L'Attentat (La Boîte à Bulles)

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 6 avis)

Une interprétation unique et poignante du roman classique d'Harry Mulish, De aanslag, inspiré de faits réels.


1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale 1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Adaptations de romans en BD Auteurs néérlandais La Boite à Bulles Les petits éditeurs pendant la pandémie Nazisme et Shoah Pays-Bas

Un soir de janvier 1945 à Haarlem, alors que les Pays-Bas sont encore occupés, Anton Steenwijk, douze ans, voit sa vie s'effondrer. Fake Ploeg, un collaborateur nazi tristement célèbre pour sa cruauté est abattu dans la rue par des résistants hollandais. Le corps est retrouvé devant la porte de la maison familiale des Steenwijk. En représailles les Allemands brûlent la maison et assassinent les parents et le frère aîné. Des années plus tard, Anton devenu médecin offre l’image d’une tranquille réussite. Et pourtant, dans l’apparente quiétude de sa vie, des rencontres fortuites, des moments de crise font revivre le drame… jusqu'à ce qu'Anton apprenne finalement ce qui s'est réellement passé cette nuit-là, en 1945 - et pourquoi. Texte : Editeur.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Août 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Attentat (La Boîte à Bulles) © La Boîte à Bulles 2020
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 6 avis)
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20/07/2020 | Alix
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L'avatar du posteur bamiléké

C'est une très belle lecture qui porte beaucoup d'émotion que cet "Attentat". Le récit construit autour du roman néerlandais de Harry Mulish m'a collé au livre sans que je puisse l'abandonner. Pourtant le graphisme est aride avec ces premières pages sombres où l'on devine plus que l'on voit. La suite du graphisme nous entraine dans une sorte de rêve-cauchemar où on ne sait si Anton préfère oublier ou découvrir les détails de cette sinistre nuit. Hulsing utilise à merveille ses couleurs rouges, oranges, vert de gris pour nous faire voyager au coeur de l'incendie qui a ravagé la maison d'Anton quand il avait 12 ans et brouille sa quiétude ainsi que sa reconstruction d'adulte. Le souvenir de ses parents et de son frère fusillés par les Allemands dans des circonstances dramatiques qu'il ne comprend pas l'a traumatisé. Le récit s'oriente alors sur une sorte d'enquête policière involontaire où les différentes pièces du puzzle se mettent en place au fur et à mesure de rencontres de vieux fantômes. L'ambiance est lourde dans ce chaos des souvenirs sanglants et contradictoires. Mais le récit nous tient-il pour nous engloutir ? Non car la fin est imprévue et libératrice. C'est un beau roman graphique au solide récit bien charpenté et très émotionnel.

02/08/2022 (modifier)
Par doumé
Note: 4/5
L'avatar du posteur doumé

D'après le roman de Harry Mulish, une histoire qui commence en 1945 pour se dévoiler en 1981, un roman sur la recherche de la vérité à tout prix. La révélation de la fin éclaire toute l'histoire d'un homme écrasé par un drame familial. Un scénario bien construit, une vraie surprise qui nous fait passer d'un fait d'histoire en temps de guerre classique à un événement provoqué par un hasard tragique. Une histoire qui s'étale sur plusieurs années et un rythme assez lent permet de nous imprégner de la souffrance de cet homme, cette narration complètement adapté au scénario est l'une des clés de la réussite de cette bd. Le dessin est trop minimaliste à mon gout, par contre les changements de couleurs sombres créent des ambiances lourdes qui participent à comprendre l'état d'esprit et la souffrance d'Anton notre héros. Un drame poignant et touchant, une bd marquante pour son sujet et sa fin.

21/08/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Le dessin est assez minimaliste (ce ne sont parfois que de simples crayonnés), mais il est fluide et agréable. Surtout, j’ai vraiment bien aimé la colorisation, les tons employés, que j’ai trouvés très beaux et parfaitement adaptés à la noirceur du récit. Le récit quant à lui suis un protagoniste, Anton, dont la maison a été brûlée et les parents tués par les Nazis à Haarlem, aux Pays-Bas (suite à l’assassinat par des résistants d’un chef nazi local), à la fin de la seconde guerre mondiale, alors qu’il n’avait qu’une douzaine d’années. En plusieurs étapes, des années 1950 aux années 1980, à la suite de rencontres plus ou moins fortuites, Anton va apprendre quelques détails sur les circonstances du drame qui l’a touché. Il y a bien sûr beaucoup d’émotions dans cette histoire. Mais Anton ne la manifeste pas beaucoup, et l’ensemble est un peu dilué, dans un rythme lent, qui fait peut-être perdre de la force à cette histoire. Cela se laisse lire – et l’aspect graphique m’a réellement séduit, mais je suis sorti de ma lecture avec une légère frustration, j’attendais sans doute davantage des révélations distillées au compte-goutte sur l’événement ayant bouleversé la vie d’Anton.

12/09/2020 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
L'avatar du posteur Blue boy

Avant même d’avoir entamé la lecture de « L’Attentat », le lecteur sera saisi en le feuilletant par la grande beauté des planches, qui placent clairement cette bande dessinée en dehors des codes traditionnels du neuvième art. La démarche de Milan Hulsing le rapproche davantage d’une sorte d’impressionnisme où la réalité est intégrée dans un univers quasi onirique. L’auteur révèle ainsi sa maîtrise de la couleur en utilisant une large palette, même si la tonalité dominante reste entre le rouge et l’orange, exprimant sans doute le mieux l’atmosphère de tension et de violence liées au contexte. C’est à la fois sombre et chatoyant, et l’on ne peut être que subjugué par un tel talent. Au milieu de ce tourbillon polychrome aux associations sublimes, les formes apparaissent presque secondaires, les personnages deviennent des silhouettes diaphanes sous un trait en deçà de l’esquisse, comme aurait pu le faire un certain Jean Cocteau. Reste l’histoire, dont on a qu’une envie : vérifier si elle est à la hauteur… A la base, « L’Attentat » est un roman de l’écrivain hollandais Harry Mulisch, mettant en scène un homme, Anton, conduit à se remémorer un passé sordide où ses parents et son frère furent assassinés par les Nazis, en représailles du meurtre par la Résistance d’un policier collaborateur. La malchance voulut que le cadavre soit retrouvé devant leur maison, et pour le bourreau occupant, cela suffisait à faire d’eux les coupables… Cette histoire édifiante nous plonge dans l’absurdité et la cruauté d’une guerre ignoble, interrogeant de manière paradoxale le mécanisme pervers de la mémoire. En s’emparant du roman de son compatriote, Milan Hulsing tente de maintenir — et nous lui en savons gré — la mémoire de son pays, qui garde comme beaucoup d’autres les cicatrices d’une des périodes les plus noires de l’Histoire récente. On est toutefois obligé d’avouer que la lecture nous place face à un dilemme. Même si on suit le récit volontiers jusqu’au bout, force est de constater que celui-ci manque parfois de fluidité. Est-ce dû à la narration morcelée, faite de nombreux flashbacks ? Ou bien ne serait-ce pas tout simplement lié au dessin, qui, ayant les défauts de ses qualités, ne serait pas en adéquation avec ce type de récit ? L’aspect graphique, ainsi que décrit plus haut, tend à négliger les formes, et donc les visages, ne facilitant pas l’identification des personnages. S’ensuit une confusion que l’on ne peut que déplorer, et qui pose problème quand on est dans un registre proche de l’« enquête policière ». Tout cela est forcément regrettable, et ne fait que réduire le livre à un très bel objet artistique. Ce qui aura le mérite de contenter ceux qui privilégient l’aspect visuel. Certes, on peut tout à fait prendre plaisir à entamer ce plaisant voyage à travers un monde fastueux de couleurs et de sensations. Mais Hulsing, en mettant ainsi en avant son brio, n’a-t-il pas pris le risque de s’éloigner du sujet central ? Dans ce cas, peut-être aurait-il fallu attacher davantage d’importance à la structure narrative…

09/08/2020 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
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C'est l'histoire d'un enfant traumatisé car sa famille a été exécutée par les nazis en représailles de la mort d'un collabo simplement parce que ce dernier a été tué devant chez eux. Devenu adulte, il essaie de passer à autre chose et de faire table rase de ce passé douloureux mais les événements le forcent à revenir sur ce passé qu'il avait évité depuis des années et il réalise que le traumatisme est toujours là et que son esprit n'est toujours pas apaisé. C'est une BD belle et surtout intelligente. Belle, elle ne l'est pas vraiment grâce au trait de son auteur que je trouve fruste et trop peu soigné à mes yeux. Mais par contre, elle l'est grâce au superbe travail sur les couleurs qu'il nous offre. Les planches dégagent une véritable âme et une force visuelle très appréciable. Intelligente, elle l'est par la justesse de sa mise en scène, la sagesse de son propos et par la lenteur mesurée avec laquelle le voile se lève sur ce passé dont le héros découvre peu à peu la réalité en même temps que le lecteur. Le tout s'étale sur des années de sa vie durant lesquelles il évolue, rencontre des gens, se marie et fonde une famille. Il y a d'abord les choses qu'il nous révèle lui-même à nous lecteurs et que le grand public ne sait pas sur ses propres souvenirs de ces événements. Des choses qu'il a préféré cacher pour ne pas choquer ou peiner inutilement ses proches. Puis il y a la rencontre avec un homme acteur de ce passé et qui va le confronter à une nouvelle facette crue mais réaliste des faits de cette fameuse nuit. Cette rencontre est d'autant plus dure que cet homme est très direct et abrupt, et pour autant on n'arrive pas à le détester. Notamment car il va permettre au héros de revivre ses propres souvenirs d'une manière neuve, avec une grande part du voile de mystère enfin levée. A travers lui et ce qu'il nous apprend, nous avons droit à une analyse fine de l'âme humaine en temps de guerre. Et enfin, alors que tout ne semble que cruellement injuste, vain et sans consolation, viendra finalement une dernière rencontre avec une explication en quelques mots qui va soudain tout éclaircir et tout apaiser. C'est ce dernier passage qui m'a véritablement convaincu. Car comme le héros lui-même, je n'arrivais pas à me satisfaire de la dure réalité des faits et de ce sentiment d'injustice et d'impossibilité de trouver la paix de l'esprit. Cette révélation finale est aussi simple que forte et elle permet de dénouer tout le nœud de ressentiment qui étranglait le héros et moi à travers lui. Vraiment très intelligent et très bien mené.

23/07/2020 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5
L'avatar du posteur Alix

Ce récit commence par nous présenter les faits édifiants ayant marqué l’enfance d’Anton Steenwijk (12 ans au moment du drame), à savoir la perte de toute sa famille dans des représailles nazies. L’histoire nous raconte ensuite la vie d’Anton, qui tente malgré tout d’aller de l’avant : il devient docteur, se marie, fonde une famille. Il est beaucoup question de politique pro/anti communiste, de manifs anti-guerre etc… et au hasard des rencontres et des conversations, Anton reconstitue progressivement les évènements de cette nuit fatidique, le comment, et surtout le pourquoi. Pourquoi nous ? Pourquoi notre maison ? Tout devient limpide (y compris ces passages un peu oniriques où une voix de femme console Anton), j’ai beaucoup apprécié la construction du récit, qui se rapproche presque d’une enquête, avec un crescendo narratif et un dénouement surprise… mais la vérité sera-t-elle bénéfique à la guérison ? La mise en image est superbe, avec notamment des couleurs aquarelles du plus bel effet. Voilà, les passages parlant politique ne m’ont pas passionné plus que ça, mais l’intrigue même m’a scotché, et j’ai avalé les 160 pages d’une traite !

20/07/2020 (modifier)