Satori en province

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Chronique réaliste et humoristique d’une crise existentielle ordinaire, tranche de vie au ton ironique et désenchanté, le récit du parcours de Bruno vaut bien celui d’un héros, une descente aux enfers digne de Dante (par ailleurs guest star inattendue de cette histoire). Comme le dit un médecin généraliste, personnage de ce Satori en province : "C’est très compliqué et très dangereux, la dépression, dans un trou comme le nôtre." (texte de l'éditeur)


Crise de la quarantaine

Bruno, la quarantaine, est prof de français dans une petite ville de province. Une femme, deux enfants, un petit pavillon dans un lotissement. Des beaux-parents un peu envahissants. La vie, quoi. La vie de tous les jours. Sauf qu’il ne va pas bien, d’un seul coup, Bruno. Mais pas bien du tout. Voilà qu’il tombe en dépression, Bruno... Ou bien qu’il tombe amoureux. En fait, il n’est pas réellement certain de savoir dans quoi il tombe, Bruno. Mais une chose est sûre : il tombe ! Chronique réaliste et humoristique d’une crise existentielle ordinaire, tranche de vie au ton ironique et désenchanté, le récit du parcours de Bruno vaut bien celui d’un héros, une descente aux enfers digne de Dante (par ailleurs guest star inattendue de cette histoire). Comme le dit un médecin généraliste, personnage de ce Satori en province : "C’est très compliqué et très dangereux, la dépression, dans un trou comme le nôtre." (texte de l'éditeur)

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Avril 2010
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Satori en province © Les Enfants rouges 2010
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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07/06/2012 | Mac Arthur
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L'avatar du posteur Noirdésir

L’album se laisse lire, la narration est fluide, quelques ruptures de rythme aèrent l’histoire (on passe plusieurs fois du drame à l’humour plus ou moins corrosif). Mais je ne suis jamais totalement entré dans l’histoire. Ou plutôt il y avait toujours quelque chose qui m’empêchait de l’apprécier davantage. D’abord le dessin, plutôt simple et relativement minimaliste, mais j’ai eu du mal à me faire aux visages, comme étirés, déformés (c’est le cas du personnage principal). En tout cas je n’ai trouvé aucun visage joli. L’histoire elle-même part d’un univers triste : la morne vie d’un type en province, triste et désabusé, qui s’ennuie dans son boulot de prof de Lettres, dans sa vie familiale et amoureuse, et qui va s’accrocher à une sorte de coup de foudre maladroit pour échapper à la dépression. On peut imaginer Patrick Dewaere incarnant ce genre de personnage mal dans sa peau. Quelques longueurs toutefois dans l’histoire. Quelques bémols donc, mais c’est un album à découvrir à l’occasion.

14/09/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Durant tout l’album nous allons suivre un personnage qui face à une existence totalement insipide part dans une quête désespérée… qui le mène à la dépression. Mais ce qui, de prime abord, pourrait n’être qu’un récit sinistre devient sous la plume des auteurs amusant voire hilarant… à condition d’aimer l’humour cynique souvent pratiqué ici. Professeur de français sans vocation, Bruno, l’anti-héros central du récit, sera guidé dans ses pensées par deux égéries : Jack Kerouac et Dante Alighieri. Les œuvres majeures de ces deux auteurs (« sur la route » et « la divine comédie ») proposent alors une autre vision de la dépression traversée par le personnage. C’est amusant car intelligent et très décalé (à la manière d’un « Lincoln » mais en mieux, à mes yeux). La galerie des personnages est bien réussie, avec ce dentiste obsédé sexuel, ce beau-père bricoleur ou cette épouse transparente. Le monde de l’art, et de l’art contemporain en particulier, en prend également pour son grade même si on sent du respect et une certaine maîtrise du sujet de la part des auteurs. J’ai particulièrement apprécié la manière dont Christophe Lemoine et André Bibeur Lu décortiquent le processus de la dépression. Ҫa sent le vécu tout en restant décalé. On obtient ici une sorte de Monsieur Jean en version plus cynique, plus « borderline ». Mais s’il y a des moments qui m’ont vraiment fait rire, d’autres m’ont semblés inutiles ou redondants. J’aurais préféré un récit plus concentré. Un texte moins présent, également, car, par moments, il alourdit vraiment la lecture. Enfin, il y a ce dessin. Et si j’ai apprécié les peintures qui illustrent certains chapitres, si je trouve ce trait tendu, nerveux, en adéquation avec le sujet, je dois quand même avouer ne pas être fan du genre. Je n’aurais certainement pas acheté cet album sur simple base du rendu visuel, et les textes forts présents et parfois mal calligraphiés auraient fini de me décourager si je m’étais contenté de le survoler… Mais je suis vraiment heureux de l’avoir lu ! Intelligent et amusant malgré quelques temps faibles et un dessin auquel je n’ai pas spécialement accroché. Comme quoi, il faut parfois se faire violence pour trouver son bonheur…

07/06/2012 (modifier)