Lendemains de cendres

Note: 4.25/5
(4.25/5 pour 4 avis)

Peinture du talentueux dessinateur et scénariste cambodgien Séra, de la fin du régime Khmers Rouge à la fin des années soixante-dix. Essentiel et boulversant.


1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Guerre civile cambodgienne et Khmers rouges Mirages

1978, le régime khmer; à l'agonie, connaît ses ultimes soubresauts. L'invasion du Cambodge par les troupes vietnamiennes lui porte le coup fatal. Plus encore qu'un territoire, c'est tout un peuple, victime d'une violence aveuge et arbitraire, qui doit aors se reconstruire. Ecartelés entre perte de valeurs, extrème pauvreté et exil necessaire, Nhek et Chantrea vont traverser les ombres en quête d'une renaissance...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 20 Juin 2007
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Lendemains de cendres © Delcourt 2007
Les notes
Note: 4.25/5
(4.25/5 pour 4 avis)
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30/09/2007 | Adrien
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Par Adrien
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Lorsque que le neuvième art mélange Histoire et fiction, il est patent que l'impact est juste et puissant. La division des événements historiques par le biais des cases permet de s'attarder sur des parcelles de vie, ancrées dans une réalité vécue. A jamais, la bande dessinée nous fait preuve de son efficience lorsqu'elle devient un moyen pour une fin historique. Elle est mémoire, elle devient peu à peu une nouvelle arme contre l'ineffable de l'Histoire. Sera, qui signe ici la fin d'un cycle sur la dictature des Khmers Rouges au Cambodge, s'installe avec ferveur et raison au niveau du panthéon des témoins de l'Histoire par le crayon, avec autant de puissance qu'un Art Spiegelman. Ce livre de 120 planches est une merveille de l'art séquentiel, Sera nous plonge par l'intensité d'une narration frivole et multi langues dans les décombres d'un pays bouleversé. Il parcourt avec brio les degrés de l'âme humaine, de ces hommes et de ces femmes, qui représentent une humanité meurtrie, désenchantée et écorchée. La narration se mêle avec le documentaire, le dessinateur s'insère avec omniprésence dans son récit, comme pour s'allier avec ses personnages, comme pour nous prouver qu'il prouve. Les personnages, chez Sera, sont des reflets de tous les hommes, de nous tous qui devons comprendre et ne pas oublier que l'homme est capable du pire. Les personnages nous fixent du regard, ils sont multiples, mais jamais anonymes car centrés dans l'image. Ils nous prennent comme témoins, comme porteurs d'une mémoire qui ne doit jamais disparaître. On les sent vivre. Là est l'art de Sera, les personnages transcendent la feuille de papier, ils sont opaques, on sent une existence et une vie, ils semblent réels. C'est pourquoi, incontestablement, ce livre est bouleversant. On ressent l'horreur et la puanteur de la terre, on entend les sons, le vent silencieux, le cliquetis des armes. Lendemains de cendres est une synesthésie, une prouesse de la bande dessinée. Chaque case est un délice visuel, les techniques se mélangent et s'épousent. Essentielle et singulière, cette oeuvre incontournable de Sera est un cri de renaissance pour un neuvième art, trop souvent en manque de perfection.

30/09/2007 (modifier)