Africa Dreams

Note: 3.44/5
(3.44/5 pour 9 avis)

Une Histoire du Congo Belge.


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Afrique Noire Congo belge La BD au féminin Le Colonialisme

Fin du 19e siècle, Congo, province du Kivu. Un jeune séminariste, Paul Delisle, rejoint l’une des missions des « pères blancs », dans la région des Grands Lacs, pour y participer à l’effort d’évangélisation des populations. Mais son arrivée a un autre motif, plus secret : tenter de retrouver son père Augustin, un ancien chirurgien devenu planteur, colon prospère mais farouche misanthrope, volontairement reclus dans un isolement presque total. Paul rejoint bientôt l’immense domaine d’Augustin Delisle. Son arrivée coïncide avec un drame : le planteur est gravement blessé, une flèche plantée dans le dos.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Mars 2010
Statut histoire Série terminée 4 tomes parus

Couverture de la série Africa Dreams © Casterman 2010
Les notes
Note: 3.44/5
(3.44/5 pour 9 avis)
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03/03/2010 | Miranda
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Pourtant fan de Charles pour Les Pionniers du Nouveau Monde, et ayant apprécie India Dreams et Ella Mahé dont le concept est très proche d'Africa Dreams, je trouve que cela ne prend pas dans Africa Dreams. L'histoire du héros est confuse et sa personnalité pas très creusée. De plus, son histoire n'est pas bien intégrée dans l'Histoire. Amateur d'Histoire, je n'ai pas apprécie l'angle très (trop) politique choisi par les auteurs. Sans remettre en question ce qui est avancé dans ce livre, le traitement ne me semble ni pertinent ni appréciable en tant que lecteur de BD. Finalement, j'ai eu beaucoup de peine à me faire au dessin. Je ne mets pas une note plus mauvaise car ça se lit quand même relativement bien et il y a du travail derrière. Mais je suis grandement déçu par Charles et ne le suivrai plus.

16/01/2018 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Bien introduit dans le premier tome par la courte présentation de Colette Braeckman – dont j’ai pu apprécier les analyses dans le Monde diplomatique, voilà une série à charge contre les méfaits du colonialisme et de l’appât du gain – le « roi des Belges » pouvant finalement n’être qu’un archétype de l’entrepreneur dénué de scrupules. Si le message passe, c’est que cette série est aussi une belle réussite graphique (j’ai trouvé les dessins beaux, pleins de lumière – dans un univers pourtant très « noir », dans tous les sens du terme !) et narrative. Rien ici de simpliste ou d’exagéré : la petite histoire nous dévoile la grande avec l’évidence que le talent des auteurs (dont c’est la première série que je lis) instille par petites touches, alternant les allez-retours entre l’Europe (essentiellement en Belgique, voire en Angleterre) et l’Afrique (le Congo belge donc). Cette navette scénaristique met davantage en lumière le cynisme et les calculs d’épiciers de la bonne société européenne – et surtout du roi des Belges, et assombrit d’autant le sort réservé aux « colonisés ». Le troisième tome reste sur la même ligne – graphique en tout cas. Pour ce qui est du message, on est aussi dans la dénonciation de l’horreur et de l’hypocrisie entourant la geste coloniale. Stanley se hisse ici au niveau du roi des Belges dans la catégorie des salauds se cachant derrière une façade plus que respectable. Je regrette juste un peu que dans ce tome la petite histoire soit trop éclipsée par la grande, et que la lecture des (arrière) pensées des journalistes, du roi ou de Stanley rende l’ensemble un peu moins fluide. Le propos, toujours louable, est un peu moins subtil ici (mais je chipote sûrement !). A noter l’interview d’un Stanley vieillissant réalisée en début d’album par un jeune journaliste à houppette ressemblant furieusement à Tintin (le chien de Stanley démarquant Milou…). Globalement cela se lit très bien, et donne à réfléchir. A lire, pour aller plus loin, les reportages d’Albert Londres, ou certains livres de Joseph Conrad (comme « Un avant-poste du progrès » ou le très célèbre et excellent « Cœur des ténèbres »). Une réussite donc ! MAJ. Je reviens mettre à jour mon avis après lecture du quatrième et dernier tome de la série, qui n'a fait que confirmer tout le bien que je pense de celle-ci. Fonds et forme sont encore très bons, sur un sujet douloureux. Quant au roi des Belges, au cœur de cet album, il confirme que sa place serait plus parmi les grands salauds de l'histoire, et non au sommet du gotha: un criminel que l'histoire n'a pas encore jugé. Voilà en tout cas une série hautement recommandable.

21/03/2014 (MAJ le 16/01/2017) (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Cette Bd exploite le rêve colonial d'Afrique par l'Europe, et au travers de la Belgique s'emparant de cet immense Congo, les auteurs dressent un portrait incisif et très réaliste de toute l'Europe colonialiste. Ils donnent une image très négative des puissances européennes se jetant sur l'Afrique, comme des fauves affamés se jetant sur une proie, et tout ça sous le couvert hypocrite de la religion qui sert toujours à rassurer l'opinion publique par l'émancipation, l'instruction et l'évangélisation, de belles vertus qui servent à se dédouaner. On a dans l'esprit l'image du bon missionnaire blanc apportant la bonne parole et l'instruction aux populations noires, mais cette vision est balayée ici, les missionnaires étant présentés sous un visage beaucoup moins angélique. Je suppose que ce fut pareil ailleurs, en Asie, aux Amériques, en Australie, aux Antilles... mais tout ceci prouve que le colonialisme (particulièrement en Afrique) ne fut que de l'esclavage organisé et déguisé, une façon aussi de pomper un pays en puisant ses ressources à outrance.. Alors bien-sûr, on peut se dire que tout ceci dormait et ne servait à rien, et que les Occidentaux ont su faire fructifier toutes ces richesses, en réalisant notamment de grands travaux comme le chemin de fer ou des hôpitaux... peut-être, mais il y avait certainement une manière plus civilisée, plus modérée et plus humaine de le faire. Connaissant mal la question coloniale, je n'imaginais pas autant de brutalité, de cynisme et de pratiques désastreuses de la part de Léopold II et même de Stanley (qui dans mon esprit restait un explorateur distingué connu surtout pour avoir retrouvé Livingstone), même si j'en avais une vague idée. Déjà, avec Tintin au Congo, ça donnait une vision caricaturale certes et enfantine du sujet, mais avec un fond de vraisemblance, notamment à propos des massacres gratuits d'animaux (voir les gazelles tuées par Tintin). Il n'est donc sans doute guère étonnant de retrouver un petit clin d'oeil à Tintin (et à Milou) au début du tome 3, où un petit journaliste à houppette est venu interviewer Stanley ; la filiation est assumée. On a aussi des situations vues dans des films dits exotiques, comme les Mines du roi Salomon ou certains Tarzan... cette Bd s'appuie je suppose sur une riche documentation, la reconstitution a l'air très réaliste, car je connais mal cette époque, c'est très instructif et confondant, soutenu par un superbe dessin d'aspect pictural, avec de grandes cases, une mise en page aérée et de belles pleine-pages.

07/10/2015 (modifier)
Par McClure
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur McClure

Une très belle critique de l'évangélisation et de l'exploitation des colonies par les puissances européennes du 19e siècle à seul dessein que le profit. Comment surexploiter une terre et ses ressources, s'adonner au carnage animalier pour le seul bon plaisir de quelques uns.... Et que dire de l'esclavagisme déguisé par une bonne moral religieuse pervertie par le gain. Véritablement une très belle oeuvre, magnifiée par des peintures de toute beauté. Les paysages du Tanganyika, les sous bois de cette jungle profonde, les méandres du fleuve Congo, que de beautés nous sont confiées ici par l'artiste. Et que dire des visages des personnages, tous très réussis et merveilleusement expressifs et profonds, des principaux acteurs comme des seconds rôles. De la très belle oeuvre. Un regard sans fard sur les "bonnes sociétés".

09/03/2013 (modifier)
Par jurin
Note: 4/5

Toute fin du XIXème siècle, en Afrique, Augustin Delisle est un expatrié, il a fui la Belgique voici une dizaine d'années, abandonnant sa femme et son fils. Il possède une exploitation dans ce qui va devenir le Congo. Il a reconstruit sa vie, une nouvelle femme, des enfants et une propension à l'alcool assez soutenue, irascible et pour l'époque politiquement très incorrect. Paul, fils de son premier mariage, après avoir suivi le séminaire se retrouve lui aussi en Afrique, officiellement pour éduquer et évangéliser, mais secrètement pour rencontrer son père. Il va le retrouver, blessé, une flèche dans le dos. En Belgique il n’y a que depuis peu que les langues se délient à propos de Léopold II, grand bienfaiteur et donateur du Congo Belge à la nation. Des générations d’écoliers se sont fait gruger, les professeurs occultaient la vraie histoire… Il y a peu, le roi aux mains coupées a eu sa statue située à Bruxelles peinte en rouge. J’espère que Maryse et Jean-François Charles feront de cette histoire un récit sans complaisance. Pour l’instant la BD est de très bonne qualité aussi bien pour le dessin que pour l’histoire.

12/04/2010 (modifier)
Par bonnet
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Encore une fois les Charles nous ont fait un magnifique récit et une superbe mise en couleur avec Bihel. Que du bonheur!!! On est transporté dans l'Africa belge. On apprend aussi beaucoup sur l'étrange histoire de nos voisins belges. Les personnages sont très complets tout comme dans les autres dreams. Vraiment j'attends la suite avec impatience.

14/03/2010 (modifier)

Sacrée surprise que ce tome introductif mettant en exergue la Belgique coloniale et son Congo. Le dessin plonge le lecteur dans des ambiances crédibles, costumes et décors aussi travaillés que possibles s’affirment pour donner un écrin au scénario digne des grandes sagas. Certes les planches ne fourmillent pas de détails, mais les expressions parfaites et la colorisation rend la lecture particulièrement agréable. A posteriori il est vrai que le scénario passe en second plan lors de la lecture, pourtant les éléments d’un tome introductif nourrissant de grandes ambitions pour l’avenir sont là. Le colonialisme se présente ici dans une forme enfin sortie du complexe de colon européen mais sans mettre de voile sur les pratiques de l’époque. Cela donne de la crédibilité au récit déjà complexe de ce morceau de terre. Entre saga familiale, découverte d’une culture, colonisation, expédition d’aventure, enjeux politiques nationaux et internationaux, le scénario n’a pas choisi histoire simple. En ce tome introductif, l’auteur s’en tire à merveille et place sous les traits les diverses histoires qui se trament à différents niveaux sans lourdeur, comme une mise en bouche en douceur à ce qui peut être un grand moment graphique historique. Les personnages encore mystérieux n’apportent pas encore leur lot de complexité, quoique le pater familialis me plait déjà même en étant apparu quelques cases Cette note ne signifie en réalité pas grand-chose et sera sujette au délicat exercice de la confirmation. Ce magnifique tome graphique place de nombreux ingrédients prometteurs pour une saga riche, néanmoins étant obligé de présenter toutes les influences il se découpe un peu trop. J’attends la suite en espérant une confirmation, car allier de la sorte la qualité narrative et graphique dans un sujet aussi intéressant peut donner lieu à un petit bijou. En l’état la découverte est recommandée, l’achat peut aider à encourager les auteurs et l’éditeur mais peut aussi s’avérer une mauvaise surprise si la suite ne décolle pas.

12/03/2010 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
L'avatar du posteur Spooky

Pas inintéressant cet album sur l'histoire coloniale du Congo belge. Pour ma part je serai assez mesuré dans mes remarques, car je trouve qu'il ne s'agit pas, pour l'instant du moins, d'un album si bon que ça. Je ne saurais nier le talent énorme de Bihel, qui me semble progresser d'album en album, et qui parvient une nouvelle fois à livrer de très belles planches, particulièrement celles mettant en scène des personnages -par opposition aux scènes naturelles, qui elles me semblent légèrement bâclées. Il y a effectivement beaucoup de vie dans ses compositions, mais sa tendance à aller vers des personnages uniformément blonds aux yeux bleus me semble un peu dommageable. Et puis la nana resté sublime après six grossesses, j'y crois moyennement. Espérons qu'il y aura plus de nuances sur ses albums ultérieurs. Ce qui m'empêche de mettre une note supérieure c'est la narration présente dans ce premier tome. Nous avons déjà deux gros retours en arrière, et même si le scénario se place sur plusieurs niveaux (l'histoire de Paul Delisle avec son père, la politique "coloniale" de la Belgique dans le futur Congo, etc.), je trouve que cela hache un peu le récit. En plus j'ai eu l'impression que celui-ci se précipitait un peu sur les dernières planches, alors que jusque-là cela prenait un peu son temps. Par contre je suis curieux de voir quelle va être l'utilisation du baron ou "Ndembo", cette figure tutélaire pachydermique. La dimension symbolique qu'il pourrait apporter au récit est, à mon humble avis, à ne pas négliger. Attendons la suite...

05/03/2010 (modifier)
Par Miranda
Note: 3/5
L'avatar du posteur Miranda

Je trouve souvent que les séries historiques de bd prennent trop de libertés avec l'Histoire, les auteurs la modelant à leur propre convenance au lieu de s'adapter à elle et ce n'est pas le cas dans Africa Dreams. On nous présente ici la vie de quelques individus qui s'insère dans un moment historique bien reconstitué, et pour ceux qui ne connaissent pas forcément l'Histoire du Congo Belge il n'y a aucun souci car le récit nous est dévoilé au fur et à mesure sans que nous soyons perdus ni bombardés d'informations rébarbatives. De plus en fin d'ouvrage un petit résumé remet tous les événements à leur place. Ce récit se veut juste réaliste, il n'y a pas d'exagérations ou de non-dits concernant les mutilations, l'exploitation des gens et celle du Congo plus généralement. Le côté religieux n'est pas forcément mis en avant, nous ne sommes pas face à une évangélisation exacerbée de la population, cet aspect est laissé en retrait et ne donne pas lieu à de petits discours moralisateurs. Pour finir, il n'y a pas d'histoire d'amour un peu débile qui viendrait tout gâcher ! Il est à noter que si le graphisme de Frédéric Bihel n'avait pas été le support de cette histoire je n'aurais probablement pas autant accroché. Cet auteur a un don particulier pour donner vie à ses personnages en leur conférant une étrange force de vie, beaucoup de charisme et un attachement immédiat envers eux, on ne peut pas rester indifférents face à leur sort. Les couleurs sont magnifiques comme d'habitude, douces et chaudes elles collent à la perfection à cet univers humide et chaud. Si je devais tout de même émettre une critique elle se situerait au niveau de certaines scènes qui ont pour cadre la nature et qui manquent un peu de détails, à mon goût, mais je suis très exigeante !

03/03/2010 (modifier)