Moi René Tardi prisonnier de guerre au stalag IIb

Note: 3.43/5
(3.43/5 pour 14 avis)

Allons bon, Jacques Tardi nous reparle de la guerre ! Oui, mais pas la même que d'habitude !!! Et plus encore que des combats, c'est de la captivité dont il est question , celle de son père, retenu prisonnier dans un camp en Allemagne près de la Baltique, entre 1940 et 1945.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Bichromie Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs Prisons Tardi [Seconde Guerre mondiale] Europe de l'Ouest

René Tardi veut en découdre avec l'armée nazie. Plutôt antimilitariste, il choisit quand même le métier de soldat pour échapper à la pauvreté et ne pas se morfondre derrière un bureau. Pour les hommes qui survivent à la monumentale raclée de 1940, c'est le voyage en train jusqu'en Allemagne pour être regroupés dans un camp de tri, avant d'être enfermé dans un Stalag.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Novembre 2012
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Moi René Tardi prisonnier de guerre au stalag IIb © Casterman 2012
Les notes
Note: 3.43/5
(3.43/5 pour 14 avis)
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08/12/2012 | jurin
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Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Un autre témoignage de guerre ! J'en ai déjà lu plusieurs, mais comme c'est de Tardi il fallait que je le lise et de plus s'il a souvent parlé de la première guerre mondiale, je pense que c'est la première fois qu'il parle de la seconde. Cet album montre ce qu’a vécu le père de Tardi durant la guerre. Le gros de l'album se situe dans un camp de prisonnier, mais avant il y a plusieurs pages sur la vie du père avant son engagement dans l'armée et les combats qu'il a faits. C'est très instructif et j'ai approfondi des connaissances qui étaient superficielles. Par exemple, je savais la défaite que l'armée français avait subie et maintenant j'ai un témoignage qui montre à quel point l’armée était désorganisée. J’ai bien aimé voir l’évolution du père de Tardi qui au début croit en l’armée et ensuite se rend compte que ses supérieurs étaient incompétents. J'aime le fait que Tardi se représente jeune et parle à son père. Je trouve cela original et cela apporte un peu d'humour qui n'est jamais lourd. Un album intéressant quoique le rythme est parfois un peu lent.

21/11/2013 (modifier)
L'avatar du posteur Michelmichel

Il y a des séries dont la lecture vous laisse un sentiment particulier, vous change, titille votre esprit au point que vous y repensez souvent. Ca été le cas pour moi avec cette série, véritable coup de coeur. Pourtant, un peu déçu par Adèle Blanc-Sec du même auteur, qui constituait alors ma seule expérience avec Tardi, je n'attendais pas grand chose de cet album, juste de la curiosité, attisée par les avis favorables du site. Tout d'abord, la couverture est remarquable, d'un rouge pétant, elle saute au yeux, c'est la couleur du sang, tant versé à cette époque qu'elle en a dégoûté la famille Tardi, père et fils, les deux personnages principaux de ce récit biographique. Le rouge est présent par petites touches dans cet ouvrage en noir et blanc, ce qui permet de souligner un détail particulier comme un drapeau nazi dans les rues de Berlin par exemple. J'ai beaucoup aimé la façon dont la narration était menée. L'idée pour l'auteur de se mettre en abyme en tant qu'enfant, aux côtés de son père, tout au long de l'histoire, est fantastique. On sent bien que Jacques Tardi redécouvre son père dans cet ouvrage, et qu'il a eu une relation très particulière avec ce dernier, René, dont le caractère a été changé par des années de détention, puis par l'absence de reconnaissance, voire un certain dédain envers lui après la guerre. La richesse de ce témoignage authentique est inestimable. On apprend que les faits, authentiques, retranscrits dans les années 80 par René Tardi sur des cahiers d'écolier, ont été à peine modifiés. On sent que ce travail, mené en famille, a mûri longtemps, comme un bon vin se bonifie. J'ai donc dévoré cette série, avide que j'étais de savoir ce qui s'était passé dans ces Stalag, au sujet desquels on parle peu, car en effet, de cette guerre, on parle beaucoup des résistants et des camps d'extermination, mais pas de ces camps là, dont les conditions de vie était très rudes elles aussi... J'ai apprécié le fait que l'humour n'était pas totalement absent de cet ouvrage pourtant pas spécialement gai. J'ai beaucoup aimé l'anecdote de "Hello boy (prononcer bois !)", très drôle, preuve supplémentaire s'il en est besoin, que l'humour est un don permettant parfois de s'évader du quotidien le plus morne. Amateur d'histoire, cette lecture m'a donné envie d'en savoir plus sur mon propre grand-père. J'ignorais qu'il avait fait toute la guerre dans l'armée française puis l'armée alliée, et son périple a été hallucinant. Je découvre les témoignages concret de cette époque, son livret militaire, sa croix de la guerre du désert, son sarouel, vestige de la progresion des alliés vers le nord est africain. Cette lecture m'a passionné, changé quelque part, et m'a fait découvrir une facette de ma propre famille que je ne soupçonnais pas. Inoubliable pour moi... (213)

08/06/2013 (modifier)
Par fab11
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Je ne sais pas comment remercier mon collègue de travail qui m'a quasiment forcé à lire le premier tome de cette série. Grâce à lui j'ai pu lire cette magnifique bande dessinée qui est avant tout un ouvrage par lequel s'exprime le Devoir de mémoire. Celui-ci traite de la vie des prisonniers de guerre(à travers celle du père de Jacques Tardi) dans les camps allemands. C'est on peut le dire une période de l'Histoire de France qui a souvent été mise de côté ou en tout cas qui a très peu été abordée, que ce soit au cinéma ou plus encore en bande dessinée. J'ai failli ne pas lire ce récit historique car je l'avoue je n'ai été que rarement enthousiasmé par les ouvrages de Jacques Tardi sauf par le remarquable" C'était la guerre des tranchées". Si je n'accroche pas particulièrement avec les oeuvres de Tardi c'est que son dessin ne m'attire pas spécialement, voilà tout. Avant de continuer, je vais faire un bref rappel historique sur les prisonniers de guerre français sous le Troisième Reich. Au cours de la campagne de France (mai-juin 1940), 1 800 000 soldats français furent capturés par les troupes allemandes avant d'être internés dans différents types de camps. On doit distinguer les frontstalags, camps installés dans la France occupée (réservés en particulier aux troupes coloniales) et les camps établis sur le territoire du Reich allemand, les oflags (camps d'officiers) et les stalags (camps de sous-officiers et de soldats). Au nombre de 75 oflags et stalags étaient répartis dans les régions militaires allemandes dont ils portaient le numéro suivi d'une lettre ( Ia, Ib etc..). Celui qui nous interesse grâce à cet ouvrage est le stalag IIb, celui dans lequel le père de l'auteur fut interné durant 5 ans. Jacques Tardi revient donc sur la captivité de son père grâce aux notes que celui-ci avait prises durant son "expérience" particulière dans les camps de prisonniers de guerre. René a passé la plupart de son temps à observer ce qu'il se passait dans ce stalag, mais également ceux qui étaient passés dans ce camp. Ce que l'on peut en retenir en priorité c'est que la principale préoccupation d'un prisonnier est de se nourrir donc de survivre. Cela n'a donc rien de comique, d'ailleurs cette bd même si Tardi y fait un peu d'humour, n'a rien de drôle car la vie de ces hommes fut un enfer permanent. La mort est présente dans de nombreuses pages. L'auteur nous rappelle le destin tragique de certains prisonniers dont la seule faute était d'être russes ou polonais. Jacques Tardi n'oublie pas de nous rappeler un grand nombre d'évènements importants de la Seconde Guerre Mondiale comme des dates importantes (la fin de la zone libre en France ou le débarquement en Normandie) ainsi que des faits marquants comme l'extermination des juifs d'Europe mais aussi l'assassinat des officiers polonais en 1940 par l'armée russe à Katyn. L'auteur grâce à ce remarquable premier tome nous replonge dans ce passé trop souvent occulté. N'est-il pas vrai qu'il fut un temps où l'on avait honte en France de parler des prisonniers de guerre? Il valait mieux parler des résistants. Pourtant ils ont existé et il ne faut surtout pas l'oublier . Je ne reviendrai pas sur le dessin avec lequel j'ai du mal à accrocher, par contre j'ai beaucoup aimé que l'auteur se soit intégré au récit (sous les traits d'un enfant) en apparaissant aux côtés de son père et en lui posant un grand nombre de questions. Je ne peux donc que recommander la lecture de ce premier tome, certes volumineux, de cette superbe série car je suis presque sûr que la suite ne pourra qu'être aussi bien.

31/01/2013 (modifier)