout-Paris a assisté à son exécution, le diabolique criminel Fantomas n’est pas mort et reparaît très en colère. Honneurs rendus et modernisation d’un célèbre super-vilain, par un duo d’auteurs inspirés !


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Le 28 décembre 1895, le policier Juve est en faction devant un salon parisien où l’on exhibe une nouvelle invention : le cinématographe. « C’est d’la photo qui bouge ! » lui dit le jeune portier, qui ne parvient pas à lui faire payer l’entrée. Soudain, une jeune femme déboule en hurlant, suppliant le policier de cacher et sauver son fils du monstre qui les poursuit. Fantomas, comme ce dernier s’appelle, pénètre en effet avec fracas dans l’enceinte. Il a une carrure athlétique, il porte un masque et flingue froidement la femme. Juve réplique aussi avec son pistolet, mais Fantomas, blessé, s’enfuit. Durant seize ans, ce monstre insaisissable hante Paris et multiplie les crimes abjects. Cependant, en ce 21 août 1911, la capitale s’apprête à suivre son procès, car il a été arrêté. Or durant son audience, devant l’assistance médusée, ce diable de bandit se paye le luxe de poignarder une ménagère, témoin d’un de ses crimes, à l’aide d’une pièce à conviction, une broche à rôtir tordue. La peine capitale est évidemment prononcée et la sentence est appliquée dès le lendemain. Avant d’être guillotiné, Fantomas crie à la foule : « Je me vengerai ! » Juve, qui a dédié sa carrière à la lutte contre Fantomas, reçoit dès le lendemain des milliers de lettres de félicitations. Paris peut-elle désormais dormir tranquille ? Rien n’est moins sûr…

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 17 Janvier 2013
Statut histoire Série terminée (un deuxième cycle est possible) 3 tomes parus

Couverture de la série La Colère de Fantômas © Dargaud 2013
Les notes
Note: 3.92/5
(3.92/5 pour 12 avis)
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20/09/2013 | Erik
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L'avatar du posteur Yannou D. Yannou

Su-bli-me. Je rejoins totalement l'avis précédent de Sloane, sur tous les points. Le graphisme est un mélange d'influences mais terriblement efficace et se fond parfaitement à l'ambiance du scénariste. L'histoire est haletante, oui haletante, jusqu'à la toute fin du troisième tome. Je rapprocherai cette bd de L'Eté Diabolik d'une certaine manière mais dans un tout autre registre. Franchement génial. EDIT : 2 ans après ce commentaire, je remonte ma note à "culte". Oui oui. EDIT : 3 ans après ce commentaire, j'ajoute "coup de coeur". Oui, oui et re oui !

28/02/2016 (MAJ le 25/01/2020) (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Fantomas est un très long feuilleton qui a enchanté les lecteurs du début du XXème siècle, et ce sur un large spectre allant du lectorat populaire à celui des avant-gardes (Breton adorait les films de Feuillade, Desnos en a tiré des poèmes, l’a adapté en feuilleton radiophonique, et on peut même penser que son personnage de Corsaire sanglot de « La liberté ou l’amour ! » s’en inspire). C’est hélas – malgré quelques grimaces réussies de de Funès, uniquement la version nunuche des films de Hunebelle qui s’est imposée dans les mémoires des dernières générations (Jean Marais plombant de son mauvais jeu le personnage de Fandor). Mais c’est clairement vers la verve, la folie et la liberté des romans d’Allain et Souvestre que lorgne le scénario d’Olivier Bocquet, et c’est tant mieux ! C’est en tout cas une bien belle réussite, avec une intrigue rythmée par la geste du prince du crime, qui se joue de la police et des valeurs de la société, ridiculisées par l’insolence de Fantômas. Le dessin de Julie Rocheleau est surprenant, original. J’avoue avoir eu besoin d’un temps d’adaptation pour m’y faire, mais je le trouve totalement raccord avec le ton adopté par Bocquet. Et la colorisation est, elle aussi, tout à fait réussie. La fin ouverte peut laisser envisager une suite. Mais ce triptyque se suffit à lui-même, et je vous en recommande chaudement lecture et achat.

16/02/2017 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur sloane

Lors de mon séjour à Angoulême certains de mes petits camarades de festival ne tarissaient pas d'éloges concernant ce triptyque. Tu vas voir, qu'ils disaient, tu vas en prendre plein la tronche! Bien vu les gars, (je note que c'est la première fois que je remercie de m'en prendre plein la tronche!). Comme une grande majorité de lecteurs, ma connaissance du personnage se résumait aux films avec Jean Marais et Louis De Funès, et j'avoue humblement qu'à l'époque j'aimais bien. Bien évidemment ces films édulcoraient totalement le personnage tel qu'il nous est montré ici ou qu'il apparaissait dans les romans feuilletons de Allain et Souvestre. C'est donc ici ce que l'on pourrait appeler un retour aux sources, à l'origine du mythe. Comme l'a dit un autre posteur c'est le premier super héros et il est super méchant. Ce méchant est effectivement magnifié par le dessin franchement original de Julie Rocheleau. J'avoue que les premières pages, j'ai eu comme un petit sursaut de recul face à ce mélange de styles, car en effet pour moi il y a comme un meltingpot d'influences qui se retrouvent parfois sur une même case. Déstabilisant vous dis je. Et puis peu à peu le style s'impose, il a quelque chose d'assez hypnotique qui vous embarque et vous donne l'impression de tomber dans l'image. Non véritablement c'est une découverte! Ne laissons pas en reste le scénariste Olivier Bocquet qui nous concocte une histoire d'une efficacité redoutable, parfaitement maîtrisée. Si un film devait être tiré de ce triptyque nul doute que son classement lui interdirait le visionnage par les plus jeunes, car tout cela est très noir. Personnellement je suis assez content de voir mis à l'honneur un personnage aussi peu recommandable et de cette manière qui plus est. Si un autre cycle voit le jour, je serais acheteur, en attendant je ne peux que chaudement conseiller l'achat pour l'un de mes coups de cœur de ce début d'année.

20/04/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Little Miss Giggles

Belle découverte que cet ouvrage. Tout d'abord, découverte d'une histoire que je ne connaissais absolument pas dans sa version originale. Comme le dit très bien le scénariste dans sa préface on est très loin du "pitre au masque bleu, poursuivi par un clown, à bord d'une DS volante" que tout le monde connait par le cinéma. On découvre une facette tout à fait différente de Fantômas, mais bien plus intéressante. Découverte ensuite d'une dessinatrice, Julie Rocheleau. Son dessin est assez particulier mais il me plait beaucoup, surtout ses couleurs. Les scènes d'action ne sont pas toujours très claires, mais ça ajoute justement au mystère de l'histoire. Espérons que la suite sera à la hauteur :) Après lecture des 3 tomes qui forment le premier cycle, ma note reste la même. L'histoire est excellente jusqu'au bout. Et après relecture des deux premiers tomes, le dessin des scènes d'action ne me pose plus aucun problème. A recommander sans aucun problème... et vivement le cycle suivant !

17/12/2013 (MAJ le 06/04/2015) (modifier)
Par sejy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur sejy

« Je me vengerai ! »… Les premières planches séduisantes crachent une vindicte improbable aux échos embarrassants : j’ai rattrapé, malgré moi, le souvenir grotesque (parodique ?) des œuvres de Hunebelle. Présumant d’emblée un vice rédhibitoire, je mollarde sans vergogne dans la soupe qui a nourri mon plus jeune âge. Cette mémoire est-elle si détestable ? Une filmographie somme toute égayante, avec ses pitres et son super vilain cabotin dont la face informe contribua à chamarrer quelques fonds de slips d’un bambin exagérément sensible. Mais au présent, chaque visionnage est devenu une revisite ingrate, confinant l’enthousiasme dans un rire dénaturé aux sarcasmes ; je me braque davantage. Quel hasard invraisemblable, quelles pirouettes ridicules légitimeront trois tomes soumis à ce chimérique présage ? Conjurer le talion, la bobine à un fil d’abdiquer sous l’assaut mécanique et tranchant du docteur Guillotin : permettez-moi de pouffer ! Je le connais ce Fantômas ! Par cœur, par trop… Et si mes caleçons n’étaient pas saufs ? Que la légende soufflait brutalement combien je me montre imprudent ; ne serait-ce qu’à évoquer son nom ? Celui-ci n’est pas l’autre. Celui-là prie un autre Dieu, taquine d’autres muses. En cet instant, en cet endroit, c’est une Némésis rouge qui s’éveille puis l’exhorte. Je la dénude ; captivé. Sillonnant les pages comme on égraine un chapelet diabolique ; effaré. Devant mes yeux, un siècle de frustrations, d’humiliations est englouti dans le sang et la rage pour reconquérir le mythe. Une silhouette ubiquiste immonde pille, broie obstinément parmi le feu et les tripes, incarnant des pulsions de barbarie foudroyantes qui fascinent les mœurs comme elles les assassinent. Génie démesuré, insaisissable, inflexible : Sa Majesté du Mal est absolue, de nouveau loyale à ses géniteurs. Charriés par le sillage contemporain de cette hubris charcutière, des prétendants insolents de charisme, des troisièmes couteaux étranges, feuilletonesques à ravir. Jetés en pâture, les uns et les autres s’agitent et s’égosillent, s’affolent, s'aventurent ou s’enfuient, s’invectivent, s’embrochent et s'entr'égorgent, s’illuminant fatalement dans l’ombre du fléau. Sa cavalcade dramatique consent quelquefois à brider les battements des tambours. Les angoisses cèdent alors la jubilation aux fantasmes ou à l’esprit. Lady Beltham paraît en belle du saigneur vaporeuse, ambiguë. La moustache primesautière de l’impétueux Juve émancipe les traits rafraîchissants d’un humour frigo disputant les sourires au cynisme impérieux de sa gouvernante. Acrobate, l’intrigue rend les hommages au genre et à ses figures Belle Époque en interprétant la valse espiègle des rebondissements, en distillant les clins d’œil historiques ou les coups de coude astucieux. Mais pas question de plier à la duperie du romanesque. Némésis poursuit ses desseins au cœur de l’effroi. La lutte échevelée sème toujours les macchabées, absout encore les amoralités. Et s’il faut un ultime rempart à la sauvagerie, ne confions pas tous nos espoirs au filtre des tableaux. La manière de relier les peurs d’un siècle aux névroses de notre quotidien moderne est sublime, mais éprouvante. Transbahutées dans une palette pourvoyeuse d’épouvante et son technicolor hématique aux rhésus orange mauvais, vert funèbre. Violence intuitive d’un esthétisme qui caresse le surréalisme dans les lignes incertaines et fiévreuses, dans la contorsion des corps ou les visages anguleux. Qui peint des ambiances irréelles, sourdes ou diaphanes, dissout le tangible dans les jeux de substances et de clair-obscur. Qui asservit le rythme en découpant, équarrissant le motif narratif pour faire convulser le temps à son souhait, dans un désordre expressionniste emprunté aux pinceaux luminescents de Macke ou à la sinistrose de Grosz. Poésie addictive du chaos qui vocifère : Fantômas est mort, vive Fantômas ! Maîtres adorés de la résurrection, utopistes vénérés du crime, bref, chers auteurs de talent, il y aura - c’est indispensable - un prolongement à ce triptyque. Que mes désirs impatients viennent à expirer, sacrifiés sur l’autel de votre bon vouloir, et… Je me vengerais !

24/01/2015 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur PAco

BAMM ! Ahhh que j'aime ces petits moments de bonheurs intense où l'on sent qu'on est en train de lire quelque chose de vraiment formidable ! Trrrès bon feeling sur ce coup là, mon instinct ne m'a pas joué de tour. C'est en vadrouille au festival Quai des Bulles de St Malo le weekend dernier que je suis (re)tombé sur cet album et que je suis rentré avec. Je dis "re", car même sans avoir eu l'occasion de l'avoir en main, j'avais vu passer sur BDthèque cette couverture bien percutante et sa critique en me disant "Tient, ça à l'air bien sympa ça..." Là, j'ai même eu la chance de pouvoir m'installer au stand Dargaud pour discuter avec les auteurs, Olivier Bocquet et Julie Rocheleau. Moment très agréable avec une très belle dédicace en prime :) Restait à dévorer la bête, et voir ce que cette colère de Fantomas avait dans le ventre... Et ma fois, c'est comblé que je referme le premier tome de cette série prévue en trois opus. OK, je partais avec quelques avantages en nature : Fantomas a toujours été un personnage qui m'a intrigué et dont je gardais de très bon souvenirs. Après, c'est comme tout, suffit pas d'avoir les bons ingrédients, encore faut-il savoir en faire quelque chose de digeste et présentable pour éviter le mal de tête et/ou l'indigestion. Et là, on est plus que gâté ! L'esprit de Fantomas, "Maître du Crime", "Prince de l'Effroi" reprends corps ! Fini les plans au flan grand-guignolesques version Louis de Funès, Fantomas est ici méchant. Je dis bien MECHANT ! Il m'a un peu rappelé le Joker dans le Batman de Christopher Nolan : un être imprévisible, l'incarnation du chaos. Olivier Bocquet a su pertinemment digérer ce personnage machiavélique pour nous mitonner un récit aux petits oignons, tout en intensité, où intrigue et personnages (même secondaires) conjuguent corps et énergie de bout en bout. Impossible de lâcher cet album avant d'en arriver à son terme ! Et tout cela est servi de la plus belle des manières par le dessin de Julie Rocheleau, dont je découvre le talent avec cet album. Tout simplement sublime ! Y'avait longtemps que je n'avais pas pris une si bonne claque graphique. Rien que pour l'originalité et la personnalité de son dessin et de sa colorisation son album vaut le détour. Difficile d'en définir le genre ou les influences, tant son trait et sa palette de couleurs sont particuliers. Ça m'a fait penser à du Lorenzo Mattotti passé à la moulinette Art-Déco... Oui, je sais ça doit pas vouloir dire grand chose, mais c'est ce qui me vient à l'esprit... En tout cas, c'est vraiment le genre d'album que je peux ouvrir à n'importe quelle page et scotcher sur une case... apprécier ensuite la composition globale de la planche : cadrages bien pensés, des découpages pertinents, le tout toujours bien équilibré... Puissant maléfice alchimique qu'ont su là nous concocter ce duo ! Il n'y a plus maintenant qu'à espérer que le suite annoncée soit du même tenant pour faire de cette série un must. A lire sans modération à vous en faire péter la panse !

30/10/2013 (modifier)