Monsieur Coucou

Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)

En phase terminale, la belle-mère d’Allan lui demande de lui ramener un marabout de son pays. Bon-gré-mal-gré, Allan s’exécute et se confronte à la famille, aux traditions qu’il a jadis rejetées.


Cancer Ecole Emile Cohl Le Liban Maladies et épidémies Proche et Moyen-Orient

Allan, d’origine libanaise, est installé depuis plusieurs années en France, où il a fondé une famille. Sa belle-famille est d’ailleurs devenue beaucoup plus que sa famille. Il s’occupe notamment de sa belle-mère Thesée, qui vit ses derniers jours à domicile en phase terminale d’un cancer, sous morphine, comme s’il s’agissait de sa propre mère. Il lui masse les pieds, il se lève la nuit, il lui prépare des petits plats relevés à l’ail… Sa femme Prune, ainsi que ses belles-sœurs, n’éprouvent pas de jalousie particulière vis-à-vis de ce comportement. Allan est sincèrement aimant et dévoué. Mais Prune aimerait tout de même qu’Allan accepte de prendre plus souvent sa sœur au téléphone. Car Allan a un comportement totalement fuyant avec sa famille restée au pays, il fait un rejet radical et suspect. La famille française est bouleversée quant au décès prochain de Thésée, ce qui génère parfois des petites tensions. Mais chacun sait être compréhensif. Un soir, Thésée demande à Allan qu’il aille chercher au Liban un marabout réputé, Hussein, qui, parait-il, fait des miracles. Allan refuse en bloc, au début. Mais Thésée insiste, comme s’il s’agissait de ses dernières volontés. Allan comprend qu’il s’agit d’un espoir, sans saisir la tendre manipulation de sa belle-mère, qui le force à renouer avec ses racines. Il prend sur lui et fait l’effort de s’en retourner dans son pays…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 09 Février 2018
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Monsieur Coucou © Le Lombard 2018
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 3 avis)
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24/04/2018 | Erik
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Par McClure
Note: 3/5
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Ma note est un peu raide et manque d'étoiles pour ce bouquin. Je mets 3 et ce pourrait être 5. Graphiquement j'ai vraiment apprécié, la mise en couleur, les personnages, les paysages algériens d'où s'échappent presque les effluves de maquis et d'oranger. Je n'ai pas été emballé par toute la première partie de l'histoire. D'abord parce que je ne suis pas friand des histoires intimistes. C'est pareil au ciné ou en roman, j'ai une prédilection pour l'évasion et le rêve, pas pour ce qui se passe chez ma voisine, non que ce ne soit intéressant, mais ça me laisse souvent froid. Et j'ai trouvé que sur la première partie, on est tout le temps dans une (dés) organisation familiale qui ne m'a pas intéressé. Seuls les appels de la famille d'Allan, auxquels il ne répond pas, m'ont interpellé. Après, cette partie est une critique très bien menée sur la place des aînés, notamment malades, au sein des familles occidentales. Et il est vrai qu'il y aurait des leçons à tirer des méridionaux (monde arabe, perse, africain notamment) sur la vie intergénérationnelle. Allan est d'ailleurs plus proche de sa belle-mère que ses propres filles et tous les gestes du quotidien sont pour lui normaux. On sent par contre qu'il utilise aussi cette mère par substitution à cause d'une fâcherie familiale dont on ne sait rien. Dans la seconde partie, pour faire plaisir à Thésée, Allan va redevenir Abel et retourner au pays, pour gérer la vente d'un terrain familial d'une part, et faire une décoction pour sa belle-mère chez le "sorcier" local. J'ai préféré cette partie d'une part par l'enjeu des liens familiaux, de cette fâcherie, cette trahison même, dont on va prendre connaissance au fil des pages et par l'explication du ressentiment d'Allan/Abel d'autre part. Les sentiments sont beaucoup plus forts et violents que dans la belle famille où on est plus sûr des non dits (le gendre notamment), d'ailleurs c'est le mode de fonctionnement d'Allan, l'occidentale, de préférer cela et la fuite. J'ai été pris à ce moment là par Abel, sa jeune sœur qui l'aime mais a un ressentiment très fort, et son jeune frère qui l'idolâtre et cherche à faire le tampon. On va le voir évoluer aussi par rapport à son rejet des ses origines et d'une foi musulmane à laquelle il a tourné le dos. Et on va progressivement découvrir la genèse de ce ressentiment familial, entre la culpabilité d’Allan et la colère de sa famille, notamment sa mère et sa sœur. C'est au contact de vieux amis de son père que l'on va renouer les fils et comprendre le tout, sur fond de politique et d'islamisme des années GIA. C'est une histoire très fine, très bien écrite et je conseille vivement cette lecture. Elle nous questionne sur nos relations familiales, de l'importance de se rapprocher, de ne pas vivre de non dits et de crever les abcès pour ne pas vivre fâché. Alors pourquoi noter aussi bas. Je dois avouer que j'hésite encore entre 3 et 5 étoiles. C'est bizarre. Mais, à mes yeux, la première partie est trop longue et importante, elle dessert l'ensemble même si on en comprend les ressorts. Ce sentiment est aussi très personnel. Et il cannibalise la seconde partie, pour laquelle j'aurais aimé en avoir plus, plus sur l'histoire de cette famille, plus sur l'environnement de l'époque. Je comprends l'auteur qui a fait le choix de garder le récit à hauteur d’Allan, et des relations humaines, mais j'ai eu un manque une fois fermé le livre. Une très belle histoire à lire et qui plaira plus à certains qu'à moi. Un grand merci pour cet excellent travail.

09/01/2021 (modifier)
Par canarde
Note: 3/5
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Belle histoire, triste. Le dessin est vraiment réussi, et le visage de la première page montre tout le savoir-faire du dessinateur (Kyungeun Park), c'est un plaisir de le regarder. Précision et sensibilité des visages et des émotions. En revanche, pour l'intérieur de l'album, c'était peut-être un dessin fait pour le noir et blanc... la couleur m'a moins plu. Elle donne un coté fermé, pas de blanc ou de fusion de surfaces dans lesquelles le dessin pourrait s'échapper : cela fait un peu coloriage. Dommage. Pour l'histoire, c'est tragique et réaliste. Il faut supporter les deux. Notre monde occidental confortable, qui ne supporte ni la maladie, ni la vieillesse. Et un monde oriental, hiérarchisé, religieux et organisé autour de la mort violente et de ses traces qui ne s'effacent pas... Dans les deux, les rapports de fratrie, les liens avec la mère, le père, ou plutôt pas de père. Donc, c'est dur et inconfortable, parce que c'est très vrai.

25/07/2018 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
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Monsieur Coucou est un titre qui sonne très mal pour cette œuvre. Personnellement, je ne l’aurais pas choisi car cela n’apporte rien d’autre que de la confusion et de l’étonnement. Le sujet est pourtant grave car il s’agit d’une belle-mère victime d’un cancer qui s’éteint petit à petit. C’est le gendre, issu de l’immigration arabe, qui s’occupe d’elle avec dévouement comme si c’était sa propre mère. Jusque-là, tout va bien sauf qu’il a lui-même des relations plus qu’exécrable avec sa famille qu’il a totalement rejeté. Pour autant, il empêche son jeune frère et sa jeune soeur restés au Liban de développer une affaire commerciale à cause d’une histoire de signature devant notaire sur la vente de terrain. Il bloque la signature alors que sa vie est totalement en France puis plus d’une vingtaine d’années. J’avoue avoir mal compris ces motivations profondes qui n’ont de sens que de faire obstacle à la sacro-sainte liberté d’entreprendre. Pour autant c’est également une critique de notre façon de penser et de se comporter en famille face à la maladie. Il est vrai que notre protagoniste principal Allan possède de réelles qualités humaines qui font défaut à pas mal de monde notamment de son entourage proche. Il devra également balayer devant sa porte avec un voyage sur le retour aux sources. Le Liban en prendra pour son grade bien que le pays ne soit jamais mentionné comme pour ne pas froisser certaines susceptibilités. Rien ne sera épargné. En cela, c’est une oeuvre plutôt sincère. J’ai bien aimé ce témoignage d’un exilé.

24/04/2018 (modifier)