Le saumon

Note: 2.4/5
(2.4/5 pour 5 avis)

Après avoir connu un gros succès dans l'édition, Serge Villon, scénariste déchu, apprend à vivre plus chichement à l'ombre d'un boulot sans gloire. Jusqu'au jour où son avenir s'éclaircit sous la forme d'un gros chèque.


Romanciers et Monde littéraire

Après avoir connu un gros succès dans l'édition, Serge Villon, scénariste déchu, apprend à vivre plus chichement à l'ombre d'un boulot sans gloire. Jusqu'au jour où le commanditaire d'une société de spectacle lui propose un contrat mirifique, chèque à l'appui. C'est la grande vie. Mais peut-être que Serge aura un jour des comptes à rendre. Le chèque touché n'a t-il que des cotés bénéfiques ? Pourquoi le rend t-il fou ? Et que lui veut vraiment cette femme qui le suit et travaille pour lui ? L'aime t'elle ou est-ce seulement pour l'argent et la luxure ?

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Septembre 1995
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Le saumon © Dargaud 1995
Les notes
Note: 2.4/5
(2.4/5 pour 5 avis)
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10/05/2002 | mini-chite
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L'avatar du posteur Noirdésir

La moitié du premier tome est occupée par de longs monologues du héros autour de la création en Bande Dessinée, dans lesquelles Cothias fait sans doute passer en grande partie ses vues à ce propos (d’ailleurs plusieurs des séries qu’il a scénarisées sont évoquées – même si les titres ont été un peu modifiés, et, de façon hautement improbable, le tenancier d’un bordel d’une pauvre favela de Rio lit même « Marie Tempête » dans le dernier tome !). Ces réflexions sont intéressantes, Cothias règle aussi peut-être des comptes avec le monde de l’édition, je ne sais pas, mais c’est un peu verbeux et statique du coup, ça peine clairement à démarrer. J’ai parlé de monologue, et le problème est que ça s’étale sur les trois tomes, avec des longueurs qui s’étirent… Et je me suis franchement ennuyé, en ayant l’impression de m’être fait flouer – comme Mac Arthur, mais pas forcément pour la même raison. En effet, le héros, un peu déprimé et asocial, auteur aigri par le manque de reconnaissance du public et des éditeurs, mais qui traverse aussi une crise sentimentale (que nous découvrirons par la suite), se voit contacté par une société mystérieuse, qui lui fait un chèque énorme, qu’il peut encaisser tout de suite, les contreparties lui étant potentiellement demandées « plus tard » (on ne sait pas quoi ni quand !). Hautement improbable, mais surtout, jusqu’au bout on attend ces contreparties, et plus la fin du troisième tome approche, plus je me demande comment Cothias va faire, quelle pirouette scénaristique va nous faire gober cette « générosité » (le type est devenu millionnaire d’un coup). Et au final… Ben sans trop spoiler, le vide. Et du coup, les longues digressions, les descriptions sans intérêts scénaristiques (les origines du carnaval de Rio, les arcanes de l’éditions, etc.) ne trouvent aucune justification autre que de meubler du vide ? Un peu comme ces tout aussi longues et inutiles scènes où Birgit exhibe ses formes dénudées. Le dessin de Wachs par contre reste très bon. Sans doute daté, il est en tout cas fluide et agréable. Mais ça ne suffit pas pour me contenter, ça suffit juste à ne pas mettre une seule étoile !

19/02/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Je reste peu enthousiasmé par cette trilogie, et ce dès le premier album, n'ayant lu les suivants que par pure curiosité, mais sans conviction et surtout sans passion. Dans ce tome 1, le personnage de Serge Villon se présente comme un scénariste de BD déchu qui accepte un gros chèque en échange d'un futur job, mais surtout c'est une sorte d'auto-portrait où le personnage ressasse une interview qu'il a donnée à une radio, en assénant un discours d'auto-satisfaction et d'asocial qui a l'air de défier sans cesse les règles de la société, il y est tour à tour insolent, frondeur, provocateur et jouisseur d'une vie facile grâce à son art... ces dialogues abondants et un peu pénibles à lire, m'ont passablement ennuyé, je n'y ai rien trouvé d'intéressant, c'est du radotage rempli de suffisance, un genre de texte qui tout en développant des idées et des vérités, finit en masturbation de cervelle. Pourtant, au premier abord, à travers ce scénario et ce personnage fictif, Cothias se propose de raconter le quotidien et le constat d'une vie de scénariste de BD au destin pas si différent du sien, et ça pouvait être intéressant, mais la méthode narrative qu'il emploie ne me plait pas et a fini par me barber ; il y a dans le tome 1 une première partie récitative qui m'ennuie, puis une seconde partie d'errance du personnage (lorsqu'il essaie de récupérer son ex-femme) qui ne sert pas à grand chose sinon à donner des scènes parfois inutiles ou sans intérêt, ce qui se poursuit dans les 2 autres tomes. Je préfère le Cothias au style plus fluide, à la lisibilité du récit plus marquée et au classicisme dans la forme tel qu'il le démontrait dans la plupart des séries qu'il écrivait pour Glénat entre les années 80 et 90, c'est un gars doté d'une incroyable puissance créatrice et d'une imagination très fertile que j'ai toujours apprécié, mais pas ici. Son association avec Wachs n'est pas nouvelle, ils avaient déjà oeuvré ensemble notamment sur une bonne série en collection Vécu, Marie Tempête où le dessin de Wachs n'avait pas le même visuel que sur cette Bd qui m'a l'air d'utiliser la couleur directe, mais j'aime bien ce dessin, il est lumineux et très vivant... dommage qu'il serve une narration peu attractive. Dernier point de détail : ce récit n'est pas tellement policier à mon sens, je l'aurais plutôt vu en roman graphique.

30/12/2016 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

J’ai le sentiment de m’être fait avoir. Patrick Cothias aurait-il profité de ce saumon pour nous facturer sa propre psychanalyse ? Le héros de l’histoire est en effet un scénariste de bd ayant connu son heure de gloire avec des séries telles que « le masque vert » ou « les neuf vies du balbuzard » mais qui multiplie ensuite les séries à rallonge, au point de perdre son public. Cela me rappelle furieusement quelqu’un. Nous avons alors droit à une véritable psychanalyse du héros, partagé entre son droit à la libre création, son droit à « péter plus haut que son cul » (selon ses propres termes) et sa volonté de reconnaissance, qui ne peut passer que par un succès public. Là-dessus, le héros reçoit une proposition de contrat au montant mirobolant sans qu’aucune contrepartie ne soit immédiatement exigée. Et voilà le pauvre écrivain tout angoissé à cette idée. Trois albums pour vivre les angoisses d’un gars à qui tout réussi sans qu’il n’ait rien à faire, bien souvent meublés de passages inutiles et de femmes dénudées. J’ai le sentiment de m’être fait avoir. Mention spéciale au dessin de Wachs, que j’ai bien apprécié, grâce à une mise en couleurs subtile au service d’un trait simple et précis.

23/03/2009 (modifier)
Par Jugurtha
Note: 4/5

Univers kafkaïen pour ce cycle de trois albums où un homme plonge dans l'angoisse à partir du moment où ce scénariste déchu reçoit un énorme chèque pour écrire un nouveau synopsis, dès qu'il en recevra la commande. Au départ, cet homme, Serge Villon, sombre dans la misère en se remémorant la star de l'édition qu'il a été, se souvenant des reproches sur sa production intensive et son caractère impossible qui l'ont marginalisé de la profession. Fiction ? Lorsque le premier album est sorti, ce cher Patrick Cothias étoffait ses cycles autour des "sept vies de l'épervier" et venait de lancer plusieurs séries chez Dargaud, dont celle-ci. Depuis, la carrière du scénariste a perdu de son envergure... Retour à la fiction où Villon reçoit donc un énorme chèque d'un mécène inconnu. Avec cet argent, il renoue avec son entourage passé pour mesurer l'étendu du fossé qui s'est creusé entre eux, dont avec un dessinateur avec lequel il a signé son oeuvre la plus célèbre, l'histoire d'un justicier masqué... C'est ensuite la spirale vers la folie au fur et à mesure qu'il se heurte aux réseaux tentaculaires de la société qui l'a engagé, toutes ses questions restant sans réponses... Curieuse série, donc, aux formes souvent d'un autoportrait, étude en tout cas d'un homme inadapté au monde qui l'entoure dans un milieu que connaît bien le scénariste; critique sans doute du pouvoir de l'argent, Serge Villon se complaisant de tout ce qu'il a bâti même si cela l'a mené sur une voie de garage, tandis que la fortune offerte le rend fou; vision moqueuse du système capitaliste contemporain, détruisant l'individu qui cherche à découvrir qui tire les ficelles au plus haut niveau... Bien construit pour la forme, avec des considérations psychologiques nullement embarrassantes, séduisant sur le fond avec son originalité, le scénario de Cothias est passionnant de son départ réaliste vers sa fin pessimiste en passant par son développement ironique. Quelques digressions gâchent sans doute le plaisir en donnant quelques faiblesses à un récit qui compte parmi les meilleurs de l'auteur. Wachs l'illustre sagement avec une mise en couleurs directes efficace, servant bien le texte, mais qui aurait peut-être mérité plus de démesure parfois. En tout cas, une série passionnante, ambitieuse et originale, qu'il est indispensable de connaître dans son intégralité pour en juger.

18/05/2007 (modifier)

Une BD sympa... Le dessin est pas superbe mais on s'y fait vite et on s'y attache peu à peu. L'histoire est étrange, inconpréhensible, on attend toujours la suite, on veut comprendre... Pourquoi a t-il touché ce cheque? La réponse n'arrive jamais comme si le scénariste lui même n'y avait pas trouvé de réponse. Donc l'histoire tourne en rond sur la fin et c'est bien dommage parce que ça devenait bien prenant! Je m'attendait évidemment à une meilleure fin mais bon la BD n'est pas si mal non plus et on peut y prendre quelque peu de plaisir... Non ce n'est pas une BD indispendable mais ça se lit tranquilement et ça fait réel!

10/05/2002 (modifier)