Un maillot pour l'Algérie

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)

En 1958, à la veille de la Coupe du monde en Suède, douze footballeurs de Première Division quittent clandestinement la France et rejoignent les rangs du FLN.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide 1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Aire Libre Auteurs espagnols Football La Guerre d'Algérie Sport

En 1958, à la veille de la Coupe du monde en Suède, douze footballeurs de Première Division quittent clandestinement la France et rejoignent les rangs du FLN. Nous sommes en pleine guerre d'Algérie et leur but est de créer la première équipe nationale algérienne de football et d'en faire l'ambassadrice de l'indépendance à travers le monde... Parcourant le monde souvent clandestinement, cette équipe de champions devenus des va-nu-pieds, devant parfois accomplir plusieurs milliers de kilomètres en minibus à travers le désert pour jouer un match, sans remplaçants, va accomplir exploit sur exploit au fil de plus de 80 matches. Ils s'appellent Zitouni, Arribi, Kermali, Mekhloufi... et ils sont devenus des légendes du sport. On dira de ces "fellaghas au ballon rond" qu'ils ont fait avancer la cause algérienne de dix ans et évité des dizaines de milliers de morts supplémentaires. Javi Rey, Bertrand Galic et Kris n'ont jamais déserté les stades et ont trouvé dans les destins de ces joueurs l'occasion de croiser leur amour du ballon rond et de l'histoire avec un grand H. Kris, l'un des chefs de file de la bande dessinée du réel (on lui doit les succès Un homme est mort ou Notre Mère la Guerre), a trouvé les parfaits coéquipiers en Bertrand Galic, habile scénariste et historien, et Javi Rey, un jeune dessinateur catalan qui mêle subtilement les émotions humaines et l'intensité des scènes de match.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Avril 2016
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Un maillot pour l'Algérie © Dupuis 2016
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 5 avis)
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29/03/2016 | Ro
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L'avatar du posteur bamiléké

Voilà une série qui m'a donné chaud au cœur. Sur la thématique épineuse de la guerre d'Algérie les auteurs réussissent la prouesse de proposer une série pleine d'entrain, de bonne humeur et d'optimisme. J'ai longtemps suivi le foot de près mais je ne connaissais pas l'épopée de ces talentueux footballeurs algériens qui se sont mis au service du nouveau maillot de leur pays en devenir via le FLN. J'ai beaucoup aimé l'esprit de la série qui ne cherche pas à cacher les terribles massacres de la guerre mais qui se libère d'une recherche de responsabilité historique et culpabilisante. Les auteurs montrent simplement comment une bande de copains en pleine réussite prennent le risque de tout perdre pour se mettre au service d'une cause historique qui les dépasse. Kris et Galic mettent en avant l'esprit de fraternité qui anime ce groupe tout au long d'un récit bourré d'anecdotes souvent drôles. Onze joueurs qui devraient servir de modèles à toutes les générations puisqu'ils ont montré deux choses : nul besoin de combattre pour tuer afin d'avoir un impact significatif sur la réussite de ses idéaux, puis si deux pays se font malheureusement une guerre stupide et injuste cela n'empêche de garder les amitiés construites en temps de paix. Si ces hommes aiment légitimement leur pays natal le scénario montre très bien que beaucoup n'ont jamais cessé d'aimer la France. J'ai vraiment été touché par ces artisans de paix et de réconciliation sur un sujet toujours sensible et rempli de paradoxes. Javi Rey est très à l'aise à la fois pour la partie intime de la vie de groupe et la partie foot très présente dans l'ouvrage. On sent que le catalan est un habitué du beau jeu. Sa vision et sa transcription graphique des gestes techniques des footballeurs sonnent vraiment juste. La difficulté est de rendre facilement identifiables onze jeunes hommes du même âge et d'un profil presque identique. En mettant l'accent sur Mekhloufi, Zitouni ou Arribi, l'auteur réussit à rendre sa narration graphique fluide. J'ai beaucoup apprécié son travail sur les détails extérieurs des véhicules, des costumes ou des maillots. L'ambiance du début des années 60 est parfaitement retranscrite. Une très belle lecture qui joint histoire et sport dans un bel esprit de réconciliation.

21/03/2024 (modifier)
Par Solo
Note: 4/5
L'avatar du posteur Solo

Alors que l'Algérie est un territoire légalement français, onze joueurs de football d'origine algérienne décident, avec l'aide d'un membre du FLN, de former l'équipe du Front de libération nationale algérien du football, avec son propre drapeau et son propre hymne. Le problème, c'est que ces joueurs sont majoritairement joueurs professionnels. Dans des clubs français, évidemment. Il n'y aurait pas besoin de raconter la suite du scénario, vous voyez l'aventure! Cette fine équipe se donne à cœur joie (à travers la BD en tout cas) pour rester unie et pour organiser une "tournée mondiale" de rencontres à travers le monde afin de diffuser ses revendications indépendantistes, tandis que l'organisation officielle du football mondial, la FIFA, sous pression (je crois) finit par choisir logiquement le camp français (rappelons que la FIFA a été créé à Paris en 1904. Acronyme resté français d'ailleurs. CQFD pour l'époque.) et refuse donc d'homologuer cette association de joueurs comme équipe nationale à part entière. L'Algérie ne peut pas participer à la coupe du monde de football, mais l'Algérie attire l'attention malgré tout. Ralalaaa mais qu'est ce que ça peut être beau et puissant le football ! Sans transition, je n'avais même pas fait attention d'avoir emprunté 2 récits écrits (co-écrits ici) par Kris. Et après lecture d'Un maillot pour l'Algérie, je continue à trouver cet auteur intéressant. Par deux fois donc, et même si un "Sac de billes" doit certainement venir de l'âme du roman originel, l'auteur raconte une histoire sans chercher à la rendre grandiloquente. Bien au contraire, sur des sujets aussi dramatiques que l'Occupation (pour Un sac de billes) et la lutte pour l'indépendance de l'Algérie (ici), Kris apporte une atmosphère douce, amicale... Je dirais presque "gentille", dans le sens où on se retrouve avec une bande de copains qui se chamaillent et qui s'adorent, profondément réunis pour un même but. Je trouve le ton du récit extrêmement agréable, sans jamais tomber dans la niaiserie. Sur le scénar', pas mal de scènes sont purement footballistiques. Faut aimer. Moi j'adore le football donc je lis notamment les discours de motivation de l'entraîner comme ceux que j'ai pu entendre jusqu'à mes 18 piges. Bon, l'entraîneur ne nous criait pas non plus: "Faites le pour la France bordel de dieu!!", mais le délire reste le même. Le blocage arrivera peut-être aux lecteurs qui s'intéressent au foot de loin ou qui ont une idée toute faite de ce sport. Là, je pense que ce récit peut subir quelques pénalités. Moi-même il y a certains moments où j'aurais aimé que l'auteur apporte plus de faits historiques. Par exemple : la première rencontre de l'Algérie s'est déroulée contre le Maroc. Et le Maroc, pour avoir joué un match face à une équipe que la FIFA n'a pas voulu reconnaître, a été suspendu d'un an par la FIFA elle-même, l'empêchant de jouer la CAN, Coupe d'Afrique des Nations. Une première! Et c'est vraiment dommage de ne pas laisser une moindre trace de cela dans le récit alors que tout me semblait réuni pour le préciser. Au niveau du dessin, ça n'est pas celui qui m'emporte vraiment, mais il maintient cette atmosphère enthousiaste et euphorique, bien à l'image des différents personnages. J'ai tout de même un peu galéré à savoir qui est qui, il faut jouer entre la moustache et les tifs pour s'y retrouver, parce-que je trouve les traits du visage insuffisamment différenciés. Parenthèse : je retiens la première phrase de l'avis de Erik. C'est vraiment fou à quel point l'histoire de la politique étrangère française aborde si peu et si mal la relation entre la France et l'Algérie. Non pas que l'Algérie soit plus importante à aborder que tout autre pays colonisé par la France, mais il y a quand même une très très grande particularité qui semble montrer tous les travers que peut avoir un pays impérialiste prêt à régner injustement sur les autres états. Pour cela, je ne remercie toujours pas l'école républicaine française et sa vision très politisée de l'Histoire (comprendre: totalement bridée et biaisée), et je remercie bien fort ces auteurs qui ont fourni une synthèse détaillée en postface plus qu'intéressante, en plus d'une histoire cherchant à montrer le point de vue "De l'autre côté de la barrière". Fin de la parenthèse. En synthèse, j'avais beaucoup d'enthousiasme à lire ce récit et j'ai globalement était séduit. La postface fait un sacré boulot pour "rattraper" le récit que je trouve trop "fictif", faussement intimiste peut-être. D'un autre côté, il faut dire que l'histoire permet de dégager de belles idées sur ce qu'est l'humanité: on peut tous s'apprécier et s'entre-aider, mais il faut aussi comprendre qu'on n'a pas tous la même culture. Dernière parenthèse: pour les curieux, lisez "Une histoire populaire du football" écrit par Mickael Correia. Petite pépite qui retrace les grands épisodes de ce que le football a pu apporter pour soutenir une cause et s'opposer à tout dictat. Très instructif, cela peut vous donner une perception plus nuancée de ce sport. Fin de la dernière parenthèse.

16/02/2022 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Généralement, j’aime bien les bds qui me parlent de l’Algérie comme pour compenser un sérieux manque d’informations objectives que je n’ai pas eu durant ma scolarité pour comprendre ce conflit qu’on qualifiait d’événement. Cependant, je ne suis pas très foot et les joueurs n’exercent curieusement aucune fascination sur moi. Je préfère par exemple un débat politique à un quart de finale par exemple. Néanmoins, pendant la coupe du monde, je fais toujours une exception pour soutenir l’équipe représentant mon pays. Il est vrai que je n’ai jamais compris pourquoi il y avait autant de drapeaux algériens pendant des matchs de l’équipe de France comme si les joueurs tels que Zidane par exemple les représentaient au lieu de nous. Avec ce récit, je viens de comprendre cet aspect puisqu’il s’agit de la fuite des plus grands joueurs d’origine algérienne vers leur pays d’origine pendant la guerre d’Algérie afin de représenter le FLN. Il est vrai que le contexte se prêtait à la création d’une équipe nationale afin d’unifier la nation. Pour le reste, je n’ai pas été emballé plus que cela par le récit pourtant tout à fait honnête qui parle d’exil et d’identité nationale. Pour autant, cela m’a littéralement ennuyé ce qui n’est pas l’objectif premier d'une bd, il faut bien l’avouer. Sans doute trop de classicisme dans la conception ainsi qu'un graphisme qui ne m’a pas marqué outre mesure. C’est une œuvre assez engagée qui crée une fiction à partir de faits avérés. L’amour du sport et d’un pays sera à l’honneur. Une belle histoire de fraternité entre les peuples également. Comme dit, l’intention est fort louable.

26/04/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Le Grand A

Je suis un passionné de football, notamment de l’histoire du foot et un peu de celui des années 50 avec ses vedettes comme Di Stefano, Kopa, Garrincha, etc. J’ai souvenir de nombreuses heures de discussions avec un vieil oncle à moi qui me racontait le football de cette époque et son adoration pour le football hongrois de Florian Albert, Ferenc Puskas, et quand il me parlait de l’équipe de France de 58 il répétait tout le temps que Rachid Mekhloufi c’était un bon, qu’il aurait dû en être, mais que celui dont l’absence s’est faite la plus ressentir était celle de Mustapha Zitouni. Il me disait qu’avec Zitouni en défense avec Robert Jonquet devant lui ou à ses côtés, le petit génie Pelé ne serait pas passé durant la 1/2 finale, Zitouni l’aurait « défoncé ». Et peut-être qu’on aurait gagné la coupe du monde… Cette histoire de la formation de l’équipe du FLN de football j’en avais entendu parler par-ci par-là, et surtout dernièrement dans le documentaire Les Rebelles du Foot réalisé par Gilles Perez (dur quand même d'oublier les séquences avec Eric Cantona présentateur qui sont une vraie purge), avec une interview de Mekhloufi donc, dont j’ai noté pas mal de reprises (de volée hohoho) dans cette bd. Une très chouette bd par ailleurs qui permet d’approfondir considérablement cet épisode dont on ne connaissait au final que les grandes lignes. Les auteurs, à travers un mélange de faits et de fiction, nous racontent l’histoire de ces joueurs algériens qui ont tout quitté, jusqu’à parfois mettre de côté leur famille, pour participer à leur façon à l’indépendance de l’Algérie en faisant de la propagande. On les suit quasiment au quotidien, de leur fuite assez rocambolesque de la France pour rejoindre le point de ralliement à Tunis, les victoires et les défaites contre des équipes de seconde zone non reconnus par la FIFA et contre des équipes dites « non-impérialistes ». Ces gars-là ont vécu une aventure humaine incroyable et j’ai trouvé que c’était une bonne chose que les auteurs s’attachent davantage à montrer les bons côtés avec beaucoup de rires dans cette bande de potes, des rencontres avec les puissants de ce monde, les voyages incessants... Même si bon, se ne sont pas les Beatles en tournée non plus, ni les Harlem Globe Trotters, ces hommes étaient souvent mal reçus. Il y a évidemment des moments de tensions et de tristesse qui ne nous sont pas épargnés, mais il y a un quelque chose de super positif qui se dégage de cette histoire qui fait que la guerre, les morts, on y pense mais cela n’apparaît qu’en filigrane. Le combat des Mekhloufi, Zitouni, Ben Tifour et Cie était politique et donc dangereux, mais leur arme c’était le foot, rien que du foot. D’ailleurs c’est assez marrant que cette bd sorte maintenant car j’ai lu dans L’Équipe une interview très récente du célèbre chorégraphe Rheda, qui fait une apparition dans cette bd, et qui parle de la difficulté de porter le nom d’un joueur aussi célèbre que son père, Abdelaziz Ben Tifour. En plus j’ai bien aimé le graphisme du catalan Javi Rey et son trait très clair, limpide, et sa colorisation très chatoyante. L’histoire ne serait peut-être pas aussi captivante sans son dessin qui apporte de la bonne humeur. On ne tire que du bien de ce gros pavé d’une centaine de pages réalisé par des passionnés, visuellement et dans le message distillé. Pour les footeux, à lire sans aucun doute.

22/04/2016 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Un épisode historique méconnu en lien avec la Guerre d'Algérie : en 1958, une dizaine d'Algériens, joueurs professionnels de football, ont quitté la France et leurs clubs de première division pour former de bric et de broc une équipe nationale Algérienne pour soutenir à leur manière le combat pour l'Indépendance de leur pays. Kris, Bertrand Galic et Javi Rey nous racontent les faits de manière agréable et lumineuse. Le sujet est sérieux mais la narration reste légère. Avec ces footballeurs engagés, on ne parle pas de combattants, de haine et de drame. Au contraire, les personnages transpirent la bonne humeur et passent leur temps à blaguer et à se taquiner. De même, ils n'ont aucun ressentiment envers les français et gardent d'excellents contacts avec leurs camarades joueurs de foot de leurs clubs respectifs. Et c'est ainsi qu'on les suit dans leurs pérégrinations, les hauts et les bas, entre magouilles, difficultés, recherche de notoriété et de respect, coups de publicité politique mais aussi grande réussite sportive et morale. C'est avec ce récit que on peut découvrir avec stupeur l'interdiction qu'avaient les joueurs algériens de sortir du territoire français. On peut suivre l'étrange relation entre le FLN (Front de Libération National Algérien) et cette équipe qui était pourtant sensée le représenter aux yeux du monde. Puis on peut assister à l'évolution des rencontres sportives de nos héros, d'abord face à des équipes de faible niveau du monde arabe, puis dans les pays d'Europe de l'Est face aux équipes qui ne craignaient pas les sanctions de la FIFA. Et cela jusqu'à la fin de la guerre et après. Le récit se révèle parfois un peu long car il y a beaucoup à raconter. Peut-être certains passages auraient-ils pu être résumés pour se concentrer sur d'autres. Mais la narration est fluide, les dialogues plein d'humour, et cela permet de ne pas s'ennuyer. Le tout est mis en image d'excellente manière par Javi Rey. Au-delà de décors et d'une colorisation légèrement austères, il offre un trait réaliste et dynamique plein de vie et de maîtrise. Quand il s'agit de représenter onze joueurs algériens, tous bruns, frisés et moustachus, il est facile d'en confondre quelques-uns mais il leur donne malgré tout une vraie âme visuelle qui respire la joie de vivre. C'est le récit d'une équipe de football attachante et qui inspire le respect, une équipe engagée politiquement mais qui conservera toujours son esprit sportif pour combattre à sa manière, sans haine et sans aigreur. Un récit historique lumineux, hymne au sport et à la vie.

29/03/2016 (modifier)