Auteurs et autrices / Interview de Koulou

Attention, coup de coeur ! Koulou est un humaniste convaincu, qui nous raconte, à travers sa série "Le Monde de Titus", toutes ces petites choses qui lui tiennent à coeur...

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Koulou Salut Koulou, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Est-ce bien nécessaire ? J’en dis déjà beaucoup sur moi plus bas, et de toute façon, c’est mon œuvre qui doit être connue, pas moi. Je ne crois pas que ça soit tellement utile qu’on sache des choses comme mon âge, si je suis marié, ou si j’ai des enfants.

Tu es en quelque sorte né dans la BD, ton papa, Jean Torton, s’étant fait connaître sous le pseudo de Jeronaton… Tu n’as jamais eu envie de faire autre chose ?
(pour info) Mon père s’est fait connaitre sous le nom de Jean Torton dans le journal Tintin très tôt. Et il signe de son nom ses œuvres tout public. Le pseudo Jéronaton (anagramme de son nom) est devenu nécessaire quand il a commencé à publier des choses pour adultes dans le journal Métal Hurlant. Il publie toujours sous les deux noms.

Je n’ai jamais eu envie de faire « comme papa » en fait. C’est juste qu’il m’a refilé le virus du dessin qui ne m’a plus quitté, et qu’à force, ça a fini par devenir tentant d’en faire quelque chose de concret, comme un album. En fait j’ai toujours hésité sur ce que je voulais faire professionnellement. L’humain, le sens de la Vie, étant au cœur de mes préoccupations, j’ai pensé d’abord faire une carrière dans le social, comme éducateur, ou psychologue. Mais je n’ai pas vraiment fait ce qu’il fallait pour. Ensuite je me suis orienté vers le jardinage. J’ai suivi une formation intéressante dans ce domaine, mais comme précédemment, incomplète. En fait je n’ai aucun diplôme sérieux dans un domaine. J’ai même été tenté par une carrière religieuse. Finalement, je me suis décidé pour la BD sur le tard (39 ans), quand j’ai signé avec mon éditeur actuel.

D’où vient ton pseudo ?
Quand j’ai commencé à être publié, il m’a fallu un pseudo pour ne pas qu’on me confonde avec mon père, toujours actif, en signant Torton. Je n’ai pas voulu de David, car il y en avait déjà plusieurs talentueux et connus en BD, aussi j’ai été rechercher un surnom que j’avais quand j’étais petit, Koulou. La légende familiale dit qu’on m’aurait surnommé ainsi car je faisais coulou-coulou dans mon berceau au lieu de areuh-areuh. C’est original et ça se retient bien. J’aime beaucoup ce pseudo. En plus c’est aussi un nom assez courant au Mali je crois. Du coup, certains lecteurs pensant que c’est mon nom, doivent s’imaginer que je suis malien, avec la peau noire, je trouve ça amusant.

Page tirée du dictionnaire biblique junior, écrit par Daniel Poujol, illustrées par Koulou et Didier Eberlé dans le journal Tournesol. Et tu as complété ta formation de dessinateur ?
J’ai appris certaines bases classiques académiques avec mon père entre 14 et 16 ans, ainsi qu’une méthode de travail. Après ça, j’étais outillé pour progresser tout seul. Par contre j’ai pris tout mon temps. Et je n’ai commencé à être satisfait de mon niveau que vers 30 ans.

Ton véritable premier travail a été pour le journal protestant évangélique Tournesol… Quelles étaient les contraintes ?
Oui c’était mon premier travail payé. C’était très contraignant. Je ne partage pas du tout l’approche rigide et naïve du message chrétien de cette branche religieuse-là. En fait c’est tout ce que je déteste dans la religion. Si bien que j’ai souvent serré les dents avec eux, choqué par leur propos et leurs croyances que je trouve trop fondamentalistes. Mais c’était la seule façon que j’avais trouvé d’être confronté à des commandes, et d’être publié régulièrement pour des travaux pourtant pas très pros. J’ai travaillé une dizaine d’années pour eux épisodiquement, illustrant des scénarios évangélistes qu’ils me proposaient. C’était payé correctement à l’époque, et ça m’a permis d’essayer des styles, des outils, d’améliorer mon niveau en BD. Mais je ne suis pas très fier de ce que j’ai fais pour eux, n'adhérant quasiment jamais aux propos que j’ai illustrés.

Accéder à la BD Le Monde de Titus Comment est né le projet du Monde de Titus ?
Depuis des années (mes années d’adolescence où je collectionnais les figurines de plomb antiques ou médiévales), j’avais envie de dessiner des personnages aux proportions plus « mignonnes » que la réalité. J’aimais les grosses têtes qui permettent de mieux voir les émotions et les expressions sur les visages, même de loin. J’ai donc beaucoup crobardé de personnages rétrécis, cherchant le style Titus en fait. J’ai commencé par aller vers le médiéval, mais ça m’a vite paru peu original et assez limité. Et puis, j’étais plus inspiré par l’antiquité. J’ai donc abandonné les recherches moyenâgeuses, inspirées des jeux de rôles, pour m’orienter vers un univers d’inspiration antique. Mais je ne savais encore pas du tout quel propos je tiendrais avec cet outil. Je ne savais pas encore ce que j’aurais à dire, à transmettre. C’est venu en dernier ça, quand je me suis questionné sur ce que j’avais d’intéressant à partager avec les autres, qui puisse leur être utile ou les intéresser. J’ai eu envie de raconter, de partager ce qui, dans mon parcours d’être humain, m’avait fait avancer, grandir, progresser. Tout ce qui avait participé de près ou de loin à mon propre épanouissement. Ça ferait un univers positif où les lecteurs se sentiraient bien. Et peut-être y trouveraient-ils des choses qui leurs soient utiles à eux aussi ? J’avais le souvenir ému de Yakari, et ses échanges initiatiques avec Grand Aigle notamment. Je voulais situer mon propos dans cette sphère-là, celle de « l’intime avec soi-même ».

Cliquer pour voir une planche de Le Monde de Titus, tome 1 Comment as-tu trouvé ce style si particulier, avec ces têtes cubiques ?
Le style « « têtes carrées » est né de mon agacement de voir persister dans mes dessins des choses qui rappelaient trop clairement les BD qui m’ont influencé (Les schtroumpfs, Astérix, Tintin, Thorgal, Moëbius…). Je devais me « libérer des influences » comme on dit. Or, je construisais les proportions et la perspective de mes têtes dans un rectangle en volume que j’arrondissais ensuite. Et tant que j’arrondissais, ça prenait des airs de schtroumpf ou de Tintin… Je me suis alors dit que j’étais peut-être pas obligé d’arrondir autant. Et le style tête et oreilles carrées était né, me distinguant définitivement des autres graphismes.

Comment as-tu rencontré Georges Grard, ton éditeur ?
En 2006 j’ai eu internet, et l’idée m’est venue d’ouvrir un blog pour présenter un peu mes dessins au public. Ce faisant, j’allais visiter les blogs des autres dessinateurs de BD avec une grande curiosité. Et je suis un jour tombé sur celui de JAK (Jak Lemonnier) dessinateur phare de chez Grrr… Art éditions. A ce moment-là le projet Titus avait été envoyé à tous les grands éditeurs classiques, et refusé… J’ai pensé que celui qui publiait JAK voudrait peut-être de mon projet. J’ai sympathisé avec mon collègue dessinateur et lui ai présenté mon projet. Il a été emballé et a dès lors tanné Georges Grard pour qu’il publie ma série. Georges résistait néanmoins jusqu’à ce qu’il voie une version colorisée d’une de mes planches, qui finit de le convaincre que Titus avait un avenir.

Le cadre, que tu appelles toi-même « antic fantasy », se raccroche en effet à des traditions antiques, romaines et grecques en particulier (mais pas uniquement). Pourtant le ton est résolument moderne. Ce décalage, je l’imagine, était voulu…
Oui c’est voulu bien sûr. En fait, face à une histoire située à notre époque, comme nous en montre beaucoup la télé, on est tenté de prendre le propos au premier degré, et ne pas chercher la symbolique ou la métaphore cachée dedans. Tandis qu’une histoire située dans une époque différente, qui plus est imaginaire, nous donnera davantage l’intuition qu’il y a un second degré à trouver, une métaphore à comprendre, un sens caché à découvrir. Ce qui m’intéresse étant de parler de « l’humain » et de notre capacité à nous épanouir, à nous éveiller, il m’est apparu que ça marchait mieux sous forme de métaphore et de légendes inventées pour l’occasion. Du coup, situer mon histoire dans une autre époque s’y prêtait bien mieux. En l’occurrence ça me permet aussi de faire intervenir des Dieux divers, des croyances, des mythes, des dimensions parallèles, pour servir mon propos…

Cliquer pour voir une planche de Le Monde de Titus, tome 2 Sous couvert de récit d’aventures, tu abordes des sujets très actuels : l’égalité hommes-femmes, la violence, l’immigration, le racisme… Bientôt la peine de mort ?
En effet, j’aime que mes histoires fassent aussi réfléchir sur les choses essentielles qui peuplent notre quotidien. La difficulté est de le faire sans adopter un ton moralisateur, ni donner l’impression que ça serait pour suivre la mode du moment. Aussi je me garde bien de m’inspirer de l’actualité. Je suis mon récit, et son déroulement fait inévitablement émerger des sujets de société. Que je traite alors le plus honnêtement possible, en tâchant de me mettre successivement dans la peau de chacun des partis. A mon lecteur ensuite de se faire son opinion finale personnelle sur la question abordée. Par exemple je n’ai pas envie de parler d’homosexualité en ce moment car c’est trop en vogue de le faire. Je préfère attendre de sentir que c’est le moment pour moi d’en parler, pour ne pas être influencé par ce qui se dit, ou être tenté d’aller dans le sens du vent pour plaire. Mon propos doit avant tout toujours rester sincère et personnel. Je n’apporte rien à mes lecteurs si je dis la même chose que « tout le monde » sur un sujet donné. Je parlerai peut-être de la peine de mort un jour en effet. Ça dépend de ce que vivent mes trois héros. Si la question se pose pour eux, alors je serai obligé de la traiter. Me restera à trouver un angle original, et pertinent. Plus le sujet a déjà été traité, plus c’est difficile.

A côté d’un univers plutôt original, tu as aussi inventé quelques expressions fleuries… Comment t’y es-tu pris ?
Oui, on a trouvé que l’argot qu’utilisaient mes jeunes héros évoquait trop les temps modernes et en outre était marqué de ma génération. L’idée de le remplacer par des termes inventés est venue de JAK. J’ai trouvé ça excellent, et j’ai dès lors cherché des mots et des expressions qui collent avec la culture et les préoccupations de mes personnages. Ainsi « avoir du bol » par exemple, est devenu « avoir du bronze ». Le bronze étant la matière la plus précieuse de leur mode de vie, ça fonctionne tout en renforçant l’ambiance antiquité. Quant à « ça fleurgue » pour remplacer « ça craint », ça c’est venu en cherchant un peu dans nos phonèmes et en testant si ça marchait et si ça sonnait bien. Je regrette parfois, quand j’ai des mots à inventer comme ça, de ne pas avoir fait grec et latin, pour connaître l’étymologie et la racine des mots afin d’en créer de nouveaux plus facilement. Ça me serait utile, pour nommer mes animaux imaginaires notamment.

Cliquer pour voir une planche de Le Monde de Titus, tome 3 Tu indiques que quelque part, Le Monde de Titus est une BD parlant de ce qui te préoccupe. Peut-on dire que Titus et ses amis sont en quelque sorte –et toutes proportions gardées, bien sûr- un miroir de ton âme ?
En effet, quelque chose comme ça. A travers eux je témoigne des expériences humaines et spirituelles de mon propre parcours qui m’ont peu à peu transformé. Elles me paraissent dignes d’intérêt, et donc dignes d’être transmises ou à partagées avec des inconnus. Par contre je n’évoque que ce qui me semble avoir une portée plus « universelle » que ce qui peut émouvoir ma petite personne.

Tu parles aussi des travaux des photographes comme étant ta principale source d’inspiration visuelle. C’est curieux, j’aurais plus vu des illustrateurs moi…
Eh bien non justement, car les illustrateurs ont déjà interprété à leur manière la réalité. Si bien que partant de leur travail, je partirais d’une version déjà transformée qui pourrait, en outre, m’influencer. Je préfère du coup partir du réel qui est neutre, et lui donner ma patte. Le déformer suivant mon style, tout en tâchant de l’évoquer le plus justement possible afin de lui rendre hommage. C’est pourquoi je préfère m’inspirer d’une photo ou du réel, que d’une illustration ou d’un dessin.

Ce qui me surprend également, c’est la différence entre les albums : le premier était purement de l’aventure, avec la découverte d’un monde, le deuxième était un récit initiatique… J’aimerais savoir si tu écris au fil de l’eau et de tes inspirations, ou si l’ensemble de la série est d’ores et déjà cadré…
La tentation de tout maîtriser de mon œuvre m’a fait rêver d’en connaître tous les épisodes à l’avance. Mais j’en suis incapable ! Je ne suis pas J. K. Rowling, qui savait d’avance de quoi seraient faits les 7 tomes d’Harry Potter. Non, je construis mon récit « au fil de l’eau » comme vous dites, en puisant dans mes expériences passées et présentes, dans mes rencontres. Ce qui fait que le futur de Titus n’est pas écrit. J’ai plus de liberté ainsi, de partir dans une direction ou une autre, selon ce que la Vie m’inspirera ou me fera découvrir de précieux. Et j’avoue que ça me plaît. Ça me laisse, entre autre, la possibilité d’être surpris, de me surprendre, de surprendre mes lecteurs à tout moment.

Cliquer pour voir un extrait du Monde de Titus, tome 3 Tu arrives tout de même à surprendre ton lectorat, car le monde sympa que tu nous décris au début est vite abandonné par Titus et son peuple…
Le tome 1 incarnant la naissance de la série, ma propre naissance en tant qu’auteur à part entière, j’ai donc réfléchi sur cette « genèse » et cherché le cadre le plus fortement évocateur de la naissance pour y situer l’histoire, afin de renforcer mon propos. Si bien que l’idée de situer les Snogards sur une île entourée d’eau, comme l’est le fœtus dans le ventre de sa mère, est vite devenue la plus parlante. Du coup, l’île aux Tortues s’est muée en une métaphore de la grossesse et de l’accouchement, avec le volcan qui sonne le terme des 9 mois, le bateau dans la tempête qui s’échoue représentant bien l’arrivée du bébé dans le Monde, un nouveau monde. Dès lors, j’ai été contraint de détruire totalement cette île paradisiaque que j’avais créée, ainsi que les fameuses maisons en carapace de tortues que j’aimais tant et que, du coup, on ne reverrait plus. Mais ça m’a plu. Car justement, la naissance est un deuil. On y quitte le ventre protecteur de sa mère pour affronter le monde extérieur plein d’inconnu et de dangers. Et on n’y retournera plus jamais. Ça me parlait. De même quand on tourne une page importante de son évolution personnelle. Il est très rare qu’on revienne en arrière.

Pourquoi, dans le tome 2, Titus détruit-il l’épée héritée de son père au lieu de simplement la laisser un peu avant, afin de ne pas réveiller le golem de pierre ?
Il l’abandonne parce qu’il s’agit d’un renoncement. S’il la mettait de côté pour la récupérer plus tard, on ne serait plus dans le lâcher prise et le renoncement propre à un passage définitif d’un état à un autre. Ça m’est venu comme ça, d’instinct au départ. La symbolique de ce passage est forte, mais je n’ai pas forcément d’avance toutes les explications rationnelles. J’ai tourné l’idée dans tous les sens et ça ne « collait » pas qu’il conserve cette épée. J’ai donc suivi mon ressenti en la matière dans un premier temps, puis, à la relecture, et à réfléchir à cette affaire, il m’est apparu que ça marchait comme ça en effet. Il s’agit d’un passage initiatique d’un état à un autre, ou pourrait y voir de l’enfance à l’état d’adulte, et, on ne peut pas se construire en tant qu’être à part entière, sans renoncer à un moment donné à ce qui nous à été transmis, pour le remplacer par nos propres valeurs, nos propres expériences. C’est un passage obligé.

Cliquer pour voir une illustration Tiens d’ailleurs on ne voit pas ses parents… Ils sont morts ?
Je me suis longtemps posé la question des parents de Titus, en a-t-il ? Comment-sont-ils ? Sont-ils responsables d’une façon ou d’une autre, en « bien » ou en « mal », de son degré d’éveil un peu supérieur à la moyenne ? Faut-il les montrer ?

De même pour les parents de Cyrius et Maya. Et en fait je n’avais pas envie de les montrer, d’en parler. Parce que je n’ai pas envie que mes trois héros soient définis par leur dimension sociale (travail, familles, réussite sociale…) puisque leur raison d’être dans cette BD est justement d’évoquer, à travers eux, les autres parts de l’humain, que notre société moderne ne prend pas en compte. Notamment cette part d’humanité qui bat en chacun de nous et qui cherche un chemin pour s’exprimer à travers nous que j’appelle « le spirituel ». Chacun de nous peut en faire l’expérience, quelle que soit son histoire ou ses parents. Est-ce pertinent, du coup, de montrer les parents des personnages ? Chacun compose comme il peut avec les siens, mais quoi qu’il en soit, tôt ou tard, il lui faut s’en détacher pour devenir lui-même, et suivre sa propre voie. Néanmoins le tome trois nous dévoile que Titus a bel et bien des parents, à la page 45. Bref, je ne suis pas sûr que ça serait un plus de montrer de quels parents sont issus chacun des trois héros, puisque ce qu’ils deviennent au fil des tomes n’en dépend plus. En tous cas il me faudrait une bonne raison pour en dire plus sur les familles de mes personnages. Que ça ait un sens particulier.

Cliquer pour voir un extrait du Monde de Titus, tome 3 Va-t-on en apprendre plus sur le passé des Snogards, notamment sur les Sept Survivants qui ont fondé leur peuple ?
Tout est possible si l’inspiration me pousse par là et que ça vient illustrer un propos que je juge utile, qui sait ? Mais jusqu’ici ce n’est pas le cas, non. Cette histoire des 7 survivants est un mythe fondateur, une légende… Elle doit donc restée floue, imprécise, mythique…

Titus va-t-il rester le héros de la série, ou vas-tu nous emmener davantage dans la peau de Maya ou Cyrius, ses amis ?
Titus n’est le héros de la série que par convention. En vérité Cyrius et Maya sont tous deux aussi indispensables. En fait, les trois sont « le héros » pour la bonne raison qu’ils incarnent chacun une part d’un seul individu. Titus l’aspect ouvert, lumineux, intuitif ; Maya la part de féminin, et Cyrius l’approche plus matérialiste et égoïste. En séparant « mon héros » en trois personnages ça me donnait plus de place et d’opportunités d’exprimer les points de vues de ses trois parts. Donc oui, il se peut tout à fait que certains épisodes m’amènent à mettre Maya ou Cyrius plus en avant. D’aller un peu plus explorer leurs sentiments et leurs opinions que celles de Titus. C’est ce que j’ai à dire qui en décidera, ce que je veux aborder et transmettre à mes lecteurs. J’utiliserai l’outil le plus adéquat. Et ça pourrait être celui-là. Bien sûr, je suis quand même un tout petit peu contraint de garder Titus en « première place », les lecteurs étant habitués à avoir affaire à un héros « principal ».

Tu parles de faire une dizaine de tomes pour ta série… C’est toujours ton projet ?
Je ne projette rien, préférant rester ouvert à ce que l’avenir me proposera. Mais j’ai dans l’idée de poursuivre l’aventure Titus aussi longtemps qu’elle restera pour moi le bel outil de partage et de transmission qu’elle est actuellement. Et aussi longtemps que j’aurais des choses à partager et à transmettre par ce moyen formidable qu’est la BD. Combien de tomes ça tiendra ? Je ne peux le savoir d’avance. Effectivement, j’aimerais bien qu’il y en ait entre 7 et 10 au moins. Mais l’inspiration pourrait tout aussi bien m’emmener à 20 comme me faire arrêter à 5 et m’orienter vers un autre univers, et d’autres personnages, plus inspirants, ou plus aptes à me permettre de laisser se dire ce qui veut se dire à travers ma plume ?

Un fanart de Mœbius Tu n’avais pas créé une sorte de jeu de rôle en ligne basé sur le Monde de Titus ?
Oui, j’ai longtemps joué aux jeux de rôles, puis aux jeux de rôles en ligne sur forum et du coup, il m’est venu l’idée de créer un forum jeu de rôle sur l’univers de Titus, avant que d’autres le fassent en moins bien puisque moins renseignés sur cet univers que moi fatalement. Mais pour le moment, ce forum n’a aucun joueur. Ça n’a pas d’importance. De toute façon, je ne suis pas sûr que j’aurais le temps de l’administrer.

Par contre ça a été un exercice intéressant, m’obligeant à préciser certaines choses de mon univers, comme les dogmes de l’Eglise officielle par exemple. Autant de choses qui pourraient me servir dans les albums.

Sur ton blog on voit plein de fanarts d’autres auteurs, mais aussi de nombreux et jolis croquis de ta part… N’as-tu pas d’autres projets, BD ou autres ?
Non. Pour l’instant Titus, Cyrius et Maya accaparent toute mon attention et bénéficient de toute mon inspiration. Je n’ai pas tellement « la place » de faire autre chose à côté et en plus. A part des petites choses ponctuelles. C’est d’ailleurs confortable de ne pas se sentir attiré ailleurs en même temps. De ne pas se disperser.

Koulou, merci.
Interview réalisée le 17/12/2012, par Spooky.