Patrick Dewaere - A part ça la vie est belle

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Hommage tendre et sincère à l'un des plus grands acteurs français, une étoile filante dans le ciel du Septième art.


Biographies Cinéma

« Moi je crois que plus on s’abîme, plus on est beau ». Le drame et la poésie s’invitent naturellement quand est évoquée la figure de cet acteur culte du cinéma français décédé à 35 ans après avoir joué dans 37 films et 27 pièces de théâtre. Un après-midi d'été de l’année 1982, chez lui face à un miroir, il se saisit de son fusil .22 Long Rifle, l’enfonce dans sa bouche et tire. Patrick Dewaere incarne l’idée de l’artiste écorché vif, dévoré par une existence intense et instable. De son enfance complexe et douloureuse, à son ascension en tant qu'acteur en passant par ses rencontres, ses amours et sa mort, ces pages content son histoire. C'est aussi un "voyage"parfois à la limite du fantastique, hanté par la fureur et la mélancolie.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Janvier 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Patrick Dewaere - A part ça la vie est belle © Glénat 2021
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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06/01/2021 | Blue boy
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L'avatar du posteur bamiléké

J'aime bien Patrick Dewaere sans être un grand fan. Son jeu est trop sombre pour moi, même si il correspond bien à une époque de remise en cause sociale très marquée. Comme le montre le documentaire il y a probablement eu fit entre la personnalité de Patrick Dewaere et les recherches innovantes de nombreux metteurs en scène à cette époque. LF Bollée construit la biographie de l'acteur autour de deux grands axes : son enfance douloureuse qui lui donnera ce vécu de mal aimé, et une rivalité/amitié avec Gérard Depardieu à la suite des " Valseuses". En choisissant de faire parler l'acteur suite à son suicide, Bollée appuie sur l'intériorité psychologique de l'homme. Instabilité familiale, sentimentale, amicale entre autres. Cela fera de Patrick Dewaere un acteur hors norme, touchant et qui fera modèle. Le final un peu fantastique qui met Dewaere en face d'un Depardieu contemporain souligne le gâchis du geste de 1982. Avec un soupçon de sagesse ou de recul Dewaere pouvait aspirer aux plus grands rôles classiques. Le graphisme de Maran Hrachyan met très bien l'accent sur les expressions souvent tristes et sombres de l'acteur. Ce spleen qui transparaît à chacune de ses répliques est si naturel qu'il est difficile de faire la différence entre l'homme et l'acteur. L'auteure réussit très bien à transmettre ce sentiment. Une bonne lecture qui rend un tableau très crédible des années 70 dans le cinéma.

20/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Une biographie relativement classique, par un auteur respectueux (peut-être un peu trop ?) de l’homme et de son œuvre. Mais en tout cas, moi qui ai toujours été amateur de cet acteur « touchant », qui incarnait très souvent le « pas de côté » nécessaire au maintien d’une certaine liberté, j’ai trouvé intéressant cet hommage discret. L’album est bâti sur des flash-backs, Dewaere remontant le temps avant son suicide, pour nous montrer les moments forts de sa vie (d’homme et d’artiste – les deux étant souvent intimement liés). Le fait que l’on ne sache pas toujours la part inventée par Bollée (dans les dialogues et les situations) pose peut-être question : l’attirance/jalousie par rapport à Depardieu surtout, Coluche un peu par exemple, auraient mérité d’être étayés par des sources. De même, le viol évoqué plusieurs fois reste mystérieux (pudeur sans doute, mais sait-on qui en est responsable s’il a eu lieu ?). En tout cas on a là le portrait d’un écorché, qui avait du mal à voir que la reconnaissance après laquelle il semblait courir lui était en grande partie déjà acquise. On n’explique pas toujours un suicide. Une personne entière, avec des défauts et pas toujours facile à vivre pour ses proches ou pour ces « collègues », mais quelqu’un qui avait une force irradiante, une étoile noire, un soleil qui s’est éteint.

10/03/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
L'avatar du posteur Blue boy

Si l’on peut légitimement se montrer suspicieux vis-à-vis des ouvrages de commande, il arrive parfois que ceux-ci se révèlent de bonnes surprises, et c’est le cas avec cet hommage à Patrick Dewaere. Glénat a eu l’idée de lancer en 2019 une collection sur les grands noms du cinéma. Après "François Truffaut", "Alfred Hitchcock", "Sergio Leone", passés largement inaperçus, et un Lino Ventura et l'oeil de verre pas vraiment réussi, c’est l’acteur français qui fait l’objet d’un biopic, un acteur demeuré culte pour bon nombre d’entre nous. Disparu beaucoup trop tôt à l’âge de 35 ans, l’acteur avait choisi de mettre fin à ses jours, plongeant ses admirateurs dans la sidération. Et pourtant, Dewaere, cet enfant terrible du cinéma, était au bout du rouleau, souffrant de la direction que prenait sa carrière et du manque de reconnaissance de ses pairs. Abonné aux rôles de dépressifs ou de losers, ce beau gosse au cœur tendre et un brin allumé, n’avait peut-être pas su, malgré son immense talent, prendre suffisamment de recul avec ses personnages qu’il savait incarner avec toutes ses tripes et chaque fibre de son corps, à un niveau sidérant… C’est LF Bollée, scénariste de Terra Australis et de La Bombe, une œuvre monumentale sortie récemment et acclamée par la critique et le public, qui s’est investi dans le projet. Fan de la première heure, Bollée a choisi comme narrateur du récit Dewaere lui-même. Celui-ci évoque ainsi son propre parcours depuis la tombe, ce qui nous rend encore plus proche ce comédien unique et hyper attachant. Le scénariste a évité le piège de la biographie scolaire propre à ce genre d’ouvrage, en évitant toute linéarité et en insérant des flashbacks-anecdotes sur le jeune Patrick, lorsqu’il s’appelait encore Bourdeaux. En effet, ce patronyme n’était pas celui de son père biologique, qui avait abandonné sa mère à peine enceinte, mais celui de l’ex-mari de cette dernière… Bref, une histoire compliquée qui n’a pas dû aider le jeune homme à se construire, d’où, fort logiquement, le choix d’un pseudo, ou plutôt de deux pseudos successifs, car avant d’être Dewaere, il fut Patrick Maurin. Au fil des pages, on voit défiler ses proches et ceux qu’il a cotoyé lors de tournages, Depardieu bien sûr, mais aussi Miou-Miou, Gainsbourg, Coluche, Lino Ventura, Bouchitey et d'autres, ainsi que plusieurs réalisateurs dont Bertrand Blier, Claude Sautet, Yves Boisset et Claude Miller. On se remémorera par ailleurs cette fameuse et troublante diatribe sur Mozart dans « Préparez vos mouchoirs » qui fait dire à Dewaere : « Tu parles ! Le pauvre mec, il est mort à 35 ans ! 35 ans ! Non mais tu te rends compte de la perte ?! Quelle époque de con ! On claquait pour un rien ! ». Quatre ans après le tournage, la faucheuse emportait l’acteur à l’âge de… 35 ans… On appréciera le dessin de Maran Hrachyan, jeune autrice d’origine arménienne, qui tout en se pliant à l’académisme requis pour ce genre d’ouvrage, réussit à imposer un peu de sa touche personnelle, en particulier dans la mise en couleurs. Bien sûr, les visages, bien que ressemblants, restent quelque peu figés. Mais la technique du pastel démontre son talent et confère une belle douceur au récit, pour un personnage qui n’en manquait pas mais, tel l’écorché vif qu’il était, apparaissait souvent fébrile dans ses films, telle une grenade dégoupillée. Il y a donc pas mal de choses que l’on apprécie à la lecture de cet ouvrage, d’autres moins. L’épilogue onirique entre Dewaere et Depardieu, éternels frères ennemis, duo mythique des « Valseuses », est plutôt touchante. On y trouve un certain nombre d’anecdotes intéressantes, mais on regrettera toutefois l’absence de sources, avec au début un seul avertissement selon lequel l’œuvre est à la fois « une œuvre de fiction (…) et inspirée de faits réels et de personnages ayant existé ». Même s’il est honnête de le préciser, cela reste tout de même un peu léger pour une biographie. Il n’empêche que les inconditionnels de l’acteur, dont je fais partie, devraient apprécier cette lecture, même s’il n’est pas question de la porter aux nues.

06/01/2021 (modifier)