Les Paysages de la nuit

Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)

Un récit paranoïaque à l'ambiance glauque et poisseuse.


Serial killers

Dans un monde gouverné par des androïdes au sens moral élevé, un enquêteur humain doit découvrir le meurtrier qui sévit dans un petit village. Un style pictural exceptionnel, des atmosphères chargées d'angoisse. La griffe d'Alex Barbier.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1994
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Paysages de la nuit © Delcourt 1994
Les notes
Note: 2.67/5
(2.67/5 pour 3 avis)
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03/08/2003 | ArzaK
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L'avatar du posteur Noirdésir

J’avoue avoir pas mal hésité pour la note, mais aussi pour le contenu de l’avis concernant cet album. Le fait est que je vous conseille fortement de le feuilleter avant d’investir. Et, si vous êtes trop cartésiens et peu friands de créations originales et/ou « poéticoborderline », je pense que vous pouvez carrément vous abstenir. Il est quasiment impossible de résumer le contenu de l’album. Si intrigue il y a, elle est totalement diluée – et par la même travestie, pervertie et « explosée ». Le style graphique tout d’abord, qui varie, mais qui mise plus sur le flou (et des corps « fondus », la barbaque et les tripes à l’air à la Bacon parfois aussi). Quant à l’intrigue – ou tout du moins les textes, c’est à la fois très poétique (mais une poésie très noire !), mais aussi parfois un chouia trash et en tout cas, comme pour le dessin, souvent obscur. Plus une affaire d’ambiance, dans laquelle il faut entrer, qui alterne science-fiction et vague roman graphique (un serial killer rode). Entre Druillet pour la BD, et Bataille pour la littérature (pour l’érotisme et la violence). Hélas, si je suis intéressé par la création originale, et aussi par la poésie, je suis resté comme « rejeté » par cet album, dont je n’ai pas su trouver toutes les clés. C’est très sombre ! Un poème tragique et illuminé, qu’il faut savoir apprécier sans comprendre, sans doute. PS : c’est marrant, j’avais rédigé cet avis et, en ziottant les 2 précédemment postés sur le site, je découvre celui d’Arzak. Eh bien il nous est visiblement venu exactement les mêmes références (sans doute partageons-nous pas mal de lectures…). Je confirme donc qu’être réfractaire à Bataille ou à une certaine forme de poésie surréaliste est rédhibitoire pour apprécier cet album.

07/05/2018 (modifier)

Personnellement, s’il y a un auteur que j’aurais aimé adorer, c’est bien Alex Barbier. S’agissant de ma première rencontre avec ce dernier, je reste cependant très mitigé… Visuellement en tout cas, c’est impressionnant ! L’auteur a une véritable maîtrise de la couleur directe. Chaque case est un tableau… Pour ce qui est du scénario par contre, l’auteur a du mal à convaincre. Tout commence lorsqu’un humain est chargé, par ce qui semble être un groupe de cyborgs, de résoudre une série de meurtres perpétrés dans un petit village. À partir de là, le récit part dans tous les sens : l’on suit les pensées de telle personne, l’on parcourt le journal de telle autre et l’on en revient parfois au héros… Le lecteur ne trouvera pas réponse à toutes les questions auxquelles invite l’auteur (et c’est franchement un euphémisme !) L’album laisse une impression de mauvais rêve. L’ambiance y est malsaine et oppressante à souhait. Cauchemardesque et, partant, décousu au possible, ce récit est à réserver strictement aux amateurs du genre – qui, à mon avis, ne seront pas légion...

02/01/2010 (modifier)
Par ArzaK
Note: 3/5

Voilà encore le type d'album dont j'aimerais parler sans être obligé de le coter et sans devoir répondre à la question : achat conseillé oui on non ? Car si je le conseille à certaines personnes, je le déconseillerais fortement à d’autre. Alors : - Si l’exploration des ténèbres intérieures vous passionne, si vous attendez d’un récit non pas d’être compréhensible de A à Z mais d’être avant tout un tremplin pour l’imaginaire. Si vous vous êtes du genre à vous enfiler tout Lautréamont au cours d’une sombre nuit d’hiver en relisant avec délice les passages les plus incongrus. Si pour vous, Georges Bataille est le plus grand écrivain de ce siècle. Si vous décorez votre maison avec des reproductions des peintures de Bacon, prétextant à qui veut l’entendre que c’est ce qui se fait de plus beau. Ce livre est pour vous. Dans le genre, cela ne vaut certainement pas le fabuleux et sulfureux "Histoire de l'oeil" de Bataille mais cela mérite amplement d'être posé sur le même rayon de bibliothèque. - En revanche, si vous détestez les films de David Lynch, si vous pensez que le surréalisme est aux sureaux ce que la philatélie est aux timbres, si pour vous Baudelaire n’écrit déjà plus en français. Si pour vous, la peinture s’arrête à l’impressionnisme et que les « maîtres » suivants ne sont que d’infâmes scribouilleurs tout justes bon à égaler les dessins d’une fillette de 5 ans… Passez votre chemin ! Vous ne verrez que dans ce livre une bouillie infâme, indigne de vos certitudes esthétiques. Car « Les paysages de la nuit » n’est qu’un faux récit. Un véritable leurre. On se croit tout d’abord dans un récit de science fiction dans lequel un humain, plus tout à fait certain d’être un humain est envoyé par les androïdes qui dirigent la terre, chez lui (un peu comme si, dans votre salon, vous vous leviez et vous vous disiez : « Je vais chez moi ») avec pour mission de démasquer l’identité d’un étrange tueur en série. Mais très vite, agressé par des images floues et des visages aux contours incertains, des corps informes s'adonnant à leur plus bas instincs... le lecteur comprendra qu’il ne devra attendre de cette enquête ni conclusion, ni déroulement traditionnels. Car « Les paysages de la nuit » n’est qu’une fausse bande dessinée, les cases ne se suivent pas, elles aspirent toutes à une espèce de néant proprement anti-narratif, comme détruites de l’intérieur. Un petit tour dans le galerie devrait achever de vous convaincre de la profonde originalité graphique de Barbier. « Les paysages » de la nuit est une peinture, funeste et déroutante, qu’on préférerait ne pas avoir trop longtemps sous les yeux. Mais qui semble lever le voile sur quelque chose de l’humain : sa profonde solitude. En même temps, y'a plus gai comme bd.

03/08/2003 (modifier)