Rampokan

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)

1946. Les Indes Néerlandaises rejettent la tutelle des Pays-Bas qui envoient l'armée pour mater la rébellion. Un jeune soldat natif de l'archipel essaie de retrouver le paradis colonial qu'il a connu durant son enfance.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Aire Libre Asie du sud-est Auteurs néérlandais Le Colonialisme

En 1946, après avoir subi l'occupation japonaise, les habitants des Indes Néerlandaises refusent de retourner dans le giron colonial des Pays-Bas. Des groupes armés s'en prennent aux représentants du pouvoir blanc. La métropole envoie des troupes pour reprendre la main dans l'archipel indonésien. Une guerre brutale éclate, avec son cortège de brutalités et d'exactions. Parmi les soldats, Johan Knevel, jeune colon qui a passé son enfance en Indonésie, mais en a été écarté durant la Seconde Guerre mondiale, essaie de retrouver les traces de son paradis perdu…

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Avril 2003
Statut histoire Série terminée (Réédité en un album intégrale chez Dupuis) 2 tomes parus

Couverture de la série Rampokan © Dupuis 2003
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)
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22/10/2013 | Eric2Vzoul
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"Rampokan" nous propose une histoire peu connue. En France, nous avons vécu entre 1946 et 1962, deux conflits coloniaux, en Indochine, puis en Algérie. C'est peut-être pour cette raison que nous n'avons pas prêté attention à ceux de nos voisins européens, qui furent pourtant similaires par leur violence et par les déchirements qu’ils provoquèrent chez les colonisés comme chez les métropolitains. Les Néerlandais étaient présents en Indonésie depuis le XVIIe siècle et ils considéraient que l'archipel, dont ils avaient tiré de substantiels bénéfices depuis 300 ans, leur appartenait de droit. Quand les Japonais l'occupent en 1942, les nationalistes autochtones les accueillent en libérateurs ; d'ailleurs, dès la fin de la guerre, ils proclament leur indépendance. Mais les Pays-Bas, comme les autres pays d'Europe, ne comprennent pas que le temps du colonialisme est révolu. Ils envoient des troupes afin de rétablir l'ordre. Débute alors une de ces sales guerres d'indépendance, faite d'attentats sanglants, de représailles aveugles, de massacres, de tortures où la brutalité du colonisateur répond à l’intransigeance meurtrière des indépendantistes… Une guerre qui dure 3 ans pour parvenir à un résultat prévisible, puisque l'Indonésie obtient son indépendance en 1949. Voilà pour le contexte. La mère de l'auteur, Peter Van Dongen, a vécu ce conflit et c'est à partir de certains de ses souvenirs qu'il a construit l'histoire. Le personnage principal et un fils de colons blancs, piégé en Europe par la guerre, qui découvre avec le lecteur à quel point le paradis colonial de son enfance lui est devenu étranger en une petite décennie. Envoyé dans la colonie avec l'armée hollandaise à la fin de l’année 1946, il est le témoin et l'acteur impuissant d'une guerre perdue d'avance. Van Dongen dépeint avec justesse le crépuscule de l’empire hollandais à travers une galerie de personnages en demi-teinte, sans jamais sombrer dans le manichéisme ni la caricature. La société coloniale indonésienne est présentée avec toutes ses contradictions. À travers les deux albums de son récit, cette guerre devient l’archétype des guerres coloniales. Un beau récit, nuancé, vraiment touchant. Les dessins, en noir et blanc, relevés de plages ocre, font partie de l’école de la ligne claire, qui reste très vivante chez les néerlandophones. Le trait de Van Dongen, bien maîtrisé, rappelle le travail de Bob de Moor (Barelli), ou pour évoquer des auteurs plus récents, Eric Heuvel (Jennifer jones) ou Henk Kuijpers (Franka), sauf qu’ici, l’humour n’est pas vraiment de mise, même si certaines situations liées à l’absurdité de la société coloniale peuvent faire sourire. Cependant, les choix graphiques de l'auteur permettent surtout d’introduire une distance qui tempère judicieusement la violence de certaines scènes. Peter Van Dongen a obtenu plusieurs prix aux Pays-Bas pour cette œuvre. Il est regrettable que les éditions « Vertige Graphic », qui l’ont fait paraître en 2003-2005, n’aient pas réédité ces deux albums, qu'il faut aujourd’hui rechercher chez les bouquinistes. Rampokan est vraiment un beau diptyque, une histoire forte et originale servie par un dessin maîtrisé.

22/10/2013 (modifier)