Frontier

Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)

Angoulême 2024 - Prix Éco-Fauve Prix Landerneau de la BD 2023 Quand la Terre suffoque de par l’exploitation de ses dernières ressources, l’humanité se tourne vers un nouveau territoire, l’espace, au-delà de la planète du système solaire : « La Frontière ».


Angoulême 2024 : les gagnants ! Angoulême : récapitulatif des séries primées Anticipation Conquête de l'espace Label 619 Les prix lecteurs BDTheque 2023 One-shots, le best-of Prix Landerneau Science-Fiction, le best-of

Dans cette nouvelle ruée vers l’or, trois destinées s’entremêlent : Ji-soo, scientifique passionnée par l’inconnu ; Camina, mercenaire fougueuse et enjouée ; et Alex, un mineur qui n’a jamais connu la Terre. Ce récit d’aventure narre le parcours tumultueux de ce trio, mais aussi de leur quotidien, celui de vivre dans un nouveau monde. Il pose la question d’une nouvelle humanité complètement déconnectée de son berceau, la Terre, pour se tourner uniquement vers les étoiles.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Avril 2023
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Frontier © Rue de Sèvres 2023
Les notes
Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

05/04/2023 | Alix
Modifier


Par Cleck
Note: 3/5
L'avatar du posteur Cleck

Voici une BD qui intrigue et à laquelle on repense en journée entre deux lectures nocturnes. Elle imprègne la mémoire, aussi parce qu'elle déçoit un peu. "Frontier", c'est d'abord un style graphique très particulier, indiscutablement orienté manga voire kawaï, avec ces rondeurs généralisées et têtes surdimensionnées. Des illustrations par ailleurs surchargées de détails, avec en effet un côté "Où est Charlie ?", invitant à laisser son regard papillonner dans l'image, à s'égarer pour mieux rêver ce futur interstellaire. Je goûte modérément ce style graphique, qui vient en plus contredire la noirceur du propos. La contradiction déstabilise, n'apporte clairement rien au récit, mais est sans doute à l'origine de cette imprégnation de la mémoire. Côté scénario, on emprunte une voie SF façon space opera, qui cherche peut-être trop à conclure un récit fort volumineux. La bonne idée est de nous faire découvrir cette histoire via le prisme d'une poignée de personnages, de ne pas recourir à un narrateur ; les enjeux et passions en ressortent joliment exacerbés, en plus de gagner en clarté, en lisibilité. Une histoire de conquête spatiale, de recherche scientifique se heurtant à une mercantile surexploitation commerciale des ressources, de fuite puis d'exil vers une micro-société marginale plutôt libertaire. Un joli propos, dénué de naïveté, volontiers noir aux entournures, où l'on évoque les conditions de travail, le sens de celui-ci, l'éthique de la société, la résignation des hommes face au quotidien éventuellement décevant, les dérives fascistes, etc. Une BD importante, réussie à bien des égards, avec un style graphique étonnant pouvant fasciner ou déplaire.

15/01/2024 (modifier)
Par Cosme
Note: 4/5
L'avatar du posteur Cosme

Haaaa ! J’ai adoré !! Franchement ! Ne lisez pas mon avis, mes prédécesseurs ont fait beaucoup mieux que moi, et à part leur voler des idées, je ne ferai pas aussi bien ! Alors je vais faire bref, c’est beau, mais vraiment beau, et original, on retrouve rarement ça en franco-belge. L’expression Kawaï utilisé par Tomdelapampa est à mes yeux parfaitement adaptée. Je suis tombé par hasard en librairie dessus (la tranche jaune vive m’y a aidé), le label 619 m’a donné confiance, et les avis lus en diagonale sur ce site m’ont convaincu de ressortir avec et de la lire dans la foulée. Et bien merci BDtheque et aux 4 posteurs précédents, et je vous rejoindrai sur la note de quatre étoiles. Le scénario est prenant, claire, riche, dense. On peut y faire de nombreuses comparaisons à notre monde. Il est à la fois dur et très poétique, émouvant. Le dessin est très détaillé, offre des vaisseaux très riches et pleins de subtilités dans les dessins, je me suis surpris à observer des planches, des cases avec la même attention que lorsque enfant, je cherchais le petit bonhomme en rouge et blanc dans les "Où est Charlie", à espérer trouver des objets ou autre « surprises », placés là pour amuser le lecteur. Et nous avons droit aussi à de magnifiques paysages et des personnages très expressifs. Un très très bon album de SF comme il en sort que très rarement. Je conseille vivement !!!

09/11/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue boy

Plus qu’un simple « space opera », ce consistant one-shot s’apparente à une expérience immersive pour le moins singulière. Une sorte de nouvelle « frontière » dans la SF. Nous avons là une œuvre au long cours, comme expliqué dans l’annexe en fin d’ouvrage où l’on découvre que les premiers croquis d’études sur l’univers et les personnages remontent à 2013 ! Guillaume Singelin n’est pas un nouveau venu dans la bande dessinée : il est l’auteur notamment de P.T.S.D., co-auteur avec Aurélien Ducoudray de The Grocery, et « membre permanent » du novateur Label 619 au sein de Rue de Sèvres, lequel a publié l’album en question. « Frontier » est un miroir à plusieurs faces. D’abord un miroir physique de notre système solaire, où hormis la Terre, les planètes portent un autre nom : Junon pour Mars, Vesta pour Jupiter, Minerve pour Vénus… mais aussi un miroir temporel, une projection futuriste de notre monde actuel avec son système économique mortifère où la conscience écologique semble avoir reculé au profit de la cupidité, celle des grandes compagnies énergétiques que l’on ne connaît que trop bien sur notre plancher des vaches (à lait) en ce début de millénaire. Ce que Singelin nous montre de la colonisation de l’Espace n’est guère reluisant. Et même si elles conservent des endroits encore inviolés par la main de l’Homme, les planètes sont souillées à cause de l’exploitation minière et leurs orbites grouillent de débris et d’épaves, qui constituent en outre un danger pour les engins spatiaux de toutes sortes. Rien à voir donc avec un univers à la Star Trek un peu lisse, plus éloigné dans le temps et axé sur des problématiques plus métaphysiques. Ici on est dans un concret directement corrélé aux enjeux de notre monde actuel : l’écologie bien sûr mais aussi des thèmes sociaux telles que les conditions de travail et salariales, négligées par les multinationales spatiales aux bénéfices colossaux, bref, rien de bien nouveau sous la galaxie. On ne rentre pas si facilement dans « Frontier », et c’était le cas en ce qui me concerne. L’univers graphique est parfaitement maîtrisé, impressionnant voire admirable, extrêmement riche en détails. Mais Singelin ne cherche pas non plus à en mettre plein la vue, dans le sens où le visuel, dépourvu de couleurs flashy, ne domine pas le propos. D’ailleurs, les premières pages nous évitent les représentations classiques et un peu clichées où flotteraient des vaisseaux spatiaux sur fond de galaxies grandioses. A l’inverse, l’histoire débute sur Terre, dans un centre de recherche islandais (quand bien même on est ici dans un monde parallèle) puis aux abords d’une mine de lithium, ce qui ne constitue guère une invitation au rêve. Dans le hangar jouxtant le centre de recherche, une foule de techniciens s’activent autour d’une sonde spatiale dernière génération. Et c’est peut-être aussi ce qui pourrait rebuter certains, cette abondance de petits personnages « hobbitiens » au visage sommaire qui remplissent les cases, faisant que l’on peut avoir du mal à identifier les protagonistes principaux. C’est le cas avec Ji-Soo comme avec Camina. De même, la transition entre certaines scènes est parfois suggérée, ce qui peut être source de confusion. Et pourtant… Une fois passé l’obstacle d’une lisibilité peu probante au début, on finit par s’habituer au parti pris graphique un rien « claustrophobique » (et néanmoins très plaisant), vraisemblablement dû à la fascination exercée par l’objet duquel émane une certaine puissance narrative. La participation active du lecteur est donc requise, feignasses s’abstenir ! Si l’on a conscience de tout cela et qu’on laisse se faire la décantation, on constatera avec bonheur que le récit trouve peu à peu sa vitesse de croisière pour au final achever de nous conquérir. « Frontier », c’est aussi, en dehors du propos politico-social bien senti, une véritable aventure ainsi qu’une belle histoire d’amitié entre trois êtres attachants que tout sépare a priori (Ji-Soon la scientifique intello, Camina la mercenaire « badass », et Alex, l’ouvrier un peu falot) mais des êtres qui arrivent à un moment de leur vie où ils décident de « renverser la table » et remettre en question leurs choix de vie, hors d’un système aliénant auquel ils avaient fini par (trop bien) s’habituer. Ensemble, ils vont reprendre leur liberté, en tentant d’échapper aux armées privées mandatées par les compagnies minières. Si l’on peut regretter un peu la quasi-absence de contextualisation géopolitique, notamment sur Terre — l’auteur se contentant de décrire les acteurs économiques de l’exploitation spatiale que sont les organismes et les compagnies privées —, cet album s’impose comme une lecture essentielle et inspirante, renouvelant avec pertinence le genre SF dans le neuvième art. Une des BD qui incontestablement marquera l’année 2023 de son empreinte.

12/10/2023 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Frontier se présente à mes yeux exactement comme un Cyberpunk transposé dans le cadre de la conquête spatiale. Cela se caractérise par tout ce contexte d'humains ouvriers ballotés par des méga-corporations déshumanisées, rendus esclaves par des dettes sans fin et vivant dans des lieux oppressants totalement dominés par la société qui les possède. Je note d'ailleurs un probable clin d'œil à Cyberpunk avec le nom de la corpo Militech qui traine dans un décor. A cela s'ajoute donc ce cadre spatial avec une plutôt judicieuse vision de l'évolution de la conquête du système solaire et surtout de son exploitation. Ce qui fait la force de cette BD, c'est justement son décor et en particulier la manière dont il est dessiné. Le graphisme de Singelin est formidable. J'adore le soin qu'il apporte à la foule de détails de chacun de ses plans, ce mélange de futurisme et d'humanité, ces stations spatiales surencombrées, ces planètes en cours de terraformation, et l'espace en général. Malgré la simplicité de leurs visages, les personnages ne sont pas en reste, pleins de personnalité, de vie et de dynamisme. Idem pour les couleurs, elles sont aussi excellentes et contribuent à l'âme visuelle de cet album. L'histoire pour sa part m'a légèrement moins convaincu. J'adore son cadre et je trouve les protagonistes plutôt bons, mais je trouve que l'intrigue se traine un peu en longueurs et ne sait pas vraiment où elle va. Il y a plusieurs beaux moments, à nouveaux de formidables paysages et découvertes, mais il me manque une accroche, un sentiment d'une histoire qui prend vraiment corps. Le récit présente en outre quelques éléments naïfs et bienpensants quand il s'agit de présenter la communauté des gentils hommes libres face aux méga-corpos, comme s'il suffisait d'être un tas de chouettes copains motivés et de planter des arbres pour maintenir en vie une station spatiale et des centaines d'occupants sans aucune autre source de revenus ou d'aide extérieure. Cela contraste avec le réalisme cru des premiers chapitres et ça a brisé ma suspension d'incrédulité. Et c'est peut-être à cause de ça que je n'ai pas ressenti de grande émotion en lisant les dernières pages alors que c'est visiblement le but recherché. Toutefois, je trouve quand même que c'est une très belle BD, graphiquement et dans l'idée, et j'aimerais en voir davantage des comme ça.

11/08/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

Bon on va pas tourner autour du pot, le label 619 a encore frappé !! J’adore cette collection, elle nous propose toujours des albums soignés et c’est mené par une chouette génération d’auteurs fidèles. Il y en a du talent et ils ne cessent de s’améliorer au fil du temps. Leur catalogue est rempli de pépites, Frontier ne déroge pas à la règle. A mes yeux, une aussi belle surprise que Hoka Hey ! de Neyef, j’adore ces albums que l’on n’attend pas et qui te font Waouh. Comme son comparse avant lui, Guillaume Singelin franchit un cap en tant qu’auteur complet. J’aime ses précédentes œuvres mais là c’est la belle claque, ce sentiment est renforcé par la taille et la beauté de l’écrin. J’ai adoré son style graphique et le parti pris du côté kawaii des personnages ne m’a absolument pas dérangé, chaque case est un délice de détails, et que dire des couleurs et des décors magnifiques, un plaisir pour les yeux. Le tout est dans une narration impeccable pour une histoire fluide et prenante, c’est rempli de persos charismatiques et attachants (notre trio et leur petit compagnon en tête). Les thématiques développées sont passionnantes, divertissantes et intelligentes pour un récit dur mais plein d’optimisme, il y a un côté feel good bien agréable. Un voyage spatial au top, je ne peux que conseiller sa découverte, un album fort attachant.

28/04/2023 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

Je découvre Guillaume Singelin avec cet album, et j’adore son style graphique. Il est typé manga, mais plutôt des années 80, genre Nausicaä de la vallée du vent ou encore Capitaine Albator, avec ces personnages tout en rondeur aux proportions cartoon, et une mise en couleur pastelle du plus bel effet. Les planches fourmillent de détails, que j’ai pris beaucoup de plaisir à examiner, et les scènes d’action sont magnifiquement représentées. Vraiment, c’est beau, et il y a un côté nostalgique pour le quarantenaire que je suis. L’histoire mêle science-fiction et quotidien, et propose une brochette de personnages attachants qui tentent de donner du sens à leur vie dans ce nouvel âge spatial. La réflexion et les thèmes sont passionnants : pillages des ressources, traitement des employés par les corporations, survie hors du système… Le ton est résolument positif malgré tout, avec un optimisme basé sur l’amitié et les valeurs personnelles qui font chaud au cœur. La narration est parfaite, et alterne entre quotidien, aventure, exploration et action… je ne me suis jamais ennuyé pendant les 200 pages du récit. J’ai trouvé la fin très belle. Une chouette découverte, qui me donne envie de lire P.T.S.D., autre album en tant qu’auteur complet de Guillaume Singelin.

05/04/2023 (modifier)