Frontier

Note: 3.93/5
(3.93/5 pour 14 avis)

Angoulême 2024 - Prix Éco-Fauve Prix Landerneau de la BD 2023 Quand la Terre suffoque de par l’exploitation de ses dernières ressources, l’humanité se tourne vers un nouveau territoire, l’espace, au-delà de la planète du système solaire : « La Frontière ».


Angoulême 2024 : les gagnants ! Angoulême : récapitulatif des séries primées Anticipation Conquête de l'espace Label 619 Les prix lecteurs BDTheque 2023 One-shots, le best-of Prix Landerneau Science-Fiction, le best-of

Dans cette nouvelle ruée vers l’or, trois destinées s’entremêlent : Ji-soo, scientifique passionnée par l’inconnu ; Camina, mercenaire fougueuse et enjouée ; et Alex, un mineur qui n’a jamais connu la Terre. Ce récit d’aventure narre le parcours tumultueux de ce trio, mais aussi de leur quotidien, celui de vivre dans un nouveau monde. Il pose la question d’une nouvelle humanité complètement déconnectée de son berceau, la Terre, pour se tourner uniquement vers les étoiles.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Avril 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Frontier © Rue de Sèvres 2023
Les notes
Note: 3.93/5
(3.93/5 pour 14 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

05/04/2023 | Alix
Modifier


L'avatar du posteur nisaY_keciC

Quand j’ai commencé Frontier, j’ai tout de suite été marqué par le dessin, qui est vraiment particulier. Le style de Singelin, avec ses personnages aux têtes rondes, presque enfantines, et ses influences très manga, peut surprendre au premier abord. Mais moi, j’ai accroché immédiatement. J’aime beaucoup ce contraste entre des personnages très stylisés et un univers de science-fiction hyper détaillé. Les décors, les vaisseaux et les paysages spatiaux sont riches et impressionnants, et je prends souvent le temps de m’arrêter sur certaines cases juste pour admirer le travail graphique. Pour moi, ce dessin donne une vraie identité à la BD et la rend mémorable. Le scénario m’a aussi beaucoup plu. Je me suis laissé emporter par cette histoire d’exploration spatiale qui parle autant d’aventure que de relations humaines. J’ai trouvé l’univers crédible et bien construit, avec ses règles, ses dangers et ses mystères. J’ai aimé découvrir peu à peu ce monde et comprendre ce qui se cache derrière cette quête de nouveaux horizons. Le récit avance de manière fluide, et j’avais toujours envie de tourner la page pour savoir ce qui allait arriver. Les personnages sont un autre point fort à mes yeux. Je les ai trouvés attachants, avec leurs failles, leurs peurs et leurs rêves. Même dans un contexte futuriste, je me suis reconnu dans leurs réactions et leurs émotions. J’ai apprécié la façon dont leurs relations évoluent au fil de l’histoire, entre tensions, entraide et moments plus intimes. Grâce au dessin très expressif de Singelin, je trouve que leurs sentiments passent aussi beaucoup par les regards et les attitudes, ce qui rend l’ensemble encore plus vivant. Frontier m’a vraiment marqué parce qu’il réussit à combiner un style graphique atypique que j’adore avec un scénario solide et prenant. Je ressors de cette lecture avec l’impression d’avoir voyagé dans un univers à part, à la fois spectaculaire et humain. Pour moi, c’est une BD qui vaut autant pour le plaisir des yeux que pour l’histoire qu’elle raconte, et que je recommanderais sans hésiter à ceux qui aiment la science-fiction et les œuvres qui sortent des sentiers battus.

29/12/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Le Grand A

Bon, commençons par le positif : j’ai adoré le dessin. Pas du tout surpris par Singelin que j’avais découvert sur PTSD, c’est du même acabit avec énormément plus de pages. Ça foisonne de détails et de minutie, c’est coloré, c’est kawaï, bref le gars a un style bien à lui reconnaissable qui me plaît à chaque fois beaucoup. Après sur le fond qu’est-ce que je peux en dire ? (…) C’est bien les histoires pétris de bons sentiments, ça me touche autant que ça me fait lever les yeux au ciel. Les messages positifs, l’entraide, l’humanité, le progressisme, tout ça c’est bien, j’y souscris en partie, mais c’est trop souvent traité sur un ton mièvre qui à la longue a fini par me perdre. « Gnagnagna les méchantes corporations capitalistes qui font rien qu’exploiter la misère humaine et les ressources de la planète », qu’est-ce que j’en ai marre de lire cette marotte dans la SF, j’vous jure, ok Jean-Michel Jenfoncedesportesouvertes, on a compris t’es de gauche. Les terres rares, les ressources premières, ce qui fait marcher ton téléphone Apple, ta télé 4k et tout ce qui fait qu’aujourd’hui tu ne vis pas dans une cabane en torchis au fond des bois, toutes ces choses ça pousse par terre, suffit de se baisser pour les ramasser. Les grandes entreprises, les entrepreneurs, ce sont des créateurs de richesse (et je parle pas que de pognon, d’ailleurs où est le mal à générer du profit ?), ils font bouger la science, font évoluer les infrastructures, améliorent par la recherche la vie des gens. Ok c’est pas tout blanc ni tout noir mais dans Frontier c’est pour le coup très manichéen. Non parce que dans la dernière partie, lorsque nos personnages débarquent sur la station utopique où tout le monde il est gentil, tout le monde il s’entraide, on plante des arbres et y a plus d’argent (on se demande comment tout cela tient debout en vrai), bah ta ZAD en vrai elle peut pas fonctionner. Parce que c’est pareil hein, une ZAD c’est 10 gusses qui font tenir la zone en se bougeant le cul pour 90 autres qui en branlent pas une. Mais bon… c’est mignon tout plein hein, ici chacun trouve sa place naturellement, les réfugiés sont tous des diplômés en botanique ou ingénierie spatiale, c’est formidable. Après, et sans lister, y a plein de trucs dans le scénario que je trouve pas si bien fichu que ça, par exemple quand Alex, Ji-Soo et Camina se font repérer et tirer dessus sans sommation parce qu’on pense que ce sont des espions à cause du logo Energy Solution qu’ils portent : c’est complètement con comme réflexion. Si t’es un espion pour telle société, tu vas pas te balader avec une énorme pancarte dans le dos disant « JE BOSSE POUR ENERGY SOLUTION ». Bon, ça fait partie des quelques raccourcis un peu bas du front que j’ai relevés. On dira que je chipote… Mais sinon, pour terminer quand même sur une note positive, cela demeure néanmoins une aventure spatiale prenante à suivre, avec de l’action, du dépaysement. Dommage qu’on y ajoute les sempiternelles luttes niaiseuses socialo-écologico-progressistes.

30/09/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Décidément, le dessin de Singelin a bien évolué depuis que je l’avais découvert sur King David. J’avais déjà remarqué ce nouveau style sur P.T.S.D.. Et, avec ce « Frontier », je me fais les mêmes remarques. A savoir que certains aspects de ce dessin ne sont pas mon truc, qu’a priori je n’en suis pas fan. Mais que rapidement je l’apprécie et le trouve globalement très agréable et fluide. C’est aussi que j’aime vraiment beaucoup la colorisation. L’album est épais, et prend le temps de développer l’intrigue – même si finalement elle n’est pas si étoffée que ça – et surtout les personnages et tout ce qui peut les lier. D’ailleurs, même si on est dans de la SF pure, que l’intrigue se déroule dans l’espace, sur des stations spatiales ou sur certaines planètes, tout est centré sur les personnages, tout le reste ne constituant que des décors autour de leurs relations, du cheminement de leurs personnalités. La narration est fluide, et l’histoire plutôt agréable à suivre. Même si une nouvelle fois Singelin nous amène à un happy-end rassérénant, il prend le temps d’amener ça en douceur, sans que ce soit trop artificiel. On peut quand même trouver que l’évolution des personnages manque de soubresauts, que tout est peut-être un chouia trop « évident ». Mais les personnages sont attachants, et l’histoire plaisante. La lecture l’est tout autant.

02/04/2025 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 Un bon one-shot quoique je ne le trouve pas parfait. J'ai eu de la difficulté avec le dessin. Je ne suis pas du tout fan des personnages adultes qui ont tous des corps d'enfants, mais j'ai fini par m'y faire. Quant au scénario, c'est globalement bien fait tout en étant peut-être un peu trop dense et avec des longueurs. En fait, j'ai commencé à vraiment accroché lorsque le singe débarque dans le récit. Il faut dire qu'avant on est surtout dans de l'exposition où l'auteur prend bien soin d'introduire son univers et les personnages. En tout cas, dès que l'action débarque enfin le scénario devient captivant et on suit des personnages attachants dans une aventure peut-être un peu trop longue, mais bien faite.

16/09/2024 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

J'avais envie de le lire parce que Guillaume Singelin est un gros créateur du Label 619, avec Meyef, Maudoux, Run ou Bablet. Et que je leur reconnais un renouveau de la BD de genre, marquée par un imaginaire américain mixé aux mangas et saupoudré de références pop. Un univers foisonnant, riche et inventif qui a largement été plébiscité ces dernières années. De Singelin, je n'ai lu que P.T.S.D. mais ce fut avec grand plaisir. L'auteur manie les personnage chibi (mignon) avec des proportions étranges mais qui évoluent dans un environnement détaillé (les graphismes des vaisseaux sont très précis) et des thématiques lourdes et graves. Mais sans jamais verser non plus dans le roman noir, ça reste du divertissement plus branché action, avec l'intelligence d'un bon scénario. Une recette qui fait très label 619 pour moi, et que j'apprécie clairement ! La BD est dense, vraiment riche en diverses choses mais en même temps très lisible. Ça s'enchaine facilement, avec une première partie d'exposition des personnages et des environnements, qui place les enjeux qui vont suivre et ensuite. L'histoire embraye ensuite sur un road-trip des personnages jusqu'à ce qu'ils se retrouvent tous ensemble et finalement poursuivent leur arcs narratifs vers un final assez peu conventionnel. J'ai été surpris par cette longue séquence de scénario. Très vite des idées simples mais efficace viennent parsemer l'histoire, donnant à croire qu'on prendra une direction ou une autre, mais Singelin reste dans un équilibre maitrisé entre l'action pure, la critique bien sentie et la SF contemplative. Il y a de quoi relire, largement même, avec la densité de l'histoire. Et je ne parle pas des sujets évoqués (écologie, pollution terrestre et spatiale, extraction des ressources, recyclage, multinationales, droits des travailleurs ...) qui sont autant de petites réflexions qui collent au récit. Le dessin, comme mentionné plus haut, à une précision dans les détails des vaisseaux. Je n'ai aucun doute sur la quantité de travail qu'il a fourni pour rendre l'ensemble crédible ! D'ailleurs son style de dessin (et l'histoire avec) m'évoque du cyber-punk dans l'espace. Les personnages chibi sont étranges au début, mais on se fait vite à leurs caractéristiques. D'autant que l'auteur a toujours un moyen simple pour qu'on s'y retrouve entre les différents protagonistes. Si je dois garder un défaut de l'histoire, je dirais qu'il y a une certaine linéarité dans le récit. Les personnages vont d'un point à un autre dans une course qui ne revient jamais vraiment en arrière. Alors je trouve que ça reste dans le propos (la question de créer un nouvel avenir différent) mais il aurait pu être intéressant d'avoir un retour vers ce qu'il se passe là où ils ont été. Il n'y a qu'un seul moment dans la BD où l'impact de leur passage est révélé, et il est d'ailleurs très intéressant. C'est du pinaillage et je n'en tiens pas rigueur à la BD, qui reste franchement très agréable. Je pense que ça va être le genre que je relirais pour retrouver la richesse de ce qui est développé, et aussi me laisser porter par une histoire qui fait un peu rêver. C'est chouette, parfois, de voyager dans les étoiles !

04/09/2024 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur grogro

C'est un peu vrai ce que beaucoup de gens disent : ces personnages tout rondouillards aux allures de manga pour jeune public constituent quand même un sacré obstacle, ce qui, soit dit en passant, ne m'a pas empêché de faire l'acquisition de l'ouvrage. Parce que ça a malgré tout l'air bien cette grosse BD de SF bien cossue, avec cette foule de détails, son univers riche... Hé bé oui ! Ca fonctionne à fond. Je n'ai eu à souffrir d'aucun problème pour identifier les personnages (les uniformes et autres sigles de compagnies minières ou de mercenaires sont utilisés avec pertinence), si ce n'est Camina lorsqu'elle réapparait un peu plus loin dans l'histoire avec son bras mutilée (bah elle portait un casque dans la première scène aussi !) : il m'a fallu, et ce fut l'unique fois, revenir en arrière pour savoir à qui j'avais à faire. A part ça, c'est fluide, intelligemment mené, soutenu par des dialogues de qualité. Le dessin est top. On sent qu'il y a des heures de boulot derrière. Chaque case est une composition en soi. Tout est chiadé et rendu dans les moindres détails. Si j'aime le dépouillement, le minimalisme d'un Aurel ou Duchazeau par exemple, j'aime aussi ce genre de BD grouillante de vie et complètement immersive. Côté scénar, là encore c'est une réussite. Malgré le nombre non négligeable de lieux différents, Singelin parvient à garder l'unité narrative intacte. Au contraire, l'ensemble donne le sentiment de suivre une véritable épopée (impression donnée d'emblée par l'épaisseur de la BD), et de colonisation de l'Univers. On traverse bien des mondes et des ambiances différentes. On y est ! Le contexte est en outre parfaitement rendu, incluant comme il se doit d'un bon récit de SF des problématiques très actuelles auxquelles se greffent des réflexions sur l'avenir. A titre d'exemple, on pourra retenir celle qui concerne les premiers humains nés dans l'espace, donc complètement coupés du giron terrestre, ou bien celle reprise du manga Planètes qui s'intéresse à la future profession d'éboueur de l'espace. Tout cela donne le sentiment d'un truc dense, pensé et bien installé qui sait tenir le lecteur en haleine. Malgré les réticences liées à la représentation des personnages, devant lequel il serait vraiment dommage de tourner les talons, Frontier vient garnir le haut du panier de la BD de science-fiction. Amateurs et trices de SF, foncez ! Vous allez tomber sous le charme de cet univers dense, de cette intrigue bien menée et de ces personnages plus complexes que leur physique bidibulesque ne le laisse penser. On pourra d'ailleurs mettre sa tête à couper sans l'ombre d'une hésitation.

10/08/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

J'ai été très séduit par cette œuvre de SF (c'est rare). En effet j'ai trouvé la série de Guillaume Singelin originale, avec des thématiques fortes traitées avec justesse et un graphisme plaisant et dynamique. Le scénario réussit à nous faire vivre dans des stations orbitales et sur des planètes colonisées avec le même bonheur. Cela produit deux ambiances qui s'équilibrent parfaitement : le confinement des stations et les grands espaces d'une vie planétaire. J'ai été très impressionné par les détails très crédibles qui affectent le personnage d'Alex (perte de la masse osseuse et musculaire, troubles importants dans une atmosphère gravitationnelle.) On a l'impression de suivre le check up de Thomas Pesquet après son retour sur terre. Le scénario commence de façon classique et un peu manichéenne avec des vilaines sociétés capitaliste avides de profit et quasi esclavagistes. Mais Singelin ne reste pas dans cette superficialité facile en montrant les responsabilités individuelles de ses héroïnes Park et Camina. Cela conduit à des dialogues intelligents et un certain pragmatisme malgré une attirance pour l'utopie presque "peace and love". C'est finement construit avec des scènes de rappel à la réalité quand l'ambiance se bisounours un peu trop. Il n'y a aucun temp mort, les situations même prévisibles se renouvellent pour donne beaucoup de rythme au récit. La narration scénaristique est très bien soutenue par le graphisme. J'ai admiré la précision et la multiplicité des détails dans les stations, les planètes. L'idée des serres apporte un excellent contrepoint à l'univers métallique, confiné et surpeuplé des stations orbitales. La silhouette des personnages avec leurs petits pieds leur donne un look de danseuses/eurs de balais ce qui crée un fort dynamisme dans leurs gestuelles. Ce parti pris d'individu très semblables avec une forte connotation asiatique rend crédible un fort métissage et brassage d'une future humanité. C'est un point que je souligne souvent dans les SF qui savent sortir du schéma occidental pour les personnages principaux. Un excellent moment de lecture qui m'invite à découvrir les autres œuvres de l'auteur.

09/08/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Steftheone

Je rejoins les très bons avis précédents sur cette BD, la première de Singelin que je lis, et qui constitue pour moi un mini coup de cœur. Je l'ai achetée suite à l'avalanche de critiques dithyrambiques que j'ai lues à son sujet et je ne le regrette aucunement ! Il est difficile de décrire la poésie qui se dégage de cette œuvre dont les thèmes sont assez variés (écologie, consumérisme, sens de la vie, amitié, etc.) mais je l'ai refermée en sentant que quelque chose s'était passé. C'est ce qui pour moi différencie une très bonne BD d'une BD sympa qui nous fait simplement passer un bon moment. Je ne reviendrai pas sur l'histoire qui a déjà été largement décrite précédemment mais sur les plus gros points forts de cette BD : - Un très bel ouvrage dans son ensemble avec ce côté métallique et fluo collant bien à l'univers de la SF ; - Un dessin magnifique qui fourmille de détails et aux très belles couleurs pastels. La rondeur et le côté enfantin des personnages tranchent d'ailleurs beaucoup avec certaines séquences assez dures de l'histoire (passage à tabac d'Alex par exemple) ; - Une histoire très poétique, sans que l'on sache forcément où elle va nous mener, même si comme le souligne Ro, on pourra critiquer par moment la bien-pensance et le côté un peu "fleur-bleue" des réactions de nos 3 héros, pourtant issus de milieux et de conditions sociales très différentes. Une BD ressourçante et inspirante devant faire partie de toute bonne bdthèque selon moi. Originalité - Histoire : 8/10 Dessin - Mise en couleurs : 9/10 NOTE GLOBALE : 17/20

26/04/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
L'avatar du posteur Cleck

Voici une BD qui intrigue et à laquelle on repense en journée entre deux lectures nocturnes. Elle imprègne la mémoire, aussi parce qu'elle déçoit un peu. "Frontier", c'est d'abord un style graphique très particulier, indiscutablement orienté manga voire kawaï, avec ces rondeurs généralisées et têtes surdimensionnées. Des illustrations par ailleurs surchargées de détails, avec en effet un côté "Où est Charlie ?", invitant à laisser son regard papillonner dans l'image, à s'égarer pour mieux rêver ce futur interstellaire. Je goûte modérément ce style graphique, qui vient en plus contredire la noirceur du propos. La contradiction déstabilise, n'apporte clairement rien au récit, mais est sans doute à l'origine de cette imprégnation de la mémoire. Côté scénario, on emprunte une voie SF façon space opera, qui cherche peut-être trop à conclure un récit fort volumineux. La bonne idée est de nous faire découvrir cette histoire via le prisme d'une poignée de personnages, de ne pas recourir à un narrateur ; les enjeux et passions en ressortent joliment exacerbés, en plus de gagner en clarté, en lisibilité. Une histoire de conquête spatiale, de recherche scientifique se heurtant à une mercantile surexploitation commerciale des ressources, de fuite puis d'exil vers une micro-société marginale plutôt libertaire. Un joli propos, dénué de naïveté, volontiers noir aux entournures, où l'on évoque les conditions de travail, le sens de celui-ci, l'éthique de la société, la résignation des hommes face au quotidien éventuellement décevant, les dérives fascistes, etc. Une BD importante, réussie à bien des égards, avec un style graphique étonnant pouvant fasciner ou déplaire.

15/01/2024 (modifier)
Par Cosme
Note: 4/5
L'avatar du posteur Cosme

Haaaa ! J’ai adoré !! Franchement ! Ne lisez pas mon avis, mes prédécesseurs ont fait beaucoup mieux que moi, et à part leur voler des idées, je ne ferai pas aussi bien ! Alors je vais faire bref, c’est beau, mais vraiment beau, et original, on retrouve rarement ça en franco-belge. L’expression Kawaï utilisé par Tomdelapampa est à mes yeux parfaitement adaptée. Je suis tombé par hasard en librairie dessus (la tranche jaune vive m’y a aidé), le label 619 m’a donné confiance, et les avis lus en diagonale sur ce site m’ont convaincu de ressortir avec et de la lire dans la foulée. Et bien merci BDtheque et aux 4 posteurs précédents, et je vous rejoindrai sur la note de quatre étoiles. Le scénario est prenant, claire, riche, dense. On peut y faire de nombreuses comparaisons à notre monde. Il est à la fois dur et très poétique, émouvant. Le dessin est très détaillé, offre des vaisseaux très riches et pleins de subtilités dans les dessins, je me suis surpris à observer des planches, des cases avec la même attention que lorsque enfant, je cherchais le petit bonhomme en rouge et blanc dans les "Où est Charlie", à espérer trouver des objets ou autre « surprises », placés là pour amuser le lecteur. Et nous avons droit aussi à de magnifiques paysages et des personnages très expressifs. Un très très bon album de SF comme il en sort que très rarement. Je conseille vivement !!!

09/11/2023 (modifier)