L'Aigle sans orteils

Note: 3.78/5
(3.78/5 pour 36 avis)

2005 : Grand prix RTL de la bande dessinée. 2006 : Prix du jury œcuménique de la bande dessinée. L'histoire d'Amédée, militaire au début du 20° siècle, qui, de retour à la vie civile, va tout faire pour assouvir sa passion et son désir : participer au Tour de France.


1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Aire Libre BD à offrir Cyclisme Dupuis Grand prix RTL de la bande dessinée Handicap La Montagne Les prix lecteurs BDTheque 2005 Prix oecuménique Sport

Juillet 1907, Amédée est un de ces soldats qui charrient à dos d'homme le matériel nécessaire à la construction de l'observatoire du Pic du Midi. Il va rencontrer Camille, un de ces messieurs de l'observatoire, passionné par le Tour de France, la plus grande épreuve cycliste du monde, comme annoncé à sa création en 1903. Amédée n'est pas long à attraper le virus. Revenu dans son village, au pied du Pic, Amédée enchaîne les portages pour économiser l'argent nécessaire à l'achat de son premier Alcyon. Il prend tous les risques jusqu'au jour où la montagne est la plus forte. Amédée passe une nuit entière dans les monts gelés. Il en sort vivant mais amputé des orteils. Ce n'est que le début de son incroyable odyssée : comment un coureur handicapé, inconnu, (un isolé qui ne peut recevoir de l'aide de personne sous peine de lourdes pénalités) va se hisser de Tour en Tour aux côtés des plus grands, les Georget, Petit-Breton ou Garriguou, sur des routes encore mal dégrossies, par-delà des cols encore sauvages. Le jour où son surnom devient L'Aigle sans orteils, Amédée entre dans l'aristocratie du Tour...

Scénario
Lax
Dessin
Lax
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Juin 2005
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Aigle sans orteils © Dupuis 2005
Les notes
Note: 3.78/5
(3.78/5 pour 36 avis)
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24/06/2005 | MUMU
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L'avatar du posteur bamiléké

Lax est un maître conteur en humanité ! Je ne sais pas si sa formidable histoire d'Amédée Fario est pure fiction ou possède un fond de réalité mais peu importe. Mon premier avis sur le site était dédié à Marathon, c'est dire si l'effort solitaire avec un dépassement de soi gratuit m'attire. Même si mes légendes sont plutôt Zatopek, Mimoun ou Abebe Bikila, j'ai aussi rêvé sur les noms de Gaul, Coppi, Bahamontes Thévenet ou Hinault. Petit-Breton est un nom que l'on se transmettait de génération en génération comme le trésor d'un patrimoine sportif historique qu'il ne faut pas oublier. Merci à Lax de nous rendre ce patrimoine en images si belles. Au-delà de la belle histoire d'Amédée, c'est la formidable histoire des premiers Tours que l'auteur fait revivre. Effort, solidarité, créativité de la technique et de l'hygiène sportive, vision des organisateurs sur l'impact populaire d'un grand événement sportif, il y a tous ces thèmes très bien mis en valeur dans l'ouvrage. Evidemment, 1910,1911,1912,1913, le récit s'égraine comme une pendule tragique qui avance vers l'indicible. L'ombre portée de la guerre est toujours présent dans l'esprit du lecteur. Toutes ces vies, ces histoires non écrites à cause de ces vieillards ventripotents et galonnés qui vont envoyer des millions d'Amédée à la mort et produire des monstres encore plus terrifiants. 100 ans après, j'en ai encore de l'amertume dans la bouche et un ouvrage comme celui de Lax nous rappelle ce monstrueux gâchis. Je suis fan du dessin de Lax depuis ma lecture du Choucas. Lax ne nous vend pas de la Pin-up ou du BG body buildé (encore que Amédée est BG et Adeline à croquer) mais ses visages dans l'effort sont magnifiques. Son trait presque caricatural se prête bien aux rictus grotesques qu'ont tous les sportifs (moi le premier) au bout de leurs forces. Lax partage avec Cosey ses grandioses descriptions de montagne. Ici nous sommes gâtés. C'est dur, caillouteux, anguleux et froid mais c'est beau. Les teintes jaunes et bleutées sont piles dans les ambiances voulues. Lax revient aussi sur le thème du handicap surmonté, probablement un hommage à son frère, cela enrichit aussi un récit qui n'a aucune faiblesse à mes yeux. Pour finir, voilà une histoire qui crée de l'émotion, de l'empathie pour tous les personnages. Une lecture qui ne m'a pas laissé insensible.

01/05/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Comme dit dans un autre avis sur les Bd concernant le cyclisme, j'ai été dans mon enfance assez passionné par le Tour de France (l'époque Merckx surtout entre 1969 et 1976) et par les coureurs que j'aimais comme Poulidor, Ocana, Van Impe, Zoetemelk, Gimondi, Thévenet... jusqu'au premier Tour de Greg Lemond. Cette passion m'avait été transmise par mon grand père qui était dans le vélo et qui avait connu personnellement Bartali et Bobet. Après Lemond et l'époque Hinault, j'ai décroché car ce sport a commencé à être moins propre, et surtout beaucoup trop médiatisé. Lax rend un hommage à la petite reine dans ce bel album, c'est les débuts du cyclisme, une époque héroïque avec les premiers Tours de France, tout un monde bien éloigné de nous et presque oublié de nos jours, avec de vrais pionniers comme Petit-Breton, Lapize, Trousselier, Garrigou, Thys ou Faber, des gars qui souffraient sur des vélos rudimentaires et sur des routes pyrénéennes dont l'état en ce temps-là était déplorable. A cette époque, ces gars en chiaient vraiment, les crevaisons étaient fréquentes, ils devaient changer leurs boyaux eux-mêmes, les vélos étaient lourds et inconfortables, l'équipement très artisanal, les blessures très douloureuses... bref rien à voir avec le cyclisme moderne que l'on connait avec de belles routes de montagnes regoudronnées chaque année et où les coureurs sont devenus de véritables assistés au coeur d'un dispositif technologique de pointe et d'une ultra médiatisation. Le vélo et la montagne sont très liés depuis les débuts du cyclisme comme on le voit dans cette aventure qui restitue à merveille cette époque grisante, et dotée d'un personnage très attachant et farouchement déterminé à accomplir son rêve. J'admire des gars comme ça qui ont une telle volonté, une telle abnégation malgré les obstacles. Le scénario progresse de façon remarquable avec un bon dosage d'émotion, et Lax dont je n'aime pas habituellement le dessin, notamment sur Le Choucas, fait preuve d'un trait plus appliqué (la pleine page du Pic du Midi en construction est vraiment superbe). D'autre part, la Bd est instructive, j'ignorais ces portages vers le Pic, mais en même temps, il fallait bien grimper là-haut tout ce qui a servi à construire l'observatoire, et ensuite ravitailler les scientifiques qui y travaillaient. Pour y être allé moi-même une fois (en voiture par la piste en fin d'été), je trouve remarquable le courage des gars qui grimpaient chaque jour à pied, même l'hiver. L'aspect humaniste est enfin bien développé tout au long de ces pages, j'ai bien aimé la relation chaleureuse entre Amédée et Camille, et la ferveur populaire envers Amédée ; je reproche seulement une fin trop hâtive et trop abrupte. Sinon, c'est une belle histoire sportive et une formidable aventure humaine, un défi au destin qui je crois peut plaire même à des lecteurs n'aimant pas particulièrement le cyclisme, mais beaucoup plus aux amateurs de vélo..

27/11/2015 (modifier)
Par js
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

L'aigle sans orteils. Voilà un titre mystérieux ; d'autant plus que la couverture représente un cycliste bravant un col. Et dans les premières pages, nous découvrons "Amédée Fario, quatorzième d'artillerie de Tarbes". Deux questions : quel rapport avec le cyclisme ? Comment va-t-il perdre ses orteils ? Le cyclisme, il n'y connaissait rien et surtout ne s'y intéressait pas. Jusqu'au jour où il rencontre "Camille Peyroulet, astronome", travaillant à l'observatoire pour lequel Amédée et le reste de la quatorzième montent de lourdes caisses remplies de tous les matériaux pour le finir ! C'est alors que Camille va demander à Amédée de lui ramener "L'Auto" afin de suivre sur papier depuis son observatoire le Tour de France 1907. C'est alors que, petit à petit, Amédée va devenir passionné par le Tour ! Et le voilà parti en quête d'un rêve, d'une grande ambition : devenir coureur du Tour ! Mais un vélo, un bon vélo, ce n'est pas donné ... ! L'histoire, menée d'une main de maître par Christian Lax, va nous montrer la volonté, impressionnante de Fario pour parvenir à ses fins ! Mais l'histoire ne fait pas la morale sur la motivation ou les sportifs, non ! Nous suivons un homme, sans particularités, vivant chez sa grand-mère, pas marié, qui va tenter de vivre son rêve coûte que coûte ; même si les périls qu'il prend vont lui coûter quelques orteils ! Malgré cela, notre homme se relève de cette épreuve, comme il va se relever des autres d'ailleurs, afin de ne pas lâcher son objectif : courir le tour ! Certes, il lui faudra quelques années (problème d'argent, de santé, d'entrainement). Le tour ? Pas si populaire que cela comme sport. Bon d'accord, ayant un père fan de cyclisme, j'apprécie vraiment cette épreuve sportive ! Et encore plus dans cette BD qui nous montre le tour comme certains ne le connaissent pas, le tour où les coureurs n'ont pas leurs 'mécaniciens' sous la main, ils sont seuls avec leurs boyaux (de vélo) autour du cou. Pas de managers sportifs dans la voiture non plus. Une vraie épopée sportive, à l'ancienne ! Christian Lax nous livre ici une BD où il allie grand scénario, beau dessin et véritable passion ! A la fin de ma lecture, une case me reste en tête : la tête de Fario en bas à droite de la planche 64. Il a vraiment l'expression d'un coureur qui donne tout et qui, malgré les lourdes jambes et la fatigue, va continuer par passion, par compétition, par plaisir, par ambition ! C'est d'ailleurs à partir de là que les journalistes vont s'intéresser à lui ! Tout au long de la BD il est question de cyclisme. Mais l'intelligence de l'auteur est d'aller au-delà de ce sujet en montrant les longues traversées solitaires et glaciales de Fario, son amitié avec Camille et sa relation avec sa grand-mère et sa future fiancée. Toute ce récit baigne dans un décor pittoresque et rafraîchissant ! L'air de la montagne est présent sur la majorité de l’œuvre. On vit l'histoire et le dessin y contribue vraiment ! Les personnages sont expressifs et les perspectives sont bien rendues ! Les couleurs collent très bien avec la date du récit car elles donnent l'impression de planches jaunies, vieillies par le temps ! Une belle tranche de vie, une belle leçon de courage et une fin excellente qui met en relief une tragique vérité ! D'ailleurs, le début aussi commence sur une vérité cruelle. Bref, un coup de cœur !

09/06/2011 (modifier)
Par Nyarla
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

J'ai adoré ce one shot que je trouve particulièrement bien réussi. L'histoire est poignante. Les dessins sont superbes, la colorisation également. L'ambiance des scènes en montagne ou à vélo est magnifique. Enfin, l'auteur a fait un travail documentaire digne d'éloges. A posséder absolument dans sa collection, surtout si on aime le vélo et la montagne.

27/09/2006 (modifier)