Mary Jane

Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)

Londres 1880 . Une tragédie qui met en scène la courte et triste vie de Mary Jane Kelly


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Ere Victorienne Jack l'Eventreur Les grandes affaires criminelles Les prix lecteurs BDTheque 2020 Londres Nouveau Futuropolis One-shots, le best-of

Quatrième de couverture: C'est l'histoire d'une femme. C'est l'histoire d'une tragédie annoncée. Elle s'appelle Mary Jane Kelly, mais qu'importe ? Comme toutes les autres femmes, sa vie vaut moins que celle d'un chien. Veuve à dix-neuf ans, elle fuit le Pays de Galles pour rejoindre Londres l'opulente, qui promet à tous travail et félicité. Elle n'y trouvera que l'enfer en dégringolant, une mauvaise marche après l'autre, l'effroyable escalier où l'entrainent les diables de rencontre tapis dans l'ombre des ruelles. C'est l'histoire d'une femme qui se bat, dans un monde où, pour les femmes le combat était perdu d'avance...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Février 2020
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Mary Jane © Futuropolis 2020
Les notes
Note: 3.83/5
(3.83/5 pour 6 avis)
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24/05/2020 | sloane
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Par Solo
Note: 4/5
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Décidément, cette maison d'éditions publie de bien beaux ouvrages. Ayant emprunté sans avoir lu les précédents avis, je ne savais pas à quoi m'attendre. J'ai donc eu la chance (si je puis dire) d'être surpris par la fin, et j'espère que certains lecteurs feront la même erreur. Cette histoire est à peine liée à celle de Jack l'Eventreur tellement Mary Jane occupe tout le récit. Malgré tout, il est certain que le destin et la menace se trouvent en couleur de fond sur tout le récit. C'est un récit sombre, où l'on découvre la misère des femmes perdues, dans un Londres de la fin du XIXè siècle. Je ne peux que saluer le dessinateur pour avoir su nous y faire plonger. Quant au scénario, il apparaît simple, les péripéties s'enchaînent, mais les dialogues ont quelque chose de profonds et où, finalement, on a l'impression que ce "bas monde" s'accorde à penser malheureusement la même chose. Il faut se battre pour survivre, chacun à sa manière. C'est un bel hommage pour Mary Jane. L'approche scénaristique m'apparaît comme un croche-patte à la facilité glauque qu'ont les auteurs à fantasmer sur la vie de Jack l'Eventreur plutôt qu'à raconter celle de ses victimes, qui ont elles aussi une histoire, comme tout le monde. La mise en scène des interrogatoires, que l'on retrouvent sur toute l'histoire, est très intéressante et apporte beaucoup de puissance à l'épilogue. Un récit très poignant qui ne laisse pas indifférent

03/12/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Deux lectures plus ou moins récentes m’avaient remis en tête le contexte. Les Arcanes de la Maison Fleury (version hot de la prostitution dans le Londres du dernier quart du XIXème siècle), mais surtout From Hell, dans lequel Moore disséquait l’affaire de Jack l’éventreur. Mary Jane y faisait donc son apparition, mais elle n’était pas le cœur du sujet. Ici, la perspective est inversée, et les auteurs se sont attachés à cette femme, la cueillant au faîte du bonheur conjugal, pour la lâcher fanée aux mains de l’éventreur (qui n’est pas du tout ici le sujet, et n’est là que pour mettre un point final – obscur et désincarné – à cette vie misérable). Entre les deux, une lente déchéance, un combat perdu d’avance pour une femme pauvre qui débarque dans le Londres de cette époque. En fait, Mary Jane pourrait n’être qu’un nom générique, symbolisant toutes les vies englouties dans les bas-fonds londoniens. Mais en tout cas la narration est bien menée (avec l’image du foulard rouge qui fait le lien entre les différents moments de cette vie). Que l’on sache au départ qui était Mary Jane, ou que l’on ignore son destin final, on devine très rapidement que la fin sera glauque, car aucune échappatoire n’est disponible pour elle, la fraicheur, la naïveté étant moins efficace que l’alcool et le renoncement à la dignité pour résister le plus longtemps possible à la cruelle volonté du destin. Et je dois dire que le dessin de Cuvillier est vraiment excellent. Très bon, très beau, y compris pour représenter la mocheté de la vie, il est pour beaucoup dans la réussite de cet album, dans lequel nous voyons une petite flamme vaciller, pour finir par s’éteindre et laisser l’obscurité envahir les décors.

09/05/2021 (modifier)
Par Rincevent
Note: 5/5
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La terrible "photo" d'une époque. Mary Jane Kelly est la dernière victime de Jack l'éventreur. Mais peut-on définir une victime à son tueur ? Ici c'est un projet qui trottait dans la tête de son auteur Frank Le Gall depuis 20 ans (voire 30 ans), il s'en est fallu de peu pour que cette œuvre meure dans l’œuf. Un changement d'éditeur, un "mariage arrangé" avec un dessinateur talentueux, Damien Cuvillier, dont les aquarelles font mouche, et voilà, cet album sort enfin, triste image d'une période sombre où les femmes comptaient peu si elles étaient d'extraction modeste. Je vous recommande sa lecture.

22/01/2021 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Je rejoins l'avis de Ro. Rien à dire contre le dessin qui est le style réaliste que j'adore. C'est dynamique, vivant et agréable à regarder. J'adore surtout les couleurs. Bref, le genre de dessin qui ne me fait pas regretter que Frank Le Gall ne soit que scénariste. Malheureusement, ce n'est pas son meilleur scénario. Cela commence plutôt bien, mais très vite je trouvais que l'enchainement des mésaventures de Mary Jane était trop convenu et stéréotypé. Je comprends que son destin était commun pour les femmes de sa catégorie, mais tout s'enchaine trop rapidement pour que je trouve cela crédible ou passionnant. Et comme le tout est rempli de trucs déjà vus, j'ai eu l'impression que Le Gall avait écrit son récit en respectant un cahier de charges. Vous avez déjà lu ou vu la vie d'une femme dont la pauvreté va la forcer à se prostituer ? Et ben vous allez deviner une bonne partie de l'intrigue. Les seules parties intéressantes sont les témoignages de témoins. Je n'ai pas réussi à trouver Mary Jane attachante, tout le long de l'album il y a eu une distance émotionnelle entre ce personnage et moi. Les intentions de Le Gall étaient de montrer pour une fois que les victimes de Jack l'Éventreur avaient une vie avant leurs morts atroces. L'intention est louable, mais le résultat est moyen.

18/10/2020 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Comme l'évoque le texte explicatif offert par Frank Le Gall en fin d'album, Mary Jane ne se veut pas du tout focalisé sur Jack L'Eventreur et ses meurtres, même si l'héroïne en question est bien la fameuse Mary Jane Kelly, dernière victime supposée de l'assassin. C'est avant tout l'histoire d'une femme dans l'Angleterre Victorienne, d'une miséreuse qui a essayé de s'en sortir puis simplement de vivre. La véritable biographie de Mary Jane Kelly est assez floue et faite de beaucoup de suppositions mais je vois que l'auteur a su respecter les grandes lignes de cette dernière et broder son histoire autour. Nous y suivons donc une jeune femme issue du Pays de Galles, devenue veuve à 19 ans et qui se retrouve sur les routes car sans moyen de subsister. Son chemin va l'amener jusqu'à Londres où elle deviendra prostituée et fera de ce métier sa vie durant les quelques années qui vont la séparer de son meurtre. Mais l'objectif de Frank Le Gall est précisément de ne pas résumer sa vie à la prostitution mais bien de montrer qu'elle était une femme avec ses particularités, ses qualités, ses défauts, un passé, etc... pas juste un nom, un métier et un statut de victime parmi d'autres. Quand j'ai découvert l'album, j'ai un peu tiqué à l'idée que Le Gall n'y soit qu'au scénario et pas au dessin alors qu'il excelle dans ce domaine. Il y a une explication à cela et elle est donnée dans le texte de fin d'album. Mais en réalité, on n'y perd pas du tout au change car, même si son style est très différent, le dessin de Damien Cuvillier est excellent ! Son trait est réaliste, très détaillé et soigné, et soutenu par de belles couleurs directes à l'aquarelle. C'est une belle plongée graphique dans l'Angleterre du 19e siècle qu'il nous offre, d'abord celle des campagnes puis celle de la ville de Londres. Le scénario m'a moins enthousiasmé que je l'espérais. J'ai bien aimé sa première partie, avec la découverte de cette communauté de miséreux marchant vers un avenir qu'ils espèrent meilleur et vivant de rapines en attendant. J'ai été un peu moins enthousiasmé par l'arrivée à Londres et la façon stéréotypée dont Mary Jane se fait embobiner comme on le voit dans tant de récits d'un immigré arrivant dans un lieu nouveau avec forcément l'escroc local qui va lui tomber dessus dès ses premiers pas. Puis ensuite, j'ai trouvé assez abrupte sa transformation de la petite fille timide de province en une prostituée sans état d'âme, et surtout sa très rapide addiction à l'alcool. D'un personnage en retrait et à la limite de l'agacement du fait de son côté mijaurée, elle en devient un autre très différent auquel j'ai bien du mal à m'attacher. Certes, le récit laisse à penser qu'elle n'a eu guère d'autre choix pour s'en sortir mais le peu d'empathie que je ressens pour elle m'empêche d'apprécier pour de bon son histoire. Pourtant j'apprécie le réalisme et la bonne tenue du récit. La mise en scène est bien réalisée, avec cette insertion des points de vue de différents témoins accentuant peu à peu la pression vers l'issue fatale, qui ne sera jamais vraiment montrée d'ailleurs puisque seule compte la vie de Mary Jane, et pas sa mort. Mais je n'ai pas ressenti cette touche d'émotion qui j'aurais dû sentir, en fin d'album, quand justement on revient sur son passé et sur le symbole de son mouchoir rouge.

19/08/2020 (modifier)
Par sloane
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur sloane

Mes aïeux ! Quelle BD ! Encore une fois Futuropolis fait très fort avec ce one shot de Messieurs Le Gall et Cuvillier. Pourtant cette histoire n'est pas originale puisqu'elle s'attache à la vie de la dernière victime du tristement célèbre Jack l'éventreur, sujet largement abordé par une foultitude d'auteurs. Ce qui est hautement intéressant dans ce récit c'est qu'il s'attache essentiellement à mettre à l'honneur la vie des victimes du bourreau, ce n'est donc pas une énième théorie sur la personnalité du tueur. Par ce biais le scénario s'attache plus à la condition féminine de l'époque dans le plus grand empire de l'époque (sur lequel le soleil ne se couchait jamais). À l'heure de l'industrialisation à marche forcée de l'Angleterre victorienne les laissés-pour-compte étaient nombreux et ce n'est pas un hasard si cette histoire possède des accents que l'on retrouve chez un auteur comme C. Dickens. Alors quelques grincheux trouveront sans doute que le récit n'est pas d'une grande originalité, que la narration propose quelques ellipses mal venues, pour ma part je n'ai pas boudé mon plaisir, me faisant embarquer pour ce voyage au bout de l'enfer. A moins d'être le plus insensible qui soit comment ne pas être touché par le destin de Mary Jane ? Que dire du dessin si ce n'est qu'il est superbe sur Londres et ses bas-fonds, le tout magnifié par une mise en couleur aquarellée où l'ocre domine, les personnages possèdent de vraies gueules, le tout dans un style réaliste. Du vrai grand art. Alors j'insiste cette histoire a déjà été racontée, c'est triste, poignant, horrible, mais ici un je-ne-sais-quoi lui donne ce petit supplément d'âme qui fait que j'en fais mon coup de cœur du moment évidemment.

24/05/2020 (modifier)