Auteurs et autrices / Interview de Olivier Bocquet et Julie Rocheleau

Angoulême 2015 fut l’occasion de rencontrer Olivier Bocquet et Julie Rocheleau. Une bonne occasion pour discuter de leur collaboration sur La Colère de Fantômas.

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Olivier Bocquet Paco : Salut Olivier, salut Julie. Je suis content de vous retrouver après notre première rencontre à Saint Malo lors de la sortie du tome 1 de La Colère de Fantômas. Depuis, on peut parler d’un beau parcours : les 3 tomes de la série sont parus, avec un accueil plutôt favorable. Avec le recul, quelle vision vous avez de cette aventure ?
Olivier : Globalement on est content parce qu’on a fait ce qu’on voulait faire. On a tenu des délais qui étaient assez serrés. Moi je le suis parce que c’était ma première BD, Fantômas, alors c’était un peu quitte ou double : soit j’étais un « tocard », soit ça valait la peine de continuer. Et honnêtement, vu l’accueil, ça m’a ouvert beaucoup de portes. Ne serait-ce que pour cela, ça valait le coup de l’avoir fait, pour pouvoir dire « Je suis crédible » et que les gens voient que mon travail peut avoir sa place dans ce qui se fait dans la BD actuelle. Donc ça c’était chouette ! Et par ailleurs, l’accueil de la BD au niveau des lecteurs et des libraires, ça fait chaud au cœur parce que les gens sont venus nous voir en nous disant qu’ils ne connaissaient pas Fantômas comme ça ou bien qu’ils attendaient depuis longtemps que Fantômas soit ça. C’était un peu l’espoir qu’on avait, mais on n’est jamais sûr quand on démarre qu’on va réussir à captiver les gens. Parce que ce sont des choix assez tranchés qu’on a fait, aussi bien dans la narration, dans les dialogues, dans la façon de faire les personnages ou évidemment le graphisme de Julie qui est super rare en BD. On me demande toujours, « Alors ça ressemble à quoi ? », et bien ça ressemble à du Julie Rocheleau, il va falloir s’y faire.

Julie Rocheleau Julie : Pour moi, du Québec, tous les retours que je reçois ce sont les retours de l’éditeur. Par contre je reviens d’une petite tournée dans le sud de la France et je suis contente de constater que le lectorat s’est diversifié. Il y a presque autant de filles que de gars, des jeunes, des vieux, c’est très varié. Et puis beaucoup de gens arrivent avec les 3 albums depuis la sortie du dernier album. Ca a recréé un intérêt pour la série avec cette sortie.

Paco : Pour revenir sur votre parcours et l’origine de cette BD, comment ce projet est-il venu sur la table? C’est toi Olivier qui a lancé ce projet ou c’est venu d’une commande ? Si je te pose la question c’est que j’ai vu que c’était à l’occasion des 100 ans du personnage que cette BD est parue.
Olivier : Oui j’ai eu l’idée de travailler sur Fantômas, mais sans savoir du tout que ça allait être un centenaire. Je savais que Fantômas était vieux, mais je ne connaissais pas les dates. Et puis j’ai mis quelques années à l’écrire car je faisais ça parallèlement à d’autres travaux, sans vraiment savoir ce que j’allais en faire. Quand je l’ai fini, au début j’ai voulu vendre le scénario pour le cinéma. Mais ça n’a pas marché pour la simple raison qu’ils n’ont jamais lu le scénario. Les ayants droits ne l’ont jamais lu. Peut-être que s’ils l’avaient lu ça aurait marché, mais je ne pense pas car depuis je les ai rencontré et ils ont d’autres idées. Mais c’est ce qui m’a donné envie de faire de la BD, car je me disais quand même qu’il y avait une bonne histoire là dedans. Fantômas c’est un personnage qui est assez fort pour qu’on s’en souvienne bien qu’il n’ait pas fait d’apparition officielle depuis Louis de Funès et Jean Marais.

Accéder à la BD La Colère de Fantômas Pol : Du coup qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire sur Fantômas ? Parce que justement il avait une image un peu désuète ; dans l’imaginaire des gens c’est de Funès ?
Olivier : Je fais souvent un parallèle entre Batman et Fantômas. Le traitement de Batman jusqu’à ce que Frank Miller s’en empare en 85 ou par là, c’était en gros la série TV des années 60’. C’était quelque chose de pop, coloré, marrant, pour les enfants. C’est exactement ce qu’est Fantômas dans l’imaginaire avec Louis de Funès et Jean Marais et je pensais qu’il y avait moyen de lui rendre ses lettres de noblesse ou en tout cas de le relancer dans quelque chose de plus moderne, de plus en accord avec ce qu’est notre société aujourd’hui et ce qu’on aimerait lire.

Paco : Et alors comment s’est faite votre rencontre, car il y a quand même quelques kilomètres qui vous séparent toi et Julie?
Olivier : Comme dit Julie, même quand on travaille avec quelqu’un à deux coins de rue on travaille par internet ; donc les kilomètres ça ne compte pas beaucoup aujourd’hui. Il fallait juste qu’on trouve un dessin qui corresponde au scénario et celui de Julie quand elle a envoyé son projet, bien que n’ayant aucune violence, aucun rapport vraiment, y’avait quelque chose de « cartoonish » peut-être qui donnait l’impression que ça pouvait marcher. [rires]

Une planche de La Colère de Fantômas, tome 1 Paco : Ce qui m’a marqué dans votre travail, c’est qu’il y a une osmose entre le scénario et le dessin qui n’était pas forcément évidente au début quand on feuillette l’album et qu’on découvre ensuite la noirceur du personnage. Et j’ai eu plusieurs retours et questions dans ce sens : est-ce que tu as du t’adapter à sa façon d’écrire ou cela s’est fait tout seul ?
Julie : C’est sûr qu’on en a parlé au début mais ça s’est plutôt fait tout seul ; j’ai essayé des trucs sans trop réfléchir nécessairement et ça a collé ; on n’avait rien à ajuster. Au départ ce que j’avais envoyé chez Dargaud ça n’avait rien à voir, c’était même plutôt mignon, pas spécialement jeunesse, mais rien à voir. Et puis dans le fond tout ce que je veux c’est qu’on me donne un projet qui me botte, qui me donne envie de me lancer dedans. Et puis après j’ai eu des idées : si je devais faire du cinéma avec un grand criminel, à quoi ça ressemblerait ? Et puis voilà, j’ai inventé un truc que je n’arrive pas forcément à cerner mais qui est là quand même.

Paco : On sent quand même dans ton travail qu’il y a plein de petites influences qui pointent, que ce soit dans la peinture ou dans le graphisme. Est-ce qu’il y a des peintres par exemples qui ont inspiré ta façon de travailler ?
Julie : Oui c’est ça, mais je ne pourrais pas vous dire des noms précis car il y en a plein. Mais il y a beaucoup de gens qui font le lien avec Lorenzo Mattoti, je crois que c’est peut-être plus au niveau de la couleur. Pour les cadrages, il y a un côté un peu cinéma et puis un peu l’affiche aussi de cette période là.

Une planche de La Colère de Fantômas, tome 1 Paco : C’est vrai que la fin XIXe, début XXe qui est une période charnière au niveau de l’histoire de l’art et de la société, avec cette envie de tout casser pour reconstruire, transpire complètement à travers ton dessin. Je me demandais si c’était quelque chose de réfléchi ou pas ?
Julie : Plus ou moins, oui. Des fois on se rend compte qu’on fait quelque chose et que ça colle ; d’autres fois ce sont d’autres gens qui vous le font remarquer et on se dit « Ah ok, je n’avais pas vu ça comme ça ». Mais ça m’arrive de prendre des notes pour voir à quoi ça ressemble ou je vais juste continuer sur ce que je faisais déjà et ça s’ajuste tout seul sur le scénario.

Pol : Comment est-ce qu’on fait pour dessiner un personnage sans visage pour ne pas perdre le lecteur ?
Julie : Ce n’est pas vraiment important. En fait son visage, c’est sa silhouette noire, ses yeux lumineux et sinistres. On l’identifie tout de suite.

Paco : C’est presque un logo en fait.
Olivier : Pour répondre à la question de tout à l’heure sur comment est-ce que le dessin et le scénario s’accordent, je me rends compte maintenant en travaillant avec beaucoup de personnes, ce qui n’était pas forcément le cas au début, qu’une grande partie de mon travail consiste à fournir un cadre qui permet au dessin de Julie de s’exprimer. Là on est sur un grand format qui pourrait faire douze cases par page, ça ne choquerait personne. Il y a beaucoup de gens qui font dix cases par page, mais ça n’irait pas avec le dessin de Julie. Son dessin, même s’il est prévu à la taille d’une planche, on sent qu’il y a du mouvement. Si on essaye de l’étouffer dans une case, ça ne marchera pas. Je travaille avec d’autres dessinateurs qui eux sont beaucoup plus à l’aise pour faire des choses beaucoup plus statiques et ça me fait développer un autre type d’écriture.

Création une planche de Fantômas en accéléré Donc en fait, je me suis adapté progressivement à la façon qu’a Julie de dessiner. Et je pense que cela se sent, parce que d’album en album on progresse. Moi sur le dernier album, j’ai écrit des séquences entières muettes pour laisser Julie se battre avec l’image, parce que je savais qu’elle pouvait le faire. Je ne vais pas demander à tout le monde de faire ça. J’aurais écrit ces séquences très différemment si j’avais eu un dessinateur réaliste par exemple.

Paco : Oui, c’est vrai que cela se sent et que les pleines pages de Julie respirent.
Julie : C’est vrai qu’il y a eu une évolution car ce ne sont pas le genre de scènes qu’on aurait pu faire dès le départ. Olivier a adapté son écriture au fur et à mesure qu’on a appris à se connaitre ; je comprenais mieux ce qu’il voulait, donc il y a eu moins besoin de détails.

Accéder à la BD La Colère de Fantômas Paco : A propos de l’écriture de ton scénario Olivier, dès le début tu as construit ton récit en 3 tomes ?
Olivier : Oui. En fait dès le début, toutes les séquences étaient écrites dans l’ordre, même les cuts entre les séquences et quelques phrases de dialogue. Après, ce qui change, c’est quelle place je donne à telle séquence. Est-ce que ça fait 4 pages, 2 pages ? Est-ce que finalement je peux raccourcir ça en 3 répliques ? Ca je le découvre pendant l’écriture parce que des fois j’ai envie de laisser plus de place à quelque chose. Des fois, il y a même des choses qui finissent par m’ennuyer parce que ça fait 3 ans que j’écris l’histoire et que je me dis « non, c’est bon ça, j’ai plus envie de l’expliquer ». Mais comme le récit a tout le temps été conçu comme une seule histoire, je me suis rendu compte en voyant des gens le lire, souvent ils prennent la 3e BD en disant « Ah c’est cool je vais la lire ». Et en fait, il y a des choses qui leur échappent. Parce que la précédente elle est sortie il y a un an, celle d’avant, il y a deux ans. Si pour certaines BD ce n’est pas très important, pour celle là, il y a vraiment quelque chose qui est tenu.

Une planche de La Colère de Fantômas, tome 2 Paco : Et vous, à titre personnel, qu’est-ce qui vous fascine ou vous a fasciné dans ce personnage de Fantômas ?
Olivier : Au départ, on voulait mettre une citation qu’on n’a pas mise parce qu’on est parti sur un autre type d’introduction écrite qui était des préfaces un peu sérieuses. Mais au départ je voulais blinder ça de citations genre Tarantino et de la Pop culture, et la première aurait été « Mais pourquoi est-il aussi méchant ??? Parce que ! » (rires) C’est ce qui est fascinant avec ce gars. C’est qu’il n’a pas de justification à ça ; il en joue. Il s’ennuierait s’il n’avait pas des gens à étriper. Et puis aussi le fait qu’il ait traversé le siècle. Ce n’est pas le seul personnage masqué qui existe, mais c’est celui dont on se souvient. Plus personne ne se souvient de Zygomar qui est apparu à la même époque. Lui, il a marqué l’imaginaire, et il marque même les fantasmes. C'est-à-dire qu’un gamin de 6 ans, même s’il n’a jamais vu les films de Louis de Funès, il connait le nom. Fantômas, tu sais que c’est effrayant. Ca c’est assez incroyable de travailler sur un personnage qui a déjà ce potentiel là. Quand le lecteur arrive, la moitié du travail est déjà faite. Je ne sais pas pour Julie, car pour elle c’est un peu différent, car elle ne connaissait pas Fantômas avant.

Paco : Alors toi Julie, comment s’est fait le choix de ton dessin pour ce personnage ?
Pol : Il n’est pas du tout connu au Québec ?

Julie : Pas vraiment, non. Je connaissais le nom, mais ça s’arrête là. Mais je me rends compte que beaucoup de gens en France aussi. Moi ici ce que j’ai aimé c’est la grande liberté qu’on a eue. Au début même je ne comprenais pas à quel point je pouvais me lâcher ; j’étais même assez timide. Et puis au tome 3 j’ai commencé à être très à l’aise, et je m’ennuyais même si je n’avais personne à étriper. J’avais vraiment plaisir à imaginer des mises en scènes et des découpages. Et puis je me dis que si je devais continuer soit la suite de ça, soit dans une autre BD dans le même genre avec de l’action, je pourrais encore pousser plus loin. On y prend goût finalement. L’éditeur nous a encouragé et laissé faire ce qu’on voulait.

Une planche de La Colère de Fantômas, tome 2 Olivier : Et moi je ne l’avais pas remarqué, mais on me l’a dit, surtout des librairies, en parlant du tome 3 en particulier, parce qu’il y a une montée en puissance dans l’action, que c’est rare les BD en dehors des mangas, où il y a tant d’action, où ça tient la route, où on n’est pas en train de tourner les pages et de s’ennuyer. Et là, c’est 100% du Julie. Même si j’ai apporté des idées, le truc de laisser 10 pages d’action pure et que cela soit intéressant, c’est un miracle qu’on ait réussi à faire ça. Je ne sais même pas comment on a réussi à s’en sortir en fait.

Paco : Et du coup, avec le contexte du moment et ce qui s’est passé à Charlie Hebdo, ça fait quoi de remettre au goût du jour le premier terroriste de l’ère moderne ?
Olivier : La BD est sortie le surlendemain de l’attentat, du coup j’ai quand même demandé à Dargaud si c’était gênant ; il est quand même sorti en catimini, personne n’avait la tête à ça, mais Pauline Mermet, notre éditrice, nous a dit « La fiction c’est la fiction ». Peut-être que si ça avait été vraiment très proche, mais là c’est quand même un héros de carton pate, vous fermez le livre il n’existe plus. Imaginez exactement la même histoire, exactement les mêmes crimes dessinés par Larcenet version « Blast », ça serait insupportable. Mais là, c’est chouette, c’est marrant, on rigole en fait. On voit les gens se faire décapiter, étriper et puis c’est drôle. Donc finalement, ça a été, même si la couverture du 3e tome est assez sanglante et mettre ça en librairie le surlendemain, ça fait bizarre.

Accéder à la BD La Colère de Fantômas Pol : Comment avez-vous travaillé sur les couvertures ? Vous avez émis des idées ou c’est plutôt toi Julie qui a proposé ?
Julie : On s’est mis d’accord sur plusieurs points Olivier et moi avant de commencer à travailler et d’envoyer des couvertures à l’éditeur, et puis le tome 2 et 3 ça a été relativement simple puisqu’on a gardé les mêmes idées que pour le tome 1. Pour le tome 1 par contre on a vraiment galéré. J’ai passé des semaines et des semaines à essayer de nouvelles choses ; l’éditeur nous laissait faire ce qu’on voulait, mais il avait une idée assez précise du genre de couverture qui allait marcher. Au début on ne voulait pas Fantômas en couverture, on ne voulait pas d’arme, on ne voulait pas de fond noir, parce que tout le monde fait ça sur fond noir, on ne voulait pas que le dos du livre soit noir… Ca faisait une longue liste ! On voulait quelque chose de plus graphique. Mais finalement, l’un après l’autre, tous ces éléments ont été enlevés ou changés pour autre chose ; l’éditrice finissait par me convaincre. A un moment donné c’était assez frustrant, mais j’ai fini par capituler.

Pol : Et au final tu es contente de la couverture ou pas ?
Julie : Oui, oui oui ! Y’a eu des moments de frustration, mais ça fonctionne très bien

Une planche de La Colère de Fantômas, tome 3 Paco : En tout cas cette première couverture avait quelque chose d’interpellant. C’est grâce à elle que j’ai fait votre rencontre à St Malo. Je passais juste devant le stand, c’est la première couverture que j’ai vue et elle m’a arrêté tout de suite.
Olivier : Oui, ça c’est quelque chose que Julie a très bien fixé. Si on a galéré, on a fini par arriver à ça, qui était l’idée évidente. Des fois on lutte contre l’évidence alors que tout était là et qu’il fallait faire ça. Et puis Julie sait faire des choses qui sortent du lot. Quand on le met au milieu d’un rayonnage, ça ressort. Pour la 2e couverture, je me rappelle qu’on avait discuté un peu de l’idée en se disant que ça serait bien de faire quelque chose qui se passe juste avant, que ce soit la première case de la BD en fait, et Julie a trouvé l’idée. Et pour la troisième tu t’es débrouillée toute seule, tu as juste fait une proposition et ça a marché.

Julie : Oui j’étais morte de rire, car je n’étais pas sûre qu’elle allait accepter, mais quand on les met côté à côté ça fait beau.

Une planche de La Colère de Fantômas, tome 3 Pol : Il y a une belle promesse avec ces couvertures et on n’est pas déçu à l’intérieur pour les 3 tomes.

Paco : Alors du coup, oui, 3 tomes, et… c’est fini ? J’avais lu dans votre préface que tu disais que Fantômas revenait toujours. Alors, partant pour un deuxième cycle ?

Olivier : Moi en tant que scénariste, quand j’ai proposé le projet à Dargaud, j’avais séquencé les trois premiers tomes et synopsisé deux cycles de trois tomes supplémentaires, ce qui nous menait à neuf et clôturait le tout. Donc en fait, pour moi chaque cycle est fermé, avec quand même un fil rouge, une ouverture à la fin, mais ça c’est vraiment typique des romans feuilletons. On n’a pas eu la place malheureusement car il a fallu rajouter quelques pages de BD, mais à la fin je voulais mettre les derniers paragraphes des romans de Fantômas où ça se finit toujours dans un nouveau drame –quelqu’un qui a disparu, quelqu’un qui va mourir – et ça s’arrête, point. On prend le livre suivant, et il n’y a pas forcément de rapport avec la fin du précédent. C’est comme Rocambole qui tombe d’une falaise et le truc d’après c’est « Ce sortant d’un mauvais pas, Rocambole… ». Donc là, nous on aimerait faire ça, en tout cas moi j’aimerais beaucoup, et je pense que Julie aussi, mais pas tout de suite parce qu’il faut qu’on fasse un break. C’est bien qu’on fasse autre chose, ça aère et on rencontre d’autres personnes, mais y’a une vraie histoire à raconter et ce n’est pas juste pour se faire plaisir. J’aimerais vraiment qu’on aille au bout. Mais après c’est pas gagné parce qu’on n’a pas fait des ventes extraordinaires, du point de vue de Dargaud en tout cas, qui a quand même des seuils de vente assez balèzes. Donc on verra. Ce n’est pas impossible si les anges sont de notre côté… ou le diable.

Tableau « Le baiser du sphinx » de Franz von Stuck Pol : Si on fait de la bonne pub sur BDthèque, peut-être qu’il y aura un 2e cycle ? [rires]
Paco : J’avais une dernière question. On discutait avec un copain hier soir et en regardant la dernière case de ce 3e tome, il m’a dit que cela lui faisait penser à un tableau. Tu t’es inspiré de quelque chose pour cette case ?

Julie : Mmm, pas d’un tableau en particulier. Mais ça peut ressembler à plein de tableaux en fait.

Paco : En fait, cela lui faisait penser au tableau « Le baiser du sphinx » de Franz von Stuck, fin XIX
Julie : Non, désolée [rires]

Olivier : Parce que moi ça m’a fait penser à Egon Schiele. Alors pour la petite histoire pour cette image finale, des fois je mets plein d’adjectifs, de superlatifs, tout ça, pour que ça dépote, mais là cette image finale… mais non on va spoiler si je raconte ça ! [rires]

Pol : Et du coup, en attendant le 2e cycle, c’est quoi vos autres projets personnels sur lesquels vous travaillez ?
Olivier : Là je travaille pour Casterman chez qui j’avais fait « La princesse des glaces » l’année dernière, la suite de l’adaptation du roman de Camilla Läckberg qui s’appelle « Le prédicateur » va sortir en avril toujours avec Léonie Bischoff au dessin. Sinon, en octobre, si on tient les délais, devrait sortir le 4e et dernier tome du « Transperceneige » que j’écris et que Jean-Marc Rochette dessine, toujours chez Casterman, qui est un tome qui à lui seul est aussi épais que les 3 tomes précédents ; donc on a beaucoup de choses à raconter. Et sinon, on est en train de lancer une série avec Casterman qui est assez balèze.

Une planche du Transperceneige tome 4 Paco : Tu as trouvé un dessinateur ?
Olivier : Non, on aimerait trouver un dessinateur, ça serait bien. C’est un des grands problèmes de la vie quand on est scénariste, c’est de trouver un dessinateur. Et puis enfin, chez Dupuis, j’ai commencé une série jeunesse. Voilà.

Pol : C’est marrant, je ne savais pas que tu reprenais « Le Transperceneige ».
Olivier : Si ça vous intéresse aussi, les 13 premières planches sont sur le site de France Inter en ce moment. En fait ils nous suivent jusqu’à la sortie ; tous les mois ils vont mettre un morceau de l’album et des morceaux d’interview.

Pol : Et toi Julie ?
Julie : Moi je travaille sur un bouquin pour La Pastèque, un éditeur québécois, puis sur l’adaptation d’un roman québécois un petit peu tranche de vie, donc ça me change beaucoup de Fantômas. Je compte le terminer au début de l’été et il devrait sortir à l’automne 2015.

Pol : merci
Julie : merci
Olivier : merci

Paco : Merci à vous deux



A voir aussi, l'interview en vidéo :

Interview réalisée le 31/01/2015, par PAco et Pol.