Bürocratika

Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)

Monsieur Kala–kala est le chantre de l'administration triomphante, le prophète qui a instauré le règne de la bureaucratie parfaite, à tous les niveaux, pour le bonheur et la perpétuité des Républiques Réunies de la Bureaucratie.


Absurde Dictatures et répression Utopies, Dystopies

Monsieur Kala–kala est le chantre de l'administration triomphante, le prophète qui a instauré le règne de la bureaucratie parfaite, à tous les niveaux, pour le bonheur et la perpétuité des Républiques Réunies de la Bureaucratie. Dans l'utopie purement administrative qu'il a mise en place, la ponctualité est reine, les plans quinquennaux sont hebdomadaires et les dossiers sur la pénurie de papier font 27000 pages en cinq exemplaires reliés. Quand Brazil rencontre Kafka, Beb Deum tourne en dérision une dystopie de bureaucratie exacerbée et de formulaires à faire contresigner au guichet 4730, troisième couloir à gauche en montant l'escalier.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Novembre 1989
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Bürocratika © Les Humanoïdes Associés 1989
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 2 avis)
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20/09/2010 | Ro
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L'avatar du posteur Noirdésir

Beb Deum – dont c’est la première œuvre que je lis, nous livre ici une vision monstrueusement froide, désincarnée et absurde de la bureaucratie. Une parenté avec l’univers de Brazil, en moins philosophique, mais aussi avec celui de la plupart des œuvres de Marc-Antoine Mathieu (mais en moins abouti et ambitieux !). Nous sommes dans un univers totalitaire, au milieu des sbires de la nouvelle doxa bureaucratique, machine ubuesque tournant en vase clôt, produisant ad nauseam décrets et délires inutiles et inapplicables. Le côté froid de cette dictature et de ses règles est renforcé par le dessin de Beb Deum, et surtout la colorisation, qui n’use que des nuances de gris. Un univers d’une froidure métallique. L’absurdité des situations (l’album est divisé en petites histoires de quatre pages chacune le plus souvent) est poussé jusqu’au non-sens, et amène un humour assez noir (situations, mais aussi dialogues absurdes). Quelques jeux de mots savoureux parsèment cet univers invivable, asphyxiant, comme celui-ci : « (…) ici, les murs ne sont pas sourds, et même les morts ne sont pas sûrs… ». Album intéressant, que je n’aurais pas forcément classé dans le genre humour. C’est assez inclassable d’ailleurs. Mais il vaut quand même le détour.

08/05/2015 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Dès les premières pages, j'ai eu le sentiment d'être en terrain connu. Un univers dystopique où la bureaucratie et l'inhumanité sont reines, nous sommes dans le même domaine qu'un Kafka ou qu'un film comme Brazil. Décor et ambiance rappellent également Julius Corentin Acquefacques, dont le premier tome est paru à peu près à la même période que Bürocratika. Mais nous ne sommes pas ici dans le concept ou dans la mise en garde contre un avenir implacable et effrayant. Il s'agit plutôt de tourner en ridicule ce monde administratif imaginaire et de jouer la carte d'un humour décalé. L'album se compose d'histoires courtes indépendantes, des sketchs de quelques pages mettant en scène différents protagonistes, tous aussi bien intégrés dans les rouages de cette bureaucratie triomphante. L'auteur se moque du système depuis l'intérieur du système en montrant le ridicule de certaines situations, des comportements et des dialogues. Les dialogues, justement, Beb Deum met l'accent dessus en les travaillant au mot près. Tout est dans l'emphase, l'abondance de termes aussi formatés qu'abscons. Cela donne quelques textes vraiment drôles, même si au long d'un album entier, le schéma répété devient un peu lassant. Le graphisme, pour sa part, est très personnel. Gris et froid comme le sujet du récit, il se fait caricatural pour les visages aux expressions exacerbées, tout aussi décalées et outrées d'ailleurs que l'humour de l'auteur. J'ai lu cet album avec le sourire, appréciant les bons mots des dialogues et les nombreuses touches d'humour. Cette lecture ne m'a cependant pas tellement marqué car il y a une certaine impression de déjà-vu pour qui a déjà vu ou lu des oeuvres similaires au film Brazil et autres ouvrages de Marc-Antoine Mathieu.

20/09/2010 (modifier)