L'Orfèvre (Lozes)
L’action de L’Orfèvre se déroule à Paris. Le climat social est explosif entre manifestations et émeutes. À l’instar de Blacksad ou Maus, les personnages sont des animaux anthropomorphes. Le récit ayant deux portes d’entrée, le livre n’a donc pas une mais deux couvertures ! Peu importe le chemin que vous prenez, vous serez plongés au cœur de l’enquête.
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Entrée pile – L’inspecteur Hippolyte Cisife arrive sur la scène d’un crime. Alors que les forces de l’ordre sont débordées, une série de meurtres abominables se produit. Sur place, à côté du cadavre, on retrouve la pièce d’identité de l’épouse d’un riche homme d’affaires : Faustinien Gaston. Ce dernier évoque des relations entre sa femme et un groupe activiste… Entrée face – Au fond d’une grotte, perdue, Justine cherche de la lumière. Après de multiples errements, elle s’extirpe du piège dans lequel elle était coincée jusque-là. À peine sortie, elle tombe sur un policier, un inspecteur qui cherche son partenaire. Quelques phrases échangées et déjà, ils fuient le climat hostile des ruelles alentours…
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Date de parution | 23 Août 2024 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Voici un album qui mérite clairement d'être beaucoup plus connu qu'il ne l'est. Un album qui frappe dès la première page par son audace et sa maîtrise graphique. Le noir et blanc est d’une précision remarquable, chaque trait de bic délimite avec finesse un Paris en pleine ébullition, et les jeux de lumière, particulièrement sur les visages d’animaux anthropomorphes, sont d’une grande beauté. Le choix d’un style animalier rappelle les classiques du genre, mais ici Lozes réussit à s’approprier ce registre avec une originalité certaine. J'ai été vraiment bluffé par le niveau de détail et c'est en comprenant après que Lozes y a passé 10 ans que je comprends mieux ! Le concept des deux récits en miroir est vraiment intéressant : on choisit son point d’entrée dans l’histoire, chaque chemin mène à une enquête bien ficelée. Néanmoins, après avoir exploré les deux voies, je trouve que le scénario fonctionne mieux dans un sens que dans l’autre. Un des récits s’impose avec plus de fluidité et d’impact, tandis que l’autre paraît moins évident. On se prend au jeu de vouloir comprendre comment les deux récits se lient, et le procédé n’a rien d’un simple gadget : c’est une véritable expérience de lecture. Il y a des scènes où l’on sent clairement la connexion entre les deux histoires, mais cette mécanique n’est pas toujours maintenue avec la même force tout au long du livre. Malgré ces qualités indéniables, j’ai ressenti quelques bémols qui m’ont empêché de lui attribuer une note parfaite (la barre est haute pour un 5). D’abord, certains mouvements des personnages semblent un peu étranges. Le dessin est certes exceptionnel dans les détails et les expressions, mais il y a parfois une certaine rigidité dans les mouvements. Ensuite, l’évolution des époques révolutionnaires m’a un peu perdu. On passe d’une époque à l’autre (Mai 68, la Commune, l’Occupation…), mais sans que cela soit véritablement justifié par le récit. L’effet est visuellement intéressant, il renforce l’idée d’un Paris toujours en lutte, toujours en révolte, mais je n’ai pas vraiment compris ce que cela apportait à l’histoire elle-même (en dehors de ce côté lutte qui est important). Ce choix semble plus esthétique qu’intrinsèquement lié à l’intrigue, ce qui laisse un léger sentiment de confusion. Cela dit je chipote, il faut bien quand on lit les avis précédents. L’Orfèvre reste un album marquant. Le polar noir, oppressant, la construction narrative en miroir, et l’audace graphique font de cette première BD une belle prouesse. Il y a un talent indéniable chez Lozes, notamment dans la manière dont il gère ses personnages et l’atmosphère d’un Paris en proie à la violence. C’est un coup de cœur pour moi, mais ce flou sur les sauts temporels et quelques maladresses dans l’animation des personnages me poussent à lui donner un solide 4 étoiles plutôt qu’un 5. On est proche de la perfection, mais il manque un petit quelque chose pour franchir ce dernier cap.
Eh bien, pour une première incursion dans la BD, Aurélien Lozes réalise un coup de maître ! C’est un album vraiment surprenant, et je remercie Jetjet de m’y avoir fait penser (encore un qui me coûte cher !). Si l’on résume l’intrigue, on peut arriver à un polar relativement classique, avec les fausses pistes qui vont bien pour égarer le lecteur et étirer le suspens (j’ai commencé côté « bouquetin » de la couverture). J’avoue avoir assez tôt repéré les personnages jouant le « mauvais rôle. Du polar classique ? Oui, mais alors déjà on serait sur du haut de gamme en matière de construction. Mais surtout, il y a beaucoup d’autres choses qui rendent cet album remarquable, qui le font clairement sortir du lot. D’abord ce dessin vraiment très joli, très chouette, d’une précision et d’une clarté impressionnantes. Lozes a donné à son polar des aspects cinématographiques, avec gros effets, il multiplie les points de vue, les contre-plongées, les plans divers. Surtout, tous ses personnages ont des corps et des comportements humains, mais des têtes d’animaux. Fait remarquable, non seulement les très nombreux personnages sont faciles à différencier, mais en plus Lozes réalise l’exploit – à moins que je me sois trompé – de n’avoir pas deux personnages de la même espèce ! Et du coup ça confirme ses aptitudes au dessin, il a du talent le bougre. Ses personnages à tête d’animaux, dans des décors historiques plus ou moins anciens m’ont fait penser, plus qu’à Blacksad, aux romans collages de Max Ernst, Une semaine de bonté en tête. Il faut dire que Lozes use d’un beau Noir et Blanc fin et pur, qui fait penser aux gravures justement utilisées par Ernst dans ses collages. J’ai parlé de décors historiques, et là, Lozes se révèle encore original. L’intrigue se déroule dans Paris. Un Paris en permanence secoué par une agitation insurrectionnelle, que les protagonistes traversent à leurs risques et périls. Surtout, cela se passe dans un espace contemporain, avec manifestations violentes, puis, au fur et à mesure que nos héros traversent Paris, durant Mai 1968, puis l’insurrection de la résistance contre l’occupant allemand fin août 1944, la semaine sanglante de la fin de la Commune, et enfin les violences de septembre 1792 en pleine terreur (ou l’inverse selon votre choix de lecture). Lozes, qui s’est documenté et connait bien Paris et son histoire agitée, a su faire en sorte qu’on ne se pose pas de questions, et cela ne nuit jamais à la fluidité et à la crédibilité de l’histoire. Incroyable mais vrai – y compris lorsque l’on attaque le « verso ». Car l’album est une sorte d’upside-down. Après avoir fini la première partie (la moitié supérieure), on retourne l’album pour prendre la suite – peu importe le sens de départ. Lozes parvient même à plusieurs reprises, lors de pleines pages ou de grandes cases, à rendre raccords les deux « étages ». Au final, on a un polar noir et violent. En plus des différentes violences révolutionnaires qui font du décor un champ de bataille permanent, Lozes use de violence dans l’intrigue fil rouge, les morts s’empilent, et il n’hésite pas à se débarrasser de certains personnages principaux. Quelques rares bémols : le papier glacé (j’aurais préféré – affaire de goût – un papier plus épais) et quelques petites questions sans réponse (ou alors j’ai raté quelques détails), même si je ne veux pas spoiler. Mais bon, ça reste des réserves mineures, car on a là un album qui mérite plus qu’un coup d’œil. Un des meilleurs albums de l’année assurément ! Un polar magnifié par des choix esthétiques et narratifs : un futur immanquable ?
Du travail d'orfèvre ! Une BD qui se trouvait sur ma liste d'achat bien avant sa sortie en librairie. Difficile d'écrire un avis sans déflorer les nombreuses surprises qui vont vous surprendre. Bon, déjà une narration singulière qui est un délicieux mélange de Dessus-dessous et de Tremblez enfance Z46. En effet, la BD propose deux couvertures différentes et deux sens de lecture, mais vous ne pourrez lire que le haut des planches puisqu'il vous faudra retourner le livre pour lire le second récit en dessous. Pas d'ordre imposé dans le choix de la lecture, vous pouvez commencer par l'une ou l'autre histoire sans que cela soit gênant. Des personnages charismatiques pour un polar noir et violent, captivant et surprenant, très bien construit et aux rebondissements bien amenés. Un scénario diabolique qui m'a transporté à différentes époques pour une histoire sans fin. Diabolique ! La partie graphique est somptueuse dans un noir et blanc de toute beauté, il est réalisé au bic. Des personnages représentés avec des têtes d'animaux où l'expression des "visages" est stupéfiante de réalisme. De superbes nuances de gris, des effets miroirs époustouflants pour un résultat qui m'a laissé bouche bée. Pour une première BD, Aurelien Lozes a fait très très fort ! Un indispensable pour les aficionados de polars. Culte et gros coup de cœur.
Le temps détruit tout. Pour une fois l'expression n'est pas galvaudée et disons le de suite : l'Orfèvre va vous retourner la tête au sens propre comme au figuré puisqu'on y raconte deux histoires se rejoignant quelque soit le choix initial du lecteur pour entamer sa lecture. Partant d'un concept assez fou, ce travail sur 10 ans réalisé entièrement par un artiste inconnu dont c'est la première œuvre risque de marquer durablement votre rétine aussi bien sur le fond que la forme. Sur le fond : il s'agit d'une enquête policière se déroulant dans une ville de Paris au XXième siècle sans plus de précisions au bord de tensions entre le peuple et les autorités. C'est dans ce contexte tendu que l'inspecteur Cisife va rechercher la vérité autour du meurtre sordide d'une femme inconnue dans une sombre ruelle écartée. Privilégiant la manière forte, les divers indices vont l'emmener un peu plus loin vers des personnages peu recommandables... En parallèle, un autre flic va mettre sa vie en danger à l'autre bout de la ville pour sauver une autre femme traquée pour des souvenirs dont elle n'a plus connaissance.... Sur la forme : les deux histoires se rejoignent puisque les histoires se répondent par un jeu de miroirs : il faut en effet lire le livre uniquement sur les pages supérieures jusqu'à la fin de l'ouvrage puis le retourner et recommencer le même principe. Ce qui semble être un gadget narratif se révèle bien plus malin que cela et je n'ai eu de cesse d'aller au bout de l'aventure en écarquillant les yeux constamment, amusé par le procédé et entrainé par le rythme effréné de cette histoire policière à tiroirs. Aurélien Lozes utilise un dessin écrit au bic noir dans un trait très précis et utilise des animaux anthropomorphes pour illustrer sa galerie de personnages ambigus de la même façon que Blacksad. C'est à la fois malin, audacieux et bourré de références cachées dont il ne convient pas ici de dévoiler pour laisser place à la surprise. Le récit est assez violent et entrecoupé de scènes d'action réussies. Ce polar noir à la mise en scène audacieuse flirte fréquemment avec la raison mais également l'intelligence de son lecteur. Il serait cruel d'en dévoiler davantage tout comme le fin mot de l'histoire s'il existe puisqu'on dénombre au minimum deux façons de lire cet ouvrage à moins qu'il s'agisse d'une boucle à l'infini ? Il y subsiste tellement de non dits et de mystères que l'envie de vite y retourner et s'y perdre littéralement me fait furieusement envie.
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