Les Mange-bitume

Note: 4.08/5
(4.08/5 pour 12 avis)

Chronique de la civilisation routière. Un récit de science fiction d'une très grande originalité.


Anticipation Auteurs espagnols BDs oubliées Best of 1970-1979 Dargaud One-shots, le best-of Pilote Science-Fiction, le best-of Utopies, Dystopies

Histoire terrifiante parce que parfaitement vraisemblable, absolument logique. pourquoi, en effet, l'humanité entière ne finirait-elle pas par s'enfermer dans des voitures? pourquoi ne serait-elle pas soumise à la froide volonté des machines? Pourquoi ne serait-elle pas gouvernée par des ordiinateurs? Il semble bien, en tout cas, que nous en prenions le chemin, ou plutôt, l'autoroute. Pas d'horreur apparente; du confort, de l'abondance. L'illustration d'une société parfaite qui a perdu son âme et va calmement à sa perte. EXTRAIT DE LA PREFACE DE RENE GOSCINNY

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Mars 1974
Statut histoire Histoires courtes (5 nouvelles) 1 tome paru

Couverture de la série Les Mange-bitume © Dargaud 1974
Les notes
Note: 4.08/5
(4.08/5 pour 12 avis)
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31/05/2002 | ArzaK
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Par Titanick
Note: 4/5
L'avatar du posteur Titanick

Ouh là là, que c'était bon à l'époque ce truc là, et, je viens de le relire, que c'est encore bon maintenant. Une vision d'anticipation qui date des années 70 en extrapolant une civilisation où la bagnole prend de plus en plus de place. S'en suit une société qui ne vit plus que par et pour les véhicules et le réseau routier. Mais ce qui ressort, c'est surtout cette déshumanisation, le totalitarisme rampant, les populations abruties par les défouloirs factices, les médias à la solde du pouvoir.... et on peut bien s'interroger encore sur l'actualité de ces préoccupations. On pense forcément à S.O.S. Bonheur dans une veine similaire. Pour le dessin et la colorisation, c'est d'époque : on peut trouver ça démodé mais moi j'adore, le ringard de cette qualité là, c'est du bonbon ! Alors maintenant ça doit être dur à trouver, mais franchement ça vaut le coup pour les amateurs de vieille anticipation sociale.

06/12/2020 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Cela faisait longtemps que je cherchais à dénicher cet immanquable de BDthèque qui manquait à ma culture. J'étais très curieux de lire cet album de science-fiction tout en étant un peu dubitatif car à lire les extraits je craignais qu'il ait mal vieilli. Et effectivement, j'ai eu un peu de mal à passer outre son côté désuet. Il y a le dessin qui est très daté, un peu raide et figé, profondément ancré dans le style des années 70. Et il y a la forme de ce récit d'anticipation qui ne correspond plus vraiment à ce qu'est devenu le monde actuel. Les voitures n'ont plus la même présence dans la société moderne, elles ne sont désormais que des outils bien moins omniprésents que les ordinateurs et autres smartphones. La BD date de juste avant la crise pétrolière et la problématique de la pollution mondiale. Et il est devenu difficile d'imaginer après celles-ci une société humaine de voitures roulant en permanence. Et nombre de détails de ce récit font surannés et dépassés, comme la méthode pour faire ses courses et le mode de vie de ces mange-bitumes. Sans parler de certaines problématiques de science-fiction abordées dans cet album et largement déjà vues dans d'autres récits de SF. Et puis le récit est assez bavard et manque un peu de rythme. Mais malgré cela, force m'est d'avouer qu'il y a de bonnes idées dans ce récit et qu'elles sont traitées avec intelligence. Cela aborde l'évolution de la société humaine, sa déshumanisation, la société moderne comme un carcan dont il est difficile de s'échapper, la vie des hommes laissée à la merci de l'administration informatique et des machines, etc. C'est un récit d'anticipation bien pensé, pas toujours parfaitement crédible mais qui aborde des sujets intéressants et fait réfléchir le lecteur. Le fait d'avoir un album scindé en chapitres qui abordent des thèmes légèrement différents et variés permet de ne pas ennuyer le lecteur et de faire évoluer peu à peu le récit pour montrer les différentes facettes inquiétantes d'une société faussement parfaite. Le monde futur qui y est imaginé ne correspond plus à un futur du monde actuel car celui-ci a évolué vers une autre direction, notamment du fait d'Internet, de l'informatique domestique et des télécommunications. Mais à peu de choses près il est quand même possible de faire la transposition et de réaliser que certaines critiques de la société et certains sujets abordés peuvent s'adapter à ce que nous sommes devenus et peut-être nous faire réagir. C'est bien fait et intelligent donc, avec pas mal de bonnes idées. Mais il n'est pas garanti de pouvoir passer facilement outre le fait que l'album a beaucoup vieilli et ne correspond plus vraiment aux goûts du jour dans la forme, et au monde tel qu'il est devenu dans les idées.

03/09/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Voilà un album que je recherchais depuis pas mal de temps, en ayant beaucoup entendu parler – et en bien. Publié au début des années 1970, cet album est par certains côtés sacrement « daté ». Et en particulier par le dessin et surtout la colorisation, typiques de cette période. Le sujet ensuite. Dès le prologue, on sent le contexte de la fin des Trente glorieuses et des années Pompidou, avec la modernisation du pays, et en particulier les infrastructures de transport (c’est le moment de la construction du périphérique de Paris par exemple). Ce prologue nous lance peu à peu dans une sorte d’anticipation « modérée » des développements de la civilisation de l’automobile, pour en arriver à une situation où tout se passe sur la route, chacun errant sans cesse sur les rubans d’autoroute, vivant dans des « cars » (un peu comme dans un sketch de Raymond Devos). S’ensuivent plusieurs petites histoires, montrant l’absurdité, la froideur de ce monde dans lequel nul ne sort plus du rang – et de sa voiture. Je regrette juste des commentaires off trop verbeux, un peu lourds. Mais pour le reste, c’est vraiment un album intéressant. D’abord par sa dénonciation – par l’absurde (et parfois quelques moments de poésie et d’humour un peu noir) de la civilisation de l’automobile. Mais cela va aussi plus loin, en s’attaquant à la société de consommation, plus généralement, chaque automobiliste n’étant plus qu’un consommateur captif, voyageant et/ou achetant, consommant sans état d’âme ni volonté propre. Enfin, l’une des histoires (la plus longue) est une critique très bien faite du fonctionnement de la démocratie, qui écarte les vrais débats au profit d’autres complètement annexes, et qui fait croire aux électeurs qu’ils décident vraiment de choses que d’autres (ici des machines) décident en fait pour eux. La prise de pouvoir finale par les machines est un amusant pied de nez à cette civilisation du consommateur automobiliste, sensé acquérir sa liberté (de déplacement entre autres) grâce à l’outil qui pourtant l’asservit. Après un prologue faisant l’apologie (ironique) du progrès, la chute est un amusant contrepied ! Pas facile à trouver –et pas toujours en bon état, comme souvent pour cette collection de Dargaud, très fragile – cet album est clairement à redécouvrir. Note réelle 3,5/5.

23/02/2017 (modifier)
Par yaglourt
Note: 5/5
L'avatar du posteur yaglourt

Voilà de la SF intelligente, du genre qui questionne le devenir de la société humaine façonnée par le progrès technologique. A n'en pas douter, les auteurs connaissent leurs classiques de la littérature SF et les ont bien digérés. A coté du kitsch (1974 oblige), on trouve pas mal d'éléments visionnaires dans cette BD, elle est notamment la première à traiter du concept de "singularité technologique" (bien avant que celle-ci ne soit popularisée par les romans de Vinge dans les années 80-90 !). Malgré ses défauts (l'anticipation est un genre difficile qui vieillit souvent mal), je pense qu'on peut la qualifier de BD culte.

13/10/2016 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Cet album faisait partie de ces vieilles bandes dessinées que je voulais absolument lire et je fus très content lorsque je l'ai trouvé dans une bouquinerie. Après lecture, je ne suis pas du tout déçu car cet album est vraiment excellent. Les différentes histoires de Lob sont très bien écrites et décrivent un futur inquiétant où les humains vivent dans leurs voitures 24h/24. Je trouve que les histoires sont intelligentes et j'ai été captivé du début jusqu'à la fin malgré le fait que l'évolution de cette situation soit un peu prévisible. Lob était vraiment un grand scénariste rempli d'imagination. Les dialogues et les textes explicatifs sont très bien écrits. Le dessin fait un peu vieillot, mais c'est justement ce qui fait son charme.

31/03/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Je découvre cette série de récits complets dans de vieux numéros du journal Pilote que j'ai dégoté au vide-grenier géant de Bordeaux il y a quelques années, car la série était parue entre 1972 et 73 avant que Dargaud n'édite cet album. C'est véritablement assez troublant par moments, parce que c'est une vision pessimiste de la civilisation urbaine qui est décrite avec ironie et lucidité par Jacques Lob, une vraie oeuvre d'anticipation, qui étrangement imagine avec 30 ou 40 d'avance des trucs que l'on vit de nos jours. Parfois il va un peu loin, on en est pas encore heureusement à vivre 24 h sur 24 dans nos véhicules, mais il est vrai que nos autoroutes et certaines de nos rocades urbaines sont saturées, les péages, les monospaces, les drive-in, la télé en voiture (qui annonce l'écran des GPS)... tout ceci existe, et les véhicules futuristes ressemblent ici à ces prototypes qu'on voit chaque année chez les constructeurs. Ce concept m'a fait penser à un dessin animé de Tex Avery "The Car of Tomorrow", qui déjà en 1951 imaginait une quantité de gadgets foldingues pour les fondus de voitures, sauf que lui voyait tout ça sous un angle évidemment humoristique destiné à générer de bons gags. Alors que dans cette bande, le propos est sérieux et inquiète un peu parfois. José Bielsa dessine tout ça de façon réaliste avec son trait sûr, solide et classique ; j'avais bien aimé ce dessinateur espagnol sur des récits historiques dans Pilote et sur des chapitres de Histoire de France en Bandes Dessinées. Une Bd édifiante d'un grand intérêt par son sujet, qui a d'ailleurs valu à cet album une belle renommée puisque l'édition Dargaud est cotée à 40 euros ; c'est cher mais justifié, enfin si vous la voyez en bibliothèque, n'hésitez pas un instant...

22/10/2014 (modifier)
Par Sirius
Note: 4/5

Datée des années 70, autrement dit de la royauté absolue de la "bagnole", cette BD n'a finalement fait que précéder la réalité : drive-in de toutes sortes, autoroutes partout, péages, perte de la marche, morts sur les routes, camping car transformés en résidences, etc. On aimerait sortir de ce cauchemar trop réaliste. J'ai fait la bêtise de la prêter à un ingénieur des routes, elle n'est pas revenue, mais la racheter plus de 60 €, c'est excessif.

05/03/2012 (modifier)
Par Arnaud
Note: 4/5

Il y a déjà longtemps que j'ai lu cette BD, mais le souvenir reste tenace. C'est une BD de visionnaire, les véhicules ressemblaient déjà fortement à ce qui ce fait actuellement, et les grues alors... Je me rappelle que quelques années après l'avoir lu, je me suis retrouvé face à face à l'une de ces grues, mais en vrai. Quel choc! Je tiens aussi à mettre en avant les cartes de crédit qui, si je me souviens bien, servaient aussi de cartes d'identité et de sécurité sociale. Nous n'en sommes pas encore là, mais c'est pour bientôt. Bref, une BD bluffante d'anticipation. Je la recherche depuis longtemps et espère pouvoir remettre la main dessus.

22/03/2010 (modifier)
Par Maitre
Note: 5/5

Bonjour, j'étais loin d'avoir le permis quand j'ai lu cette bd. Maintenant, je recherche sérieusement cet album. En fait, je voudrais revoir comment les monospaces de 1974 était dessiné, et surtout relire cet album qui m'a franchement marqué. Surtout quand j'ai vu apparaitre les premiers Renault "espace" en 1984, je me suis dis "incroyable". Cet album vaut pas mal d'études sociologiques à lui tout seul. J'ai trouvé fabuleux le coup de faire ces courses alimentaires sans sortir de la voiture, il n'est pas encore apparu à notre époque, mais ça ne devrait pas tarder, déjà que les gens essayent de garer leur voiture dans le magasin pour marcher le moins possible et qu'il faut faire des kilomètres à pied dans les grands supermarchés pour acheter sa boîte de petit pois. Pour moi, c'est un classique à donner à lire au plus de monde possible. S’il était réédité aujourd'hui, il ne serait pas du tout démodé, au contraire. Cette BD et "Brazil" sont pour moi des références à ne pas ignorer.

03/05/2009 (MAJ le 03/05/2009) (modifier)
Par L'Ymagier
Note: 4/5

Ca, j'aime vraiment bien !... Une très belle série qui débute dans l'hebdo "Pilote" n° 666 du 10 Août 1972. Sous forme de récits complets de quelques 8/10 pages, elle se terminera dans le n° 706 du 17 Mai 1973, ce après 7 "épisodes". Ces mange-bitume, c'est une sorte de vision du début des années 2000 avec quasi 30 ans d'avance ! Lob avait imaginé l'importance de plus en plus grande que la voiture allait occuper dans la vie de tous les jours. Avec 30 ans d'avance, il créait déjà des véhicules confortables équipés de TV, d'ordinateurs, d'écrans ; des véhicules où l'on peut travailler au vu de l'impossibilité croissante de se déplacer facilement sur un réseau routier de plus en plus encombré. A l'époque, Bielsa a créé graphiquement ces sortes de "concept cars" que l'on peut déjà retrouver sur nos routes actuelles. Bien entendu, un scénario de base a été créé pour donner plus de relief à ces histoires. J'avais ainsi découvert un monde régi par la mécanique, un monde où les hommes vivent quasi tout le temps dans leurs véhicules. J'ai suivi deux flics -Holster et Baudrier (!)- dans leur surveillance aérienne de ces "voitures-maisons" ; des véhicules conduits par des gens de plus en plus solitaires dans leur comportement, de plus en plus indépendants, de plus en plus insupportables aussi... Une chouette série de récits réunis en un seul album et qui fait se poser des questions en fin de lecture. Est-ce que tout ceci ne pourrait pas devenir réalité dans un futur assez proche ?... mais non, mais non... En êtes-vous bien sûr ?...

16/10/2007 (modifier)